Massilia Sound System
Ils arrivent en terre connue…
Lou Papet (ndlr : dont vous pouvez lire la chronique de son album solo dans nos pages), Gari, Tatou, Moussu T, DJ Kayalik connaissent bien le chemin de Lézan et de son historique fête populaire, organisée par le PCF, sur les bords du Gardon.
« Qui était là à un concert de Massilia il y a 40 ans ? »… certains se risquent à lever les bras !
« Qui était là à un concert de Massilia il y a 30 ans ? »… nombreux le revendiquent.
« Qui était là à un concert de Massilia il y a 20 ans ? »… même les moins de 20 ans crient, ils ont été bercés aux sons marseillais.
« Qui était là à un concert de Massilia il y a 10 ans ? »… voilà que le groupe fait l’unanimité !!
Massilia est ici en famille. Les enfants inondent les premiers rangs, casques sur les oreilles ou bouchons offerts par le groupe. Ils ne perdront pas une miette du concert. Le concert est familial.
Et quand Massilia prône le partage, la solidarité et la tolérance, les militants et partisans du PCF se retrouvent et chantent en cœur. Les mamans fières exultent « quoi de mieux à apprendre à nos enfants ? C’est pour ça qu’ils connaissent les paroles par cœur, on la chantait encore ce matin dans la voiture celle-là ! ».
Massilia rassemble. Ils chantent le soleil, la mer et les accents. Dans un contexte politique difficile et clivant, Massilia revendique la force de nos différences. « A force de tout compter par un – un pays, une identité, une langue – on oublie qu’on a besoin d’être deux ! On a la vie à partager ! ». C’est en Occitan que Massilia avance dans la soirée et appuie la démonstration. Le drapeau occitan flotte dans le public. Personne n’a vu le temps passer, ni le soleil se coucher.
Malgré une météo capricieuse en ce mois de juin, même dans le sud de la France, les gouttes de pluie ont évité ce soir Lézan. A 23h les enfants sont toujours torse nu sur les épaules de leurs parents. Apparemment, Massilia réchauffe les cœurs et les corps (jusqu’à un petit coup de chaud dans le public au moment du rappel, quand Massilia voulait mettre « lo Oaï », la sécurité a dû calmer un spectateur un peu trop remonté, mais peut-être était-il finalement de droite ?).
C’est bien dans la joie et la bonne humeur, que Massilia a laissé la scène aux Vulves Assassines. 40 ans que ça dure et le public ne semble pas prêt à leur accorder une retraite à taux plein avant encore quelques années (va falloir revoir les programmes !!).
Et comme on dit dans ce cas (et dans tous les cas !) : Aïoli !!!
Retrouvez Massilia Sound System sur leur site officiel.
Les Vulves Assassines
Je vous ai déjà dit que j’aimais les textes en français car je pouvais m’identifier, partager une émotion, etc… bon ben y’a quand même des fois où si ça avait été en anglais peut-être que…
Les vulves assassines (ndlr : déjà croisées en décembre à Fontenay), groupe punk, rap mais aussi électro, 100 % féminin et féministe, débarquent du 9-3 pour électriser le public militant de Lézan, dans le cadre de la fête annuelle du PCF gardois.
Visuellement, ces trois « nanas » débarquent en mini short tee-shirt, peinture de guerre et regard déterminé. Ce soir ce sont elles qui feront la loi : « hého (bip) dansez !!! (bip) vous attendez quoi, on a tout montré, la choré est facile (bip) » (c’est la version bippée pour le CSA, à l’heure où tout dire n’est plus vraiment autorisé, d’ailleurs le tee-shirt de DJ Conant nous le rappelle « vive la radio publique »). Elles lancent encore un « voilà les ballons, gonflez-les !! » qui résonne comme une invitation que l’on n’oserait pas refuser !
Puis elles ordonnent à Massilia Sound System qui avait ouvert le bal, de revenir sur scène et de militer avec elles pour la retraite à 60 ans (alors même qu’ils fêtaient leur 40 ans de carrière et que personne dans le public n’était prêt à les laisser partir à la retraite !). Le concert prend d’un coup des allures de manif… « la retraite à 60 ans, on s’est battus pour la gagner on se battra pour la garder… la retraite… à 60 ans… ».
Caractères bien trempés, messages politiques à souhaits, patriarcat visiblement visé… A la veille des élections législatives précipitées, et à la fin d’une journée consacrée aux débats (où certain(e)s auront sûrement participé au café féministe de 14h15 sur la question des congés menstruels), les textes ne pouvaient pas mieux tomber…
L’expression « vulves assassines » décrit en fait avec humour une angoisse apparemment masculine, confiée à certains thérapeutes, de se faire manger le sexe par des vagins dentés ! Pas sûre que le concert soit alors prescrit sur ordonnance ! Si certains hommes n’y avaient jamais pensé avant, peut-être qu’hier soir tous n’ont pas dormi tranquille.
Par contre, l’assistance féminine jubilait, scandant les paroles, sautant sans relâche… C’est donc, ensemble, sur scène qu’elles ont fini le show. Messieurs vous n’avez qu’à bien vous tenir !
Retrouvez les Vulves Assassines sur leur site officiel.
Ka_jpg (instagram)
Wow!!! Quel retour fin et ciselé, on se croirait dans la salle!
J’ai eu la chance de voir Massilia sound system au festival Jean Ferrat en Ardèche et c’était un pur moment de bonheur et de joie pure, comme tu l’écris si bien.
Je ne connaissais pas le groupe des vulves assassines mais tu imagines bien que je vais m’empresser d’écouter ça !!!
Très bel article ! Bravo 👏
Je réaffirme aujourd’hui, avec encore plus de conviction, que tes articles (plus généralement ton style d’écriture) parviennent à transmettre beaucoup de sensations. Des émotions, un décor, une ambiance, une énergie, une mélodie, ou une agonie pour le dernier groupe….
Bim !!! transition vers ce que peut ressentir un spectateur quand il n’est pas transporté dans un monde parallèle dans lequel les poneys marchent sur deux pieds et mangent à table.
Un supplice pour l’oreille primo parce qu’elles ne chantent pas mais elles hurlent (ah, faudrait que je songe à monter mon groupe aussi lol).
Ensuite les textes sont très peu recherchés dans le style d’écriture, elles ont prouvé qu’avec simplement deux mots elles étaient capables de tenir une chanson de 3 mn… et de figer un air ahuri sur mon visage tout aussi longtemps ! Lol.
Et les messages féministes n’en parlons pas… Quand tu entends en 2024 qu’il faut « déconstruire » les hommes, leur masculinité… On peut traiter des congés menstruels sans pour autant accabler le sexe opposé (enfin tout le panel de sexes, genres, choses ou objets existants loool).
Bravo pour l’exploit d’avoir adouci mon ressenti à travers ton texte 😉
Yes vraiment un super article, on a l’impression d’y être ! Merci pour ce beau reportage !