Shaârghot au Mauges Pit Fest

Entretien avec Etienne B. et Bruno K. de Shaârghot

Etienne, étant à l’origine du projet, comment t’est venue l’idée « Shaârghot » ?

EB) De 2013 jusqu’à aujourd’hui ? 
Ok, j’essaie de résumer. À la base je voulais juste faire un projet qui mêlait principalement de l’électro et du métal. J’étais un grand fan de musique industrielle, mais je ne trouvais pas forcément beaucoup de choses qui mêlaient vraiment ce côté très violent et martial avec l’électro. Du coup, vu que personne ne le faisait et que je m’ennuyais, j’ai décidé de le faire moi-même.
A la base, le projet devait être composé juste de deux personnes : quelqu’un à la guitare et moi à la batterie. A force de composer la musique, en fait j’entendais des voix dessus et je me suis décidé à passer le cap et à faire du chant. Je savais que je chantais juste, donc je me suis enfermé dans une salle et j’ai commencé à gueuler pendant 1h. J’ai craché du sang et je me suis dit : ok on tient peut-être quelque chose. Et 10 ans plus tard nous voilà.

Le personnage Shaârghot, tu l’as créé comment ?

EB) Shaârghot est un avatar que j’ai créé il y a très longtemps, avant même le groupe. C’est une espèce d’alter ego qui n’avait pas vraiment de forme à l’époque, et que j’ai fini de murir avec ce projet. Je voulais faire quelque chose de cyberpunk industriel façon Mad Max, et j’ai commencé à lui donner une vraie identité. Ce n’est qu’à partir de 2014 que j’ai eu une vraie idée de ce à quoi la chose allait ressembler. Je me suis dit ok, cette chose que j’imagine depuis longtemps c’est ça et ça ne sera pas autre chose. J’incarne ce rôle depuis 8 ans.

Et toi Bruno en quelle année es-tu arrivé dans le projet ?

BK) Moi je suis arrivé il y a 8/9 ans.
EB) Techniquement tu es arrivé en 2014. 
BK) Oui, en 2014 c’est ça.  
EB) C’était pendant les électrochocs où je t’avais contacté en 2013, et on s’était donné rendez-vous début 2014 pour discuter de tout ça. 

Et Shaârghot est né ! 

EB) Oui, c’est ça. Mais le premier membre à avoir rejoint l’affaire, c’était Olivier le batteur. Ensuite, c’était Bruno. 
BK) 15 jours d’intervalle entre Olivier et moi ? 
EB) Oui, quelque chose comme ça.

Et après Clémence est arrivée

EB) Clémence est arrivée presque 2 ans après, elle a kiffé le projet et elle a commencé à faire un peu de technique, un peu de road pour nous. Et puis j’ai eu besoin de faire un remix à un moment. Je suis allée chez elle, car je savais qu’elle avait du matos. Je lui ai proposée qu’on fasse ce « truc » ensemble. Ça a matché, et pour le coup elle a pris la place qui restait à pourvoir depuis un moment : le poste de bassiste. Parce que je me disais : c’est bien, mais il manquait un peu de ciment. 
BK) Elle a aussi amené toute la partie sample, électro du groupe.

Je vous ai connu un petit peu avant la prowler du hellfest en 2019. Après, il y a eu la « temple » pendant le festival de cette même année. Est-ce que c’est là le départ médiatique de Shaârghot ?

EB) Pas tout à fait. Disons que le Hellfest n’a fait que renforcer cet aspect. Mais il y avait déjà un intérêt qui s’était créé autour du groupe grâce à ces visuels. En fait les gens ne savaient pas forcément qui on était, mais le visuel rendait les gens curieux et ils avaient déjà commencé à se renseigner sur le groupe.  
BK) Depuis le départ jusqu’à la temple c’était du développement. Cette date-là, c’était l’affirmation d’une formation sur scène qui avait acquis pas mal d’expérience. Et finalement, à partir de là on a commencé à s’affirmer, et à avoir plus de contrats. 

Vous avez franchi un palier ?

EB) C’est ça. 
BK) Oui, c’est la conclusion du travail qui a été fait pendant toutes ces années avant. À partir de ce moment-là, on a su qu’on pouvait remplir une temple à 11h00 et surtout la tenir.
EB) Ça a permis d’enclencher l’étape suivante.

Remplir la temple (+de 10000 personnes) à 11h00 le matin est-ce que vous l’auriez imaginé?

EB) Pour un groupe, se produire à cette heure-là et remplir la tente c’était juste un truc de fou. Moi j’étais parti sur genre 4000 grand max. Ouais, c’était fou. 
BK) C’est ce qui a permis de décrocher la tournée hellfest warm-up de 2021 

Warm-up qui, COVID oblige, a été annulée. Là une parenthèse de 2 ans. Alors on fait quoi pendant 2 ans ? Comment on ressort de cette période-là ?

