Les Voix Sonneuses est le petit festival qui monte, qui monte. Implanté localement, celui-ci, pour sa huitième édition, fait perdurer une recette qui marche : une programmation éclectique et variée, une organisation bien huilée pour satisfaire un public local et familial. Je reste convaincu, que ce type d’événements permet de faire découvrir la musique ou des artistes à un public, qui n’a pas toujours la possibilité de le faire. Entrons donc sur le Champ de Mars (lieu où se tient le festival), pour 48h de bonheur.
Vendredi 05 juillet
17h et des brouettes, entrée sur le site du festival. Tout s’annonce bien, les bénévoles du festival ont le sourire, il fait beau et chaud, le stand buvette est repéré, les nombreux food-trucks installés sont prêts à nous régaler. Voilà qui augure d’une bonne soirée. Place à la musique !!
LYSSA M
A 18h Lyssa M, la gagnante du tremplin local organisé par le festival arrive sur scène. Devant celle-ci, on trouve un public un peu clairsemé (plus pour longtemps), et une autre partie de celui-ci encore à la buvette. La chanteuse accompagnée de son acolyte Kev, entament leur set.
Le duo nous propose un voyage onirique, aux accents électro-rock. Par moments, on se surprend à être accompagnés de PJ Harvey ou Morcheeba, à la sauce Lyssa M. Sa musique flirte avec les cimes de la stratosphère. C’est aérien ! Avec un premier EP sorti en 2024, le public découvre leurs compositions et commence à se rassembler massivement devant la scène. Celles-ci font mouche grâce notamment à la voix douce et aérienne de la chanteuse et par une alternance de son lourds (basse, guitare) et célestes (claviers).
Une belle entrée en matière de 40 minutes, saluée par le public. Lyssa M peut avoir le sentiment accompli. Le festival est bien lancé.

THE MERCENARIES
A l’heure du passage des parisiens de The Mercenaries, le soleil tape fort. La chaleur va continuer à grimper grâce à leur set impeccable.
Dès les premiers morceaux, le ton est donné ! Pas de fioritures, que du frontal et du direct avec des titres courts, ne dépassant pas les 3 minutes pour la plupart. Le punk ska – rocksteady du groupe fait mouche. On est quelque part entre No Doubt, The Interrupters et Rancid. La foule devient plus nombreuse devant la scène et les premiers pogos de la soirée sont lancés.
On sent la mécanique bien huilée pour un groupe qui a près de 10 ans de carrière. Un duo de chanteurs qui alternent et donnent de la grandeur aux morceaux, des riffs simples et entêtants, une session rythmique basse-batterie des plus entraînantes et dynamiques, le tout saupoudré de notes au clavier qui donne à l’ensemble un mélange dansant, léger mais brutal.
Le public réagit bien aux morceaux du groupe, quelques bières volent (quel gâchis) et pour le novice que je suis, j’ai eu un plaisir à découvrir leurs chansons dont certaines restent encore dans ma tête aujourd’hui (« Like a rat », « Rocky Road », « Heroin », « Terror », « Another night »)
Un live d’une heure qui a permis d’encore faire monter la température. Un groupe assurément à voir ou à découvrir dans la chaleur humide d’une salle de concert.

LES NEGRESSES VERTES
A en juger par le public nombreux massé aux barrières, on peut envisager que ce concert des Négresses Vertes est l’instant Madeleine de Proust. Qui n’a pas dansé et chanté sur l’une de leurs chansons ? Plus de 30 ans après le décès de leur chanteur Helno, le groupe garde encore beaucoup d’estime et de sympathie.
Je dois malheureusement reconnaître que j’ai accédé au set avec un peu de retard, la faute d’un copain de buvette au demeurant sympathique mais particulièrement loquace : « hé attends, je vais te payer un coup à boire !” (Mec, j’attends encore que tu passes la commande)
Bref après cet instant PMU, sachez qu’un concert des Négresses Vertes, se vit, s’écoute, s’embrasse, se scrute. C’est un voyage au travers de leur riche discographie qui est proposé. Que celui ou celle qui n’a pas chanté sur « Voilà l’été », « Zobi la Mouche », « Les yeux de ton père » ou « L’homme des marais » me jette la pierre ?
Le temps d’une heure de set, le groupe transmet son émotion, son énergie, joue avec le public. Lequel le lui rend bien. Celui-ci se laisse prendre au jeu et ne jette pas sa part au chien. Malgré le soleil couchant, une chaleur conviviale s’est installée. Ma voisine de concert chante toutes les chansons. Elle est heureuse. Et j’ose croire que c’est le sentiment général qui règne lors de ce concert.
Le temps d’une clôture avec « Sous le soleil de Bodega », le public reste déchaîné et bon enfant, rend de nombreux sourire aux musiciens…et vice-versa. Une magnifique prestation, une parenthèse enchantée dans cette soirée.

