Anatomie Bousculaire

Rendez vous est pris ce soir là dans un café parisien avec les trois membres du groupe, ainsi qu’avec Marion et Virginie -deux gagnantes du jeu concours d’HexaLive- qui menent cet interview 

HexaLive – Comment naît une chanson au sein d’Anatomie Bousculaire ? Vous avez chacune un rôle ou c’est un partage d’idées ?

Cécile : Il n’y a pas vraiment de recette. On le fait ensemble, on fait tourner les choses en ayant un droit de regard sur chacune. Les paroles ne viennent souvent qu’après, une fois qu’un minimum de musique est posé, et je les soumets aux filles.
Anne-Ju : On est fan en fait. On aurait sans doute pas chanté en français s’il n’y avait pas eu l’écriture de Cécile.

HexaLive- Comme on parle des textes, ils sont effectivement très réussis, qu’est-ce qui vous inspire ?

Cécile – Beaucoup de choses. Des grandes douleurs, des grands combats, un grand militantisme. C’est aussi la sexualité, la liberté du choix de la sexualité. On a envie d’être un peu pédagogue sans être cul-cul. C’est une sorte de pédagogie poétique, avec beaucoup de portes ouvertes, mais en même temps des textes assez clairs pour qui souhaiterait se plonger dedans. On a de grandes influences d’auteurs surréalistes comme Antonin Artaud, Genet… mais c’est surtout la vie.

HexaLive – Et la femme qui est quand même au cœur de tout cela

Cécile – Evidemment, la problématique de la position de la femme dans le monde est quelque chose qui nous touche particulièrement. Est-ce que c’est uniquement parce qu’on est des femmes, je souhaite que non. Il y a beaucoup de pays où la femme est traitée moins qu’un animal. Même en France il y a encore beaucoup de travail, alors c’est vrai que ça nous intéresse. Après les sexualités différentes ne nous dérangent pas et pour cause, et là encore on a du mal à comprendre pourquoi ça peut gêner certaines personnes. Rien ne nous dérange, homosexualité, hétérosexualité, sado masochisme, du moment que c’est entre adultes et librement consenti.

HexaLive – On parle justement du problème de la position de la femme, est-ce que c’est plus difficile de s’imposer sur la scène rock lorsqu’on est un groupe exclusivement féminin, ou est-ce qu’au contraire c’est un atout ?

Anne-Ju – Les deux. A la base on évolue plutôt dans un cadre machiste, mais on a eu beaucoup de chances dans notre parcours. En général à partir du moment où on commence à jouer tout se passe bien, même s’il faut souvent passer par une étape de mise à l’épreuve. Au niveau du public en revanche c’est plutôt un atout.
Cécile – On pense même que ça a tendance à l’attirer. Le public a une demande de nouveautés, et une affiche féminine peut attiser sa curiosité. Là où c’est plus compliqué c’est dans le monde professionnel.

HexaLive – et qu’est-ce que vous pensez d’un groupe comme les Plastiscines ?

Cécile – c’est une question qu’on nous pose souvent. Ca ne me dérange pas. S’il y a tout un tas de jeunes qui écoutent et qui se sentent représentés, c’est formidable. On n’a pas de problèmes avec les Plastiscines, ou avec toute la scène des baby-rockers. Grâce à ce mouvement, on parle à nouveau de rock’n’roll. Et la cible réelle de ce mouvement ce sont les jeunes adolescents. A leur âge, nous on écoutait Chantal Goya. Alors que ces jeunes là, ils ont des groupes qui ont que quelques années de plus qu’eux, qui parlent des White Stripes, d’Iggy Pop, des Libertines, de David Bowie. C’est vraiment du rock’n’roll et nous ça ne nous pose pas de problèmes. Il ne faudrait pas croire par contre qu’elles sont les seules sur la place, il y a tout un tas de groupes en France qui valent vraiment le coup d’êtres vues et entendues.

HexaLive – Pourquoi avoir choisi lors des élections présidentielles d’afficher vos opinions politiques ?

