Corentin Charbonnier, l’interview fleuve et sans langue de bois

Corentin Charbonnier est un membre actif et reconnu de la scène metal française. Le titre anthropologue du metal et photographe est très réducteur, car il a bien d’autres cordes à son arc.
Commissaire de l’exposition Metal « Diabolus in Musica » à la Philharmonie (ndlr : dont vous pouvez trouver la chronique du vernissage sur HexaLive), animateur radio, bénévole, éditeur indépendant… Et bien sûr auteur d’un certain nombre d’études en tant que docteur en anthropologie.

Tout ceci interpelle, et nous avons donc voulu en savoir plus ! C’est parti pour une longue interview avec Corentin Charbonnier !


Sommaire de l’interview de Corentin Charbonnier

Présentation

Anthropologie et metal

Les débuts en anthropologie / Concilier passion et analyse / Metal et orthographe / HellFest, l’évolution du festival / L’économie de la musique / Perception du metal et génération /

L’expo Metal « Diabolus in Musica » à la Philharmonie

La génèse du projet / Metal et Philharmonie / Les objets de l’exposition / Retour(s) sur l’expo /

La photographie

Parcours / Conseils / IA

Les futurs projets

Conclusion


Corentin Charbonnier, qui es-tu ?

Bonjour Corentin, merci pour cette interview ! Est-ce que tu peux te présenter brièvement ?

Hello, je m’appelle Corentin Charbonnier, docteur en anthropologie. Actuellement je suis ATER à l’Université de Tours (enseignant temporaire), toujours chercheur sur les publics des festivals (Hellfest et en ce moment Motocultor) et sur les engagements du public metal…

Et à côté, pas mal d’activités dans la culture metal : éditeur indépendant, ex-commissaire d’expo de la Philharmonie mais bientôt commissaire sur d’autres expos, animateur radio à Throne Of Thanatos, photographe (pour faire simple) de concerts, auteur pour des documentaires, bénévole avec plein de missions diverses à l’Omega Sound Fest à Angers, à l’Artificial Waves à Tours, intervenant à la Firemaster Convention d’Issoudun…
Bref… un acteur impliqué de la scène.

Anthropologie et metal

Les débuts en anthropologie

En 2015, tu as sorti une thèse sur le pèlerinage des metalheads au Hellfest qui a validé ton doctorat en anthropologie. Et qui est a ensuite été disponible en édition pour le grand public “Hellfest : un pélerinage pour metalheads” .
Première question : est-ce que c’est le metal qui t’a amené à l’anthropologie, est-ce que c’est l’anthropologie qui t’a amené au metal, ou bien tu suivais ces deux voies indépendamment et à un moment donné tu as fait le lien entre les deux ?

Le metal, je suis rentré dedans vers 14 ans, ça préexistait donc largement à l’anthropologie. Car dans notre société, l’anthropologie on ne t’en parle pas avant la fac, ou dans le meilleur des cas en fin de lycée…

L’anthropologie on ne t’en parle pas avant la fac

Avec le recul et les recherches menées, il me semble que le metal ne se limite jamais à la musique. Je parle d’ailleurs de culture (en m’opposant farouchement au terme de contre-culture), car le metal englobe différentes strates. Et tout démontre qu’il y a un intérêt particulier pour d’autre chose que le metal (même si ce dernier prend une place prépondérante dans la vie des passionnés).

De ce fait, quand j’ai fini le lycée, ce qui m’intéressait c’était d’en apprendre plus sur les cultures. J’ai en premier lieu tenté la fac d’espagnol, mais la priorisation pour la langue avant la culture ambiante m’a freiné. Je me suis donc dirigé vers la sociologie, qui m’a amené à l’anthropologie et à l’ethnologie grâce à mes profs de l’époque Benoît Carteron, Pascale Moulévrier et surtout Hélène Paillat (pour ne citer qu’eux).

J’ai adoré mon cursus en restant sur des thématiques plus générales que le metal, mais en m’apportant beaucoup en termes de méthodes et de connaissances nécessaires pour appréhender ces sciences sociales.
Etant déjà bien actif (à l’époque, organisateur de petites soirées, chroniqueur pour un média papier, animateur radio), je m’étais toujours dit que j’enchaînerais sur un doctorat passion en liant l’anthropologie et le metal.

Corentin Charbonnier : concilier passion et analyse

Le travail d’interviews et d’analyse a été très conséquent. Comme tu précises à quelques reprises, tu es passionné de metal, et donc avec un risque d’avoir des biais dans l’analyse. Mais à l’inverse, tu as une plus grande facilité d’accès aux informations comme tu es identifié dans ce milieu.
Comment as-tu travaillé justement à avoir une analyse la plus neutre possible, c’était une vigilance de tous les instants ?

Les recherches sur le metal sont toutes faites par des metalheads, il n’y a pas de surprise. Mais il est nécessaire de tendre vers une forme d’objectivation des données récoltées (et non pas de neutralité qui est plutôt une chimère).

C’est réellement passionnant de devoir faire un pas de côté à chaque fois

Ça m’a pris quelques mois au départ de réussir à objectiver, mais j’avais comme directrice Isabelle Bianquis qui était totalement étrangère au metal. Cela m’a permis de traduire peu à peu ce que je pouvais récolter, et d’objectiver mes données. Il faut savoir rester vigilant et avoir un processus démonstratif fiable.
Personnellement, ça m’a beaucoup appris d’avoir un sujet “proche” et d’avoir à “objectiver”. C’est réellement passionnant de devoir faire un pas de côté à chaque fois, et c’est d’ailleurs très compliqué à faire comprendre encore aujourd’hui vis à vis de certains écrits que je corrige dans le metal. Ce n’est pas « moi je pense que » , c’est voilà ce que je vois, ce que l’on me raconte en entretien, ce que je vois dans les stats et voilà comment je les analyse (sans sur-analyser ou avoir une sorte de “on s’y attendait”)…
Dans une ère où les prises de position prévalent sur la méthode et l’objectivité scientifique, il y a encore du travail. 

De l’autre côté, être membre de la communauté metal, en ayant les mêmes codes/rites/mythes a largement facilité le travail, c’est indéniable.

Il y a une parole libérée

Les accès aux artistes (par le biais d’être un média, de connaître les attachés de presse, d’avoir la confiance des organisateurs du Hellfest), faire jeu égal avec les festivaliers (on a le même look et on partage les mêmes passions), ça n’a pas de prix.
Tu n’as pas de décalage, il y a une parole libérée, et des échanges longs et détaillés, c’est une chance ! Je suis conscient que la thèse fête ses 10 ans en 2025 et que beaucoup de choses ont changé. Tant vis à vis des artistes que des passionnés. Mais ça m’a permis de dresser un premier bilan en 2015. Et en 2024, lorsqu’on a abordé les recherches statistiques avec Thomas Sigaud et Lise Bodin, de l’Université de Tours, on s’est rendu compte aussi des écarts par rapport à une décennie en arrière (nous pourrions prendre la disponibilité des places comme exemple).

Il me semble qu’il y a de nombreux points commun entre le classique et le metal

D’ailleurs, question annexe, est-ce que tu pourrais/aimerais travailler dans d’autres styles que le metal ?

