A l’occasion des différentes dates des Têtes Raides au Bataclan, on vous propose deux chroniques pour le prix d’une.
26 mars 2008
Un concert des Têtes Raides est toujours un moment fort. Moment fort de par le charisme et l’énergie déployé par le groupe. Moment fort de par la poésie qui transforme chaque texte en ressenti propre à chacun des spectateurs. Moment fort de par l’esprit et le militantisme du groupe. Et c’est bien à tout cela que nous nous avons eu droit ce mercredi soir au Bataclan.
Et à haute dose car les rappels n’ont pas manqué, même quand plus grand monde n’y croyait et commençait à se diriger vers la sortie de la salle. Le set auquel nous avons eu droit était constitué pour partie de morceaux du nouvel album, et pour partie d’incontournables du groupe, à l’image d’un ‘Gino‘, de ‘l’iditenté‘ ou de ‘Ginette‘ pour ne citer qu’eux.
Christian Olivier, avec sa voix si particulière, a vraiment le don de nous faire s’imprégner des mots et de l’ambiance avec une facilité déconcertante. Je ne savais pas trop ce que pouvait donner en live le morceau ‘notre besoin de consolation est impossible à rassasier‘, lecture musicale de vingt minutes du texte de Stig Dagerman et bien je dois dire que c’est tout simplement époustouflant. On ne voit absolument pas le temps passer et tout le public reste suspendu aux mots. Je parlais de moments forts tout à l’heure, c’est incontestablement l’un des points marquants du concert, on en a presque des frissons dans l’échine.
Une attention toute particulière a été portée sur les lumières. Une structure porte un projecteur suspendu pour chaque musicien, et deux projecteurs latéraux se chargent de colorer la scène tout au long du spectacle (sans parler bien sur de la traditionnelle lampe valseuse sur Ginette). Et avec les couleurs qui se succèdent, c’est aussi toute une palette d’émotions qui nous traversent, car on passe du festif sur certains morceaux où la fosse s’anime, au plus intense ensuite sur des morceaux où le public est statique physiquement mais est emporté par texte, au plus léger enfin, par exemple lors des cascades en mini moto de Christian Olivier ou d’un Latuvu qui voit la sortie du slip du même nom que le label.
Allez, une chose est sûre, Paris était beau le temps de ce spectacle…
Arnaud Guignant
Crédit photo : Marilou
28 mars 2008
Notre Besoin de Consolation est impossible à rassasier… Stig Dagerman. Et pourtant, en l’espace d’un concert, on y croit… De leurs textes surréalistes, ils nous transportent dans leur univers à la fois sombre et vif, monochrome et coloré… des textes mêlés d’optimisme, et de réalisme cru.
Les instruments dessinent un monde qui réchauffe le cœur, les jeux de va-et-vient des lumières nous télétransportent au bord de la mer. Dans notre monde merveilleux de consumérisme absolu, on croit- à l’instant précis ou Christian Olivier fusionne avec le texte de Stig Dagerman -sortir de cette vie artificielle où nous sommes coincés depuis trop longtemps… Et on se surprend à penser et à réflechir… Ce qui se fait rare en fait.. Nous ne réfléchissons plus à notre façon d’être de cette façon là… La dureté de ce texte ramène à une vérité qui fait mal à entendre. Piqûre de rappel qui te plante face à toi-même…
Heureusement, l’ami Christian ne prend pas ce texte pour une fatalité et nous sert son humour décalé et son optimisme dérangé qui fait que les Têtes Raides resteront toujours un groupe à part… et nous invite à combattre cette fatalité, qui ne doit pas en être une. Un combat de tous les jours, une guerre contre la morosité et la facilité qu’on ne doit pas abandonner. Tout à l’image de leur prestation qui revigorerait le dernier des dépressifs…Bien à vous les Têtes Raides, je pense à vous et au talent que vous savez mettre au service de notre imaginaire afin que nos neurones ne soient pas encore tout à fait anéantis par nos désirs individualistes qui rongent le fond de nos vies quotidiennes.
Milie