Interview de Madam

Vendredi 17 mai, la flamme olympique était à Toulouse, mais l’événement du jour était plutôt au Métronum, où les filles de Madam organisaient la release party de leur album « Thanks for the Noise » (chronique à lire sur HexaLive).

A cette occasion, j’ai pu m’entretenir longuement avec elles, afin d’évoquer le concert du soir à la maison, la sortie de leur premier album, leur parcours et autres sujets à découvrir tout au long de l’interview.

Bonjour à toutes les 3, question toute simple pour débuter, comment ça va?  

Madam : Super ! Très très bien ! Tout va très bien.  

Gabbie Avec un peu de stress pour moi, pour ce soir.  

C’est à dire ?

Gabbie : Les “release party”, ce sont des soirées particulières. Nous ne sommes pas programmées par des programmateurs de salle ou de festival sur ce type d’événements. C’est nous qui organisons la soirée avec notre tourneur, c’est donc une pression différente. D’une part, parce que c’est plus de responsabilités que d’habitude, et d’autre part, la release party va être regardée par la suite. On a envie que cela se passe bien, que les gens s’amusent encore plus que d’habitude. Mais bon là on y est, ce n’est plus que du kiff, que de la bonne adrénaline.

Je suppose que ça doit être un plaisir supplémentaire que de jouer à la maison ?  

Anaïs : C’est chez nous, dans une grande salle. C’est un grand moment, c’est assez jouissif. Dans la salle, il y aura plein de personnes qui nous connaissent et que l’on connaît, il y a une pression un peu plus grande. 

Gabbie : C’est difficile à exprimer. Cela reste particulier. Au début de notre carrière, nous avons peu joué sur Toulouse, davantage du côté de la Normandie et de la Bretagne. C’est depuis que l’on a joué au Skate Park, à la sortie de notre second EP, que nous venons plus souvent ici. A partir de là, le public a commencé à nous connaître et on a commencé à intriguer les gens. 

Anaïs : Il y a aussi une envie supplémentaire de donner plus de plaisir par rapport à un public où je ne connais personne.  

Gabbie : Ah bon ? C’est marrant ça  

Anaïs : Bah ouais, je sais que je vais jouer à 1000%, mais j’ai envie qu’il y ait ce truc en plus. J’ai envie que ce soit particulièrement plaisant, sachant que je vais tout faire comme d’habitude. Je ne sais pas pourquoi. 

Gabbie : Je vais souvent au Métronum voir des concerts de musiciens qui seront dans le public ce soir, et là, c’est marrant de se dire que les rôles seront inversés.  

Vous vous êtes donc aussi occupées de choisir les groupes qui vont jouer en première partie ? 

Gabbie Oui, il y a Cold Blossom, ce sont des copains. Le guitariste du groupe, c’est une personne avec qui je vais à tous les concerts à Toulouse. On a même joué ensemble à une époque. Il y aura aussi Snake in the Boots, un groupe que j’ai découvert au studio du Cerisier, il y a un peu plus d’un an. On a trouvé sympa l’idée d’avoir ces 2 groupes pour ouvrir cette release party.  

Anaïs : Quand on fait une release party, c’est aussi un plaisir de pouvoir choisir librement avec qui on veut jouer, avec qui on partage ce moment.

Cette release party, s’inscrit jusqu’à la fin de l’été dans une série de concerts dans des salles et de festivals. Pour vous, c’est la même manière de jouer ou c’est deux contextes complètement différents ?  

Gabbie : Je crois que c’est pareil. Chaque fois, on est là pour la bagarre. Qu’il y ait 50 ou 5000 personnes, cela ne change pas grand-chose. Dans tous les cas, on est là pour passer un moment cool avec les gens. 

Anaïs : Il y a un peu plus de trac quand c’est devant plusieurs milliers de personnes. Sinon on ne fait pas de différences entre les 2. 

Gabbie : Peu importe le contexte, on ne va pas se dire qu’il faut mieux jouer qu’un autre soir.

  

Crédit – Spehis

Vous avez fait à peu près 272 455 dates depuis 2 ans environ. Il y a un endroit de France où vous n’avez pas encore joué ? 

Gabbie : On a très peu joué dans le Sud-Est. Il y a une date qui devrait se faire dans ce secteur d’ici l’hiver. On a l’impression que c’est un endroit qui ne programme pas beaucoup de rock n’roll.

Justement, c’est comment une vie en tournée, quand on est un groupe et qu’on passe beaucoup de temps ensemble ?  