En tant que musicien classique à l’origine (harpe celtique et maintenant électrique), il me semble qu’il y a de nombreux points communs entre le classique et le metal. Et c’est un champ que je commence à explorer.
Mais la récolte est longue et onéreuse, puisqu’il faut trouver les lieux de concerts où se jouent des groupes de metal avec orchestre (j’ai fait SepticFlesh en septembre avec ma collègue Emilie Ruiz à Athènes, afin de récolter les premières données, Haggard en août au Motocultor pour leur première date en France depuis plus de 20 ans…).
Et je bosse aussi régulièrement sur le rapport au tribal dans la musique et la transmission intrafamiliale (sous formes de documentaires avec Unscene Productions)… il y a quelque chose de toujours surprenant. Je pense que le metal me suffit pour y consacrer ma carrière de recherche… Je ne sais pas si j’irai vers autre chose, tout dépendra de mon avenir professionnel. Mais j’aimerais bien explorer quelques phénomènes locaux également, le rapport au territoire de la musique metal comme valorisation/émancipation…

En fait, c’est un univers qui après plus d’un quart de siècle continue de m’intéresser. Je n’en ai pas du tout fait le tour, je ne connais pas plus de 10/20% de la scène – personne ne la connaît intégralement – et il reste beaucoup à découvrir.
Et désolé si ça fait vieux, mais la scène évolue. Donc suivre et comprendre les évolutions, c’est également passionnant.

Je n’en peux plus de voir metal écrit “métal”

Metal et orthographe, ton avis Corentin ?

Au niveau de l’orthographe du terme “metal” se rapportant à la musique, tu indiques qu’il y a plusieurs versions possibles, et qu’il n’y a pas de consensus sur l’orthographe à appliquer. Tu as choisi de partir sur la version sans accent et sans majuscule dans ta thèse, mais en le mettant en italique. D’ailleurs quand tu parles des métalleux, pour le coup l’accent est présent. 
Est-ce que cela fait toujours débat selon toi, ou il y a maintenant un consensus trouvé sur ce point ? Et de ton côté, est-ce que tu t’es fait « une religion » sur le sujet ? Car en tant que média, c’est un sujet qui nous pose question également !

Pour moi, en 2015 quand je rends ma thèse, je note qu’il n’y a pas de consensus. Pour autant je n’en peux plus de voir metal écrit “métal”. On le sait, metal vient de heavy-metal, c’est un terme anglo-saxon, donc pas d’accent.
Je sors d’un an de promo intensive avec l’expo Metal à la Philharmonie, on n’imagine pas le nombre de médias qui ne savent pas l’écrire et ne se posent pas la question y compris dans notre culture… ce qui est plus problématique, car cela dénote d’un profond manque d’historicité et de connaissances de celle-ci. Pour le terme de métalleux, c’est un terme français et qui n’existe que chez nous. Donc on peut l’écrire avec accent.
D’un point de vue méthodologique, et puisque le metal est au départ une culture anglo-saxonne, j’ai préféré utiliser le terme metal et metalheads pour parler des passionnés. Je reste sur ce choix, qui est sûrement critiquable mais méthodologiquement fiable. 

Je ne dirai pas que je me fais une religion sur le sujet, mais j’en ai fait une croisade (ah ah). Il n’y a pas de débat possible sur le terme metal : c’est historique. Personne n’écrit le pressing préssing : le terme étant anglais, rien ne légitime le besoin de le franciser.
Pour metalheads vs métalleux, je pense qu’il y a une sorte de représentation sociale très négative avec le terme français surtout à travers les médias généralistes… mais bon, libre à chacun de s’en emparer.

Hellfest, l’évolution du festival

Dans cet ouvrage, tu décris dans un chapitre l’évolution du Hellfest sur ses différents aspects. Depuis ce moment-là (presque 10 ans !), comment juges-tu l’évolution du festival à aujourd’hui ?

Ah la la, oui, 10 ans en 2025. Et bien, le festival change. Déjà on est plus 20/25000 metalheads mais plutôt 60000… La fréquentation a donc triplé.
Ensuite, en étudiant 2006-2015, j’étudiais le début du festival, de son origine à son changement de site en 2012 et ses premières appropriations du nouvel emplacement. Maintenant le site est utilisé depuis plus de 10 ans, construit, aménagé, professionnalisé…

Il serait intéressant de porter intérêt au festival en tant que levier pour l’écosystème metal

L’équipe d’organisation est devenue plus importante également.
Bref, il y a beaucoup de mutations. Je dirai qu’avec les études statistiques menées avec le festival en 2019 et 2022, nous découvrons plusieurs points intéressants : le black metal se féminise, et surtout, le Hellfest, le pèlerinage pour metalheads, est devenu, pour une part des festivaliers, la porte d’entrée vers le metal (on y vient pour découvrir cette culture). Ce qui semblait impossible il y a 15/20 ans.
Après, les affiches ont évolué, les scènes aussi. Mais rien à en dire spécialement… il y a toujours de tout pour tout le monde.
Par contre, il serait intéressant de porter intérêt au festival en tant que levier pour l’écosystème metal : Crève qui est né en 2016 est devenu l’un des plus gros stands du festival comme Flibustier Paris… et on voit des entreprises se développer grâce au festival…

Hellfest Hellcity square clisson photo par Corentin Charbonnier
Photo : Corentin Charbonnier

C’est assez génial de suivre l’évolution d’année en année, en continuant de porter des recherches et analyses sur le sujet… Là, nous sommes sur une nouvelle recherche… je n’en dis pas plus, à suivre.

L’économie de la musique

Tu consacres une partie complète à l’économie. Il est vrai que l’économie de la musique est en pleine mutation depuis plusieurs années avec la chute des ventes de supports physiques, le streaming, les tournées et concerts, le merchandising, le financement participatif… Comment penses-tu que cela va évoluer dans les années à venir ?

Et en parlant d’économie plus globalement, on a la chance d’avoir le système d’intermittence qui permet d’encourager la création, et qui fait partie de notre exception culturelle. Mais il est souvent remis en cause. Est-ce que tu es inquiet sur son devenir, et l’impact que cela pourrait avoir sur la création ? Tu as eu l’occasion d’échanger avec de nombreux artistes, de tous pays. Est-ce que tu sais comment ils gèrent ces périodes de création sans cette relative sécurité ?

Je vais certainement avoir une vision très en retrait par rapport à ce sujet. C’est effectivement une exception culturelle, et tu n’imagines pas à quel point expliquer ce système à des étrangers les laisse sans voix.
En fait, l’intermittence, c’est vraiment à part. Avec les très bons côtés et les limites aussi. Les artistes internationaux (exceptés les gros et très gros), ont tous un boulot à côté. Et partir en tournée impacte leur vie sociale, mais surtout leur travail quotidien. De ce fait, c’est un risque, ils sont souvent obligés de fixer des prix qui peuvent paraître chers, car soit ils prennent les vacances pour faire la tournée, soit ils doivent suppléer à leurs pertes de salaire (pour leurs familles/logements… bref la vie quotidienne).

