Premier contact : sur une pochette bleue, un kid (une fille) tire sur son tee-shirt sérigraphié » Stuck in The Sound » en regardant ses pieds. Puis, le disque dans la platine, un premier titre » intro » retient d’emblée l’attention, livrant cette pépite qu’est la voix magnifique de José, sous-mixée comme pour mieux aiguiser l’appétit.
On entre dans le vif du sujet avec » Ouais « , qui ouvre les vannes et laisse déferler l’ambition d’un groupe qui n’hésite pas à défier les radios en s’offrant le luxe d’un single à la construction atypique. La voix, libérée, passe au premier plan. Passé un banal » Utah « , « Shoot Shoot » enfonce le clou, promesse d’une salle de concert comme toujours conquise, sautant à l’unisson en criant. On voit la scène comme si on y était (d’ailleurs, on y était), mais sans quitter le disque, il faut le dire encore : c’est à nouveau la voix qui frappe et enthousiasme.
C’est l’enchaînement de » Teen Tale « , et « Playback A.L. » – sans doute le plus beau titre de l’album – qui finit par emporter les dernières résistances : la voix, toujours. Cette voix que José utilise comme un instrument et dont les modulations, complices des guitares, prennent les accents fragiles et parfois déchirés d’une adolescence dont ce Shoegazing Kids s’est fait ambassadeur.
» Adolescence « , le mot donne à l’album tout son sens. A ce stade, il faut arrêter l’énumération pour se laisser porter. Thèmes, rythmes, tout est cohérent. A l’image des kids au quotidien bouleversé, l’album se fait tour à tour euphorique ou sombre, mélancolique ou agressif (impressionnant » Gore Machine » qui flirte avec le métal), sérieux ou léger. Il en est de même pour la structure des titres qui, si elle ne colle pas aux formats imposés, colle en revanche parfaitement au propos. Après tout, cette sorte de dispersion n’est-elle pas typique d’une jeunesse affirmant crânement sa fraîcheur ? Si on ne risque pas maintenant, alors quand ?
Intense, généreux, énergique, émouvant, l’album fait mouche, nous touche comme un reflet de nous même, tant, qu’il nous reste finalement peu de choix : si l’on résiste à l’identification, on ne pourra, au minimum, que l’accueillir avec une irrésistible tendresse, guitare soûlante et basse un peu lourdingue comprises. Car d’écoute en écoute, et peut être justement grâce / à cause de leurs maladresses, les Stuck in The Sound seront devenus un ami, un frère, un neveu et en tout cas, un proche auquel on pardonnerait tout. » Where is love ? / I wrote in my hand / It fade away « ..
Les Stuck in The Sound, qui chantent l’éphémère, sont bien partis pour durer.
Isatagada