Babet : l’interview

Suite au jeu-concours que nous avons organisé, nous avons pu rencontrer Babet avec les gagnants. L’occasion d’un échange au bord de Marne.

27 septembre 2010, “Piano Monstre” voyait le jour. Pourquoi avoir attendu presque 13 années pour nous livrer “La Promesse” ?

Je n’ai jamais arrêté d’écrire des chansons, mais il manquait le déclic et l’énergie nécessaire pour sortir un album. Peut-être que j’ai besoin d’être amoureuse aussi. Parce que finalement, “Piano Monstre” je l’ai écrit pour mon ancien mari Andy. Et “La Promesse”, c’est pour Jimmy mon nouveau mari.
La première chanson qui m’a fait dire que je tenais peut être un nouvel album c’est “Ne plus fermer les yeux” que j’ai composé après les attentats de 2015. Il y avait cette urgence de se dire que peut-être demain on ne serait plus là. D’où ce besoin d’écrire des chansons pour des personnes que j’aime ou que j’admire.

Le voyage semble être une ligne directrice dans chacun de tes albums. Avec “la Promesse”, quel voyage nous proposes-tu ?

C’est un peu le voyage de ma vie, au travers des personnes qui m’entourent et qui m’inspirent.

L’album est d’ailleurs très personnel, est-ce que c’est facile d’écrire quelque chose d’aussi intime ?

C’est personnel oui, mais je ne rentre pas dans le détail de l’intime. J’aime rester dans la poésie. Je ne souhaite pas parler de moi, mais plutôt parler à tout le monde et toucher un maximum de personnes. Les thèmes abordés dans l’album sont finalement très universels.

Quels sont les meilleurs moments de cette aventure créative?

Je pense que c’est le studio d’enregistrement. Quand j’ai entendu mes chansons jouées par d’autres, c’était comme si elles prenaient vie. Comme une naissance. Comme si tu pouvais te défaire de quelque chose de trop collé à la peau. En plus, les musiciens qui sont venus jouer ont une belle sensibilité . Voir Albin de la Simone derrière le piano, regarder Seb Martel chercher des sons de guitare, c’était super. Et quand on laisse les gens s’exprimer, on arrive à des choses qui n’existaient pas sur les maquettes. Par exemple, l’intro de “Née sur une étoile” est arrivée quand Raphaël essayait des rythmes sur ses toms basses et que j’ai pris un paquet d’allumettes qui traînait à côté de la console de l’ingénieur pour jouer en même temps. Dominique Ledudal à tout de suite réagi et nous a enregistré dans la foulée. Dominique c’est le réalisateur de l’album, celui qui a enregistré et mixé toutes les chansons.

C’est toi qui est allé chercher Albin de la Simone et Seb Martel ?

Pas du tout. C’est Dominique qui m’a dit “Albin pour les pianos et Seb Martel pour les guitares c’est le top”. Forcément, je n’allais pas dire non (rires), je lui ai dit s’ils sont libres et qu’ils veulent venir c’est super. 
Raphaël je le connaissais car il avait fait la tournée “Drôle d’oiseau”, et c’est lui qui m’a proposé Jeff à la basse. Et j’ai beaucoup de chances, car les deux sont très créatifs, ils ne se contentent pas de suivre la maquette.

Tu vas les emmener sur la tournée ?

Non, comme nous repartons bientôt avec Dionysos, je n’aurai pas le temps de faire beaucoup de concerts et je ne veux pas faire répéter des musiciens pour si peu. C’est dommage, mais c’est un investissement énorme de savoir jouer les morceaux d’une autre personne, même si ce sont des pros et qu’ils ont l’habitude. J’ai trop de respect pour eux pour leur demander de faire uniquement cinq dates. Donc sur scène, je serai en solo.

Quel artiste ou groupe t’a donné envie de faire de la musique. Et lesquels t’inspirent encore aujourd’hui ? 

