A l’occasion de la Nuit Parisienne 2 le 29 Novembre 2006, rencontre avec David du groupe Tétard
Hexalive : Avant la sortie du troisième album, quel bilan fais tu des deux premiers (12 Pures Chansons / Mes Dix Doigts) ?
David TETARD : Houlà direct grosse question !!! Le premier était une bonne surprise, j’ai eu de bonnes critiques et je ne m’attendais pas à çà.
Grâce à çà, on a pu faire le deuxième et signer avec un petit label indépendant mais on n’a pas obtenu les résultats qu’on voulait…Tout ça nous a quand même permis de former un groupe, de donner naissance à Tétard, et de faire ce qu’on fait aujourd’hui, d’être tous les cinq.
Quand on est sur scène, même si on préfère défendre les nouvelles chansons, c’est toujours super agréable de rejouer les anciennes, çà permet d’avoir un répertoire qui s’étoffe et aussi de voir les différences et les ressemblances entre les dernières et les premières chansons.
Donc non, pas trop de bilan, à part qu’on a grandi, que j’ai rencontré des gens et que malgré tout je reste surpris d’arriver à faire un troisième disque et d’en être content.
HL : A propos de l’évolution du groupe justement, tu étais tout seul sur le premier album, vous étiez trois sur le deuxième et maintenant cinq, c’est quelque chose qui s’est imposé au fur à mesure ?
DT : Non moi j’ai toujours voulu jouer avec un groupe. Dans le premier disque il y avait basse, batterie, guitare, clavier déjà, donc pour moi la formation de base c’est çà.
Mais après entre mettre une annonce dans un magazine pour rencontrer ces gens là et les rencontrer dans la vie de tous les jours, çà fait une différence. On a déjà eu d’autres gens qui sont venus jouer avec Tétard. Aujourd’hui on est cinq, mais il y a eu un autre bassiste, un autre batteur, d’autres guitaristes. Pour l’instant cette formation j’espère de tout mon cœur qu’elle restera comme çà. D’ailleurs c’est la première fois que les gens qui participent à l’album sont sur scène aussi. Pierrot et Gérard avaient fait le deuxième avec moi, mais Matthieu n’avait pas joué dessus et Anna n’avait chanté qu’une chanson.
HL : Tu es le seul dans le groupe à écrire les textes ?
DT : Oui mais il faut savoir qu’Anna est une auteur et que dans le deuxième album on avait coécrit une chanson ensemble. Là il se trouve que les choses se sont faites un peu tardivement, mais les textes çà ne doit pas être forcement qu’à moi de les écrire.
HL : Justement dans cet album il y a une chanson entièrement chanté par Anna, est ce que ça change ta façon d’écrire quand c’est une fille qui chante ?
DT : Non en fait la chanson je l’avais écrite pour moi. On a enregistré avec les Louises et c’est eux qui m’ont dit que ce serait bien qu’Anna la chante. C’est un des nombreux conseils qu’ils m’ont donné. Ce constat est venu du fait qu’à part deux ou trois exceptions, mes textes peuvent très bien être dis par une fille même si çà peut paraître bizarre. Je ne m’en étais jamais rendu compte, c’est Robin qui m’a dit un jour de relire mes textes et je me suis rendu compte que dans la bouche d’une fille ils avaient une autre pertinence, un autre sens.
Il y a rarement des mots très masculins ou des tournures qui ne pourraient être dis par une fille. Donc pour la chanson « On verra bien demain », que ce soit Anna qui la chante lui donne une autre dimension, une autre signification et c’est assez rigolo.
HL : Parles nous du troisième album alors, est ce qu’il y a des surprises, des changements ?
DT : La surprise, c’est que les Louises nous ont aidé à le réaliser et ils ont réussi à faire un truc de dingue. Gaétan et Robin sont venus avec tout leur potentiel, avec quelque chose qu’on n’avait pas.
En plus maintenant c’est Matthieu qui joue alors qu’avant c’était Philippe le guitariste des Wampas qui faisait les guitares, donc cette fois ci on a vraiment tout joué nous même. Pierrot et Gérard se sont encore plus approprié les choses, il y a des petits passages disco, le basse/batterie est beaucoup plus rodé. Anna chante sur 50% des titres, elle chante une chanson toute seule, on chante deux chansons à deux, donc il y a vraiment l’apparition d’une voix féminine avec beaucoup de choeurs.