L’enregistrement, la création pour les groupes étrangers, c’est un bonus, c’est un surplus, c’est un don de soi incommensurable puisque tu trouves le temps en parallèle de ta vie quotidienne…
C’est la même chose pour les groupes émergents en France…  De ce fait, il y a une sorte de scission dans notre socialisation liée à la professionnalisation musicale. Un groupe étranger pense majoritairement la tournée comme une économie d’échelle, le groupe étant assimilé plus ou moins directement à une entreprise. En France, la plupart des groupes cherchent à avoir des dates pour générer une intermittence sans avoir une vision entrepreneuriale de la création musicale du groupe.
Ce n’est pas du tout une critique, on l’observe, d’ailleurs ce sont les labels qui remettent une vision d’entrepreneur sur la musique vu qu’ils prennent les risques économiques vis à vis de la création.

Déjà que les scènes de musiques actuelles et contemporaines qui permettaient à la musique d’exister se font couper les vivres en 2025

La remise en cause de l’intermittence, cela risque de mettre à mal les musiciens français (metal et pas que) puisqu’ils ont vécu ainsi et n’ont pas d’autres solutions pour vivre de leur musique. Cela nuira à la création et forcera certainement certains à créer autrement/ autre chose / différemment…
Et surtout, je pense à toutes les personnes de l’ombre : roadies, techniciens, ingé son, ingé lights… sans l’intermittence pour eux, que va-t-on devenir ?
Déjà que les scènes de musiques actuelles et contemporaines qui permettaient à la musique d’exister se font couper les vivres en 2025, sans compter les associations qui peuvent regarder Rome brûler plutôt que d’avoir des subventions, il va falloir se réinventer…
Cela va finir par retomber sur le public avec un ticket en hausse (ce qui est déjà le cas) car au-delà des groupes, les coûts annexes risquent d’exploser. Après, le prix varie en fonction de l’offre et de la demande, tant qu’il y aura des gens pour payer 120€ un concert, pourquoi pas le mettre à 130€ l’année suivante.
Mais c’est un autre débat et en même temps ça fait le lien avec ta question sur l’économie de la scène que tu posais au préalable…

Aujourd’hui c’est aussi un indicateur pour les programmateurs ce qui devient inquiétant

L’économie va bouger aussi en ce sens… Tout dépendra de la consommation du public et pour un concert du “symbolique” que cela renvoie. Un show est un show, mais c’est le rapport symbolique du concert qui fait la différence et c’est là-dessus qu’il y a spéculation. Et maintenant avec les tarifs fluctuants des différents packs… tu te demandes ce que ça peut devenir.
Il en est de même avec les CD/Vinyles… Ça se vend moins, même si le vinyle est encore consommé chez les metalheads. Mais le packaging change : coffret collector, série limitée en couleur, package avec des produits dérivés. Il y a une forme de consumérisme et de sentiment de proximité avec les artistes qui joue également…

Vis-à-vis du streaming, c’est le système d’écoute majoritaire… mais on sait tous que les artistes ne sont pas payés… Aujourd’hui c’est aussi un indicateur pour les programmateurs ce qui devient inquiétant puisque tu peux générer de la fausse écoute/auditeurs pour justifier tes prix… bref…
Et le merch reste le merch : si tu veux soutenir un jeune groupe émergent, cela reste surement le meilleur moyen de le faire. Pour les gros groupes, c’est un marqueur filiation mais c’est aussi complexe pour eux puisque souvent les contrats font qu’ils ne sont pas tous maîtres de leur merch.

La fin d’année 2024 me laisse un goût assez amer

Enfin, le financement participatif a permis l’essor de nombreux projets, c’était un super instrument au départ… La fin d’année 2024 me laisse un goût assez amer, beaucoup de membres de la communauté metal demandent de l’argent sur ces plateformes pour tout et n’importe quoi : soutenir un projet média, soutenir le clip d’un groupe, leur payer des vacances… et souvent les contreparties ne sont pas là, il n’y en a pas, ou une citation, un merci ?
Bien sûr, il ne s’agit pas de discréditer tout ce fonctionnement. Je l’ai moi-même utilisé au lancement du livre de ma thèse, mais le fonctionnement était clair, tu pré-achetais ton livre… cela permettait d’estimer les ventes/de lancer la machine, et de me payer ma promo. D’ailleurs, j’étais bien mauvais à l’époque, je n’avais pas pris en compte les marges des vendeurs… bref…
Je ne comprends pas trop ce phénomène de dire, si mon projet ne tient pas / plus, au lieu de chercher des solutions et de faire par exemple un tee shirt, un cd, n’importe quoi de ta production, tu demandes de l’argent aux gens directement.
Ça me semble peu cohérent et contre-productif, tu sens aussi qu’on mise sur l’affectif et sur l’assistance de son réseau plus que sur la remise en question… Pour te donner une idée, j’ai reçu 24 demandes rien qu’en décembre et il m’est impossible même si je le souhaitais de donner à tous et aucun ne me semble plus intéressant que l’autre…

Bref, je pense qu’il y a des engagements plus légitimes que d’autres

Or, il y a plein d’associations qui ont besoin de fonds pour soutenir l’écologie, lutter contre les discriminations hommes/femmes et/ou raciales… Bref, je pense qu’il y a des engagements plus légitimes que d’autres (et je sais que là je vais en faire râler plus d’un) mais cela démontre une forme de mutations des acteurs du secteur.
A chaque fois que je vois ce genre de projet, ça me fait penser à la pub des nuls, en tant que chercheur : “la science ce sont avant tout des hommes et des femmes qui cherchent alors, envoyez des soux” (beaucoup).

Ndlr : on la remet pour le plaisir


Par rapport à tes travaux d’analyse, peux-tu nous dire s’il y a de plus en plus de femmes dans le milieu metal (parmis les fans et les artistes) ? Il semblerait que oui (à vue de nez, mais qu’en est-il scientifiquement ?).

Alors, oui oui oui et pas encore assez. Il y a de plus en plus de femmes, c’est une super nouvelle. Les enquêtes jusqu’en 2011 démontraient un petit 20% (qui était déjà accompagné d’un effet Waouh). En 2022 au Hellfest on est aux alentours de 30%, et là, Motocultor 2024, on devrait être à plus de 35% (comme pour le Motocultor 2019).

Donc c’est aussi un choix de programmation pour les festivals

C’est bien, ça augmente, mais ça n’est pas encore équilibré. La progression est intéressante, et il faut analyser en finesse car certains styles favorisent la présence des femmes (il y a une attraction entre certains genres de metal et le genre). Donc c’est aussi un choix de programmation pour les festivals qui nous confient leurs statistiques. Et je pense que nous allons être surpris pour avoir fait 2, 3 essais sur des jeunes festivals, il y a de plus en plus de femmes.

Sur scène, c’est encore compliqué, même si je pense qu’il est plus que nécessaire de faire jouer des femmes. J’y émets une réserve… on aborde souvent les femmes dans le metal, mais on aborde rarement la sexualisation des artistes… et il me semblerait intéressant de lier les deux. Faire jouer une artiste c’est pour son art, pas pour sa mise en scène “personnelle”. Je le souligne car c’est toujours compliqué, entre la liberté individuelle et la représentation qu’on en donne, l’image que ça véhicule.

