Il en va ainsi depuis 4 ans. Une scène est dressée au pied du pont de Sully pour réjouir les amateurs de musique et les paris-plagistes. D’autant plus que la programmation est chaque année plus qu’intéressante, car mettant l’accent notamment sur les talents en émergence. C’est le festival Fnac Indétendances que nous avons suivi pour vous sur quelques journées.
Vendredi 20 juillet
Assise au soleil, les doigts de pied en éventail, je pensais vendredi en sirotant ma boisson fraîche que j’avais dit à une amie, résignée, de prévoir les bottes de pluie pour l’ouverture de la 4ème édition de Paris-Plage.
Le 1er concert commence à 17h, et il n’y aura pas de retard cette année. A la scène belge qui avait lancé les festivités l’année dernière succèdent les indés français soutenus par la Fnac, et c’est aux tous jeunes membres du groupe Cocoon d’ouvrir le bal. Pop-folk mignonette chantée en anglais, Mark à la guitare et Morgane aux claviers sont tout-sourire et jouent devant un public très loin d’être dense mais néanmoins présent. Trente-cinq minutes plus tard, ils quittent déjà la scène et reviendront pour un petit rappel. Je n’ai rien à leur reprocher sinon leur côté un peu gnan-gnan. L’une de mes amies me regarde d’un air exaspéré lorsque je lui dis ce que j’en pense. Bon, il en faut pour tout le monde.
Daphné viendra en 2ème position, à l’heure dite. Le bouche à oreille m’avait déjà apporté quelques échos, suite notamment à sa prestation remarquée en première partie du génial canadien Pierre Lapointe. Certains l’avaient trouvée impressionnante, d’autres, sans dénigrer son set par ailleurs, l’avaient trouvée fort peu sympathique. A vrai dire je n’ai fait que confirmer la 1ère de ces impressions. La voix, surtout, était puissante, et le style de musique, à ma grande surprise, a pris des accents de Bjork à de nombreuses reprises. A creuser.
Le temps d’installer les instruments et c’est Bertrand Belin qui la remplace. Bertrand Belin que j’ai bien du mal à reconnaître depuis son show case Fnac d’il y a … (zut, c’était quand déjà ?). A l’époque il était seul avec sa guitare acoustique et j’avais plutôt le souvenir de ses histoires imagées. Je l’avais donc classé sans regrets dans la catégorie ‘nouvelle chanson française’, de celle qui accorde plus d’importance aux mots qu’à la musique et qui, de ce fait, ne m’intéresse guère. Pour les mots, ne vous en déplaise, il y a les livres, merci bien. Mouais. Sauf que là, avec ses musiciens, il assurait drôlement Monsieur Belin, et après les petits jeunes du début, il n’y avait pas photo : le pro, c’était lui ! C’était drôle aussi, de se souvenir d’un type assez peu sûr de lui, presque timide, alors que sur scène il avait désormais cette morgue de ceux qui s’en sont pris plein la tête et ont décidé malgré les coups de se tenir droit. Je ne sais pas, je peux parfois détester ces attitudes proches de l’arrogance; j’ai pourtant adoré la sienne. Hum, en y réfléchissant bien, je crois que j’ai même été un peu séduite… Une nouvelle fois, il va me falloir creuser un peu plus sans doute.
Pour Tété, j’avais pris mes quartiers d’été à 100 mètres de la scène. A ma décharge, il est déjà 20 heures et cela fait trois heures déjà que je suis debout. L’emplacement est idéal, un peu surélevé, et les fauteuils et tables bases entourés de parasols bleus posés sur l’herbe qui jouxte la Seine donnent au décors un air de province en vacances. On sirote des boissons fraîches en papotant, on commande des salades (des frites aussi !), et comme dirait mon amie MHF, ‘on regarde passer les beaux garçons … euhhh, je veux dire, les bateaux’. L’endroit respire la détente absolue , il fait toujours beau, c’est le pied ! Je ne regrette rien de toute façon, de là on voit et entend tout, et la presta de Tété, dont je n’apprécie déjà pas le style de musique, est très en dessous du rendu studio, voire désagréable à l’oreille au début du set (façon élégante de dire qu’à mon oreille, cela sonnait carrément faux).
