Babet

Babet – Hello Isatagada ! Ah !!!!! enfin ton interview, je l’attendais avec impatience !!!! Alors…..(tu ne me vois pas mais j’ai le sourire aux lèvres…)

HexaLive – La mère d’un artiste que tu sembles apprécier comme moi (Rufus Wainwright) lui a dit alors qu’il était très jeune : « don’t ever get a job, it will ruin your life » (ne fais jamais un travail – sous-entendu « de bureau »-, ça gacherait ta vie »), ce qui a facilité sa trajectoire d’artiste. Quelle est ton histoire à toi, pour en être là aujourd’hui ?

B – Et bien c’est à se demander si la mère de Rufus et mon père ne seraient pas de la même trempe! A 5 ans, mon père m’a donné le choix:
-« l’accordéon ou le violon ? » 
Mes grandes soeurs jouant du piano et moi ne voulant jamais faire comme elles, je vis qu’il y avait un petit piano sur le coté de l’accordéon…je choisis donc le violon, pour être différente. J’ai toujours entendu mon père dire : « il nous faut une artiste dans cette famille ! » Il plaisantait peut-être, sans le savoir, il me mettait sur les rails…

HL – Terminer une longue tournée avec Dionysos et repartir aussitôt, pour un projet solo, c’est impressionnant et fascinant : comment as tu trouvé le temps de composer cet album ? Tu peux raconter ?

B – Je pense que ton premier album, tu as toute ta vie pour le faire, c’est pour le second qu’il peut te manquer du temps ! Ce disque, « drôle d’oiseau » est le bilan de dix ans de ma vie, des dix ans qui viennent de passer …si vite!
Je n’ai fait que choisir parmi toutes les chansons qui s’entassaient chez moi, j’ai toujours fait des chansons, depuis toujours j’ai l’impression…à Noël, quand j’étais enfant, il m’arrivait de composer des chants de Noël. Adolescente, j’imitais PJ Harvey, ma mère n’en pouvait plus, elle me comparait à un chat malheureux, hi !hi ! Et puis à 19 ans, je rencontrais Mathias, les Dionysos et partais sur la route. C’est très simple finalement, tout est très simple, je n’ai fait que me faire porter par la musique et par les autres, tout le temps….pour mon disque, 4 jours après la fin de la tournée d’été, je rentrais en studio, sans avoir rien répété, j’ai mis tout mes instruments dans une grande pièce, passais de l’un à l’autre et ai reconstruit mes chansons comme ça….j’en ai gardé 15, j’en ai enregistré d’autres pour faire des petit bonus, des cadeaux aux gens, dont cocomoto que j’ai mis sur mon myspace!

HL – Comment fais-tu pour être aussi présente sur mySpace ? MySpace est terriblement addictif sur le plan des relations humaines, et tu suscites visiblement une immense sympathie : tu crois que ça peut agir comme une drogue ? Où fixes-tu la limite, le moment où il faudra dire stop ?

B – Tout ce que je fais, je le fais si j’en retire du plaisir, c’est la seule chose qui compte. Quand je me sens bien, je peux donner et l’on me donne toujours en retour, c’est ce qui me rend  heureuse. Quand j’ai ouvert mon myspace, je me suis dis que dès que j’aurais atteint 500 amis, j’arrêterais car ce serait trop dur de répondre à tout le monde et puis les 500 sont passés et j’étais toujours là….une drogue peut-être, en tout cas, j’ai renoncé à me fixer une limite, je ne suis pas faite pour ça. C’est la vie qui décidera quand elle arrêtera de me donner du temps pour venir parler avec les gens de mon myspace ! hi !hi ! Moi, je n’y arrive pas!

HL – D’un informateur « secret » qui t’a vu au Triptyque : « Babet en concert (presque) seule, c’est du Babet avec son énergie, sa profondeur, son espièglerie et sa générosité. Bref, ça fait du bien, tout simplement. Belle rencontre avec ce petit bout de femme gonflé à bloc (si elle avait plusieurs bras, elle ferait « femme orchestre » ! ) ». Ce qui frappe avec toi, partout, sur scène, sur le net, c’est que tu donnes énormément. D’où te vient cette envie de donner autant, et l’énergie nécessaire ?

B – Je viens un peu de te répondre plus haut, une fois de plus, c’est simple : quand je donne, j’ai l’impression de vivre pleinement, ça donne un sens à ma vie, ça me rend heureuse et ça me donne envie de donner encore plus ! Je gagne des choses en donnant..
C’est très égoïste finalement, j’ai besoin des autres et les utilise car sans eux je ne pourrais pas donner et donc pas vivre !!! Et c’est comme ça chez moi, depuis toujours, petite, ce qui me motivait plus que tout à persévérer au violon, c’était le sourire, le bonheur de mes parents quand ils me regardaient, très auto-centrée la gamine ! Je ne suis heureuse que si l’on est heureux à travers moi ! Mince, quel monstre ! J’exagère un peu mais c’est presque ça!
C’est une psychanalyse ton interview ! Au secours!!!!

HL – J’adore te voir jouer du violon, j’avais peur que tu ne joues que de la guitare sur scène ; on m’a rassurée ! Concernant la musique justement, quels sont les instruments présents sur le disque ? Et l’atmosphère musicale de l’album, tu la décrirais comment ?

