13 octobre 2023 : Moaan Exis, Violence et As they burn au Hangar à Ivry

La programmation de cette petite salle municipale en proche banlieue était particulièrement intéressante ce vendredi 13. Conjurer le sort avec du gros son : c’est exactement ce qu’on aime ! Le Hangar propose des cours en plus d’être une salle de concert. On accède à la scène en descendant quelques marches, le bar est tout au fond dans la continuité. La régie est en hauteur tout comme l’emplacement du merch artistes. C’est donc une salle intimiste et bien agréable; à la programmation riche et éclectique. Ce soir, on l’aura compris, c’est plutôt du lourd, du métalcore, du métal indus et autres métal-mélanges.

Moaan Exis

Sur scène une batterie est installée au plus près du public, presque au bord. Un ordinateur et une sorte de synthé sont placés en arrière. Après un faux départ, arrive à la batterie un homme torse nu, en jupe noir, au visage peint en rouge, avec de nombreux piercings et un crâne tatoué sur le torse. Il prend ses drum-sticks. Pendant ce temps, un autre homme, également torse nu, avec 2 révolvers tatoués sur le torse et le visage peint en noir quant à lui, s’installe devant l’écran.
Quelques réglages complémentaires et PAF un son percutant envahit la salle.
Le batteur tape sur sa batterie de toutes forces. Le rythme est accentué par le beat techno/electro. Cela renforce la puissance de frappe et ça donne surtout envie de se briser les cervicales en rythme ! Ce qu’on ne manque pas de faire dans la salle dès les premiers instants.
La rage du batteur n’a d’égale que l’énergie du chanteur qui secoue son buste, saute, monte sur les caisses, ressaute, cogne l’air et occupe une bonne partie de l’espace.
Son scream est rugueux et rageux profondément énervé. Ça défoule comme jamais rien qu’à le voir et l’écouter. C’est très bon !
Au fil des morceaux, on se laisse toujours autant surprendre par les ruptures de rythmes et ces silences qui ponctuent un morceau pour mieux redémarrer ensuite. Les titres s’enchaînent sur ce même schéma : rage, puissance, silences, reprises, énergie. On pourrait presque dire que ça fait entrer en transe. En fait, c’est le cas !
À certains moments, l’aspect métallique indus et le timbre de la voix rappelle celle de Trent Reznor au meilleur du NIN. Plus précisément, à un titre efficace en termes de rage comme March Of The Pigs. Globalement, la puissance reste identique tout au long du live.
Puis le chanteur prépare un fût de percussion, descend de scène et le place dans le public pour mieux se déchaîner dessus. Même s’il est un peu bancal, l’effet est là. On a l’impression d’être au cœur du processus ou d’une tribu primitive en plein rituel d’initiation.
Plus tard, c’est une guitare qu’il va passer pour jouer sur d’autres sonorités.

Le tout est maîtrisé et orchestré. C’est dingue comme seulement 2 musiciens peuvent animer une salle, casser autant de nuques et briser des tympans. À la fin du set, le public semble sonné dans le bon sens du terme. L’indus, les percussions puissantes, le jeu scénique, les accélérations de rythmes, tout rend MOAAN EXIS absolument efficace. C’est une claque. Un coup de poing. Une belle découverte !

Entre deux groupes, la musique reggae du Hangar devrait peut-être remettre les compteurs à zéro niveau apaisement (ou pas).

Setlist :
Hypervigilence
Alone together
Blind
Street rage
Postmodern therapy
Overwatching chaos
Momentum
Duality
Necessary violence
Transcendence
Coercion
Divine automation

VIOLENCE

Au tour d’un autre groupe conceptuel de s’exprimer.
VIOLENCE a été créé récemment par 2 musiciens : Niveau Zero ( issu du monde électro indus, dub step ) et Fabio Meschini (à la guitare ancien de L’Esprit du Clan et As They Burn). Ils sont 3 sur scène avec le batteur Morgan Sansous (Henker), Quand débarque en screamant (John) un 4e totalement looké en Black Bloc : capuche noire, sac à dos noir, masque anti lacrymo noir, baskets noire, etc. C’est impressionnant. C’est radical ! On ne va pas se mentir : ça en jette !

D’autant que les lumières ne sont pas en reste. Les faisceaux blancs, tels des hélicoptères stationnaires au-dessus de nos têtes, participent à créer une atmosphère de guérilla urbaine. Aux premières notes, on a envie de lever le poing plutôt que les cornes. Une rage, phénoménale, se diffuse depuis la scène et atteint le public subjugué (c’est mon cas) .
Le rythme, ici, s’éloigne du blast beat pour entrer dans une lenteur percutante. C’est très lourd avec la basse marquée. Et les lumières stroboscopiques donnent un effet presque hypnotique. Les samples façons alarme, mêlés à la voix hurlée, renforce l’aspect d’urgence, d’apocalypse.