BK) J’ai refait ma salle de bain (rires) !
EB) Pendant 2 ans, je me suis mis à écrire tout le lord de Shaârghot. Ce que j’avais en tête, et que je n’ai jamais eu l’occasion de faire et de partager avec les fans. J’étais avec Lyandrah qui est illustratrice au sein du groupe et on a bossé dessus. 

Une sorte de bd ? 

EB) Non, plutôt des fiches explicatives résumant les différents lieux et contextes historiques, les différentes factions existantes au sein du groupe, et chaque personnage. En parallèle de ça, je me suis mis à écrire le court-métrage « Black wave« . On a pu commencer à tourner à partir du 3e confinement.

C’est long à écrire 20 minutes de clip ?

EB) C’est long, mais en même temps j’étais sur plusieurs projets, et on a fait aussi avec le temps la disponibilité des gens à l’époque.

Comment vous répartissez-vous la charge de travail ?

EB) Alors il y en a qui ne foutent rien, d’autres qui font tout : voilà (rires) !
BK) En fait, un groupe c’est comme une entreprise. Il y a les personnes extérieures qui peuvent intervenir et d’autres de l’intérieur qui sont mieux placées pour voir l’évolution d’un projet et voir où on veut l’emmener. Et naturellement, on s’est aperçu que la partie artistique c’est Étienne, et que la partie management, organisation et vie du groupe c’était plus pour moi. Je suis plus à l’aise sur cet aspect.

La création ?

EB) Toute la création, que ce soit les graphismes, les réseaux sociaux, les compos, les paroles, les visuels, la direction des clips tout ça… c’est moi qui planifie. Je fais à peu près tout là-dedans, et après je vois ça avec différentes personnes qui sont à certains postes. Après, tout ce qui va être organisation interne, management, concert… ça va passer entre les mains de Bruno.
BK) Voilà, on est dans une belle aventure, donc je dirais que Shaârghot c’est une base qui est vraiment attractive et que l’on veut voir se développer. 

C’est comme un bébé qu’on a envie de voir grandir.

BK) C’est clair, c’est très intéressant de voir jusqu’où on peut aller.

Bientôt un Nouvel album, déjà 3 extraits de dispo, ça t’a pris longtemps ? 

EB) Oui, ça a été assez long parce qu’en fait les premières compos ont commencées avant même le confinement. Ensuite je me suis coupé du processus créatif pour faire d’autres choses. Il y a eu un décalage de 2 ans entre les premiers et les derniers morceaux. C’est le moment aussi de l’apparition de Paul, le nouveau membre du groupe qui est aux percussions, à la guitare et aux machines. Il a participé à la création de plus de la moitié des nouveaux titres de l’album.

Il va donc y avoir 5eme personnage sur scène ?

EB) Exactement. Il officie dans le groupe depuis septembre de l’année dernière. Ça fait très longtemps qu’on se connaissait. D’ailleurs, pour la blague c’est le tout premier guitariste qui a été auditionné il y a plus de 10 ans de ça. Il s’est pointé et n’avait juste pas bossé. Du coup j’ai dit « c’est bien gentil mais en fait non (rire) ». Il était cool donc on est resté en contact, il nous a filé des coups de mains sur plein de trucs et il est toujours resté un peu dans le sillage du groupe. Finalement, comme Clémence, les gens donnent un coup de main et au bout d’un moment tu te dis : venez vous éclater avec nous. 

Moi j’ai trouvé les 3 premiers morceaux un petit peu plus métal, moins cyberpunk, un peu plus thrash. 

EB) Ha, tu as trouvé ? Ok, pour moi le dernier pourtant était largement plus cyberpunk que le reste. Alors après on a changé de production, on ne bosse plus avec les mêmes personnes. La personne qui travaille avec nous maintenant qui s’appelle Thibault Chaumont travaille principalement avec des groupes comme Perturbateur, Igor, ou Carpenter brut. Et dernièrement dans le milieu électro avec Sierra. C’est quelqu’un qui a une approche du son plus massive, plus propre et c’est quelque chose qu’on voulait, une direction qu’on voulait prendre. On voulait sortir du côté un peu garage punk massif, un peu brouillon.
BK) On voulait aller à l’essentiel sur ce 3e album. 

Enlever ce qui pouvait être superflu sur certains morceaux.

BK) Oui, et ce qui allait bien sur le 2e album, ne pouvait pas aller sur le 3e avec la vision qu’on en avait.
EB) Il fallait surtout gagner en précision, le grave était imprécis, certaines choses étaient un peu floues, il fallait éclaircir tout ça. Asseoir la base et avoir un son mieux défini. 