Gabbie : C’est quelque chose de beau, c’est trop bien.  

Anaïs : Oui c’est trop bien, trop fatigant, et re trop bien derrière.  

Gabbie : On se connait très bien dans le groupe et on a notre équilibre à nous. On sait se gérer quand nous sommes fatiguées. Personnellement, dès que j’ai besoin d’espace, je ne vais pas avoir besoin de le verbaliser, les filles le savent. On se connait et on a une complicité qui fait que l’on sait se gérer.  Ce serait différent, si on s’entendait moins bien, mais là l’équipe est bonne, donc tout roule.  

Qu’est ce que ça fait d’être maintenant le groupe de rock le plus populaire de Toulouse après Gold ?  

Gabbie :  Il y a Slift. Mais c’est une autre galaxie.  

Anaïs : C’est très agréable. Quand on fait du vélo, il y a des gens qui font : “Ouais, c’est les meufs de Madam !”. On adore !!  

“Thanks for the Noise” est sorti depuis 1 mois. Pourquoi avez-vous choisi ce titre d’album ?   

Gabbie : Ce sont des paroles extraites de la chanson « The Niki Song« . On a écrit cette chanson pour une adolescente Iranienne, qui nous a envoyé un message où elle nous comparait à l’orage. On a de suite pensé à cette phrase pour le titre de l’album, car on l’aime beaucoup mais aussi parce ça avait du sens par rapport à ce que l’on est en train de vivre. Nous avons la chance de faire beaucoup de concerts, il y a des gens qui viennent nous voir et qui nous soutiennent et ce titre d’album c’est aussi pour les remercier de nous permettre de vivre ce que l’on vit.   

Crédit – Spehis

On a un son très « live » dans l’album, comme si vous l’aviez enregistré sur scène ensemble. C’était une volonté de votre part ?

Gabbie : C’est quelque chose qu’on a travaillé avec l’équipe studio: Julien COURALET du Studio Capitole, et Julien BOUSQUET notre réalisateur. On voulait garder l’énergie du live dans l’album. On a enregistré toutes les prises, toutes les trois dans une pièce pour vraiment avoir ce truc de contact visuel, de vivre le moment ensemble.

Anaïs : S’il y en avait une des trois qui était dans le jus, on recommençait toute la prise.

Gabbie : Depuis la sortie de l’album, on a plein de retours de personnes qui nous disent retrouver l’énergie de nos concerts dans celui-ci, ce qui nous fait plaisir.

En amont de la sortie de l’album, vous avez joué quelques chansons de celui-ci sur scène. J’aimerais savoir comment s’est passée, au final, l’écriture de l’album ?

Gabbie : C’est vraiment un travail collectif. On a toujours fonctionné comme ça. S’il y a quelqu’un qui a une idée, qui a écrit un riff, on s’en va en studio et on bosse ensemble pour créer quelque chose à partir de ça. C’est assez fluide. Ce n’est pas forcément moi qui écris les textes, chacune apporte sa touche, il n’y pas d’égo mal placé. Je ne pourrais pas composer un morceau entier de Madam. Marine, arrive avec une ligne de basse, avec ses inspirations à elle, Anaïs va ajouter sa batterie, c’est ça qui fait le son de Madam.  

Anaïs : Tout le monde emmène son idée. Et ce peu importe l’instrument.   

Gabbie : C’est important pour nous de jouer les morceaux en concert avant de les enregistrer. Cela permet de tester les chansons. On peut avoir une bonne version studio qui en concert ne rend pas bien, ou bien on peut se rendre compte qu’un riff rend ouf le public, et là on se dit qu’on doit le doubler. La plupart des morceaux, le public les ont déjà entendus. Sur l’album, il y a 3 exclus que nous n’avons pas jouées avant cette tournée, des morceaux plus récents, et d’autres plus anciens comme « The ride » qui figurait sur notre premier EP et que l’on a réenregistré. C’est un titre que le public connait déjà, qu’il chante avec nous en concert, et en plus c’est un titre important pour nous, qui nous suit depuis le début de Madam. On trouvait logique qu’il soit dans l’album.

Lorsque j’écoute vos chansons, j’ai le sentiment que vous jouez un rock agité. Il y a du garage, du rock, un peu de punk, une dose de stoner. Comment définissez-vous votre style ?  

Gabbie : C’est du rock rock. Ou sinon, quand on nous demande on dit que c’est du « rock content ». Quand tu viens, on te pète la gueule avec le sourire.

