Interview de Niko de Tagada Jones au Trad’In Festival

Ecologie et les 30 ans du groupe, discussion avec Niko des Tagada Jones

Hexalive : Niko, est-ce que tu connaissais ce coin des Alpes de Haute Provence ?

Niko : oui, on a joué sous Gap plusieurs fois, et j’ai eu la surprise d’arriver par le lac de Serre Ponçon et je me suis dit que c’était hyper connu et qu’on n’était jamais venue. Alors qu’on va arriver aux 2000 concerts donc les deux tiers en France. On a quand même parcouru la France de long en large, de haut en bas et de travers. Le lac de Serre-ponçon, je n’étais jamais venu même pas en vacances et c’est très très beau.

Hexalive : Tu as peut-être entendu parler de la sécheresse de l’année dernière et du fait que le niveau du lac avait été très très bas. Qu’en penses-tu ?

Niko : Nous on chante des morceaux pour la planète, pour l’écologie depuis des années. On est beaucoup engagés avec beaucoup d’associations, d’ailleurs toute dernièrement avec une ONG. Qui s’appelle Savagelands. On chantait, il y a plus de 20 ans des morceaux pour les pro-écologistes et ça se faisait pas dans le punk rock, alors on se foutait de ma gueule car c’était nul de chanter pro écologie.      

Je vois qu’aujourd’hui le contexte a complètement changé. Je suis content de voir que les jeunes ont pris conscience du changement qu’il fallait opérer. Finalement l’élan, il ne va pas tellement être donné par les plus anciens, l’élan il va être poussé par les jeunes qui mettent un bon coup de pied dans la fourmilière.

On est dans une situation d’urgence. On a sûrement vraisemblablement déjà dépassé la limite, mais en tout cas si on peut essayer de moins aggraver, c’est évident qu’il faut le faire. Bien évidemment, il y a quand même un message incroyable pour les les climatosceptiques. Le déni, à ce niveau-là devient complètement incroyable.

Hexalive :  Surtout que l’année dernière dans ce coin, l’état de sécheresse avait été déclaré en tout début du printemps.

Niko : Ouais, en fait, on se rend compte que le dérèglement atteint toutes les strates de de la planète, que ce soit l’eau et tout le reste et bien sûr la météo. Tout, tout part un petit peu à vau-l’eau on voit bien que la planète nous fait bien comprendre qu’on a dépassé les limites et je crois qu’on est loin d’avoir découvert le pire de ce qui va se passer

Hexalive : Tu es donc optimiste mais en demi-teinte ?

Niko : Je suis de nature optimiste mais je vois qu’on a dépassé les bornes et que forcément il va y avoir un paquet de choses un peu compliquées, des choses à rectifier et forcément l’humain va en payer le prix, c’est une évidence.

Et puis ce qui est incroyable et triste, c’est que je pense que les premiers qui vont souffrir de ce changement de climat, ça va être les populations les plus pauvres.

Les températures vont devenir insupportables surtout dans les pays beaucoup plus au sud et les gens qui n’ont pas les moyens de se payer une climatisation ou ce genre de chose vont devoir migrer. Il va y avoir une migration climatique complètement hallucinante.

Hexalive : Cette année, le groupe va fêter ses 30 ans, j’ai vu que Tagada Jones avait annoncé fêter son anniversaire avec une une grosse date à l’Olympia en juin 2024. Comment préparez-vous cet événement ?

Niko : Alors en fait, c’est la première date qu’on a annoncée parce qu’il va y avoir beaucoup, beaucoup de choses. Je ne peux pas tout dire car ce n’est pas encore annoncé mais on a tout un planning sur toute l’année avec beaucoup d’événements.

Après ça se prépare avec passion, envie et l’envie de faire. On a commencé à faire de la musique par passion entre copains et 30 ans plus tard et on est toujours en train de faire de la musique par passion et entre copains.

Au départ, c’est la musique que tu fais un petit peu plus personnellement dans ta chambre et puis après tu commences à jouer avec tes potes dans un local et au fil des mois et des années, finalement, tu joues pour le public.

Tu te nourris évidemment du public et nous ça fait plus de 25 ans que cet échange avec le public est devenu primordial et que quand on compose un morceau, on ne pense à aucun moment au studio, nous on pense vraiment à le jouer sur scène, échanger avec les gens, voir les gens chanter, voir les gens bouger, rire, suer, slammer, pogoter.

C’est ça l’ADN du groupe et donc tout ce qu’on prépare pour l’année prochaine, c’est une grande fête, une ode à la joie de la musique.  Toute cette année des 30 ans, elle est consacrée au public.