La foule est tellement dense à présent qu’il m’est impossible de faire machine arrière pour m’approcher des très attendus Aaron. Je fais partie des rares irréductibles qui résistent encore au phénomène. Je n’ai pas vu ‘je vais bien ne t’en fais pas’, dont U-turn est extrait de la BO et qui a lancé le groupe. On me dit d’un air agacé que forcément, je ne peux pas comprendre, qu’avec le film ‘c’est vachement beau’. Pour tout dire, j’y suis peut-être allée un peu fort en disant que ce truc finalement, c’était de la soupe pleurnicharde pour midinette. Mais ce dont je me souviens, moi, c’est d’être tombée sur la vidéo sur myspace en me demandant si ça n’était pas un gag et si ces gars là, avec leur air ridiculement tragique, n’avaient pas un peu trop fumé la moquette. Une prestation ratée plus tard (devant la caravane de Ray Cox au printemps de Bourges, ils faisaient un peu ‘imposteurs’), mon opinion était définitivement faite, contre le consensus général, et après tout merde, on n’est quand même pas obligés de tous aimer la même chose. Mais tout est contre moi on dirait : un peu plus tard au concert des Daft Punk j’apprends qu’un copain a été à l’école avec Simon … Pffff. Ah ouiiii, et après ? Genre ça va m’attendrir, genre ça a un rapport avec le fait qu’ils fassent de la bonne musique ou pas. Mine de rien je suis faible et comme j’aime mes amis (et que souvent quand même, j’aime un peu ce qu’ils aiment), j’ai beau bougonner dans mon coin, je suis okay pour leur laisser une autre chance (ça c’est en dedans de moi-même, à mes amis je ne dis rien, pis d’abord, je suis fière). Là de toute façon je ne me compromets pas, je fais la fille qui voit ça de loin, d’un œil distancié, affalée sur sa presque-chaise longue et à mille km des groupies entassées comme des sardines là bas devant la scène. Le set commence et hum bon okay, ça fait moins artisanal que ce que j’avais vu sur France 4, d’abord le piano sur scène est un vrai cette fois, et tout de suite, ça vous pose un musicien. Ensuite le Simon justement, il a l’air d’être à fond dans son trip (j’ai toujours un faible pour ces gens-là, on le sait). D’accord, on se demande ce qui l’aide à se mettre dans des états pareils mais après tout, ça le regarde. Ses petites danses barrées sont bien chouettes à regarder en tout cas ! Autre bon point, il chante juste, et il parvient à capter l’attention de la foule des badauds à présent compactée en une audience hypnotisée. Enfin ah bah, c’est d’accord, j’essaierai de l’écouter en entier ce fichu disque … Allez, bon vent, et soyez gentils : épargnez moi vos commentaires triomphants ;-))
Isatagada
PS : Finalement j’ai pu approcher vachement près du piano d’Aaron. Bête qu’à ce moment là, ils n’aient plus été sur scène …
PS bis : Ce que c’est beau Paris en bord de Seine, au coucher du soleil …
Vendredi 27 juillet
La grande institution Paris Plage ! Perso la seule chose qui me botte là dedans c’est la bonne idée de la Fnac d’organiser des concerts… Me voilà donc vendredi soir adossée aux barrières pour le premier concert de la soirée. Bon j’avoue j’appréhende un peu… c’est une soirée plutôt, enfin totalement, électro. Suis pas forcément super réceptive à ce genre de musique. Pas d’instruments sur la scène, juste une table noire et des ordis… avouez que c’est un peu dérangeant.
Scratch Massive ouvre le bal… constitué de Maud et Seb ce duo semble hypnotiser le public. Les têtes balancent de haut en bas, les épaules suivent, tout le monde est synchro, y compris moi: mais euhhhhh j’ai rien demandé!!!! Paris plage est devenu un dance floor géant! Personnellement, je me suis quand même vite lassée, apparemment je ne suis pas bien entrée dans leur univers. Une autre fois peut être…
Vient ensuite Wax Tailor. Le public est maintenant très dense, il y a même des frimousses agglutinées sur le haut du quai. Ehhhh mais didonc, c’est une flute et un violoncelle que je vois là! Les deux écrans plats prennent eux aussi part au spectacle. Des images en tout genre défilent pour illustrer les morceaux. Une chanteuse fait son apparition sur quelques morceaux: magnifique, sa voix est tout simplement magnifique et finit, si besoin était d’envouter les pariplagistes que nous sommes. Alors là je suis définitivement conquise. Wax Taylor ce n’est pas qu’une machine casquée, un ordi et des booms booms… c’est très agréable à écouter mais aussi et surtout très agréable à regarder.