On a eu un gros lien entre femmes et sympho dans les années 1990, mais c’était très limitatif comme exposition. Les femmes devaient chanter du lyrique et faire le lien avec le classique. C’est top, mais ce n’est pas exclusif, aujourd’hui on a toujours des chanteuses magiques du côté lyrique. Je n’oublie pas qu’on a Clémentine Delauney, chanteuse française dans Visions Of Atlantis qui met la barre haut dans ce registre, et que de l’autre, on a des chanteuses de power comme Barbara Mogore dans Nightmare (ndlr : à retrouver sur HexaLive à l’occasion du Furios Fest 2024). Et là, je ne cite que quelques exemples français.
On a aussi des chanteuses dans des registres plus extrêmes, hardcore (Alma que j’ai encore revu en concert en fin d’année), death (Crypta que tu abordais et vu l’été dernier au Motocultor), Black (Sonja dans Gaerea)…

Aujourd’hui, on a des femmes à tous les postes et dans tous les styles, c’est cette diversité qui est une force et qui doit être soulignée. Que cela soit sur scène, back scène, dans les labels, en organisatrice de concerts… Merci et bravo à elles !
Il était temps, il fallait un empowerment des artistes et du public féminin dans le metal, nous commençons à l’observer, grâce à des mobilisations comme More Women On Stage et il reste du chemin. J’ai quand même hâte de voir les effets que les musiciennes actuelles ont ou vont avoir sur les prochaines générations…

Perception du metal et génération

Il reste beaucoup à faire, mais le metal semble se démocratiser. En tout cas sa perception change dans la société (si on compare avec la façon dont il était présenté dans les années 90, voire début 2000). Notamment grâce à des travaux d’analyse comme les tiens qui cassent les clichés. Quel est ton point de vue sur le sujet ?

En fait, il y a toujours eu ce jeu entre acceptation et mise à l’écart, tant par les médias que par les metalheads eux-mêmes. Je suis parti d’un principe simple, la stigmatisation entraîne des risques psychosociaux, donc autant valoriser les recherches envers le grand public et permettre de changer le regard.

Il y a toujours eu ce jeu entre acceptation et mise à l’écart

Je vais différencier rock et metal, car il y a toujours eu du rock de classes dominantes depuis les années 1960 donc totalement accepté par la société, et il y avait du rock un peu moins accepté.
Le metal, c’est globalement cette musique de jeunes prolos au départ, dont certains groupes ont été parfois acceptés (de Live Aid 1985 à Gojira aux JO 2024). Il y a toujours eu ces moments très valorisants et ces moments très stigmatisants, comme une forme de cyclicité.

Il est clair que le metal est toujours un style majoritairement détesté, mais il ne fait plus autant peur. En même temps, les curseurs de la société ont beaucoup bougé : on voit des informations qui nous semblent être dignes de séries de science-fiction, des comebacks plus fous que des séries à rallonge… Les partis politiques ne s’en emparent plus, les organisations religieuses qui protestaient sont un peu devenues moins pressantes… et puis les attaques vis à vis du metal viennent parfois des médias historiquement de gauche ce qui est assez surprenant (surtout que leurs “enquêtes” ne reposent sur absolument rien : y’a un mec qui m’a dit… pas de statistiques, pas de terrain, souvent même pas présents sur le festival abordé… l’été dernier a été assez bluffant dans ce sens).

Et en parallèle nous avons encore des groupes qui résistent à toute réappropriation et qui font peur

Il n’y a donc plus d’opposition frontale… Après il y tellement de sous-genres, ce n’est pas la première fois ni la dernière que le metal a en quelque sorte vent en poupe. Live Aid 1985 avec Ozzy, Judas, le Hard Fm de la fin des années 80 et les ballades… Le metal a eu des heures de valorisation… et puis nous avons du metal très engagé pour des causes sociales, sociétales… Difficile de clasher des groupes qui parlent d’écologie, d’égalité hommes/femmes, de lutte contre les discriminations…

Et en parallèle nous avons encore des groupes qui résistent à toute réappropriation et qui font peur : le hardcore, par ses danses tribales, le black metal, par son esthétique, sa musique et ses codes… Bref, ce n’est pas homogène.
Bien sûr, le Hellfest est devenu la figure emblématique du metal français pour les groupes internationaux comme pour les groupes français, mais également pour un public néophyte qui découvre la culture metal par ce prisme.

Est-ce que le metal devient populaire ? Ou est-ce une part de la scène ? Je partirai du second postulat. Tu remplis des Zenith avec des groupes modernes comme Falling in Reverse, des While She Sleeps… et en parallèle tu as toujours des groupes qui galèrent à remplir une salle un peu plus petite car il y a aussi beaucoup d’offres. Je suis toujours bluffé de me prendre 5/10 découvertes dans la scène metal deathcore par exemple… 

Clairement le rock est devenu une musique de vieux

Le rock dans son large ensemble (dont le metal) semble marquer le pas, notamment au niveau des jeunes générations. Est-ce que tu partages cette analyse, et si oui comment l’expliques-tu ?

Clairement le rock est devenu une musique de vieux, tu n’as pas de grosse relève auprès des jeunes. Mais comme il y a 20 ans, ceux qui tombent dedans y restent. La preuve avec les groupes des 90s et début 00s qui remplissent des jauges rarement atteintes.

Je donne un exemple d’hier, un vif échange sur KORN… on était 4, de 3 générations : plus de 40, la trentaine et la vingtaine. Les 2 de plus de 40, on a découvert avec l’album éponyme en 1994, le trentenaire avec Issues/Untouchables, début 2000, et le plus jeune a découvert et reste fidèle à The Path of Totality, album avec Skrillex en 2011… De ce fait, tu arrives à avoir une mixité de public, tout comme Metallica entre les fans de la première heure globalement avec 89, ceux qui ont été fan des albums Load et Reload dans les 90 et ceux qui ont été fan de l’époque Saint Anger (oui il y en a).

Il y a surement une forme de cyclicité dans les styles. Il y a aussi des raisons industrielles, tu n’as plus personne qui remplace et remplit dans les jeunes groupes. Avec tout le respect que j’ai pour Gojira, on est de la génération des quadras… les groupes de moins de 35 ans qui remplissent a minima un Zenith on les cherche.

Et oui le public vieillit : 40 ans environ au Hell, 35 ans au Motocultor… mais c’est aussi un format qui touche moins les jeunes qu’avant. L’Artificial Waves à Tours est un super exemple : une dizaine de groupes de metalcore et deathcore, près de 500 entrées à la première édition avec une promotion via Tiktok majoritairement et un public très très jeune, plus proche des 20 ans que des 30… Ça force la réflexion et la remise en question des modèles préalables, même si je n’ai aucun doute que le Hellfest va continuer de faire carton plein.

Il ne faut pas douter que les jeunes générations ont une autre vision de la culture metal

Il ne faut pas douter que les jeunes générations ont une autre vision de la culture metal, et d’autres modes de communication. Que l’on soit fan ou non de ces nouveaux sous-genres, cela amène à se questionner, surtout si nous mettons également en parallèle la fin des mythes fondateurs : ces générations vont se construire sans pouvoir voir Black Sabbath, Motörhead, KISS… donc nos mythes fondateurs seront des trucs que les jeunes de 20 ans ne pourront plus connaître en concert.


