Sunday Matinee

Aujourd’hui est un jour particulier pour Jay Sunday, alias Sunday Matinee. En effet, ce 19 janvier marque la sortie de son nouvel EP, « TAKING SHELTER », fruit de quelques années de réflexion, de doutes et de travail. Cet EP fait suite à un premier album « We might as well be together » sorti il y a 4 ans déjà.

A cette occasion, je me suis entretenu avec Jay pour vous faire découvrir cet artisan de la musique, son histoire, sa façon d’écrire, de composer, et aussi son regard sur le monde qui nous entoure. Un entretien fleuve qui brasse large, tout en sincérité et en pudeur, où Jay n’osera pas nous avouer qu’un chroniqueur d’Hexalive a une photo de lui dans ses WC.

Crédit : Sunday Matinee

Salut Jay, quel est ton état d’esprit à l’approche de la sortie de ton nouvel EP, “Taking Shelter” ? 

Je suis content parce que c’est un projet que je porte depuis un certain temps. L’écriture a commencé il y a 3 ans.  On n’en a peut-être pas conscience mais tous les artistes ne travaillent pas avec la même vitesse, et ces 3 nouveaux morceaux ont eu besoin de maturer. Revenir dessus, prendre le temps, pour en être suffisamment content afin de les sortir, le processus est assez long.  

D’une certaine façon, le fait que cette EP ne soit pas sorti, ça bouchait aussi un peu mon horizon. Et là, le fait qu’ils sortent, ça m’a débloqué pour commencer à écrire d’autres morceaux pour la suite. 

A t’entendre, on peut donc s’attendre à voir le successeur de ton premier album “We might as well be together”, sorti en 2019, débarquer prochainement ?    

Avec cet EP, une nouvelle période artistique s’ouvre pour moi. Donc est-ce qu’il y aura rapidement un nouvel album, je ne peux pas te dire encore, mais en tout cas, artistiquement, s’il doit y en avoir un, il sera dans la même veine que « Taking Shelter”.   

On ne peut donc pas considérer “Taking Shelter” comme une œuvre inscrite dans la continuité de ton premier album ?  

Tout à fait ! “We might as well be together” regroupe des morceaux écrits à différentes périodes de ma vie, et qui est l’accomplissement de dizaines d’années de débuts dans la musique. J’ai réalisé en complément un roman graphique, “Hors de Portée” avec l’aide de mon illustrateur Eyon Patrick qui est une sorte d’enquête à la recherche d’un auteur disparu. Cela m’a permis de tourner la page de ce chapitre de ma vie.  

Aujourd’hui, je suis dans une nouvelle période de ma vie personnelle, dans une nouvelle période artistique aussi et le nouvel EP cadre avec ce nouveau départ.  J’ai de nouvelles envies, adopté une nouvelle façon d’écrire.  

L’écriture de ce nouvel EP a débuté en pleine pandémie, dans un contexte difficile et anxiogène pour beaucoup de personnes.  Est-ce que cela a eu une influence sur son écriture ?  

Personne n’a vécu le COVID de la même façon. Pour moi cela a été une sorte de parenthèse enchantée, où en restant enfermé, j’ai eu du temps pour me recentrer sur moi, de reconsidérer mes envies. Même si le fait de ne pas voir mes amis, mes proches, a été difficile, cela a été une période que j’ai plutôt bien vécue.  

Néanmoins, je ne trouve pas personnellement la période actuelle beaucoup plus positive qu’en 2020.  Je suis assez inquiet autour du climat ambiant, sur l’état du monde et plus globalement sur la société actuelle et son devenir.  Je ne suis pas très optimiste pour l’avenir, il y a une énergie un peu noire et cela a infusé sur les sujets de mes textes 

Justement, quels termes abordes-tu sur cet EP ?  

Le fait d’avoir choisi “Taking Shelter” comme titre de l’EP n’est pas anodin. C’est aussi le premier morceau du disque. Dans cette chanson, il y a une notion d’abri, de se retrouver dans un cercle de proches auprès desquels on va trouver du réconfort, du soutien.  Ces proches avec qui nous nous serrons les coudes face aux difficultés.  