LES $HERIFF
Pour parler du set des $heriff, un premier bilan s’impose : 137 gobelets détruits, environ 26 chaussures ou tongs égarées, 14 paires de lunettes de perdues ou cassées, quelques t-shirts déchirés et beaucoup de sueur.
Y’a-t-il besoin de faire un plus long discours ? 40 ans de carrière pour le groupe et toujours la même énergie sur scène qui te fait autant transpirer, pogoter. Pour fêter ses 40 ans de carrière, Saverdun a accueilli avec les honneurs la bande de Montpellier. Le site du festival est plein à craquer. Nombreux sont les fans du groupe à avoir pris place, les t-shirts des $heriiff sont visibles partout. Se frayer un chemin dans les premières rangées relève du parcours du combattant.
Dès les premières notes, le constat est fait que le groupe n’est pas là pour trier les lentilles, comme à son habitude. Du riff, grosse session rythmique, on se retrouve en pleine partie de rentre dedans. Et c’est ce que l’on demande !! Tout va vite, très vite, et l’enchaînement des morceaux se fait sans temps-mort ! « A coups de batte de base-ball », « A la chaleur des missiles », « Bon à rien », « Condamné à brûler » mettent déjà un premier uppercut à la fosse. « Soleil de plomb » et « Du rock n’roll dans ma bagnole » mettront le pit à l’envers. Entre tout ça, du punk ficelé et maîtrisé ! Un régal pour les amateurs du genre.
Pour les nombreux survivants restants, c’est l’heure du rappel ! Quoi, déjà ? « Mayonnaise À Gogo », « Pour Le Meilleur Et Pour Le Pire », « Fanatik De Télé » et « Jouer Avec Le Feu » viendront définitivement achever tout le monde. La musique s’arrête, tout le monde est épuisé. Un épuisement de bonheur avant le bal des « Quelqu’un a trouvé mes lunettes ? »
En un peu plus d’une heure, les $heriff ont fait dans le classique et le frontal, en balayant leur discographie. A voir les sourires à la fin de la prestation, on sent que tout le monde y a pris du plaisir. Maintenant place à la récupération, direction la buvette ! Merci messieurs !

7 WEEKS
Après le show survitaminé des $heriff, place au gros son lourd et bien gras (comme j’aime) des limougeauds de 7 Weeks. Après avoir mis tout le monde d’accord, une semaine avant au Hellfest, le groupe est venu défendre son superbe dernier album, Fade into the Blurry Lines. Par bonheur, une grande partie du public est encore là, et ce malgré les premières gouttes de pluie du week-end. Et il ne va pas être déçu.
Malgré l’heure tardive, 7 Weeks n’a pas le temps de niaiser. D’emblée tout le monde est mis au parfum. C’est puissant, énergique, sans temps mort. Le rock-stoner du groupe surprend, et ne laisse pas insensible. La mécanique est bien huilée, les morceaux s’enchaînent et ne laissent aucun répit au public présent. « Gorgo », « Blackhole Your Heart », « Travellers » ou « Castaway », titres du dernier album sont joués et font effet.
La voix de Julien, nous entraîne par moments dans des hauteurs émouvantes, notamment sur « Idols » et « Shimmering Blue ». On se trouve au cœur d’un paradigme entre puissance et émotion. Le pit reste encore présent, et les guerriers de la dernière heure font bouger celui-ci, au grand plaisir des musiciens. On espère juste que le concert ne se termine jamais, tant la prestation est d’un très haut niveau, bien grasse à souhait.
Le set se termine, et 7 Weeks à parfaitement réussi sa mission de clôturer la première journée des Voix Sonneuses. Un son bien gras et énergique, bien calibré, ayant ravi les festivaliers. Et qui a aussi régalé mes oreilles. A la prochaine, messieurs !!

