Harp, l’interview

Bonjour, est-ce que vous pouvez vous présenter, et présenter les origines de Harp ? Et d’ailleurs, d’où vient ce nom, et pourquoi cette typographie particulière ?

Salut on s’appelle Harp, on est un groupe de Thrash / Death Progressif originaire de Corse et basé à Marseille depuis maintenant quasiment 6 ans. 

Le nom Harp vient du fait que l’on cherchait un nom assez court, cela sonnait bien. Et pour la symbolique, étant moi même fan d’Heroic Fantasy, dans l’univers de Tolkien et dans le Silmarillion (qui est la genèse de l’univers de la terre du milieu) la création du monde se fait par la musique, l’harmonie. 

Enfin, la harpe, l’instrument, symbolise l’harmonie. Donc le lien s’est rapidement créé et on est parti sur cette idée ! 

Pour la typo, je dirais qu’elle a évolué avec le temps. Au début, le logo était très simple. Puis des branches ont poussés au fur et à mesure, comme si le petit arbre devenait plus massif, plus mature. Étant quelqu’un de proche de la nature, j’aime beaucoup cette image. 

Harp, l’album « The Distance Within »

Après le single « Exile » sorti en 2023, et le single « to see dream die » en 2024, est-ce que vous pouvez nous présenter votre album « The distance within » sorti il y a quelques semaines ?

The Distance Within est un voyage musical et introspectif à travers les territoires inexplorés de l’âme. 

Cet album traduit en musique la tension entre ce que nous sommes et ce que le destin met sur notre chemin. Entre l’inévitable et l’inattendu. Chaque morceau est une étape de cette traversée intérieure, où ombres et lumières s’entrelacent, révélant les contrastes profonds qui nous habitent. 

L’album prend la forme d’un questionnement existentiel, la sensation d’être étranger à soi-même, de chercher un sens ou une connexion qui semble toujours hors de portée. 

Musicalement, nous avons cherché à créer une expérience immersive

Par ce biais, nous y abordons des thèmes tel que la Nature et sa puissance, l’Amour, la Trahison, la Mémoire et les souvenirs, le voyage de l’Âme, la vie, la mort, les vices et vertus de l’Homme… 

Musicalement, nous avons cherché à créer une expérience immersive. 

On y trouve des éléments de thrash, de death, de groove metal… Mais également des influences plus Classic rock, voire prog Rock. C’est un condensé de toute la musique que l’on écoute depuis qu’on est tout jeune. 

Composition et enregistrement de l’album

Comment s’est passé la phrase de composition et d’enregistrement pour celui-ci ? Et quels étaient les différents intervenants sur chacun des phases ?

Pour la composition, Guillaume (batteur) et moi-même, Romain (basse et chant), avons pris en charge l’essentiel du travail. Jouant également de la guitare, j’ai écrit une bonne partie des riffs, que Guillaume a ensuite arrangés tout en apportant ses propres idées. Certains morceaux ont d’ailleurs été quasiment entièrement composés par lui.
Paul, notre ancien guitariste, a également contribué avec un ou deux riffs, et Neyssan, notre guitariste soliste, a apporté sa touche sur quelques arrangements et leads. Quant aux paroles, j’en ai entièrement assuré l’écriture.  

Avec Guillaume, nous avons l’habitude de travailler ensemble sur la composition depuis longtemps, étant les deux membres fondateurs du groupe. Cependant, nous aimons aussi intégrer les idées de nos amis et musiciens lorsque celles-ci s’alignent avec la direction artistique du projet.  

L’enregistrement de l’album s’est fait en une semaine au studio de Florent Salfati (LANDMVRKS), avec le soutien de Nicolas Exposito et Kevin d’Agostino (eux aussi membres de LANDMVRKS) pour la partie prise de son.
Florent s’est ensuite occupé du mix et du mastering.

Harp, les thèmes abordés

Vous écrivez beaucoup sur l’humain, les émotions… Est-ce qu’il y a un sujet sur lequel vous souhaiteriez écrire, mais pour lequel vous n’avez pas encore trouvé l’angle pour l’aborder ?

Je ne peux pas toujours forcer un sujet à émerger, même s’il me tient à cœur.  