Anaïs : C’est marrant, parce que j’ai réfléchi à cette question, et je trouve que notre musique est un condensé de nos influences. Marine est dingue des Beatles, Gabbie de garage et moi j’adore la musique efficace, les tubes. On va écouter des morceaux de tout ça, et il y des passages plus ou moins longs qui vont nous inspirer pour écrire nos morceaux.

Dans vos chansons, vous évoquez ce que vous avez vécu, vos joies, vos peines. Y’a t-il d’autres thèmes abordés, ou l’album est un condensé de cela ?

Gabbie : On ne s’est jamais dit que l’on va faire de la musique à propos de ça ou de ça. Pour nous c’est assez fluide. Si jamais il y a une colère et que l’on veut en parler, on va le faire. Si jamais il y a Niki d’Iran qui nous écrit un message qui nous touche, on va écrire dessus. Et si jamais je me suis pété la cheville pour la 1 000ᵉ fois et sur le fait que je tombe tout le temps, on peut écrire une chanson aussi.  

Anaïs : Cela reste hyper pragmatique et très terre à terre.

Marine : On écrit sur ce que l’on veut. 

Est-ce que, en parallèle, vous avez déjà réfléchi au prochain album ou pas encore ?  

Gabbie : Non pas encore. « Thanks for the Noise » est sorti il y a juste un mois, et on avait surtout la tête à préparer cette sortie. On était dans ce rush. On est juste en train de prendre un break sur la création de l’album que l’on vient de sortir et on va tourner comme pas permis jusqu’en décembre. Nous n’avons pas encore annoncé les dates à partir de septembre, mais on sera sur un rythme entre 2 et 4 concerts par semaine. On va surtout se concentrer de prendre le tempo de la tournée, se débarrasser un peu de la place que prenait l’album dans nos têtes aussi.  Au fil de la tournée, je pense que les habitudes de compo vont se remettre en place progressivement.  

Sortie du premier album, grosse tournée qui démarre. Comment voyez-vous la suite pour Madam ?

Gabbie : C’est la même ligne directrice que d’habitude, c’est à dire de faire les choses bien avec le cœur et d’aller toujours plus loin. Car de toutes façons on pas de plan B. Donc, on fonce, on y va !! C’est notre ADN depuis le début du groupe : Allons tout droit !

Marine : On veut aller loin. On ne sait pas ce qu’il y a au bout, mais c’est pas grave. On fonce !!   

Vous parlez d’aller tout droit, depuis le début du groupe. A la genèse vous étiez 4, et maintenant vous êtes 3. Comment s’est faite la transition ?

Gabbie : Cela s’est fait à un moment opportun et de manière intelligente. C’était durant la période COVID, et on sentait qu’elle n’était plus trop dedans. Quelques mois avant la reprise des concerts elle nous a annoncé qu’elle avait moins d’envie, moins d’affinités avec la musique jouée, et est partie. S’est posée la question de savoir comment on allait continuer sachant que notre guitariste partait et que l’on s’entendait bien toutes les 3. J’ai donc dit aux filles que j’allais apprendre la guitare.

Anaïs : Non, tu as dit que tu allais faire la guitare. Je t’ai juste rappelé que tu ne savais pas en jouer, et tu nous as dit que nous avions du temps devant nous et que tu allais apprendre. Et genre en 6 mois, elle a appris à en jouer.

Gabbie : Y’a notre tourneur qui nous a fait un paquet d’autorisations de sortie, pour que l’on se retrouve au studio et adapter les morceaux à 3. On a pas voulu prendre le risque de prendre une autre guitariste, que l’on ne connaît pas forcément, et sans la certitude que cela fonctionne derrière, que cela matche. On avait un équilibre incroyable entre nous 3, on a décidé de rester comme ça.

Gabbie, j’ai remarqué que c’est toi qui réalise les clips de vos chansons. Ça t’apporte quoi d’avoir les casquettes de actrice, réalisatrice, chanteuse, guitariste ? 

Gabbie : Du mental breakdown (rires).

Anaïs : Des heures de travail en plus

Gabbie : Heureusement qu’il y a mes 2 compères qui sont là pour me regonfler quand je suis toute dégonflée. Sinon c’est cool, ça nous permet de rester indépendantes dans ce que l’on fait. Quand on a besoin de quelque chose, on peut le faire vite. Si on décide de faire un clip, en 3 semaines on en fait un. Même si je dois bien avouer, que si un jour je peux déléguer la vidéo, ce sera cool. J’aimerais bien continuer à écrire les clips, à les réaliser, mais refiler toute la partie autour (film, cadrage, montage, …)

Crédit – Spehis

Le dernier clip, c’est « Dance » ou vous chantez « Dance till the end of the world ». C’est quoi la danse de la fin du monde pour vous ?   

