Celeste à la Boule Noire le 22 février 2024 (release party)

CELESTE, groupe de Sludge Post Hardcore, a donné un concert jeudi 22 février 2024 à la Boule Noire, dans le « quartier rouge » de Paris. Il s’agissait de la Release Party de leur EP EPILOGUE(S), paru en novembre 2023, presque deux ans après l’album ASSASSIN(S).

L’attente

Sold out depuis décembre 2023, le concert, devenu exclusif, était très attendu par les fans de la première heure (et les autres aussi). Un concert initialement prévu à 20h00. Un horaire pourtant tardif en semaine qui permet, en théorie, de braver les problèmes de transports de la capitale. Mais les problèmes de ce jeudi étaient plus conséquents et les premières notes du quatuor ne se sont pas faites entendre avant 20h50. Permettant aux près de 200 personnes de ne rien manquer. L’impatience des fans est pour autant restée discrète. L’occasion de discuter et de comparer les concerts précédents pendant que le (bien nommé) “Stay Here” de Sawns passe dans les enceintes.

Voir CELESTE doit se faire dans de bonnes conditions. L’identité visuelle du groupe s’apprécie dans le noir le plus total. Les membres du groupe, en effet, jouent habillés en noir avec des frontales rouges sur le front, auréolés d’un éclairage sanguin et évoluant dans une brume de fumigène permanente. Une ambiance tout à la fois sombre, lourde et pénétrante. À l’image de leur sludge unique, screamé en français, aux textes morbides (ou sordides à dessein) mais néanmoins poignants.

Blanc et rouge

Pourtant, les premières notes marquent un décalage : dos au public, les membres du groupe font monter progressivement les sensations auditives par un morceau instrumental atmosphérique éclairé en blanc et sans frontales. Puis les cheveux sont détachés, les lampes au faisceau rouge sont enfilées et… comme l’a hurlé si subtilement quelqu’un dans la foule un peu plus tard : “la sauce tomate est envoyée”. Le public devient euphorique face au changement ! Le deuxième morceau joué reprend en effet les codes iconiques du groupe. Dorénavant, le rouge domine et l’ambiance se durcit. Dans le public, les têtes se secouent au rythme de la batterie pourtant très dense, complexe et sans répit. Les titres vont s’enchaîner sans interruption, navigant entre deux univers : blanc laiteux et rouge sanglant.

Noir et blanc

Des vidéos en noir et blanc sont diffusées en fond de scène. Quand on connait le crédo du groupe et leurs paroles qui évoquent ce qu’il y a de plus abjecte chez l’être humain (inceste, viol, etc.), l’avertissement “The upcoming video contains explicit and potentially triggering materials” qui s’affiche au préalable nous paraît inutile. Mais prudence est mère de sûreté. Et c’est tout à leur honneur. Ces images en noir et blanc projetées rajoutent à l’atmosphère oppressante, presque suffocante avec les fumigènes. Il s’agit d’une immersion visuelle âpre, dans l’univers sinistre du groupe. Le procédé, dans sa forme, n’est pas sans rappeler celui d’Amenra, dans un genre différent. Et sur le fond, il renvoie aux thématiques des paroles de CELESTE.

L’ambiance

Le public semble envoûté : les yeux fermés, les gens s’imprègnent de l’univers sonore de manière presque extatique. Sur la crash barrière, des spectatrices semblent aspirées par la musique. Plus loin, les cheveux se mélangent en cadence. Quelques cris d’encouragements entre les morceaux se font entendre. Sur scène, les rifs de guitare, tortueux, ajoutés à la batterie toujours intense, sans aucun breakdown rend l’écoute exigeante.
L’approche de CELESTE étant si particulière, leurs concerts sont généralement courts, autour de 45 min. Ce soir, ce sera près d’une heure entière. Avec un rappel conséquent. Vers la fin de celui-ci, Johan, le chanteur bassiste, lance un humble mais non moins sincère “merci”. Seul et unique mot adressé au public. En toute simplicité. Les dernières notes résonnent encore après la fin du concert quand les lumières se rallument. Il faut de bonnes grosses minutes pour retrouver la normalité, pour se remettre de ses émotions. Quelques fans prolongent l’aura du concert et la salle qui se vide lentement. La queue au stand de merch est encore longue au moment de quitter la Boule Noire.

Fun fact (mais pas fun pour tout le monde) :
La suite s’est déroulée sur les réseaux sociaux : du fait d’une erreur sur Spotify, des spectateurs sont venus à la Boule Noire persuadés d’assister à un concert de Celest, une chanteuse de Soul Rnb britannique. Pas sûr qu’ils soient restés jusqu’à la fin. Quel dommage pour les fans qui n’ont pas pu obtenir de billet…

Jeudi soir, quand les lumières se sont enfin éteintes et que la machine à fumée s’est allumée, la prestation de CELESTE fut riche en sensations musicales et visuelles côté scène. Côté fosse, la communion entre fans était de l’ordre d’une ferveur, presqu’une exaltation… L’ensemble fut une expérience immersive réussie dans le métal noir bien épais du quator. À refaire !

Maïa (instagram)

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