Samedi 06 juillet
Seconde journée du festival, avec un changement important par rapport à la veille en dehors du line-up : la météo !! Place aux k-ways et ponchos !! Les festivaliers sont toujours là, et sont prêts pour le second tour. Et dire que mon grand-père, qui a habité durant de nombreuses années dans un village à proximité de Saverdun, me répétait sans cesse : « Booooh, il ne pleut jamais ici.»
Je pensais arriver en retard à cause d’une malheureuse sieste devant le Tour de France. Bonne nouvelle, il n’y a pas que moi qui semble avoir du retard.
SOA
Vainqueurs du second tremplin organisé par le festival, SOA (Ludyosa et Nathan) ouvrent cette seconde journée, accompagnés par Jay, leur batteur. Un vent de fraîcheur souffle sur le festival, et la fratrie arrive à capter rapidement l’attention du public. L’alternance des voix entre les 2 chanteurs permet de donner de la variété au concert.
SOA, en profite durant son set de présenter régulièrement les chansons en introduction de celles-ci, ce qui a malheureusement tendance à casser le rythme. Ce qui est dommage. On va mettre cela sur le compte des erreurs de jeunesse pour un jeune groupe rempli de talent.
Aux chansons pleines d’énergies et aux paroles positives, succèdent quelques moments plus doux, notamment lorsque le duo chante une chanson dédiée à leur maman présente dans le public. Un instant mignon et plein de sincérité.
Le public présent a fait une belle découverte musicale. SOA a beaucoup de talent, les chants sont harmonieux, les morceaux bien ficelés. Souhaitons-leur de continuer dans cette voie et de progresser sur la tenue du rythme d’un concert en évitant trop de « blabla ».

PICON MON AMOUR
Changement de registre, bienvenue à la Guinguette des Voix Sonneuses, place au show un peu barré et festif de Picon Mon Amour. On ne sait trop à quel moment a débuté le set, mais le public présent a très vite compris qu’il prendrait du plaisir devant. Laurène (Chant et accordéon) et Jojo (chanteur, homme-orchestre) ont su créer une atmosphère où se mêlent humour et sérieux.
L’humour est presque tout le temps présent. Que ce soit dans les jeux de scène du couple, que dans leurs chansons (« La grève du slip », « La chieuse »). Pour le côté sérieux et engagé, il suffit d’avoir l’ouïe fine (« Liberté », « Nichons, ni froid »). On a l’impression d’être en permanence, dans un spectacle de rue ou au théâtre, en pleine comédie un peu barrée.
Le public se prend fièrement au jeu ! Comment cela ? Dans un premier temps, en répondant à la demande de Jojo de faire une ronde de village, car « le circle pit c’est surfait », ou bien en faisant une queueleuleu géante, ou bien en faisant slammer Jojo, qui avait mis son plus beau slip pour l’occasion. En cette journée humide, tout le monde se réchauffe ! Et pas uniquement grâce au picon gracieusement ajouté dans ta bière durant le concert.
Le groupe se donne à fond, il y a très peu de temps morts. Sauf peut-être encore le festivalier à côté de moi qui vient de perdre ses facultés vocales. On ne voit pas le temps passer, les music…troubadours quittent la scène sous les hourras du public. Le set de Picon Mon Amour, tranche franchement dans la programmation de la journée et cela reste un moment jovial et festif. Et c’est de là que réside aussi la richesse des Voix Sonneuses : proposer de tout à son public, qui répond positivement de son côté en répondant présent devant le show du duo.
Pari réussi pour Laurène et Jojo, pour avoir apporté un immense soleil dans la grisaille météorologique de la journée