L’exposition Metal « Diabolus in Musica » à la Philharmonie de Paris

La génèse du projet

L’exposition Metal a été un événement avec un gros impact. Est-ce que tu peux nous raconter la genèse de ce projet ?

Vaste question.
En septembre ou octobre 2021, je reçois un appel de Julie Bénet, cheffe de projet à la Philharmonie, pour me proposer un rendez-vous en vue d’une expo metal. Je prends ça pour une blague, puis quand la date s’officialise un mois après, je prépare un premier pré-projet. Le rendez-vous se passe bien, c’est ma première expo et pas n’importe où… et la direction du musée me propose de rencontrer un jeune commissaire qui a déjà travaillé avec eux.

On est loin d’imaginer tout le boulot que ça représente

En décembre 2021, je prends une bière avec Milan Garcin à Angers et au bout de dix minutes, nous sommes sûrs de vouloir travailler ensemble. On répond par l’affirmative à la Philharmonie et quelques mois après, en mars 2022, on nous confirme le lancement de l’expo Metal (au départ sans date de sortie, puis fin 2022 on nous informe que ce sera en 2024).
Entre-temps, nous avons recherché les œuvres, checké les prêteurs, nous nous sommes répartis avec nos forces et faiblesses. Milan étant docteur en histoire de l’art, il a de suite sollicité les musées, fait le lien à l’art contemporain… Et étant donné qu’il est bilingue en allemand, tous les contacts vers l’Allemagne sont passés par lui (dont Rammstein).

Je me suis focalisé sur les groupes, puis sur les lieux metal. Pour être honnête, on a été un vrai vieux couple dans ce process, à s’appeler plusieurs heures chaque jour, à se faire un suivi quotidien, à avoir des grandes discussions parfois très animées. C’était passionnant car on a beaucoup appris des disciplines de l’autre, et on a essayé de couvrir un maximum, avec les limites de temporalité, de coût, d’organisation…

Bref, c’était et ça reste une expérience singulière dans une vie, pleine de petites surprises, avec deux conseillers scientifiques : Jean-Pierre Sabouret, et Christian Lamet avec qui j’entretiens toujours d’intenses discussions et réflexions sur la scène, ses groupes… Puis avec le choix des scénographes Achille Racine et Clémence la Sagna qui ont rejoint l’aventure en 2023 et qui nous ont proposé deux graphistes qu’on ne connaissait presque pas (lol) : Fortifem.

On a quand même sur papier une belle équipe pour couvrir le metal des années 1970 à nos jours, allant des genres les plus connus jusqu’aux plus underground… Et puis bon, dans la réalisation tu peux intégrer toutes les équipes de la Philharmonie qui se sont données pour que le projet voit le jour : Julie Bénet, Pauline Méry, chargée de projet, Anouck Papaïconomou, Claire, les assistantes de production pour ne citer qu’elles, ont accompli un travail titanesque…
On est loin d’imaginer tout le boulot que ça représente (et difficile ici de citer tous les super partenaires : Flibustier / Crève / Veryprod / NuclearBlast / LADLO / SeasonOfMist / DebemurMorti)… et Gründ qui nous a permis de faire le catalogue (Nicolas avec qui on a passé des visios à Noël 2023 pratiquement tous les jours pour tenir la cadence).

Faire rentrer le metal à la Philharmonie mériterait une étude sociologique.

Metal et Philharmonie

Est-ce que faire rentrer le metal à la Philharmonie a été une évidence ou le chemin a été long et tortueux ?

Faire rentrer le metal à la Philharmonie mériterait une étude sociologique.
S’il n’y a pas eu de grosses expos au préalable, au-delà des coûts inhérents à ce projet, c’est que ce sont des milieux qui historiquement ne dialoguent pas, et particulièrement en France.
Je ne dis pas que le Metal n’a rien à faire dans un musée, mais les codes et enjeux sont différents. Par exemple, nous avons eu de nombreuses résistances au départ des groupes : qu’est ce que tu vas faire/où/quoi ?

La Philharmonie n’était pas connotée Metal car il n’y avait pas eu un foutu concert, le Metal était hors radar pour eux, et de ce fait il était hors radar des artistes et acteurs… Partant de là, tu rames bien.
Et, en plus, les codes d’un musée ne sont pas les mêmes, ce qui fait œuvre pour un artiste ou un fan n’a peut être pas la volonté de rentrer dans un musée. Donc sortir des pièces récoltées dans ta vie, c’est ta collection, ton passé, ta relation passionnée aux objets, ta madeleine de Proust, mais d’autres n’y trouveront pas la même symbolique ou interprétation.

Les codes d’un musée ne sont pas les mêmes

L’art, c’est subjectif… et de ce fait, certaines pièces sont “institutionnalisées/lisables”, d’autres moins. Et il en va de même pour la musique. Je pense avoir entendu la plupart des stigmates liés au metal en me confrontant au musée. Tu vois qu’il y a un abîme entre les deux.
Une part de la Philharmonie a aussi ses représentations sur la musique et culture metal… on a dû expliquer, débattre, démontrer et ce n’est pas avec un projet mené avec un service et trois réunions avec d’autres services que les visions changent… Ce serait intéressant de voir dans 1/2/3 ans leurs représentations.

Personnellement, je pense qu’on ne fait pas fondamentalement tout changer avec une expo, mais on participe à notre culture comme on l’a toujours fait en tant qu’acteur de cette scène.

Les objets de l’expo

L’exposition comportait bon nombre de pièces de collections incroyables. Comment avez-vous pu réunir tout cela ?

On a tapé à toutes les portes. Nous avons eu la chance de rencontrer le patron du feu Hard Rock Café Paris qui avant de partir nous avait mis en contact avec le siège social aux USA.
Entre le Hard Rock Café et le Rock n Roll Hall Of Fame, nous avons certainement les deux institutions les plus folles en termes de collection liées aux styles les plus accessibles jusqu’au début des années 2000. 

Vous pouvez répondre à ce mec, nous nous portons caution

Après vingt ans en tant qu’acteur, tu as fait des rencontres et donc, moi qui ne suis pas du style à demander plus qu’un pass photo pour aller bosser, j’ai demandé à mes contacts.
Quand tu as la chance d’avoir un Mehdi El Jaï de Veryprod qui est devenu au fil des années bien plus qu’un contact pro, qui nous ramène avec son collègue le texte introductif de Ian Gillan, un ami comme Alexandre Saba qui nous a mis en lien avec Chloé Trujillo (ndlr : dont vous pouvez trouver l’interview sur HexaLive), Jérôme Riera, Tiffany Cantegrel et Romain Sibyllin. Ils ont soutenu le projet avec Nuclear Blast au point d’écrire directement à tous les managers en montrant le projet et précisant : « vous pouvez répondre à ce mec, nous nous portons caution… » . Ça ouvre des portes que tu n’ouvres pas en de nombreuses années.