Les 2 autres morceaux ont des textes un peu plus intimes. Sur “Everyday” j’évoque le poids que l’on porte sur soi au fur et à mesure de notre existence. Ce poids qui nous alourdit de souvenirs positifs ou négatifs. J’essaie d’inviter l’auditeur à oublier ce poids afin de pouvoir se réinventer.  

Enfin, sur “The start of something”, il y a une notion de recommencement, de nouveau départ. On se regroupe avec notre cercle intime et on repart de l’avant, on se réinvente.   

Tu es un artiste francophone et tu chantes en anglais. Est-ce délibéré ?  

Oui tout à fait. J’ai baigné dans la musique anglophone depuis que j’ai découvert la musique, lors de mon adolescence, à une période où j’ai commencé à en écouter beaucoup, en particulier du rock et du métal. L’anglais est une langue que j’aime beaucoup et que je pratique beaucoup encore aujourd’hui.  

Pour la petite histoire, je suis bilingue en néerlandais. Ma mère est néerlandophone, sa langue maternelle est le flamand. Donc j’ai toujours baigné dans 2 langues et ça m’a donné des facilités pour apprendre d’autres langues. 

Il y a également une facilité pour moi à écrire en anglais, parce que cela me permet de me distancer de ma langue maternelle, le français. C’est comme si je faisais parler quelqu’un d’autre pour aborder des thèmes qui ne sont pas toujours faciles. Je trouve qu’il est difficile d’écrire en français de beaux textes qui sonnent bien. J’y travaille, en collaborant avec Two Faced Animal, dont je suis également le producteur, où on coécrit les textes qui sont à la fois en français et en anglais.  

Tu es autodidacte, producteur mais également musicien dans un cover band de rock n’roll, Bläck Cöver pour ne pas le nommer. Le fait d’avoir toutes ces casquettes, qu’est-ce que cela t’apporte ?  

Ta question est intéressante parce que c’est un peu à la fois la joie et le problème de ma vie. J’aime faire énormément de choses différentes. 

Alors je ne sais plus qui a dit ça, que le 21e siècle serait le siècle des Léonard de Vinci. Je ne me compare pas du tout à lui, mais je me reconnais dans ce portrait d’un artiste qui touche à tout et qui arrive à mêler les disciplines.  

J’aime toutes les formes d’art. Tout m’intéresse mais je ne suis jamais expert en quelque chose, donc je me débrouille dans tout. Ce qui me permet de faire plein de choses par moi-même et donc de m’exprimer dans plein de directions différentes. 

Tout ceci m’apporte des satisfactions diverses. Jouer des reprises c’est un bonheur qui est beaucoup plus immédiat que l’écriture.  On part de quelque chose, ça va assez vite pour monter un morceau, le faire sonner, s’amuser avec et pouvoir le jouer devant des gens qui le connaissent déjà et qui vont du coup réagir intensément. 

Ce n’est pas l’expression de sa propre intimité non plus. Donc à côté de ça, écrire des morceaux c’est aller puiser au fond de soi. Prendre le temps de s’exprimer, de le formuler, ça donne un autre style de satisfaction, moins immédiate.  

Enfin, produire un artiste, ça mettre les compétences durement acquises au service de quelqu’un d’autre. Ca m’apporte la satisfaction de rendre possible l’œuvre d’un autre artiste. C’est un plaisir encore différent.  

Comment définirais-tu le style musical de Sunday Matinee ? Pop, rock, hybride ?  

Je ne sais pas ! Sur le premier album, on est sur la résultante des influences de ma jeunesse musicale. Du métal, du rock, de la pop. 

Taking Shelter” est dans une veine assez différente. Dans le sens où c’est à la fois quelque chose de plus riche dans les harmonies. On retrouve plus de sonorités synthétiques, électroniques où vont se mêler un piano, de la guitare sèche, de la voix à des instruments acoustiques. On a une identité musicale qui est assez différente. 

Mettre une étiquette est difficile parce que quand on essaie de promouvoir sa musique, il faut donner la case dans laquelle on est.  Si je devais en choisir une je dirais Rock-Métal-Jazz-Alternatif-Indus, ce qui peut faire sourire ! 