Il y a Ennio Morricone qui a toujours été très présent dans ma vie. Jack White aussi, en groupe ou en solo. Après j’écoute beaucoup de choses, ce serait trop réducteur d’en choisir un ou deux. 
On me pose souvent la question de mes inspirations. J’écoute beaucoup de musique avant ou après une écriture d’album, mais en revanche pendant l’écriture c’est le moment où j’en écoute le moins. 
Pour les textes, quand je suis en panne, je vais voir dans ma bibliothèque et je lis des poèmes. En général de Jacques Prévert. Ce que j’aime chez lui, c’est qu’à l’instar de Picasso en peinture, il a beaucoup de technicité, mais au final, tout est dit très simplement, c’est ce qui me plaît. 

Quel est le processus le plus compliqué pour toi ? Écrire ou composer ?

Écrire, c’est beaucoup plus difficile. La musique, je l’entends immédiatement dans ma tête et elle vient toute seule. Avec Dionysos, c’était même un souci parce qu’à chaque fois qu’on répétait, je jouais des choses différentes. Mathias m’enregistrait sur son dictaphone pour m’aider à ne pas oublier ! Aujourd’hui je garde tout sur mon téléphone, c’est bien pratique. 
Mais écrire par contre, oui c’est compliqué. Je ne sais pas combien de carnets j’ai rempli. Des fois je les relis et je trouve ça nul. C’est impressionnant les déchets en écriture, j’en ai des carnets entiers. Je n’ose pas les jeter, du coup je les garde dans une maison de famille qu’on a à la montagne. C’est compliqué d’écrire des chansons, il y a un cadre à respecter, un nombre de pieds, de mesures, il faut du rythme et de la rime. Je suis admiratrice des grands paroliers qui arrivent à te faire voyager avec cinq mots. 
J’ai moins cette difficulté quand je suis sur l’écriture de mon roman, j’ai l’impression d’être plus libre.

Justement, est-ce qu’il pourrait y avoir une passerelle entre ton album et ton livre ?

Il faut déjà que j’arrive à finir ce bouquin (rires). J’en suis déjà à 600 pages et il est loin d’être fini. Après, Mathias m’a prévenu. Pour un de ses livres, on lui a fait retirer cent pages. Donc, soit mon livre subira le même sort, soit il sera découpé en plusieurs tomes. En tout cas, je veux finir cette histoire car je sais exactement comment elle doit finir, j’ai juste besoin de temps.

L’écriture de ton album a-t-elle eu une résonance sur le roman sur lequel tu travailles ? Et inversement ton roman a t-il été une inspiration pour ton album ?

Non, parce que j’ai écrit l’album bien avant le roman, les premières maquettes datent de 2015. 
Pour le roman, l’inspiration m’est venue de la maison de famille où je stocke mes carnets. C’était pendant la crise de la covid. Plusieurs albums photos très anciens se trouvent là-bas, avec des portraits de la famille dont on a tout oublié. J’ai eu envie de leur écrire une histoire, c’est comme cela que tout a commencé. 
Et puis, en faisant des recherches sur le village où se trouve cette maison, je suis tombée sur un Hilaire, le premier évêque de Poitiers vers 350 après Jésus-Christ et j’ai remarqué que pour lui aussi près de 30 années de sa vie avaient été comme perdues, j’ai alors eu envie d’écrire son aventure. C’est comme cela qu’il est devenu le premier héros de mon roman. Pour l’anecdote, je parle dans ce livre d’une pièce cachée, et récemment mon père a trouvé une petite pièce cachée dans la maison, pas à l’endroit où je l’avais imaginé mais c’est drôle. J’ai également mis un de mes chats dans l’histoire, il tiendra une place très importante dans le récit. C’est un des trucs que m’a appris Mathias sur l’écriture, dans un roman, tout doit avoir une raison. Si un personnage apparaît, il doit servir plus tard dans l’histoire.

Quel est pour toi le moment le plus magique vécu sur scène ?

Je pense que c’est quand j’ai amené mon père sur la scène de l’Olympia. On a passé trois ans avec mon père à ne pas se parler, et je n’ai pas pu partager avec lui les débuts de Dionysos. A l’occasion de notre premier Olympia, j’ai invité mes parents à venir sur Paris. Dans l’après-midi, j’ai fait monter mon père sur la scène pendant les balances. Et j’ai vu à ce moment-là dans ses yeux un regard d’enfant qui m’a beaucoup touchée.