Enfin les très charismatiques Black Strobe… ils ne sont pas de la dernière pluie ceux là! Sur le blog de Paris Plage, c’est écrit: Imaginez Metallica faisant de l’électro… mouais mouais mouais… et la marmotte tout ça tout ça… Je manque d’éclater de rire en voyant arriver le chanteur. Sincèrement ça commençait pas très bien pour eux, je sentais déjà venir mon commentaire désobligeant: ‘de toutes façons je t’avais dit que j’aimais pas cette musique!’ Les moustaches, les cheveux couverts de gel façon pub, la chemise rentrée dans le pantalon laissant apercevoir une chaine… Non mais qu’est ce que c’est que ça! Pis bah, au bout de, allez, 10s plus rien ne sort de ma bouche… yeahhhh c trop bon ! Les guitares sont agressives juste ce qu’il faut, le chant bien posé. Un grand coup de chapeau au batteur sans qui le boom boom ne serait pas. On en oublierait presque le petit ordi posé dans un coin. Et si finalement j’étais réconciliée avec l’électro?
Marilou
Samedi 28 juillet
Après la soirée électro de la veille, nous voici de nouveau au pied du pont de Sully pour une nouvelle soirée de concerts dans le cadre du festival Fnac Indétendances.
Nous arrivons pour le début du set d’Imbert Imbert, lauréat de nombreux tremplins cette année, dont les ‘Bravos du public’ au festival ‘Alors…chante!’ de Montauban (attribué l’an dernier à Renan Luce ndlr). L’ancien musicien de Jim Murple Memorial et De Rien nous compte au travers de ces chansons la chronologie d’une histoire d’amour déçu. Chaque chanson est mise dans son contexte par quelques petites phrases de présentation, puis il n’y a plus qu’à se laisser porter par la contrebasse accompagnée de textes forts et émouvants qui nous prennent aux tripes.
Pas le temps de souffler, la journée est bien remplie et le timing serré. C’est la gouailleuse Mell (lorraine pas quiche) qui entre ensuite sur scène. Oliver Bas, directeur artistique du festival nous dit qu’il faudra compter avec elle à l’avenir, et au vue de la prestation on en est persuadés. Elle est vraiment on ne peut plus à l’aise sur une scène, comme si elle était tombée dedans quand elle était petite. Le concert n’était pas encore commencé que tout le public était déjà dans sa poche.Une corde cassée sur sa guitare à la fin du premier morceau ? Pas de problème, Edouard Romano à la trompette, rapidement rejoint par Julien Petit au saxophone assurent l’intérim. Et ça repart. Un peu de punk, un peu de rock, un peu de ska, beaucoup de textes drolatiques et un sacré charisme. Artiste à suivre…
Suivra ensuite Pablo Krantz, qui vient défendre son album ‘les chansons d’amour ont ruiné ma vie’. Je découvre, mais je n’ai pas accroché plus que ça à la musique, et c’est bien dommage car les textes sont vraiment interessants. Il faut dire que cet artiste a de multiples talents, notamment celui d’être également écrivain. A réécouter peut être plus tranquillement à la maison, d’autant qu’il a souffert de quelques petits problèmes techniques.
Le flambeau est ensuite repris par David Lafore qui joue les timides statiques et bredouillants pour mieux laisser courir ses images et ses mots. C’est d’abord déconcertant mais rapidement séduisant, avec quelques élans Desprogiens. Comme nous disait Williams dans la chronique de l’album que vous pouvez lire sur HexaLive, ‘nous voilà en face d’un bon remède pour décoincer les sourires et le reste’. Musicalement tout se tient également, de l’entraînante ‘fleur de rond point’ à l’entêtante ‘Mule’.
Pour clotûrer la soirée, place au drôle d’oiseau virevoltant Babet, toujours en énergie et en bonne humeur. Majoritairement à la guitare, elle retrouve de temps à autre son violon, qui lui permet de bondir sur scène comme à son habitude, exercice beaucoup plus compliqué avec une six cordes et un micro perche. Ca tourne d’ailleurs beaucoup dans les instruments entre Babet et ses deux musiciens, donnant au show de multiples ambiances et de multiples facettes. Une bonne façon pour nous de clotûrer cette soirée, et pour Babet de donner rendez vous au public parisien le 2 octobre au Café de la Danse.