As-tu envisagé de présenter cet EP en live ? 

Je vais peut-être essayer de monter une date sur Paris dans les prochains mois. L’exercice est délicat car j’ai composé et enregistré presque tout seul cet EP. J’ai été accompagné par Franck Diagana qui a réalisé le solo de saxophone sur “Everyday” et par Loca qui a posé sa voix sur “The start of something”.  

Se pose la question de comment tu arrives à rendre en live des chansons où il y a tellement de sonorités différentes et d’instruments utilisés pour les enregistrer. On va travailler à adapter les morceaux avec un setup plus resserré pour rendre possible le live parce que je n’ai pas envie de jouer avec des bandes. C’est quelque chose que je n’aime pas et qui crée un stress.  

Ce que j’aime quand je vois des artistes en concert, c’est de voir des gens qui s’éclatent. Et c’est ça que j’essaie de faire et de projeter quand je suis sur scène, c’est de donner de l’énergie aux gens et pour moi, il faut qu’on soit libre sans être contraint par le suivi du rythme imposé par les bandes.  

Crédit : Sunday Matinee

De plus en plus d’artistes utilisent ou commencent à utiliser l’intelligence artificielle dans leurs compositions. Qu’est-ce que cela t’inspire ?  

C’est une très vaste question. On est encore aux balbutiements de l’utilisation de l’IA. Il y a débat entre ceux qui ont peur que cela les remplace et d’autres qui au contraire voient un nouveau champ de possibles s’offrir à eux.  

Personnellement je ne me vois pas demander à l’IA, dans un process créatif, d’écrire un texte de chanson. Je suis un artisan de la musique. Je pense que ceci doit venir d’au plus profond de toi. Si on part d’un truc prémâché, que l’on va adapter, on perd tout le chemin qui nous a amené à avoir le contenu initial. Avec l’IA, j’ai la conviction que c’est compliqué de faire de l’art intime et vraiment sincère.  

Est-ce que pour toi, être musicien, c’est une addiction positive ?  

Absolument, dans le sens où ça ne te fait pas de mal, ça ne te détruit pas, même si cela prend le dessus par moments sur ta vie sociale.  

Être musicien, c’est un bon truc pour exorciser beaucoup de choses. Il y avait beaucoup d’émotions difficilement gérables dans ma vie. Il fallait que ça sorte d’une certaine façon. Donc la musique, c’est une super catharsis, qui permet d’aller mieux, je pense. Et cela vaut aussi pour celui qui écoute de la musique. Donc écoutez Sunday Matinee et vous irez mieux !! 

Cela pourrait être un slogan pour toi. Qu’as-tu envie de dire aux personnes qui te découvrent et qui vont écouter cet EP ?  

Si je devais inventer un slogan là tout de suite, je dirais… « Vous n’entendrez pas ça ailleurs » !! C’est un mélange de sonorités assez original. Il y a du rock, du métal, du free jazz, vous allez pouvoir bouger la tête par moments. Il y a une atmosphère, une texture, que vous pouvez retrouver dans les musiques de films.  

Et c’est puissant, car vous allez prendre un grand flot d’émotions dans la gueule. Et puis, je l’espère, peut-être que cela vous touchera au plus profond, que vous irez écouter mon premier album, et que vous vous laisserez embarquer dans mon univers d’artiste et d’homme.  Et que vous reviendrez sur « Taking Shelter » quand il ressortira prochainement en format Dolby Atmos. 

La musique indé, les petits artistes, ce sont des gens justement qui font ça par passion parce que parce qu’ils ont absolument un truc à dire, qu’ils veulent absolument s’exprimer au travers de la musique. Et donc bah ouais on va y trouver des choses très sincères je pense. 

Et j’en profite pour remercier Hexalive de mettre en avant et de s’intéresser aussi à des petits artistes pour montrer et faire vivre la diversité musicale ! 

Pour écouter Sunday Matinee ==> https://linktr.ee/sundaymatineemusic 

Spehis

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