L’insurrection se joue de façon « fictionnelle »: il n’y aura aucun flic pour faire des bavures sur les révoltés parmi le public ou les musiciens. Il n’y aura pas de lacrymogènes, pas de cocktails molotov, pas de slogans enragés. Et pourtant si ! Il y aura tout cela ! Mais dans les samples, dans le blast beat de la batterie, dans la voix du chanteur et dans les paroles. Cette hargne anti système peut se défouler ici, sur scène : elle a un auditoire. Qu’on ait l’âme révolutionnaire ou pas, on ne peut pas être insensible à l’intensité déversée par les décibels de Violence.
VIOLENCE se veut être un témoignage musical du monde violent actuel.
Pour autant, il me semble, que le véritable message de Violence, qui évoque nos “démocraties à bout de souffle”, tout politique qu’il apparaît, est bien artistique. En effet, dans une salle de concert c’est forcément cathartique. Une ode musicale à l’insurrection ne peut être qu’un sain défouloir. C’est mon avis. Et j’en profite. Pour moi, c’est jubilatoire.
Seul bémol : le show ne dure que 35 min en attendant que le nombre de titres s’étoffent.
Pas grave, c’est court mais violemment intense ! Le public l’a bien saisi. L’auditoire était bien agité durant tout le set. Et les cris et les applaudissements nourris ne laissent aucun doute sur l’appréciation globale.
Hâte de les revoir à l’empreinte le 9 décembre !

Setlist :
The Rising
Behind Masks
Engine
I Met the Devil
My Fate
Wolves
Violence Will Not Save You
The Poison and the Cure

As They Burn

Revoir As they burn était l’objectif de la soirée. Ce groupe de Deathcore/metalcore/death metal (difficile de trancher, les experts sont toujours sur le sujet), s’est réformé depuis 2022 avec un nouveau line up (guitare) et tourne beaucoup. Ce vendredi 13 octobre ils étaient au Hangar et bientôt nous pourrons les retrouver pour le concert d’adieu de Betraying the Martyrs avec qui ils avaient déjà tourné il y a 7 ans (et au File7 l’année dernière avec Atlantis Chronicles)

Les fans de la première heure sont parmi le public : T-shirts ATB, paroles chantées syncro avec Kévin, head-bandage déchaînés, et cris enthousiastes entre chaque morceau. Et des titres des débuts il y en aura !
Les Pentagrammes stylisés du groupe balisent la scène. Au milieu, la batterie de Milton rutilante va bientôt subir la violence du rythme deathcore.
Le nouveau guitariste, Luigi sera souvent sur la gauche et Ronald, toujours vêtu en basketteur New-Yorkais, occupera la droite de la scène. Au milieu, Kévin hurlera le plus souvent en appuyant sur la marche ou les amplis.
Le set démarre sur les chapeaux de roue avec un Best de 2013 : Medecine 2.0 envoie du gros, du lourd entrecoupés de riffs mélodiques comme savent si bien le faire ATB.
Le nouveau morceau Unable To Connect sorti l’année dernière prend la suite.
L’ensemble du set fera la part belle aux anciens titres essentiellement issus de l’album Will, Love, Life.
Il y aura également du très ancien : Philosophical Research Society provenant de Aeon’s war (2011) et vers la fin de show, A New Area From Our Plagues avec le titre éponyme. Morceau très death metal plus que core. Un régal.
L’occasion de comparer le growl du chanteur Kévin Traore, toujours aussi caverneux et rageux sinon davantage.
De la bière bien visqueuse s’est répandue sur le sol du Hangar de manière si importante qu’il est impossible d’entamer tout circle pit sans risquer de glisser. Le public s’est reculé au fond et sur les côtés. Quel dommage, l’ambiance en pâtira légèrement.

Mais ATB est définitivement un groupe Live. Ils dégagent une sacrée énergie, très communicative. Le charisme du chanteur emporte l’adhésion. La basse quant à elle est toujours autant marquée, appuyant la lourdeur avec délice. Quel régal sur Sons de Shiva !
Hâte de réitérer une fois de plus l’immersion dans leur univers avec la date au Trabendo l’année prochaine lors du concert d’adieu de Betraying the Martyrs.

Kevin Traoré frontman, Ronald Pastor à la basse, Milton Bakech à la batterie et Luigi Marletta à la guitare

Setlist :
Medecine 2.0
Unable to connect
Philosophical Research Society
Monster
Origin
When everything
Frozen vision
F.R.E.A.K.S
New Aera From Our Plagues
Ego Death
Sons of Shiva

Maïa (instagram)

2 commentaires sur « 13 octobre 2023 : Moaan Exis, Violence et As they burn au Hangar à Ivry »

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