Hexalive : Vous avez déjà dans l’idée de faire un DVD ou un album live pour ces 30 ans ?

Niko : C’est moins notre leitmotiv, ce qu’on a envie de faire tous les 4, c’est échanger avec le public. Je ne dis pas s’il y aura pas quelque chose de filmé parce qu’il y a quand même des choses assez exceptionnelles dans ce qu’on est en train de préparer et qu’il se peut certaines choses ne soient jouées qu’une fois.

Pour l’instant, on est en train de mettre ça sur pied mais ce que ce que je peux déjà te dire,  même si on l’a pas encore annoncé, c’est qu’on va faire un best of avant la tournée des 30 ans.

En fait, on réenregistre nos titres, ça sera best of mais on a pas envie de faire une compilation où l’on prend des titres déjà enregistrés. Ça n’a aucun intérêt, surtout à l’heure du numérique. Par contre, on va tout réenregistrer à la sauce 2023-2024.

On enregistre dès le mois de septembre et ça devrait sortir en début d’année, quelque chose comme ça.

Hexalive : Y-t-il des textes d’anciennes chansons qui mériterait d’être remises au gout du jour ?

Niko : Je pense qu’il y a beaucoup de morceaux qu’on va reprendre car finalement ça n’a pas changé. Les textes sont toujours autant d’actualité et je dirais malheureusement, parce que nous on dénonce quand même beaucoup de choses et on chante depuis longtemps les choses qui nous donnent la rage.

Il n’y a pas beaucoup de morceaux pour lesquels on devrait radicalement changer les paroles. Et si c’était le cas, je ne me vois pas rejouer un morceau et changer toutes les paroles parce que c’est plus d’actualité. Sur scène, on jouera des morceaux qui sont du tout début de Tagada Jones. Un ou 2, dont les paroles étaient plus légères parce qu’on vient vraiment du rock alternatif. On est né sur les cendres du rock alternatif français et le rock alternatif était beaucoup plus léger. Tu vois au fil des années et assez rapidement quand même, nous, on s’est ancré sur des textes un peu plus lourds, un peu plus profonds, des choses qui nous tenaient vraiment à cœur. Mais sur les tous premiers albums, il y a des textes un peu plus légers et je pense qu’on reprendra un ou deux morceaux à l’identique.

Hexalive : Avec tes 30 ans de scène, as-tu vu du changement dans le public ?

Niko : On a commencé il y a 30 ans et on a vu au bout d’un moment une 2e génération arriver et aujourd’hui une 3e génération. Il y a une chose incroyable, des fois on se retrouve à avoir les parents et leurs enfants qui viennent au concert, je trouve que c’est magique. Les jeunes qui découvrent tagada, qui amènent leurs parents et les parents qui accrochent et les parents qui peuvent avoir notre âge, voir ça c’est mortel. Et puis y a même des concerts où il y a 3 générations. On a pris des photos avec des gens où il y avait 3 générations, soit le grand-père, la mère, la fille, c’était quand même assez incroyable.

Ca nous représente, le public s’est un petit peu associé à notre image, une image de diversité. Nous, on prône toujours la diversité, les différences, vivre en acceptant les différences et tout ce genre de choses et et le public, ressemble vraiment à cette diversité que l’on prône et ça nous fait extrêmement plaisir. C’est super génial.

Hexalive : Si le groupe a pris 30 ans depuis sa création, toi aussi tu as pris 30 ans, qu’est ce qui change pour toi par rapport à tes débuts ?

Niko : Je n’ai pas l’impression d’avoir 30 ans de plus. J’ai conscience qu’on a une chance extraordinaire, nous, notre équipe, musiciens et techniciens. Tous les week-ends ou plusieurs fois par semaine ensemble, dans un camion, comme si on partait en colonie de vacances et je me rends compte que c’est une bulle d’air qui manque à beaucoup de gens dans la vie. La société est de plus en plus pesante. Les gens n’ont souvent pas la chance d’avoir ce sas de décompression.

On a la chance d’aller dans des endroits où les gens viennent pour faire la fête ou les organisateurs nous accueillent les bras ouverts. Ce sont des les mini vacances, des mini colonies à vie et c’est complètement incroyable. En voyant des gens de ma génération que je peux trouver parfois blasés, , bouffés par la monotonie, je me rends bien compte que nous, on a une chance extraordinaire surtout de vivre déjà, et de vivre de notre passion.

Après l’interview, nous avons pu assister au concert dont nous parlons dans cet article.

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