Hangman’s Chair au Tatoo Planetarium (Grande Halle de la Villette) le 3 février 2024

Le mondial du tatouage se tenait les 2, 3 et 4 février 2024 à Paris la Villette, dans la Grande Halle. Il rassemble plusieurs centaines de tatoueuses et tatoueurs du monde entier, propose plusieurs concours de pièces et des expositions artistiques. Avec tout cela, en guise de very specials guests, deux groupes se sont produits sur la grande scène de cette convention mondialement connue : Amenra le vendredi soir et le groupe parisien de sludge Hangman’s Chair, le samedi soir. L’occasion de revoir le quatuor après sa tournée européenne en première partie de Paradise Lost puis Igorrr. Et de les revoir dans des conditions optimales : une scène chez eux à Paris, sans première partie ni tête d’affiche, avec un set allongé et un éclairage fignolé.

Dès 21h15, une voix féminine au fort accent anglais annonce l’imminence du concert et invite les visiteurs à se rapprocher. C’est d’ailleurs ce que fait le public, de plus en plus nombreux, délaissant les stands pour se rapprocher du podium. Le nom du groupe y est bien visible en fond de scène : bleu néon à l’image de la pochette du dernier album.

Hangman’s Chair : le concert

A 21h30 précises, les lettres bleutées du nom du groupe disparaissent au profit de l’œil à la larme qui se dessine délicatement suivant un rythme hypnotique. Les premières notes aériennes du backing track se font entendre. Les éclairages bleus forment des larmes qui tombent ou des gouttes de pluie sinistres. L’atmosphère se modifie sensiblement. L’attente est électrique. Puis les membres du groupe arrivent.. Cédric, à droite pour le public, retire son élastique pour libérer sa crinière bouclée pendant que Mehdi s’installe derrière ses fûts. A la gauche du public, Clem en blouson noir et Julien, anorak noir et sa guitare translucide se placent et accordent tous les deux rapidement leurs instruments. Puis ils se positionnent de dos.
Enfin, le son à la reverb, signature sonore du groupe, enfle et la batterie monte crescendo. Les cris et les applaudissements font de même accentuant l’ambiance magnétique : ça va bientôt déferler.

L’intro si particulière de « An Ode To Breakdown » retentit. Les poils se dressent sur les bras tant c’est intense. La basse et la batterie se frayent un chemin dans les corps du sol à la tête (qui va bientôt se secouer violemment). Parce que c’est ça Hangman’s Chair : un faux calme qui se diffuse, qui enfle pour exploser au rythme des baguettes fracassées sur les caisses et les cymbales. C’est profondément lourd, ça s’enfonce et ça percute. Cette lenteur contrôlée, retenue, exprime tellement plus qu’un simple effet. Ça touche à l’organique, c’est même… orgasmique. La force distillée, la mélancolie atmosphérique, la puissance sont indescriptibles.
Les musiciens le vivent dans leur corps, sur leurs visages extatiques, chantant les paroles en même temps que Cédric. Hangman’s chair est, à mes yeux et mes oreilles, le seul groupe capable de provoquer une telle émotion. Leur musique est si belle et si intense; elle ne peut que se ressentir, se vivre. Et surtout en live.

Après quatre chansons emblématiques de « A Loner » , dont « Cold & Distante » avec son démarrage saisissant, ces riffs frénétiques et ces temps suspendus, les lumières bleues néon froides, laissent la place à du rouge plus chaleureux annonçant les morceaux des albums antérieurs aux pochettes teintées de sang.
On part sur « This is not supposed to be positive » et « Banlieue triste » (deux albums aux couvertures teintées de rouge… sang). Cédric et Julien, changent de guitares avant d’attaquer « Naïve » et « Sleep Juice » . Le backing track permet une transition fluide entre les morceaux tout en maintenant l’atmosphère électrique.
On entend un gars dans la foule qui hurle « Mehdi, casse tes baguettes » ! C’est vrai qu’on a l’impression qu’elles vont exploser ! On peut voir son énergie et sa force. Car sa batterie, légèrement surélevée, est moins reculée que dans la plupart des groupes. Mehdi interagit pas mal avec le public, d’ailleurs. L’invitant souvent à applaudir et à crier d’un geste du bras. Puis, les lumières et les rangées de leds bleus reviennent replacer l’ambiance dans la froide solitude de « A Loner » . Avec notamment ce finish extraordinaire de presque 10 min, en mode atmosphérique, envoûtant sur « A Thousand Miles Away » . Sur ce show, manquait peut-être le nouveau titre sorti l’année dernière, « Spleenwise » . Aussi attendu que le nouvel album en préparation et les prochains concerts pour revivre ces moments !

Comme à leur habitude, Hangman’s Chair a donné un set impeccable. Millimétré. Sans aucune paroles entre les chansons. Sans connivence avec le public autre que celle créée par la musique et par l’échange de vibrations, par le ressenti collectif. La musique est leur seule expression. Durant le concert, le public est tenu par chaque note, chaque coup de batterie. Il y a un lien invisible qui crée cette communion si distinctive lors des concerts de Hangman’s Chair. Un lien qui persiste après le show lorsque Clem, au merch prend quelques secondes pour parler (polonais parfois) avec les fans. Un lien qui demeure longtemps après la fin de concert quand Mehdi, Julien et Cédric passent saluer fans et copains/copines resté.e.s pour les congratuler.

Un lien qui persiste dans le métro, les oreilles encore pleines de reverb et des impressions musicales qui débordent. Tous les stands étaient fermés en quittant la Grande Halle. Et heureusement car j’étais à ça de repartir avec un tattoo d’un œil qui pleure quelque part…

Maïa (instagram)

Setlist
An Ode To Breakdown
Cold & Distant
Who Wants To Die Old ?
Storm Resounds
Dripping Low
04/09/16
Naïve
Sleep Juice
Loner
A Thousand Mile Away

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