La tournée pour la Promesse, elle va s’intercaler avec celle de Dionysos ?

Non, je vais faire des dates avant car j’ai peur que cela fasse trop les deux en même temps. Je pourrai faire quelques premières parties. Mais si je le fais, je ne serai pas avec le groupe avant de monter sur scène. Avec Dionysos, une heure avant de rentrer sur scène, on est tous ensemble. On ne parle pas, ou très peu et c’est un peu notre rituel. Si je joue à ce moment-là, je raterai cela. Et ce serait compliqué d’avoir l’énergie de faire les deux.

Est-ce qu’il y a des lieux particuliers où tu aimerais jouer ?

J’ai déjà joué seule avec ma guitare sur la scène de Saint Jean d’Acre aux Francofolies de La Rochelle, la mer n’est pas loin, on sent les embruns, c’est très beau. Pareil pour le théâtre de la mer à Sète, ce serait parfait. En tout cas, quelque chose en extérieur, qui rappelle le voyage et « La promesse » que je chante et qui est devenue le titre de mon nouvel album. Ou une Cigale, que j’avais dû annuler après une blessure au poignet sur mon premier opus « Drôle d’oiseau » .

Tu sors de l’enregistrement avec Dionysos, est-ce que tu as quelques secrets à nous partager sur cet enregistrement ?

Des secrets non, sinon ce ne serait plus des secrets. En tout cas, l’album va sortir en octobre ou novembre, donc bientôt. On finit les visuels en ce moment même. Il nous tarde de vous montrer comment on a remanié les anciennes chansons. L’objectif de cet album c’était de retrouver l’énergie du live. Au studio ICP, à Bruxelles, les conditions étaient idéales pour cela, magiques! On a donc quasiment tout enregistré en live, c’est-à-dire en jouant tous en même temps. Et comme ce sont des morceaux qu’on joue depuis des années, en trois ou quatre prises c’était dans la boîte. Et il y aura de nouvelles chansons aussi !

Les concerts de Dionysos arrivent ensuite pour fêter ça ?

On est déjà en train de concevoir ces lives oui. Il faudrait que ce soit comme une fête d’anniversaire à chaque concert. Que ce soit au Zénith, ou à Rouen, Toulouse, Bordeaux, Rennes…Il faudra qu’on soit bien rôdés pour le Zénith car il y aura des invités.

Vous faites partie de l’histoire du rock français, des groupes qui perdurent aussi longtemps il n’y en a pas tant que ça

On a les caractères qu’il faut pour aller ensemble, et chacun connaît sa place. On ne se drogue pas, personne n’a de problème avec l’alcool, cela a certainement aidé à faire que nous soyons encore là.

D’où est venu cet objectif de faire le marathon ? Est-ce que tu cours régulièrement, ou est-ce que c’est un défi que tu t’es fixé ? As-tu d’autres objectifs comme cela à venir ?

C’est arrivé en même temps que ma découverte de l’hypnose, j’ai pu appliquer dans le sport ce que j’étais en train de découvrir. C’est un pote à moi, Manu Roux qui est journaliste sportif sur France2 qui m’a dit “si tu continues à courir comme ça tu vas faire le marathon”. A ce moment-là, je courais 25 minutes et j’étais au bout de ma vie. Mais Manu est enthousiaste, et il a cette capacité de savoir te mettre des idées dans la tête. Avec l’auto-hypnose, j’ai pu passer de 30 minutes à 1h15 de course, et j’ai découvert que mon corps était capable de le faire. Il y a même une espèce d’addiction, au bout d’un moment ton cerveau t’envoie des “merci” quand tu cours. J’ai fait un semi qui s’est très bien passé, faire le marathon ensuite est devenu une évidence.

Merci Babet pour ton temps et pour cette entrevue.
Merci aux différents participants du jeu concours.

Écoutez « La Promesse« , le nouvel album de Babet

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4 commentaires sur « Babet : l’interview »

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