LE PEUPLE DE L’HERBE
Plus de 25 ans de carrière, une line-up en constant mouvement jusqu’au début des années 2020, un hip-hop engagé aux sonorités variées, j’étais assez curieux de voir la prestation des lyonnais du Peuple de l’Herbe, qui écument régulièrement les salles de concerts et festivals.
Même pas le temps de s’échauffer, que le nouveau MC, Oddateee, vient mettre le souk face à un public qui n’attendait que ça !! Une véritable tornade, qui ne va cesser de tourner, gesticuler, sauter dans tous les sens pendant plus d’une heure, le temps du concert. Ceci contrastant avec le côté un peu plus placide de JC 001. Néanmoins le duo fonctionne bien, cela apporte une grande fraîcheur au set.
L’ouverture sur « Hear me now » et « I’m asking » (extrait de l’excellent nouvel album 10) met d’emblée tout le monde d’accord. On sait que ça va bouger, une partie du public range son gobelet et se rapproche des barrières. Tout le monde est prêt dorénavant, pour 1h de bagarre !!
Ce nouvel album sera bien mis en avant durant le concert, et j’étais agréablement surpris de voir le public s’être déjà approprié certaines chansons (« Spaceman », « One eye view »). J’aurais bien aimé avoir quelques chansons (« Les rues de St Paul », « Mission ») d’albums plus anciens mais pour cela il aurait fallu un concert de 4h. Preuve s’il en est de la grande richesse musicale du groupe, il n’y pas forcément besoin de jouer des classiques pour faire danser le public.
Fin du concert, quelques gouttes de pluie commencent à tomber. Le concert est passé à une vitesse fulgurante, direction les food-trucks. C’est qu’il faut bien reprendre des forces après ce début de soirée en fanfare.

SERGENT GARCIA
Instant salsa et reggae, le Sergent n’a pas oublié toutefois ses premiers amours punk et rock n’roll. Sa musique qui contraste avec la météo du moment : pluie à gogo. Mais ce n’est pas grave, l’ariégeois est prévoyant, il a sorti son plus beau poncho. Et c’est sous les vivats de la foule que Bruno fait son entrée en scène.
D’emblée on sent que le public est complètement acquis à la cause du musicien et de son band. Celui-ci n’hésitera pas à présenter le set, en indiquant qu’un tour d’horizon complet de la discographie sera fait. Tout le monde est heureux, place à la musique.
Je reconnais volontiers découvrir Sergent Garcia sur ce concert, bien que le crew tourne depuis 1997. Nous avons droit à un set énergique et chaleureux, qui a permis à la foule de montrer ses plus beaux pas de danses, un peu partout au sein du pit, malgré les trombes d’eau qui se sont abattues sur elle durant le concert.
Bruno, alias le Sergent, pète le feu. Il a la banane, communique énormément avec le public. Ses musiciens ne sont pas en reste, et leur jeu fluide et rythmé accompagne parfaitement le moment. Une magnifique section de cuivre et un flot de percussions rendent le concert latino et caliente. La session rythmique basse + batterie donne le tempo et on se retrouve soudainement sur des airs Salsamuffin, chers au Sergent.
Le temps du set, Bruno nous montre qu’il n’est pas uniquement le guitariste du groupe punk Ludwig von 88. Il est aussi un musicien complet, qui dépasse son cadre, à l’univers musical riche et varié.
Le rappel arrive et l’on n’a pas vu le temps passer. La clôture sur « Jumpi » est parfaite. La musique chaleureuse de Sergent Garcia a fait partir la pluie. Signe d’un moment royal et hors du temps ? Absolument !

LA P’TITE FUMEE
Dernier concert du week-end, avec le plat de résistance. En cette période de Tour de France, les locaux de La P’tite Fumée viennent clôturer cette édition des Voix Sonneuses. Et on sent dans le public, l’envie d’en découdre, de danser, de sauter, une dernière fois.
Le fait que les ariégeois jouent à domicile crée une attente incroyable. Le groupe est particulièrement suivi. Une fois la scène installée (ce qui a pris un peu de temps), place au spectacle. Le public est bouillant.
D’entrée, La P’tite Fumée impose son style, son rythme. La cadence est élevée, si tu ne t’es pas bien ravitaillé, tu risques la fringale. Jeux de lumières, fumée partout. Bienvenue dans la plus belle boîte de nuit à ciel ouvert du weekend.
Le son électro, cyberpunk couplé à quelques instruments à vents (flûte traversière, didgeridoo) emmène le public dans une autre dimension. Ça pogote, ça remue son popotin, ça secoue la tête, bref n’importe quelle danse suffit à rendre les dernières forces qu’il te reste. L’intensité est élevée, personne ne voit le temps passer.
Pendant 1h, La P’tite Fumée va réussir à tous nous épuiser mais tout le monde garde le sourire. Une belle clôture de festival, avant de s’en jeter un dernier. Fin de festival organisé aux petits oignons, avec une belle équipe de bénévoles présente et souriante. Tu veux passer un bon week-end jovial, festif, familial et bon enfant ? Viens donc aux Voix Sonneuses en 2025 !!
Backstage









Spehis