On disait que le premier était un peu bricolo/acoustique, le deuxième électrique, on aimerait bien que les gens disent que celui-ci est pop., on a un peu rangé les guitares électriques qui font du bruit au placard.
Et puis il y a plein d’autres surprises : le guitariste de Luke fait une petite participation, le chanteur accordéoniste des Têtes Raides est venu faire de l’accordéon sur un titre et tout çà c’est vraiment grâce aux Louises. Un de nos amis, David, fait une trompette, on entend la voix de Gaétan, la basse de Robin…
Ca reste vraiment du Tétard, parce que l’album c’est un 12 titres, il fait 30 minutes comme les anciens et le sujet reste un peu le même, c’est-à-dire que je parle toujours à une fille, mais on a essayé de faire des chansons différentes, plus aérées, mois compactes, moins énervées que sur le précédent.
HL : Et il a un nom cet album ?
DT : Pas encore. Il y a des discussions, ce sera selon les titres des chansons. Au début j’aurais bien mis « Faudra faire avec » car au bout de trois albums on n’est toujours pas des stars et c’est pas normal, donc Faudra faire avec Tétard ! Mais en même temps çà fait un peu défaitiste !
Certains voudraient « Suivant le Vent », d’autres « Le Grain de Beauté »…On verra. Pour l’instant il n’y a pas encore de pochette, pas encore de nom et on est en recherche de label.
HL : Donc pas encore de date de sortie.
DT : Si normalement avril 2007, c’est ce qu’on s’est fixé.
HL : Cette année vous avez fait pas mal de première partie avec Louise Attaque, çà ne doit pas être toujours évident de faire des grosses scènes où vous n’êtes pas attendus.
DT : Ah non c’est mieux que de faire des petites scènes, justement ce soir à Bercy on est sur la petite scène et çà fait presque bizarre de se retrouver là !
J’ai pas fait beaucoup de première partie mais avec les Louises on s’est jamais pris le bouillon et çà se retranscris par ce que tu ressens sur scène, par le nombre de disques que tu vends à la sortie du concert, par le nombre de mails que tu reçois après…faire un concert avec les Louises c’est unique!
HL : Est-ce que tu gardes un souvenir en particulier de ces concerts ?
DT : Des milliers, plein…par exemple dernièrement on a été à Montpellier et j’te jure j’ai cru qu’on était…David Bowie, c’était un truc de fou !!! On est arrivé, la salle était conquise, on a fini le concert avec les gens les mains en l’air qui faisaient une espèce de ola, j’avais jamais vu çà….En plus ils te font pas jouer pendant que le public rentre, ils attendent que les gens soient installés, le plus souvent ils te présentent, ils font en sorte que tu fasses un vrai concert. Il y a des artistes qui peuvent te mettre derrière un rideau, qui ne veulent pas que tu viennes avec tes musiciens parce qu’il ne faut pas changer leur scène, on m’a déjà fait des trucs comme çà.
Non les Louises ils te la font royale, t’apprends ton métier, t’as vraiment un avant goût de ce que c’est que d’être professionnel.
Et çà va encore plus loin, ils te prêtent leur camion, çà devient du personnel et c’est comme çà qu’on s’est retrouvé à faire de la musique ensemble. Au début en 1997 j’allais à leurs concerts mais je ne les connaissais pas, çà a été un processus long mais finalement assez naturel aussi.
HL : A chaque fois que je vous ai vu sur scène, les chansons étaient différentes de la version album, les chansons ont-elles une deuxième vie sur scène ?
DT : Il y a des trucs qui font que tu ne peux pas toujours jouer tes morceaux sur l’album comme sur scène. Par exemple « T’Arracher un Cheveu », la faire durer 5 minutes sur un album, j’vois pas l’intérêt, alors que sur scène on peut se permettre de faire des solos de basse ou d’autres choses.