Et du coup c’est très efficace, car que dès le départ ça tape et puis on ne se perd pas dans plein de sonorités, on va à l’essentiel.

EB) C’est ça voilà, simple mais efficace. On n’est pas là pour prouver qu’on est des virtuoses de la musique, on est là pour faire quelque chose d’efficace, plus rentre-dedans. 
BK) Et c’est quelque chose d’un peu différent de ce qu’on avait l’habitude de faire.

Mais l’intérêt c’est aussi c’est que les gens s’amusent. 

EB) C’est vrai qu’une bonne majorité des musiques de Shaârghot trouvait leur intérêt sur le live. Et là, on voulait que les gens prennent autant plaisir à être en live qu’à écouter l’album donc on a changé ça. Et j’ai l’impression que pour le moment les retours sont plus que positifs sur les 3 premiers titres.

L’album comporte 13 titres, il en reste 10 la sortie est prévue pour quand ?

EB) Encore 2 titres à sortir, et après l’album sort le premier le 1er décembre. 

On en a parlé tout à l’heure, tu es un petit peu le couteau suisse du groupe, comment arrives-tu à tout gérer ?

EB) C’est simple je ne dors pas (rires) ! Il faut être Community manageur, gérer les graphismes, la composition, la fabrication des clips. J’ai envie de te dire il n’y a pas le choix. Si tu veux un groupe qui marche à l’heure actuelle, il faut être à plusieurs postes, tu ne peux pas être juste artiste point voilà. On est à une époque où il faut absolument toucher à tout, il faut être capable de maîtriser les réseaux sociaux, de parler aux gens. Même en ayant ça, pas certain que ton groupe marche parce qu’il y a 3 facteurs que je ne peux pas maîtriser. Déjà c’est la chance de commencer, le relationnel, et puis malheureusement la thune, et ça tu l’as ou tu ne l’as pas. Et nous on n’a pas ça mais on a on a les 2 autres. 

Vous avez fait plusieurs fois appel au crowdfunding ?

EB) Bien sûr, et là pour le coup on a quand même une communauté qui est vraiment surprenante. On a vendu le bidon de percussion qu’on avait depuis le début, on l’avait mis pour déconner genre vas-y 2000€ et un mec nous dit : banco je le prends. Je me dis, mais d’où un mec va acheter un bidon sur lequel on tape depuis nos débuts !!!

Quelles sont tes influences ?

EB) Je me suis mis à faire de la musique en écoutant Punish Yourself, c’est ce groupe-là principalement qui m’a influencé. Moi je vais reprendre un petit peu l’héritage musical et ce que j’ai appris de ces personnes-là. Puis je vais le prolonger parce qu’ils ont quand même ouvert une porte dans l’industriel et je compte bien continuer dans cette voie-là.

Mes influences grandissent d’année en année, quand je commence à écouter quelque chose je n’arrête plus. Je découvre toujours de nouveaux artistes que ce soit en dans la pop, dans le rap, dans l’électro. Je me nourris de ça : à chaque fois je les rajoute à ma base de données. Le ciment du groupe est principalement de l’électro industriel, du métal indus .Je ne cesserai jamais d’enrichir l’univers musical du groupe en prenant des trucs à gauche ou à droite. Certains morceaux vont être plus empreints de techno hardcore ou spy-trans, d’autres par exemple avec un petit côté néo-métal. 

Tous vos albums racontent une histoire, on est dans la continuité.

EB) Oui parce que ça se passe dans le même univers. Donc j’essaie de faire en sorte de créer une identité sonore. Il faut qu’au niveau de la sonorité tu sois capable de dire : ok ça c’est un morceau de Shaârghot au bout de quelques secondes. 

Du coup ça pourrait donner un film ? tu as déjà une histoire ?

EB) Au-delà d’un film, j’ai même commencé à écrire une série. Mais bon, ça fait partie de mes projets fous.

J’avais entendu dire que tu avais un bouquin qui était en préparation ?

EB) Oui, lui il est programmé pour la fin de l’année prochaine. La date reste à définir.

La petite question : hypothétiquement on peut se retrouver au hellfest en 2024 pour défendre ce nouvel album ?

EB) Tu penses bien que si j’avais la réponse, je ne pourrais pas te la donner. Mais oui, Shaârghot au Hellfest en 2024, l’idée serait plutôt plaisante.
BK) Oui, ça nous plairait de revenir y jouer, qui refuserait ?
EB) L’envie de jouer à un horaire plus tardif, afin que Shaârghot puisse proposer un show à la Shaârghot. J’ai plein d’idées. Affaire à suivre…………. !!!

Merci a vous de nous avoir accordé du temps bon concert

Interview par Jean Michel. O (Instagram) et Mechineau Johanna

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