A l’occasion des Concerts outrageusement publics organisés par Radio Néo, nous rencontrons R.Wan avant les balances sur la terrasse ensoleillée de la Flèche d’Or
HexaLive- A l’écoute de l’album « Radio Cortex », on a effectivement l’impression de tourner le bouton d’une radio tant les changements de styles et d’univers sont nombreux d’un bout à l’autre de l’album. Est-ce qu’il est possible malgré tout de résumer le disque en une phrase ou une idée directrice ?
R.Wan – c’est un voyage sur les ondes. La radio pirate est mon bateau ; les ondes sont l’océan.
HL-Pourquoi cette volonté d’éclectisme ?
R.Wan – Pour trois raisons :
La première est que j’écoute toutes sortes de musique et que je n’aime pas me cantonner à un genre. Mais pour mélanger plusieurs genres musicaux dans un disque, il me fallait un fil conducteur ( la radio)
La deuxieme part d’un constat : la grande majorité des albums ( exceptés quelques chefs d’œuvres) que j’écoute m’ennuie au bout de la troisième ou quatrième chanson. Les musiciens ont tendance à se répéter. J’ai essayé de ne pas ennuyer l’auditeur même si il peut être dérouté à la première écoute.
La troisième est que je ne suis pas instrumentiste, ni un bon bidouilleur avec les ordinateurs. J’ai travaillé sur la musique des mots. Et essayé de faire sonner la langue française sur des musiques dansantes. Si je m’étais limité à un genre musical, il aurait fallu que celui ci soit original (si c’est pour faire un énième disque de rap, de reggae ou de chanson française ; ça n’a aucun intérêt)
Avec Fixi ( compositeur de java) nous essayons de créer notre propre son, de créer une musique originale. Et là nous pouvons nous limiter à un genre, vu que c’est le nôtre.
HL – Le premier single de l’album est « Lâche l’affaire », la reprise de « Laisse béton » de Renaud. N’as-tu pas peur qu’il ne soit pas identifié à l’écoute comme un nouveau morceau par une oreille inattentive ?
R.Wan – S’il y a des gens un plus jeunes qui apprécient mon remake sans connaître l’original ; c’est positif. Ca veut dire que les bonnes chansons traversent le temps et peuvent toucher plusieurs générations.
HL – J’ai du mal à imaginer comment cet album peut être transposé sur scène, ça n’a pas du être évident ?
R.Wan – En effet, ça ne l’est pas et on est loin d’être au point. Mais en même temps, ce concept de radio me donne plein d’idées de sketchs qui peuvent être transposés sur la scène.
Je vais faire un tournée avec ce projet au mois d’octobre .
HL – Le dessin au verso de la pochette a-t-il une signification ? On dirait du Picasso.
R.Wan – C’est vrai, je suis aussi doué que Picasso. D’ailleurs, tu me donnes une idée, comme on ne vend plus de disques, je vais en faire un seul que je vendrais au prix d’une peinture de Picasso. Tu connais pas quelqu’un que ça intéresse ?
HL – Est-ce qu’il y a une certaine excitation à repartir de zéro, même si le zéro doit être relatif ?
R.Wan – Mon ex-femme me dit souvent que je suis un zéro ; alors autant partir de ce que l’on est.
HL – Comment procèdes tu pour écrire les textes ? As-tu des méthodes précises ?
R.Wan – Je bois.
HL – D’où est venue cette idée de projet solo ?
R.Wan – De la rencontre avec le label Makasound. Ils m’ont proposé de produire le disque. Ils sont spécialisés dans le reggae et voulaient s’ouvrir sur d’autres musiques. Actuellement, ils produisent le nouvel album de Winson Mc Anuff réalisé par Fixi de Java et nous ferons une tournée commune cet hiver .
HL – Quand est prévue la sortie du nouvel album de Java ?
R.Wan – Au printemps prochain.
HL – Tu revendiques souvent un côté parisien dans les textes. As-tu des lieux de prédilection dans cette ville ?
R.Wan – Je revendique rien du tout, je parle de ce que je connais, et comme j’habite à Paris, je suis influencé par mon décor.
Nous sommes à la flèche d’or ; c’est un très bel endroit ; une ancienne gare qui donne sur la petite ceinture qui est le seul endroit « sauvage » à Paris. Elle fait le tour de Paris et donne sur plusieurs entrées dans les catacombes. J’y ai vécu des nuits mémorables.
Merci à R.Wan et Nico (Makasound)
Interview réalisée par Arnaud Guignant et Magali Tixier