Mon approche reste instinctive et poétique

Il y a des thèmes qui me touchent profondément : des sujets de société, des émotions complexes, des expériences humaines universelles… Mais je dois attendre que la bonne musique me mette sur la bonne voie.
Parfois, un morceau instrumental va immédiatement évoquer une idée précise, une couleur émotionnelle qui va me guider vers un texte. D’autres fois, j’ai des idées en tête mais je ne trouve pas encore la mélodie qui pourrait leur donner vie de manière authentique.  

J’aimerais par exemple écrire sur certaines injustices, sur des réalités sociales marquantes, mais sans tomber dans un discours trop directif ou revendicateur, car ce n’est pas ma manière d’écrire.
Mon approche reste instinctive et poétique, je laisse la musique me parler en premier. C’est un processus qui demande de la sincérité et une certaine patience pour que les choses s’alignent naturellement.

Le Metal dans le Sud-Est

Après des années plutôt calmes (d’aucuns diraient de disette), il a l’air de se passer quelque chose dans le sud-est avec le metal, et l’émergence ou la confirmation de beaucoup de très bons groupes dans des styles différents (Landmvrks, Akiavel, Azelma, Blooming Discord…). Est-ce que vous partagez ce constat ?

Complètement ! Il y a une vraie effervescence dans le sud-est en ce moment, et c’est super motivant de voir autant de groupes émerger avec une identité forte.
Ce que je trouve particulièrement intéressant, c’est que ces groupes ne se contentent pas de suivre une tendance : ils apportent chacun une patte unique, tout en s’inspirant intelligemment des influences passées.  

Il y a une vraie effervescence dans le sud-est en ce moment

J’ai aussi remarqué une montée en professionnalisme. Aujourd’hui, les groupes sont de plus en plus conscients des réalités de l’industrie musicale : ils soignent leur son, leur image, leur communication, et ils arrivent avec une vraie vision artistique. Ce n’est plus juste une question de faire de la musique, mais de proposer un projet complet et cohérent.  

Et au-delà du talent et du travail, il y a une belle émulation entre les groupes. On sent une énergie collective, une volonté de faire bouger les choses, de se soutenir mutuellement. Et ça joue forcément dans cette montée en puissance de la scène locale. C’est hyper inspirant de voir cette dynamique et ça donne envie de pousser encore plus loin !

Harp, les origines corses

Vous qui êtes originaire de Corse, est-ce qu’il y a une scène locale en metal ? Est-ce qu’il y a quelques groupes qui sortent du lot et que vous aimeriez nous partager ?

Honnêtement, la scène metal en Corse est très limitée, et c’est aussi une des raisons pour lesquelles on a décidé de s’installer à Marseille ! Il y a très peu de public pour ce genre de musique sur l’île, ce qui rend les choses compliquées pour les groupes qui voudraient se développer localement.
Les concerts metal restent rares voire inexistants. Et l’accès aux infrastructures (studios, salles adaptées, réseaux de promotion) est bien plus restreint qu’ailleurs.  

Cela dit, paradoxalement, il y a de très bons musiciens en Corse.

Cela dit, paradoxalement, il y a de très bons musiciens en Corse. Beaucoup ont un vrai talent, mais peu osent se lancer dans la création. Ceux qui ont franchi le cap, en revanche, ont su proposer quelque chose d’authentique et unique.

Quelques groupes ont vraiment marqué la scène insulaire. Je pense notamment à nos amis Alconaut, un groupe de Bastia qui fait du stoner rock hyper efficace, avec une vraie identité musicale. Il y avait aussi Mazzeri, un groupe du sud de l’île qui n’est malheureusement plus en activité il me semble, mais qui proposait un Doom/Heavy ultra occulte et vraiment captivant. Et puis, du côté d’Ajaccio, on a Arozza, un projet de Black Metal mené par un passionné qui se bat pour faire vivre cette scène sur l’île.  

En quoi la culture corse influence-t-elle votre musique et vos paroles ? D’ailleurs, je ne crois pas avoir vu passer de dates sur l’île de Beauté. Est-ce que ce serait un projet que vous aimeriez monter ?

On se présente toujours comme un groupe Corse et non Français. Même si cela peut paraître chauvin pour certains, c’est important pour moi (nous). Car étant né la bas, et ayant grandi la bas, c’est un endroit qui fait partie de moi, de nous et du développement du groupe. 

Je reste néanmoins très marqué par cette culture

Ayant grandi entouré par une nature omniprésente, la montagne, la mer, la forêt sont des lieux qui m’apaisent et dans lesquelles je me sens à ma place. Et par dessus tout qui m’inspirent énormément. 