J’ai compris que si les gens viennent te voir, c’est quand même pour le spectacle…Je ne veux pas avoir de décor mais j’ai envie de m’amuser et d’éclater les gens aussi, donc on cherche à faire des choses à ce niveau là, à faire des breaks…Il y a des morceaux qu’on joue vraiment pareil que sur le disque, mais pour certains c’est un vrai plaisir de les aménager un petit peu, soit parce que pour la scène c’est bien, soit parce que pour le disque çà aurait pas été possible de le faire. Par exemple pour « Le Silence et la Pause », une de nos nouvelles chansons, il y a un chœur et plein de choses qui partent en même temps et techniquement sur disque c’était possible de le faire comme çà, parce que tu fais ta guitare, après tu fais le chœur…mais sur scène c’est beaucoup plus difficile, donc moi je pars, puis c’est au tour de Pierrot, c’est un aménagement fait pour la scène.
Parfois il y a des aménagements plus techniques ou plus pour l’éclate et le fun, comme demander à Pierrot de faire un solo de basse ou à Gérard de faire un petit truc à la batterie, çà reste intéressant.
HL : Le groupe a une page sur Myspace, que penses tu de ces nouveaux moyens de communication pour se faire connaître?
DT : Myspace c’est bien, par exemple ce soir j’ai invité une cinquantaine de personnes via ce site, çà permet de faire des choses…Mais faut pas se méprendre, quand tu ouvres çà on te propose plein de groupes comme dans un magazine, c’est une machine à beuze, plus ou moins contrôlée et j’en connais pas encore tous les tenants et aboutissants.
C’est sympa, c’est comme un espèce de flyer que tu envois. Pour certains groupes qui ont des par exemple des vidéos à montrer ce site peut être vraiment intéressant Mais nous les gens on les attrape au fur et à mesure, c’est une vrai rencontre qu’ils font avec nous.
En plus, quand j’ouvre Myspace on me propose des artistes qui sont déjà souvent signés par des maisons de disque et çà fait un peu bizarre
HL : Après Bercy il y a de prochaines dates prévues ?
DT : Non malheureusement ce soir c’est la dernière de la tournée de « Mes Dix Doigts ». L’album est sorti il y a un an et demi et à un moment il faut bien se dire que tout a une fin, qu’il y a des cycles. Bizarrement on a commencé aux « Nuits Parisiennes 1 » en même temps que les Louises, on fini en même temps qu’eux, on a fait pas mal de dates avec…Dans ma tête c’est la fin ce soir de « Mes Dix Doigts » et si on fait des dates entre temps ce sera des petites dates, car maintenant on travaille pour le troisième album. Il faut impérativement trouver un tourneur qui puisse nous faire tourner, pas un qui te trouve 3 dates !
HL : Et de tes dix doigts, alors lequel tu préfères ?
DT : On m’a souvent dis que je n’écrivais que des chansons d’amour, mais si on lis bien le texte de « Mes Dix Doigts », c’est plus sur un mec qui se pose des questions sur la société et sur son devenir. Moi en tant que musicien qui ne gagne pas sa vie, je ne suis qu’on oisif finalement…Le jour où tu gagnes ta vie, t’as ta place dans la société et moi pour l’instant je ne l’ai pas. Cette chanson c’était une façon de répondre aux gens qui me demandent ce que je fais. Quand je dis « est ce que tu m’oublieras, si je me perds », çà veut dire que peut être un jour Tétard disparaîtra aussi vite que c’est venu. C’est plus une chanson sur une intériorisation, sur ce que je fais musicalement, sur notre place dans la société.
Sinon mon doigt préféré çà dépend des fois, pour faire du stop c’est le pouce…çà dépend de l’utilisation quoi ! Si c’est pour désigner quelqu’un évidemment c’est le majeur… !
Et puis sur l’album çà dépend des jours…J’adore la chanson que je chante avec Anna, sur scène jouer « T’Arracher un Cheveu » c’est un vrai plaisir, « Mes Dix Doigts », « Les Sentiments »…après il y a des chansons, c’est pas que tu les regrettes mais…Justement maintenant qu’on a un vrai répertoire, çà nous permet sur scène de ne jouer que les chansons qu’on a envie de faire, c’est çà qu’est bien
HL : Une dernière petite chose à ajouter ?
DT : Oui je voulais dire à ma mère que je l’aime vraiment beaucoup…maman je t’aime !
Interview réalisée par Priscilla
Crédit photo : Maya – http://maya.uing.net/