Et puis bien sûr le Hellfest (ndlr : retrouvez l’édition 2024 et 2023 sur HexaLive) et le Motocultor, qui m’ont clairement soutenu pour aller à la rencontre des artistes pour leur présenter le projet. Le Hellfest est en plus prêteur et a permis la captation 360, le Motocultor m’a dit, vas y fonce t’as un AAA, on te fait confiance…
Après, c’est aussi le respect : je n’abuse jamais et lorsque je sollicite mon réseau ce n’est pas pour faire perdre temps, argent ou énergie…

Il y a pratiquement une histoire par objet

Quelle chance quand même d’avoir eu contact avec Robb Flynn, Seth Anton et j’en passe… sans compter une photographe comme Ester Segarra, découverte via Mickael et David de Season of Mist
Mais il y a pratiquement une histoire par objet : par exemple Suicidal Tendencies, nous n’avions rien. Un petit message à Chloé et Robert Trujilllo a tout débloqué, c’est Chloé qui nous a fait l’envoi du bandana… On a eu des gens vraiment sympathiques et soutenants.

Retour(s) sur l’expo

Quels retours avez-vous eu suite à cette expo ? Est-ce que tu as des exemples concrets de choses qui ont pu bouger grâce à elle ?

Pour l’instant on est vraiment juste après… Je pense que ce n’est pas encore digéré. Déjà parce que depuis ma thèse, c’est certainement le truc qui m’a pris le plus de temps et d’implication perso et pro.

Être exposé ne ramène pas que des gens bienveillants

En premier lieu, ça m’a ramené plein de haters et de personnes qui ont passé leur temps à critiquer l’expo (et l’ensemble de mes recherches)… Être exposé ne ramène pas que des gens bienveillants et généralement ça déborde rapidement. Non pas que je m’en plaigne, c’était prévisible, mais c’est toujours intéressant de voir qu’il est plus simple de donner des leçons que d’en tirer des enseignements. L’expo n’est et ne peut être parfaite. Par contre, faire ton incontinent sur une expo sans en faire, sur un festival sans en organiser, sur le public parce qu’il est différent : nous n’avons plus besoin d’une opposition au metal, ils sont déjà parmi nous.
C’est d’ailleurs questionnant pour la notion d’action de la scène et encore plus de vouloir la fédérer.

On a croisé beaucoup de gens heureux, de gens qui ont découvert, des gens qui comme nous se sont pris une claque de voir des instruments mythiques… Nous avons quand même eu la chance de voir un nombre important de sourires, c’est le plus important.
Je suis resté sur le même principe que suite à ma thèse, que je voulais ouvrir au plus grand nombre : l’expo était ouverte à tous… Peut être que l’impact sera significatif beaucoup plus tard ou pas du tout. Nous l’avons fait en 2024 avec un peu plus de 50 ans d’histoire… 

Rendre la culture accessible c’est aller au plus proche des gens

J’ai eu des sollicitations pour des petites expos hors de Paris, comme j’en faisais certaines avant à la Firemaster d’Issoudun par exemple, mais en un peu plus grand. Ça ne peut pas rivaliser avec ce que nous avons fait là, mais qu’importe. Rendre la culture accessible c’est aller au plus proche des gens.
Donc on essaye de faire quelques petits trucs à droite et à gauche. C’est toujours complexe… Sincèrement, car quand tu vois comment les structures vont être sans une sub pour la culture, tu sais que celui qui veut faire quelque chose, c’est déjà bien d’avoir son engagement. Après il faut voir si c’est adaptable et faisable, en terme économique, de planning… J’espère que cela va permettre de maintenir une certaine forme d’émulsion autour de la possibilité de faire des expos, et personnellement j’espère pouvoir intégrer encore plus d’artistes graphiques (Vincent Fouquet, Sozo Tozo et j’en passe).

J’ai aussi envie d’aider / soutenir les artistes… C’est à mon sens important de penser collectivement et de donner à voir d’autres productions.

Est-ce qu’il aurait été envisageable de voir dans l’exposition un espace consacré aux groupes soit 100% féminins comme les brésiliennes de Nervosa, Crypta, ou soit aux groupes qui comptent 1 ou 2 femmes tels Jinjer, Akiavel avec sa frontwoman, ou P3C avec sa bassiste (à l’origine du More women on stage/backstage) ?

Je ne pense trahir personne en disant que nous sommes engagés avec Milan, d’où la salle engagement avec entre autre les textes de Lofofora : Macho Blues et Amnes’ History de l’album Peuh (Phil m’a sincèrement touché en les amenant), qui sont des titres mythiques dénonçant les violences faites aux jeunes filles et les déboires de papy FN. On pourrait discuter longtemps de l’engagement dans le metal sur lequel je suis en train de préparer une recherche.

Perso, je trouve ça stigmatisant

Est ce qu’il aurait fallu faire un espace 100% femmes ? Perso, je trouve ça stigmatisant : on met une salle QUE parce que ce sont des femmes. Tu cites Crypta, Jinjer, Akiavel, Pogo : ces groupes étaient tous dans l’exposition. Crypta et Jinjer dans les photos, Akiavel et Pogo sur le mur « Scène en France » .
Et bien sûr, nous avions de nombreux groupes avec des femmes (dès l’époque Hard rock Heavy jusqu’au death en passant par le hardcore Walls Of… par ex)… Nous avions également des groupes avec des membres féminins dans la salle metal mondial. 
Bref, bien sûr qu’il y a moins de groupes féminins que de groupes masculins, au-delà de l’histoire de la scène metal et son virilisme parfois exacerbé (Manowar, ah non que des groupes qui jouent…) cela s’explique bien en sociologie par la socialisation, l’effet plafond de verre…
Beaucoup de femmes sont musiciennes mais moins se professionnalisent ou vont jusqu’à participer à des enregistrements…  

Je suis toujours mal à l’aise de ne pas avoir pu mettre en lumière les femmes de l’ombre de l’histoire du metal

De ce fait, nous en avions. Pourquoi faire une salle parce que ce sont des femmes ? N’est-ce pas stigmatisant de leur donner une place en fonction de leur genre ? Et si j’ouvre cette porte, quel discours je tiens dans une expo ? Nous avons également recherché les artistes exposées féminines, et par exemple pour la section Sympho, nous avons eu la chance que Clémentine Delauney de Visions Of Atlantis croisée il y a plus de 10 ans et recontactée pour l’occasion nous prête sa robe.

Si nous étions parti de ce principe, toutes les œuvres, pièces, groupes avec des femmes devaient finir parquées dans une section, ça me gêne autant dans le discours que dans la forme. C’est également pour ça que nous avons invité différentes actrices de la scène lors du colloque qui a suivi le vernissage : il y a une réflexion plus importante à mener…
Et je suis toujours mal à l’aise de ne pas avoir pu mettre en lumière les femmes de l’ombre de l’histoire du metal : les agents, les bookeuses, quelqu’un comme Gloria Cavalera, qui nous a permis d’acquérir les prêts de Max et avec qui nous avons en marge de l’expo réalisé un documentaire mérite le plus profond intérêt.

La pièce finale qui représentait l’appartement d’un métalleux était très masculine. A quoi ressemblerait l’appartement d’une metal girl selon toi ?

Je t’avoue que cette pièce avait pour mission de donner à voir à ceux qui ne maîtrisent pas et de fournir des dizaines d’easter eggs aux passionnés. Qu’est ce qui faisait masculin ? C’est une vraie question car les vinyles/ livres/bijoux/instruments/jeux vidéos sont pour moi aussi bien valables pour les hommes que pour les femmes.

Contrairement à d’autres genres musicaux il se partage entre générations

Quel est l’événement, la partie ou la rencontre lié à cette expo dont tu es le plus fier ou qui t’a le plus marqué ?