B – Il y a de la guitare, électrique, acoustique, du violon, du piano, des claviers de toutes sortes, des éléments rythmiques, un peu de basse, cette dernière jouée par Pierre qui est avec moi sur scène.
Pour l’ambiance, je dirais que c’est un album très doux, intime et féminin, un disque à écouter dans son bain ou à mettre le matin pour un réveil en douceur!

HL – Tu as qualifié ton album de « féminin »; mince, moi qui voulais éviter la question sexuée … Bref ! Bon allons-y alors : c’est quoi un album « féminin » ?

B – Punaise! Je ne lis jamais la question qui arrive just’après et c’est comme si tu suivais en direct mes réponses et que tu rebondissais, on est connectées darling !
Un album féminin, c’est d’abord un disque qui me ressemble. Jusque là, ma réponse n’est pas très originale puisqu’à preuve du contraire, je suis bien une femme ! Plus sérieusement, mais je ne pense pas être plus originale non plus en disant cela, je pense que féminin en musique, c’est une question d’énergie, les énergies ne s’expriment pas de la même façon chez un homme que chez une femme,……tout est une question de rouge à lèvres ! Si tu laisses des traces sur ton micro ou pas ! Certains garçon se maquillent avant de monter sur scène, certaines filles ne se maquillent pas ! Pourquoi?…

HL – J’enfonce le clou : dans un milieu très majoritairement masculin, comment on s’intègre d’abord, comment on tient ensuite, sur le long terme ?

B – On s’intègre si et seulement si on veut bien t’intégrer et l’on tient en restant à sa place. Le tout est de la trouver afin de voir à quoi l’on sert au sein du groupe. Un groupe, ça tient si tu n’empiètes pas sur le territoire de l’autre, tout est une question d’équilibre.

HL – En attendant l’album « Drôle d’oiseau » (le 5 mars c’est ça ?), on peut entendre trois chansons sur mySpace et en les écoutant, voici ce qui m’est passé par la tête :

Qui est ce marin aux tatouages qui a tout quitté pour toi ? Marlon Brando ? Johnny Depp ? Un idéal qui ne peut exister qu’en chanson ? Ton homme à toi bien réel ? Ce serait quoi un homme idéal pour toi d’ailleurs ? Ca peut exister ?

B – Physiquement, le marin existe! La description physique dans la chanson est le portrait d’un homme que j’ai rencontré il y a deux ans et que je trouve très beau ! Mais je ne suis pas tombée amoureuse de lui pour autant, on est amis et on se voit de temps en temps en concert…c’est drôle ! il sait que c’est un peu sa chanson, je lui ai dit la dernière fois que je l’ai vu que je m’étais inspirée de lui ! Ca l’a surpris ! Il a rigolé et moi aussi, un peu gênée !
Je crois que l’homme idéal est celui qui partage ma vie depuis 12 ans maintenant. Je ne pense pas que je pourrais être plus heureuse avec un autre. Il me comprend et il m’aime, je le fais beaucoup rigoler tous les jours, je suis très fière de ça, c’est le seul qui rie autant à mes blagues ! On est très complices, parfois je me dis qu’on se connaissait déjà dans une autre vie, un peu comme des âmes soeurs, inséparables, malgré la mort ou les conneries de la vie!

HL –  Voyages encore avec « Cocomoto bonus », ses « petits trains » et ses « petites motos » … Tu t’évades de nouveau ?

B – Je m’évade, comme tu dis, tout le temps. Je suis un voyageur dans l’âme. Etre un voyageur, c’est ce qui m’habite le plus…. Petite (« encore!!!!! », je sais, mais c’est ta faute, tu me rends nostalgique !) une diseuse de bonne aventure a pris ma main très vite dans la rue et m’a dit que j’avais été caravanier dans une autre vie, puis ma mère qui déteste ce genre de truc m’a attrapé et m’a éloigné de la vieille gitane…être en voyage, sur la route, sur un chameau ou dans un tourbus, c’est pareil, j’ai l’impression de ne jamais me poser vraiment ou alors pour de très courtes durées, un peu comme un oiseau finalement….

HL – Troisième titre, « C’est quand déjà ? » : le temps qui passe, c’est un thème qui commence à te travailler ?

B – Oui ! La trentaine approche! Aie ! Aie! Aie !
J’aime bien le thème de la mort, ça m’a toujours fasciné !
La mort, c’est l’inconnu mais c’est aussi pour moi une renaissance et c’est le temps qui permet tout ça, le temps qui avance, se met en boucle, c’est beau tout ça, ça me fascine!

HL – Finalement, sous des airs joyeux et presque légers, les thèmes que tu évoques sont plutôt graves et universels. C’est paradoxal ou indispensable ?

B – C’est indispensable! Faire des chansons est une nécessité intérieure chez moi, je suis obligée d’extérioriser, d’exprimer, j’ai la chance d’avoir toujours pu le faire en liberté et qu’on m’ai donné les moyens de le faire dès mon plus jeune âge ! Merci papa, merci maman!

HL – Il y a quoi au bout de la route ?

B – Je ne sais pas ! C’est pour ça que j’y vais !


Interview réalisée par Isatagada

3 commentaires sur « Babet »

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