Les corses sont aussi très croyants et superstitieux. N’étant pas personnellement chrétien et n’adhérant à aucun dogme religieux, je reste néanmoins très marqué par cette culture. Notamment par ses mythes, ses légendes et son rapport au sacré.
L’imaginaire corse est riche, teinté de mysticisme, de croyances populaires et de récits ancestraux qui ont traversé les générations. Tout cela nourrit forcément ma façon d’écrire et de composer.  

Dans notre musique, on retrouve cette dualité propre à l’île : à la fois une grande sérénité inspirée par la nature, et une certaine noirceur, une mélancolie presque mystique.
La Corse est un territoire sauvage, imprévisible, où la beauté côtoie souvent une forme de rudesse. Cette dualité se traduit dans nos morceaux, à travers des ambiances contrastées, parfois très aériennes et contemplatives, parfois plus lourdes et oppressantes.  

Concernant les concerts sur l’île, c’est vrai que nous n’avons pas encore eu l’occasion d’y jouer. La scène rock et metal étant très limitée en Corse, il n’est pas évident d’y organiser un concert, surtout dans de bonnes conditions.
Mais l’idée nous a déjà traversé l’esprit, et si une opportunité se présente, on aimerait vraiment pouvoir ramener notre musique là-bas, devant un public qui, même restreint, pourrait être réceptif à notre univers.  

Les Triomphes du Metal Français

Vous venez de participer aux Triomphes du Metal Français. Vous étiez également apparu en live lors de la dernière édition. Est-ce que vous avez pu découvrir des groupes à cette occasion ?

C’est toujours un honneur d’être sélectionné parmi un panel aussi large de groupes français et d’avoir l’opportunité d’exposer notre travail à un jury composé de figures influentes de la scène metal hexagonale.
Ce genre d’événement permet non seulement de donner de la visibilité aux groupes émergents, mais aussi de créer des connexions avec d’autres musiciens et professionnels du milieu.

 

L’année dernière, lors de notre passage en live pour l’émission, on a eu la chance de rencontrer des personnes formidables. Arthur, l’organisateur, et toute son équipe font un travail colossal pour donner vie à ce projet, et leur engagement pour la scène metal française est vraiment admirable.
Ce sont des passionnés qui se donnent à fond pour mettre en avant des groupes talentueux et faire rayonner le metal français.  

Échanger avec des artistes de cette trempe est toujours enrichissant

C’était aussi l’occasion de partager des moments avec d’autres groupes et artistes. On a notamment croisé Akiavel, qui était également présent et qui envoie du très lourd sur scène. Solitaris, qui propose un metal moderne ultra efficace. Et bien sûr Stéphane Buriez de Loudblast, une véritable légende du metal français.
Échanger avec des artistes de cette trempe est toujours enrichissant, que ce soit musicalement ou humainement.  

Pour vous, quel impact à ce genre d’évènement sur la scène metal, et plus égoïstement pour votre carrière ?

Ce genre d’événement a un bel impact sur la scène metal française, notamment en termes de visibilité et de mise en avant des groupes. Le metal reste un style de niche en France, et il n’a pas toujours l’exposition qu’il mérite dans les médias généralistes. Des initiatives comme Les Triomphes du Metal Français permettent donc de braquer les projecteurs sur des artistes talentueux qui, sans cela, auraient peut-être plus de mal à toucher un public plus large.  

Et plus égoïstement, pour nous, c’est une superbe opportunité ! Être sélectionné et reconnu dans un tel cadre valide quelque part le travail qu’on accomplit depuis des années. Ça nous permet d’élargir notre audience, de capter l’attention de nouveaux fans, mais aussi de professionnels qui pourraient nous aider à franchir de nouvelles étapes.

Harp, les concerts

Au niveau concerts, qu’est-ce qui est prévu dans les mois qui viennent, sur le printemps et l’été ? Est-ce qu’on pourra vous voir sur certains festivals ?

Pour le moment, aucun concert n’est prévu pour le printemps et l’été, et ce n’est pas un hasard. Comme nous gérons notre booking de manière indépendante (d’ailleurs, petit appel aux bookers qui liraient ceci et qui seraient intéressés pour collaborer avec nous !), nous avons choisi de faire une pause sur les concerts pour nous concentrer pleinement sur la suite.  