En marge des prêts et des différentes rencontres, j’ai eu l’occasion d’aller tourner un documentaire avec Unscene Productions, car un des aspects qui m’interpelle dans le metal c’est que contrairement à d’autres genres musicaux il se partage entre générations.
De ce fait, rencontrer Chloé et Robert Trujillo m’a amené avec Milan à rencontrer Tye et Lullah (respectivement dans Ottto et Suicidal Tendencies pour Tye et Blvd Of Eyes pour Lullah).
Puis, lors de la rencontre avec Gloria et Max à rencontrer Igor A. (Jr), Richie, Roxanne, Zyon, Roki et pour les prêts de Gojira à avoir une visite des archives en compagnie de Joe et Mario, de voir le somptueux travail de leur père Dominique et l’approche photographique unique de leur soeur Gabrielle
Au-delà des belles rencontres, cela a permis de faire un beau documentaire dont j’espère la diffusion courant 2025… car ce ne sont que des personnes formidables, en plus d’être tous très talentueux. 

Expo metal Philharmonie diabolus in musica les chapelles du metal
Photo : Corentin Charbonnier

Après dans les parties de l’expo, je pense qu’on est content de tout, les chapelles c’est hors norme… surtout mises en scène de la sorte avec toute l’équipe…
Sinon la cartographie, ça m’a pris tellement de temps de recherche pour lier les genres… et avoir un travail de recherche sublimé par Fortifem c’est unique.
Surtout heureux des parties metal en France et metal mondial : la partie metal en France permet de donner à voir des légendes du metal tout en soutenant de nombreux petits groupes et lieux (et donc associations), et la partie metal mondial permet de montrer la diversité des scènes, car le metal existe partout sous diverses formes.


Corentin Charbonnier et la photographie

Le parcours en photo

Tu es également passionné de photos de concerts (qui ne sont pas les photos les plus simples : vitesse élevée + peu de lumière, souvent rouge en plus):
D’où te vient cette passion et comment as tu débuté dans ce métier ?

Pendant mes années à la fac de sociologie à Angers, nous avions des modules liés à l’image et l’utilisation de l’image comme support anthropologique : la photoanthropologie. C’est comme ça que j’ai eu la chance de m’y initier.
J’avais également le père d’une amie photographe qui m’embrigadait dans ses sorties et la chance d’avoir dans l’université un lieu de prêt de matériel, photo et vidéo et un banc de montage… Bref, j’y ai passé rapidement des soirées, des nuits (qu’on pouvait réserver)… Et il était obligatoire de documenter la thèse.

Des photos un peu floues, avec un petit matos qui convient pour l’anthropologie, j’ai vite compris que c’était moche et peu lisible

Donc dès 2005/2006, j’ai commencé à récolter avant même de m’inscrire en 2008. Et lors de l’une des premières présentations de mes travaux en 2009, les collègues de fac réfutent que les danses metal ont un côté primal, non éloigné de cultures extra occidentales et/ou passées (d’ailleurs j’ai eu le même reproche de certains merdias metal). Pourtant si vous analysez les images d’un pit, au regard de l’approche de certains anthropologues dans des tribus aborigènes, les différences ne sont pas énormes. La photo a permis à ce moment de donner à voir.
Des photos un peu floues, avec un petit matos qui convient pour l’anthropologie, j’ai vite compris que c’était moche et peu lisible. De ce fait, je me suis dit qu’il était nécessaire de travailler les photos, de progresser et petit à petit j’ai investi, fait quelques prestations payées, racheté du matos et voilà.

Maintenant c’est un complément d’activité pour moi avec quelques très très beaux lieux/clients et je garde les concerts de metal pour la forme, par pure passion.

Conseils aux photographes

As-tu des conseils à donner aux photographes amateurs, et comment vois-tu l’évolution de ce métier avec la montée en puissance de l’IA, notamment dans l’image ?

Les contrats photos deviennent rares (je dirai rarement payés dans la musique)… Et de plus en plus de gens achètent un appareil en se disant photographe, en tentant de gratter des accréditations sans vraiment servir la scène et ses acteurs…
De ce fait, c’est compliqué.
Je ne pense pas qu’en dehors de Paris et de quelques photographes officiels de structure, il soit aisé de vivre de la photo de concert… donc projet économique peu ou pas viable.

Bref, courage, lâche rien

Niveau matériel, je suis un geek, donc j’essaie de suivre. Mais c’est un plaisir coupable et coûteux. Globalement de toute manière, soit t’as de la lumière et tu feras des beaux trucs, soit t’auras pas de lumière ou du rouge avec un peu de bol en stromb histoire de te péter la rétine en plus de te pourrir le matos… Bref, courage, lâche rien.

Hellfest Fireworks feu d'artifice clisson photo par Corentin Charbonnier
Photo : Corentin Charbonnier

Les supers appareils sans miroir, bon courage avec les LED dans la lentille. Les constructeurs disent oui ça passe… bref… c’est pour l’instant pas soigné et pourtant j’utilise le Z8 de chez Nikon. Quand y’a de la LED, je ressors direct l’increvable et indestructible D850 : la LED n’étant pas un problème pour lui…
Parfois, ce n’est pas le plus récent le meilleur, ni le plus cher. Est-ce vraiment utile de mettre 3000€ dans un objo si tu ne vends pas (après logiquement bonne nouvelle ça décotera surement moins que le boitier, un bon objo je le garde 10 ans).

L’IA

Pour l’instant l’IA progresse, et ça peut servir avec raison si tu veux retirer du bruit numérique (si tu mets tout à 100% c’est dégueulasse et ça en devient risible). A date, je vois bien quelques prompts qui te permettent d’avoir des super résultats sur des paysages ou autre.

Ça ne doit pas nous dédouaner de faire et réfléchir

Mais je ne vois pas l’IA remplacer les photographes de concert ou de festivals car l’instant et le lieu sont souvent uniques… ça a une portée symbolique pour le photographe et pour les personnes qui y étaient en ont fait partie… donc plus qu’une simple photo IA… mais bon clairement, ça bouffe du marché de plus en plus, je ne sais pas si ça ne risque pas de couler encore un peu plus les conditions.
Mais ce qu’on se pose comme question avec l’IA c’est valable pour l’art, pour la photo mais également pour l’enseignement… on se fait assister, mais ça ne doit pas nous dédouaner de faire et réfléchir.

En France nous avons des photographes talentueux, nombreux… Je pourrais citer d’aller voir le travail de Nidhal Marzouk, Stephan BirlouezSartemys, Pascal Druel ou encore Julie Gazzoti. C’est une vrai richesse d’avoir des passionnés qui continuent de travailler leurs photos, leur art.


Corentin Charbonnier, ses futurs projets

Est-ce que tu as d’autres projets à venir dont tu pourrais nous parler ? Et à quel niveau d’avancement ils en sont ?
Est-ce qu’il y a un projet que tu n’as pas encore lancé ou initié, mais que tu rêverais de faire si tu avais l’opportunité ?

Tellement de projets et tellement pas de temps, car aucun de ces projets ne justifie d’un salaire… 

Sur le feu, j’ai l’expo Loudblast pour les 40 ans à Lille mi avril… donc demain.