Cécile – Là il y avait urgence. Pour un groupe de rock, c’est toujours très compliqué de risquer la récupération. Le problème n’est pas de dire untel est parfait pour moi ou pas. On n’a trouvé personne de parfait. En revanche, ce qui est sûr, c’est qu’en France on est en train de vivre une crise de la violence, de l’injustice, de l’injustice sociale, de la division, de la discrimination, du racisme, et là-dessus on n’est pas d’accord.
Anne-Ju – On s’est positionné sur des valeurs en fait
Cécile – On n’a pas de problème ni avec les riches, ni avec les pauvres, ni avec personne, mais on a un problème quand il y a un enrichissement hallucinant d’une part, et un appauvrissement hallucinant d’autre part. En tant qu’artiste, c’est presque un devoir de se positionner du côté des minorités, dont on fait d’ailleurs occasionnellement partie. On sait donc de quoi on parle.

HexaLive – Vos textes sont souvent engagés, avez-vous peur d’une certaine censure ?

Cécile – Non, on n’a peur de rien car on n’a rien à perdre. On ne se mettra jamais dans une situation où on peut perdre notre nature. Plus on s’assume, plus on est soi, plus on est généreux, plus le public nous suit.

HexaLive – Comment définiriez vous votre style musical ?

Cécile – Les termes musicaux, c’est surtout pour aider les gens à s’y retrouver, à classer, que ce soit dans des rubriques de magazine que chez un disquaire. De notre côté peu importe, on est contentes tous les jours de voir une nouvelle étiquette.
Anne-Ju – Pour en parler on rajoute souvent « grunge » à gothique et rock, car c’est un mélange qu’on entend régulièrement dans les échos qui nous reviennent.
Cécile – J’avoue qu’on est un peu les plus mal placées pour en parler. On ne peut pas empêcher les gens de penser à quelque chose quand il entend ou voit quelqu’un. On aura tous des réactions différentes. Ca on l’accepte volontiers.

HexaLive – Devant les difficultés à être reconnu, ou simplement vivre de la musique, est-ce que vous avez déjà songé à arrêter ?

Cécile – Pour le moment non. On ne fait pas de la musique depuis longtemps, nos premiers concerts remontent à trois ans, ce serait bien prétentieux de baisser les bras au bout de si peu quand on sait qu’il faut à peu prés dix ans dans le rock indé pour tester le public et savoir si on peut faire quelque chose de rentable. Après bien sur il y a la fatigue liée au fait d’avoir un autre travail à côté, donc on fait tout pour ne pouvoir faire que ça.
Anne-Ju – On est conscientes de la chance qu’on a d’avoir cette évolution au bout de trois ans.

HexaLive – La question que tout le monde attend, à quand l’album ?

Cécile – On va s’enfermer un mois ou deux à partir du mois de juillet
Alice – On a déjà trouvé avec qui on a envie de travailler, ce qui n’est pas évident c’est de trouver le studio et l’ingé son qui correspond au son que l’on souhaite.
Cécile – On a déjà un travail préparatoire pour choisir les titres, terminer ou non les compos en cours.
Anne-Ju – On espère à la rentrée, septembre-octobre
Cécile – Ca va dépendre aussi du facteur financier, donc c’est un peu compliqué de répondre à cette question. Mais on y travaille.

HexaLive – Est-ce que vous avez une idée déjà des titres qui seront présents ?

Cécile – Oui, sur le set que le public connaît au moins 60% des titres seront sur l’album. Il y aura déjà les incontournables : Anatomie Bousculaire, les P’tits Poissons, Métastases en treillis, Rouge problablement, Candy Kane, Butterfly kill my way. Une chose est sûre, il n’y aura pas Rictus, car il a gagné son LA Music Award comme cela et on a décidé de le laisser tel quel.

HexaLive – Un clip est-il prévu ?

Cécile – On a prévu trois ou quatre titres live qui vont tomber très bientôt sur mySpace, histoire de vous faire patienter, on attend juste quelques petites modifications.

HexaLive – Une question hors musique, est-ce que vous avez des phobies particulières ?

Anne-Ju – Les araignées
Cécile – On est toutes les trois en accord avec les araignées. Et la saleté aussi. Très bizarrement un serpent ne me fait pas peur, un scorpion non plus, alors que les araignées oui. Mais nos phobies principales ce sont l’injustice, le racisme, la violence, etc… Finalement je veux bien me battre contre une araignée géante si tout cela s’arrête dans le monde.

Interview réalisée par Marion, Virginie, Arnaud

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