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Petit appel aux bookers qui liraient ceci

Après une belle série de dates pour promouvoir notre album (notre dernier est le 4 avril au Molotov à Marseille avec les groupes allemands Hellish Crossfire et Sacrifizier), il nous semblait important de prendre du recul, de nous recentrer sur l’écriture et la composition des prochains morceaux.

Cela dit, on ne disparaît pas pour autant ! On travaille activement sur de nouvelles choses, et on vous réserve quelques belles surprises pour la rentrée. 

Est-ce que vous avez des rituels ou routines particulières quand vous tournez ?

On n’a pas vraiment de rituels stricts, mais on essaie de s’organiser de mieux en mieux à chaque série de concerts. Ce n’est pas toujours évident, car on gère tout nous-mêmes de A à Z, et ça demande une certaine discipline pour que tout se passe bien.  

Ce qui nous tient vraiment à cœur, c’est d’être disponibles pour les gens

Avant un concert, notre priorité est d’être en forme et concentrés. On essaie d’avoir un bon équilibre entre repos et énergie pour arriver sur scène dans les meilleures conditions possibles.
Évidemment, on a nos petits réflexes : certains aiment s’échauffer longuement, d’autres préfèrent un moment de calme avant de monter sur scène. Il y a aussi toujours ce moment où on se retrouve tous ensemble juste avant d’entrer en scène, un petit « allez let’s go les gars ». Parfois une blague pour détendre l’atmosphère, histoire de relâcher un peu la pression.  

Mais au-delà de la préparation purement musicale, ce qui nous tient vraiment à cœur, c’est d’être disponibles pour les gens. Que ce soit avec les autres groupes, les organisateurs ou surtout le public, on essaie toujours d’être accessibles et de partager un vrai moment. On a la chance d’être bien entourés, et c’est quelque chose qu’on ne prend jamais pour acquis.

Vous avez une anecdote sur un moment un peu fou ou improbable qui s’est produit lors d’un concert ?

Il y a toujours des moments improbables en concert, et c’est aussi ce qui rend chaque date unique. Voir des mosh pits ou des wall of deaths exploser sur nos morceaux, ça nous fait toujours plaisir (et souvent marrer aussi), parce que ça prouve que le public est à fond et qu’il vit la musique avec nous.  

Mais au-delà de ça, chaque show a son lot d’imprévus et de moments fous. Il y a eu des concerts où le public nous a surpris avec une énergie totalement dingue, bien au-delà de ce qu’on imaginait.

Et c’est aussi ça qu’on adore dans la musique live : cette capacité à générer des instants uniques, à la fois intenses et parfois complètement absurdes, qu’on garde en mémoire pour longtemps.

Un des souvenirs qui m’a le plus marqué, c’est Eloy Casagrande, qui était encore leur batteur à ce moment-là

Vous avez ouvert pour Sepultura il y a quelques années, quel souvenir en gardez-vous ?

C’était un moment incroyable pour nous, surtout en sachant à quel point Sepultura a influencé notre musique. C’est un groupe qu’on écoute depuis qu’on est gamins, donc avoir l’opportunité d’ouvrir pour eux était un véritable honneur. On avait à peine sorti un single à l’époque, mais malgré ça, le public nous a réservé un accueil incroyable, ce qui nous a énormément touchés.  

Un des souvenirs qui m’a le plus marqué, c’est Eloy Casagrande, qui était encore leur batteur à ce moment-là. On a eu la chance de le voir jouer depuis les backstages, et il nous a tout simplement soufflés. Son jeu était déjà monstrueux, mais ce soir-là, il avait en plus une blessure à la jambe droite… et il a quand même assuré tout le show en jouant le kick avec le pied gauche ! C’était juste impressionnant. Je pense que mes collègues seraient d’accord avec moi : on a assisté à une performance hors norme, et ça reste un souvenir impérissable pour nous.

Une tradition qu’on aime bien chez HexaLive, quel groupe ou artiste de scène française vous nous conseilleriez d’interviewer, et quelle question aimeriez-vous lui poser ?

Allez interviewer Aurore, Spleen ou Azelma (ndlr : ah ben c’est déjà fait !) ! 

Ce sont des amis, on a commencé ensemble et ce sont justes des monstres de musique, ils sont en train d’exploser et ils méritent qu’on s’intéresse vraiment à eux. 

Interview réalisée par Arnaud Guignant

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