Arnaud Guignant
Lire l’interview de Babet sur HexaLive
Lire la chronique de Babet au café de la Danse sur HexaLive
Lire la chronique de l’album « Drôle d’oiseau » de Babet sur HexaLive
Samedi 4 août
Enfin une journée estivale en ce samedi 4 août, amenant devant la scène du pont de Sully une affluence encore plus grande que d’habitude. En arrivant juste avant Ina-Ich, on sent également une certaine effervescence derrière la scène, et pour cause : il n’y a plus d’électricité. Mais l’organisation et la technique du festival font encore une fois des miracles, et cet incident n’aura fait prendre aucun retard.C’est donc la charismatique Ina-Ich, invitée coup de cœur de dernière minute du festival, qui entre en scène. Cela fait maintenant un an qu’elle nous avait tapé dans l’oreille chez HexaLive au détour du web, et on est heureux de voir le chemin parcouru depuis pour elle. Après des passages récurrents sur Radio Néo, une participation aux concerts outrageusement publics et une présence sur la compilation de la radio, la voilà maintenant programmée aux Indétendances. On souhaite (et on pense) que ce n’est que le début de l’ascension pour cette artiste talentueuse. Car le set est vraiment efficace, très pro et dégage une forte puissance. Les parties calmes au piano alternent avec du gros son, on passe de voix posée à hurlée, le tout sans accrocs, à l’image du single ‘Ame armée‘ . Le résultat est là, peu de personnes connaissaient, mais en laissant un peu traîner l’oreille la plupart des commentaires sont très flatteurs sur la prestation.
Place ensuite à la pop/flok de Hey Hey My My. Il fait toujours très chaud, la scène est inondée de soleil, et le groupe qui avait appelé, lors de l’interview que vous pouvez lire sur HexaLive, le public à venir en maillot de bain doit regretter de ne pas en avoir fait autant. En tout cas Julien (ndlr : bon ils sont deux à s’appeler Julien dans le groupe alors ce n’est pas facile, du coup on va dire Julien que vous pouvez voir en t-shirt rouge dans les photos) comprend maintenant ‘pourquoi les stars mettent tout le temps des lunettes de soleil’. Dans cette chaleur, leur musique apporte vraiment beaucoup de fraîcheur, notamment par certains côtés intimistes et par l’harmonisation des voix.
Fin de soirée avec Kaolin, que l’on ne présente plus. Autant j’avais été moyennement emballé par leur prestation aux Solidays (d’un autre côté les conditions n’étaient pas optimums), autant j’ai beaucoup apprécié ce concert paris-plagiste, que j’ai trouvé plus rock et plus affirmé, donnant ainsi aux compositions de leur nouvel album ‘mélanger les couleurs‘ une meilleure dimension à mon goût. Mention spéciale au morceau éponyme ainsi qu’au morceau d’ouverture du concert, ‘je reviens‘ qui s’est obstiné à me trotter dans la tête pendant tout le trajet retour. Apparemment, je n’étais pas le seul à apprécier, on a même vu des agents de l’ordre public dans les loges du groupe à la fin du concert pour une dédicace.
Bref, ce fut une soirée r-ich et on attend déja avec impatience notre prochaine soirée Indétendances prévue le 17 août.
Arnaud Guignant
Vendredi 17 août
Encore une fois, et pour ne pas changer avec ce festival, une affiche qui nous met l’eau à la bouche. Les concerts commençant tôt pour un vendredi, c’est avec regret qu’on n’assistera pas à la prestation d’Eté 67. C’est dommage, car ne connaissant pas, c’est toujours intéressant de découvrir un artiste sur scène, d’autant que les échos qui les entourent semblent être positifs. On se rattrapera sous peu.
On commence donc par Radiosofa, combo stylé aux accents pop-rock. La voix se fait planante et quelques touches électro via thérémine viennent compléter le tableau. Ca respire la mélancolie, et l’on se perche avec la voix jusqu’à arriver au bout du concert sans l’avoir vraiment vu passer. Bref, très bon moment passé avec ces rouennais, et on souhaite à ce groupe, ex Sofa qui a préfixé son nom de ‘radio’ d’y figurer le plus longtemps possible.
Changement d’ambiance pour le moins avec Adanowsky. Ce groupe ne se distingue pas que pour sa musique, entraînante s’il en est sans être particulièrement novatrice, mais surtout par le show qui accompagne le concert. Imaginez un genre de Fonzie d’Happy Days au chant accompagné d’un Arturo Brachetti-amuseur public tournant autour des musiciens et passant de jockey à prof de gym, via un flic américain adepte du strip tease. Le public est mis à contribution : une recherche de rousses est opérée pour réanimer, comme dans la belle au bois dormant, le guitariste qui s’est écroulé après son solo. Une prestation qui a marqué les esprits des festivaliers.