J’ai certainement 3 lieux culturels à confirmer pour une expo photo metal, une expo metal et art dans un lieu culturel en fin d’année et j’attends une confirmation pour une expo de taille plus importante en 2026, toujours sur le metal

Pas mal de recherche en 2025 : je bosse sur l’engagement des passionnés de metal (causes sociales ou sociétales), sur les statistiques du public du Motocultor 2024… 
Bref, je ne lâche pas l’envie de me consacrer à quelques recherches, toujours entre publications universitaires et valorisation auprès du grand public. D’ailleurs, prochaine conférence le 7 février à Rochefort, ça va être très nouveau, j’ai hâte.

Ça, ce serait unique…

J’ai toujours les documentaires sur le feu avec Unscene (Jérémy/Rémy/Marc) et je rêverai de poursuivre avec d’autres familles car le sujet comme les personnes rencontrées sont passionnants. Surtout, j’ai dans un coin de ma tête de suivre des groupes dans des régions inhabituelles pour aborder le lien direct entre profession anthropologue et passion metal. Ça, ce serait unique… 

Et puis, je mets un petit point sur une expérience assez singulière, d’avoir suivi sur différentes dates Rock Symphony Orchestra et Legendary Voices. Des formations ukrainiennes qui reprennent des classiques du rock et du metal en version orchestrale.

Cela m’amène à toujours questionner l’appropriation du metal comme différente dans les cultures ambiantes

Ça m’a questionné, intéressé, j’ai fait du lien avec certains membres de l’orchestre et de l’organisation. Il y a un point intéressant à relever et qui conclut le rapport à l’essor du metal en 2024. Ces orchestres remplissent des salles de 1000 à 2000 personnes tous les soirs pendant un mois et demi chaque année. C’est un projet complètement fou, et vraiment magique. En premier lieu, cela démontre qu’une part du metal est écouté par le grand public, qu’il y a une forme de reconnaissance et de légitimité. Cela questionne aussi l’utilisation du classique comme légitimité du metal. Et enfin, cela m’amène à toujours questionner l’appropriation du metal comme différente dans les cultures ambiantes : dans certains pays, écouter du metal n’est pas si différent qu’écouter de la pop.

Bref, je bosse sur un article socio sur ce sujet. Pour moi il y a un vrai travail avec une vrai méthodologie à avoir lorsqu’on veut aborder le metal et sa potentielle “médiatisation”, ou comme certains le questionneraient “redevenu mainstream” et sans accent à metal.
Sinon on peut parler de nos batteries au lithium.

J’aimerais beaucoup continuer à travailler sur des projets avec les personnes rencontrés dans le cadre de l’expo : Milan Garcin pour refaire des expos sur le metal (il se débrouille très bien sans moi sur tous les autres sujets), Christian Lamet pour lier sa vision du metal à la mienne en apportant historicité, anthropologie et journalisme qualitatif, mettre des analyses anthropologiques sous forme d’œuvre d’art avec les Fortifem.
On a créé un pool de personnes intéressées et intéressantes, je pense que nous devons continuer et je ne cache pas qu’on échange régulièrement entre nous pour les années à venir.


Conclusion

On est friands de découvertes musicales chez HexaLive, est-ce que tu pourrais nous partager quelques groupes de scène française que tu as découvert récemment et qui t’ont particulièrement bluffé ?

C’est toujours compliqué de choisir, il y a Vestige qui sera surement en pleine percée en 2025, Ashed Winter, HARP qui va surement être une grosse claque dans les années à venir, et on a toujours une scène avec des valeurs sûres, Loudblast, Locomuerte, Mass, Dropdead Chaos, des groupes comme Sang Froid, ACOD

La scène française est vaste et l’export reste complexe

La scène française est vaste et l’export reste complexe. On a de la qualité et j’attends avec impatience les sorties 2025.
Après, j’avoue que je ne me focalise pas sur la provenance des groupes, donc j’ai des gros coups de cœur étrangers aussi allant de Gaerea à Wargasm en passant par Wolfheart et l’album fou de Fleshgod Apocalypse

Un exercice que l’on aime bien pour terminer les interviews. Qui nous conseilles-tu d’interviewer dans le périmètre HexaLive, et quelle question aimerais-tu poser ?

Il y a deux points où je suis intéressé d’avoir les points de vue des artistes. J’aborderai certainement en premier lieu leurs ressentis sur l’évolution de la scène suite à une année un peu record en 2024… Je pense que nous naviguons un peu à vue à l’heure actuelle. On a quand même eu une expo improbable, les JO 2024 avec Gojira, des festivals qui ont presque tous bien fonctionné (Hellfest bien sûr, Motocultor, Furios, Kave Fest, Omega, Firemaster…). De ce fait, il est difficile de se projeter pour savoir si c’était circonstanciel ou durable.

Deuxièmement, j’irai sur leur rapport au média et à leur image car c’est un sujet qui me questionne beaucoup aujourd’hui… Avant, pour faire un média, on se cassait les pieds à apprendre, découvrir, connaître, faire des recherches, construire une interview de 15/25 minutes, on se professionnalisait malgré nos formations respectives… et on faisait cela en s’engageant et en priorisant le ou les artistes, au service de la scène, que cela soit dans les médias papiers, les ex-fanzines, jusqu’aux médias numériques.
Or, on voit depuis quelques temps les budgets comm qui se dirigent vers les créateurs de contenus (en payant des annonces souvent illégales puisqu’ils devraient indiquer “contenu sponsorisé”, ce qui n’est pas le cas dans 90% des cas), les shorts interviews en moins d’une minute où concrètement tu ne questionnes plus rien.

Aujourd’hui, il y a une sorte de mise en avant du média, personnifié, avant même le contenu

Et surtout, cela tend à mettre en scène les créateurs de contenus parfois au détriment des artistes eux-mêmes. Or, si les réseaux sociaux sont indéniablement nécessaires, l’importance qu’accordent les artistes à ces nouveaux médias tend à remplacer les médias qui leur ont permis de se développer et à nuire à la liberté journalistique puisqu’on est soumis à des logiques économiques à tous les niveaux, bien que cela ait existé au préalable (il y a toujours eu un budget comm). Qu’en pensent-ils ? Comment jaugent-ils cette relation aux nouveaux médias ? N’ont-ils pas peur d’être un jour victimes de ces nouvelles manières de promouvoir leurs groupes et images ?

En fait, c’est mon côté socio-anthropo qui ressort sur ces questionnements, car ce qui me questionne, c’est que les journalistes ont toujours été dans l’ombre pour faire leur travail, certains ont été “mis en lumière” pour leur carrière et leur travail.
Aujourd’hui, il y a une sorte de mise en avant du média, personnifié, avant même le contenu, ce qui n’est pas si éloigné de ce qui se passe dans d’autres secteurs. 

Merci pour cette interview passionnante !

Retrouvez Corentin Charbonnier sur son site web

Retrouvez sur HexaLive les articles sur le Hellfest 2024, le FuriosFest 2024, le Kave Fest 2024.
Egalement les articles sur Loudblast, Locomuerte, ACOD, Dropdead Chaos, Mass Hysteria, Lofofora
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Interview réalisée par Arnaud Guignant et Maïa (instagram)

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