Avant le début d’un concert, y a ce moment où la salle est sans lumière. La tension traverse les corps et les yeux braquent la scène. Les oreilles sont pressées de recevoir les premières notes et tout le monde n’attend que l’explosion des percussions pour s’élancer, sauter et se perdre dans l’énergie du métal balancé par les haut-parleurs gigantesques qui bordent la fosse. Dans cet instant de faux calme, y a toujours un doute, ce même doute qui envahit le cerveau : est-ce qu’on va s’éclater ?
On voit les membres du groupe se répartir sur scène, prendre leurs instruments et s’échauffer et le premier truc qui pourrait inquiéter avec The Discord, c’est qu’ils ne sont que trois.
Trois. C’est suffisant pour faire du bruit ? C’est assez pour envoyer du bois ? Les lumières s’allument, les instruments se mettent à cracher et le chanteur balance les premiers mots de Hate has no smell. Et de suite, tous les doutes s’envolent ! La musique est speede, lourde, elle percute les entrailles et pousse les têtes à se projeter en avant, à se redresser puis à replonger encore et encore jusqu’à perdre toute notion d’équilibre. C’est du son taillé pour les concerts. Ça saute, ça danse, ça se bouscule, ça balance sa bière en l’air et les cheveux traversent les rais de lumière en rythme.
Les morceaux s’enchainent, les ruptures viennent casser les structures pour leur amener du dynamisme et ça monte, ça monte, Hurting people, In Hell, Scandalmongers, les paroles dénoncent, critiquent, autocritiquent, parce que The Discord ce n’est pas que du bon métal, c’est aussi la volonté de hurler un message.
Puis surgit ce morceau étonnant, An ocean of Fears. Toujours critique, mais qui s’effondre, se meurt presque en son milieu. Avant de renaitre doucement, douloureusement. Prise de conscience ? Renoncement ? L’album se conclut sur le nuage noir, un titre sombre, plus lourd, comme si la colère explosive des débuts devenait plus froide, plus intérieure.
Quand les instruments retrouvent le silence, que le chanteur a craché sa dernière phrase, la salle est sonnée. Les sourires traversent les visages et quelques secondes sont nécessaires pour revenir sur Terre. Viennent alors les cris, les applaudissements et les « encore » !
Mais c’est déjà fini. Les projos s’éteignent, les t-shirts sont poisseux, les baskets collent au sol et c’est avec le souvenir d’avoir écouté un truc de dingue qu’on se dirige vers la sortie.
Au final, c’est un album aux morceaux variés, chaque titre est composé avec des ruptures qui apportent un dynamisme qui en fait un putain de disque de scène. Les paroles sont revendicatives, pour peu qu’on prenne le temps de se pencher dessus. Reste que c’est trop court. C’est vraiment trop court. Parce que c’est vraiment trop bien.
Parait qu’il faut donner des infos techniques… alors Le trio est de Laval. Le groupe est tout neuf, il est composé de Pierrick Bouilly, Nicolas Franchi & Henri-Pierre Bohers et An ocean of Fears est son premier EP. L’album comporte sept titres, dispo chez Katabomb Records. L’album a été enregistré et mixé par Amaury Sauvé à The Apiary Studio puis masterisé par Thibault Chaumont à Deviant Lab.
Lilian Peschet
Instagram The Discord : https://www.instagram.com/thediscordband/?hl=fr
Écoutez l’album sur BandCamp : https://thediscord.bandcamp.com/album/an-ocean-of-fears
Clip « Hate Has No Smell »