Marine : C’est la danse de chacun

Gabbie : Cette chanson parle du moment où tu quittes ou perds quelqu’un et que tu as cette impression où tout est fini. Même si c’est la fin du monde, au moins continue de danser. Ce sera pas pire.

Avez-vous une ou plusieurs chansons préférées sur l’album?  

Marine : J’écoute énormément l’album. J’ai une enfant de 4 ans qui l’adore, et tous les matins il faut l’écouter sur le chemin de l’école.  

Gabbie : Tu devrais l’écouter en streaming, cela nous ferait des écoutes.

Marine : Justement, je l’écoute en streaming. Avec le temps, et après l’avoir écouté environ 130 milliards de fois, ma chanson préférée c’est « The Niki Song« .

Gabbie : Pour moi c’est « Mirror » mais je ne suis pas très objective. Quand on la joue en live, il se passe quelque chose. C’est vraiment la chanson où je me vide

Marine : J’hésite entre « The Niki song » et « Dance« . Après avoir fait le clip de « Dance« , j’ai eu un vrai coup de cœur. Elle reste bien en tête. Pour être honnête, je n’ai pas vraiment réécouté l’album depuis sa sortie.

Vous avez fait une cover de « Fell in love with a girl », avez-vous d’autres projets de cover, ou c’était un one shot ?  

Gabbie : Jamais de la vie. Je n’aime pas faire des covers. Je n’arrive pas à m’approprier les chansons des autres. La cover de « Fell in love with a girl« , a été faite dans un contexte particulier, afin de la mettre dans un album, où les fonds récoltés, liés à la vente du disque, ont été reversés au Secours Populaire.

Anaïs : Un jour, je l’obligerai à en refaire (rires)

Ça évoque quoi pour vous #MoreWomenOnStage ?

Gabbie : Nous nous sommes rapidement identifiées au mouvement quand il est né. On a très rapidement joué sur les éditions du festival « More Women on Stage » que Lola (NDLR Lola FRICHET – Bassiste chez Pogo Car Crash Control) a organisé. Ça fait depuis 2018 que Madam existe, et on a vu une évolution sur la présence des femmes soit sur scène, soit en backstage; et ce en grande partie grâce aux positions de More Women On Stage. Il y a aussi des festivals non-mixtes, avec des programmations non-mixtes qui s’organisent et qui donnent de la visibilité aux groupes féminins. Ce n’est pas parce que tu es une femme que tu dois forcément faire du piano, tu peux aussi taper très fort sur une batterie. Tout cela en partie grâce au mouvement More Women On Stage.

Quels conseils donneriez-vous à un artiste débutant ou une artiste débutante ?

Marine : Oser, ne rien lâcher et ne pas hésiter à toucher à tout.

Gabbie : C’est un métier dans lequel tu dois tout gérer au démarrage. Peu importe la manière dont tu le fais, il faut que le public puisse t’identifier. Le DIY (Do It Yourself) marche bien pour débuter dans le rock. Et surtout, si tu veux faire ce métier, fais le pour de bonnes raisons, et aies envie de le faire. Surtout ne pas avoir de regrets.  

Qu’avez-vous à dire aux personnes qui vont venir vous découvrir sur scène ?

Anaïs : Si tu viens nous voir en concert, tu auras ta dose de dopamine !!  

Marine : Viens nous voir en concert, tu auras envie de nous écouter davantage par la suite.

Gabbie : Viens nous écouter en concert, car ces moments sont des bulles de lâcher prise et d’amour. Nous sommes contentes d’être là, et nous voulons partager et faire ressentir ce bonheur avec le public.

Merci beaucoup Anaïs, Gabbie et Marine  

Spehis

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Retrouvez la chronique de la Release Party de Madam à la Maroquinerie sur HexaLive

6 commentaires sur « Interview de Madam »

  1. Bonjour
    Je me permet de vous contactez car le chiffres sur le nombre de date ou les MADAM on joué me paraît plus que surréaliste. ?
    J’adore ce groupe ceci dit en passant et vitre article est top.

    1. Bon, je vois qu’une solution, on va faire appel à la VAR pour vérifier !
      Merci pour le commentaire, je confirme excellent groupe !

    2. C’est le chiffre donné par les syndicats, on attend le chiffre qui sera donné par la police pour avoir un juste milieu. Merci pour ton commentaire 🙂 !!

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