Enfin, la soirée se clotûre avec Stuck in the Sound. Le buzz grandissant autour du groupe a fait se déplacer un grand nombre de fans. C’est peut être un des concerts les plus attendus d’Indétendances, d’autant qu’ils ne seront pas dans la région avant quelques mois. Et Stuck in the sound nous emmène in the cloud par le flot des instruments et la voix haut perché de José. Quelques petits problèmes techniques perturberont un peu le set et auront raison des nerfs du bassiste, mais ca n’entachera en rien l’adhésion du public qui ne s’y trompe pas. Cette power pop, aggrémenté de quelques relents punk, le tout mené avec talent nous laisse à penser que le buzz n’est pas prêt de s’arrêter, d’autant que le groupe a les moyens de viser à l’international.
Arnaud Guignant
Lire l’interview de Stuck in the Sound sur HexaLive
Lire la chronique de l’album « Shoegazing Kids » sur HexaLive
Samedi 18 août
J’attendais avec impatience cette dernière journée de la quatrième édition du festival Fnac Indétendances à Paris Plage…Toutefois, le quotidien du festivalier estival est parfois semé d’embûches logistiques.
Je manque donc la première prestation de l’après-midi, celle du groupe Izabo, annoncé comme le show live le plus captivant de la scène israélienne. Je suis en revanche présente pour apprécier toute la générosité musicale des québéquois de Galaxie, en manque de bière, certes, mais jamais en panne d’humour entre riffs rock surpuissants et harmonies folk-punk.
Au menu ensuite, de la volaille pas comme les autres, épargnée par le terrible H5N1, mais néanmoins ravagée par un tout autre virus: celui de l’amour! Les Suprêmes Dindes placent leur set sous le signe de la révolution sexuelle. C’est ainsi que, aussi bien dans les buissons côté Seine, que depuis les barrières côté scène où aficionados pogottent allègrement, l’on assiste à la transformation des secrétaires ‘libertines’ aux avantageux colliers de perles en punkettes gigotantes. Je ne peux m’empêcher d’avoir une vision du magnifiquement charismatique Rod Stewart…peut-être en raison des crinères blondes couronnées de crêtes rebelles, ou encore l’intemporelle panoplie de l’imprimé léopard et de la minijupe néon. Loin de moi l’idée de faire un compte rendu ‘mode ‘, toutefois le constat est là: en fin de soirée, soutien-gorges à moitié dégraffés et corsets laissant peu à l’imagination avaient marqué les esprits et trouvé un emplacement de choix sur bon nombre de cartes mémoire, quitte à parfois même choquer. Ce n’est cependant pas qu’une question de look. Leurs yeux fardés à la Gucci démoniaque portent un regard cinglant sur celui qui » parle politique au comptoir quand tout ce qui l’intéresse, c’est [son] permis à points » alors que mimiques labiales et guitares éléctriques se prononcent avec stridence contre l’immobilisme clérical et le racisme et pour le bonheur. « Qu’est-ce qu’il a plus que moi ce Bertrand? ».
Barbara, jeune femme de l’auditoire, ne semble guère s’en préoccuper lorsqu’elle rejoint le groupe Marcel et son orchestre sur scène et agrémente la mélange déjà piquant de ska bondissant et de punk rock engagé, d’un rugissement détonant de justesse. Fort d’un nouvel opus, ‘les Marcels’, comme on les désigne affectueusement, sont en terrain conquis auprès d’un public « de gosses de riches » (dixit le groupe): une foule prête à exécuter toutes les acrobaties et vocalises nécessaires pour manifester leur adhésion à un mouvement qui ne comprend pas pourquoi aujourd’hui, « se faire chier est presque devenu un signe de pertinence intellectuelle ».
Au crépuscule, les sept fanfarons accoutrés de leurs désormais légendaires perruques et tenues bariolées, dirigent le public dans une danse qui, de leurs propres aveux, « tétanise, terrorise, et glace le sang des branchés » : une folle farandole à faire froufrouter les volants des robes des protagonistes et de l’assistance et à faire se dresser les oreilles du lapin géant installé à l’une des batteries. C’est un véritable kit de survie sociale, politique, humaine et environnementale dont ils nous font cadeaux, et à bon prix de surcroît, car on est un peu à « un concert de Mylène Farmer, mais cent euros moins cher ».
Et puis quelques mots de fin. Même si l’on sait qu’elle se renouvellera, il est toujours touchant d’assister à la fin d’une aventure. Bravo à tous! Vous êtes génials, et la robe vous sied à ravir Monsieur le programmateur!
Soraya Nigita 2007
Crédit photo : Isatagada, Marilou et Emilie Pinsan