HexaLive – Est-ce que tu peux nous parler du nouvel album, et de comment s’est passé la collaboration avec les différents guests qui y figurent ?
Kolman – Dans le décor est sorti en septembre 2005, après un an de travail consacré seulement à cet album. C’était nouveau pour nous de travailler de cette manière, c’est à dire sans essayer les titres sur scène et d’aller de suite en studio. De la même manière ce fut une nouveauté de bosser avec quelqu’un d’extérieur, Samuel Clayton Junior. Nous avons la chance qu’il habite depuis quelques années à St Etienne, la connection s’est faite naturellement vu qu’il reste très actifs avec notre scène locale. Assisté de notre ingé son, Ben Jouve, il s’est occupé de la production « technique » du disque. Lyricson est un chanteur que nous apprecions tous, et après l’avoir croisé plusieurs fois sur nos tournées nous tenions à l’inviter sur un morceau, ce qu’il a accepté sans problèmes. Pour Omar Perry et David Hinds (Steel pulse), c’est Sam Clayton qui a arrangé notre rencontre. Lorsque nous leur avons proposé les morceaux, ils furent emballé autant par le projet artistique qu’humain. Chaque invité est venu passé 2 jours à St Etienne et ça n’a jamais été soumis à la pression du business, toujours un vrai échange humain et artistique. Vous pourrez d’ailleurs voir l’interview de ces trois intéressés dans le bonus de notre dvd qui leur est consacré.
HL – Le mélange ragga/kabyle c’était un choix ou c’est venu naturellement ?
K – C’est venu tout à fait naturellement, le kabyle est la langue maternelle de Hakim (Bouchkour) qu’il continue a pratiquer chez lui, et la couleur ragga est présente depuis mon arrivée. Rien n’est calculé, c’est selon le feeling et l’inspiration de chacun.
Zigo – Oui, en tous cas l’alchimie entre Bouchkour et Komlan s’est installé naturellement. Mais à la base nous étions très influencés par Gnawa Diffusion. Ce groupe nous a donné une idée de départ sur ce point. C’est le premier groupe qui mélangeait ces styles. Bien sur, nous n’avons jamais réussi à les égaler, et avons acquéri notre propre couleur musicale au fil du temps…
HL – La tournée a commencé depuis un certain temps, il y a eu notamment quelques festivals, des souvenirs particuliers déja ?
K – Cette tournée en elle meme restera un souvenir impérissable, durant ces 140 dates en un an (!!!!) nous avons découvert énormément de choses, comme tourner en bus tour, jouer à l’étranger (Allemagne, Espagne, Belgique, Portugal, Suisse…), jouer dans d’énormes festivals mythiques (Solidays, Summerjam, le Paléo….). Que des choses nouvelles pour nous tous. Mais aussi la fatigue, la route….
Z – Il y a la partie de tournée avec Culcha Candela, qui sont devenus nos cousins allemands, le concert à st Etienne où David Hinds nous a accordé sa confiance pour l’accompagner sur les morceaux de Steel Pulse, les concerts au Portugal, et surtout le soutien du public français tout au long de la tournée, qui nous a aidé à tenir dans les moments de grosse fatigue…
HL- La scène semble être votre lieu de prédilection, dans quel état d’esprit êtes-vous après la dernière date d’une tournée ? Nostalgiques, heureux de pouvoir un peu souffler, pressés de repartir ou d’entrer en studio ?
K – La tournée actuelle n’étant pas tout à fait terminée, je peux pas trop te dire. Mais c’est un peu de tout ça, car meme si l’on va être nostalgiques et perdus de voir notre rythme de plus d’un an changer totalement, tout le monde a vraiment envie et besoin de souffler, cela fera du bien à tous. Et je crois
aussi qu’on veut tous retourner en studio, en répet’, travailler de nouvelles idées, inspirations qu’on a laissé de coté sur la route, et surtout faire de nouvelles choses parce qu’avec autant de concerts la répétition guette!!
Z – Généralement, il y a une réaction psychologique qui fait que la pression se lache d’un seul coup, ce qui est très difficile à gérer les jours qui suivent.
Une fois qu’on est reposé, on a envie de se remettre au travail. Le plus difficile est de retrouver les automatismes de studio et de répétition, car ceux sont des exercices différents de la scène. Les premières repet’ sont souvent laborieuses. En tous cas la scène nous manque toujours quand nous ne sommes pas en tournée, mais ça permet d’apprécier les tournées qui sont à venir…
HL – Comment cela se passe dans le groupe pour les compositions ? Qui fait quoi ?
K – Pour les textes ce sont toujours les chanteurs Hakim et moi accompagnés de Jérémie (guitare) qui amènent des paroles, mais tout est discuté avec L’ensemble de l’équipe pour que tout le monde soit d’accord avec les idées dévelloppées. Par contre tout le monde travaille sur les compos, les idées de départ viennent souvent de Fred (clavier), Binour (bass) ou Jérémie mais tout évolue en groupe.
Z – Chacun amène des idées de musiques en studio, on écoute, on teste tout ensemble, on bricole, on improvise, et petit à petit on affine, idée par idée, on enregistre, puis on laisse de côté. D’une manière générale, les premières boutures sont vite en place, par la suite l’affinage prend un peu plus de temps, on teste pas mal d’arrangements avant une version définitive.
HL – L’esclavage est un de vos thèmes récurrents. Que penses tu de la journée de commémoration ? C’est une bonne chose, ou c’est trop timide et de nature à noyer le poisson ?
K – C’est un thème que l’on retrouve dans l’album car ce fut l’année où nous sommes allé au Sénégal et sur l’Île de Gorée des esclaves et nous tenions à faire notre travail de mémoire après cette expérience, mais nous avons d’autres sujets importants que nous tenons à exprimer. Cette journée était selon moi indispensable, même si c’est un grand pas, le gouvernement qui l’a institué ne mérite pas tous les lauriers car de toutes facons il fallait le faire, ce qui est triste c’est d’avoir attendu autant. Ce n’est pas grand chose mais c’est déja beaucoup pour l’hommage fait et la mémoire rendue à tous ces gens oubliés. C’est très important de regarder le passé en face et de l’accepter TOUS ENSEMBLE. Il ne s’agit pas d’être rancunnier envers qui que ce soit, juste de parler et rappeller le passé.
Z – Nous sommes conscient que les avantages dont nous bénéficions en occident (médecine, argent, éducation…), les richesses en général, sont le résultat en très grande partie de 400 ans de déportation, de travail forcé…qu’on appelle esclavage ou Traite de Noirs. Pour certain, cela fait parti du passé, ce qui n’est pas faux, mais nous avons un devoir de mémoire de ces 400 ans, car la situation n’est pas la même en Afrique.
HL – Vos textes étant politisés, comment vois tu se profiler 2007 ?
K – Nos textes sont conscients mais peut être pas tout à fait politisés, faire prendre conscience de certaines questions ne donne pas forcément des Réponses, à chacun d’en tirer ce qu’il veut après avoir écouté. La campagne surtout médiatique tourne au pathétique et j’ai très peur de L’avenir de ce pays qui s’extrémise de chaque côté, ou de la violence du peuple qui n’est qu’en fait que le reflet de la violence de ces mêmes politiques.
HL – Un petit mot pour les internautes d’HexaLive ?
K – Keep faya blaze!!!! On continue le combat!!!
Z – Restez vigilant, c’est important, et faites la fête, ça fait du bien! Peace!
Merci à Zigo, Komlan et BeNablok (Mektoub Communications)
Interview réalisée par Arnaud Guignant