Clint

Les Clint sont cinq, ils ont une moyenne d’âge de vingt-cinq ans et font tous de la musique depuis une dizaine d’années. Leur groupe a déjà quelques années et de belles expériences au compteur, assez pour produire un son ‘rock garage alternatif’ qui leur est propre, né aux confluents d’influences et de goûts qui vont de Sonic Youth à Mars Volta, en passant par At The Drive-In et bien d’autres.
Voici donc une interview peu commune, où l’on aborde sans fioritures l’histoire du groupe, les concerts aussi bien que l’état de la scène française, son héritage et l’évolution du marché du disque.
C’était juste avant leur prestation au Klub, rue Saint Denis à Paris, le 1er juillet. Starring, dans l’ordre alphabétique :

Bassem, à la guitare et aux backvocals (je rappelle que ce n’est pas le nom d’un instrument),
David à la basse,
Edward à la batterie (non, il ne tape pas sur des bambous),
Felix assure le chant,
Julien est aussi à la guitare

HexaLive : Comment le groupe s’est-il formé ?

Julien : À la base, on avait un autre groupe de rock qui s’appelait Ballerina, dans lequel j’étais et dans lequel David était bassiste. Le groupe s’est séparé, juste avant le split, Bassem nous avait rejoint, et en parallèle, on connaissait Felix qui était dans un groupe de métal. Le groupe a splitté, on a recruté un batteur …
Edward : J’suis arrivé en décembre 2003.
Julien : … Relativement rapidement. Clint a trois ans.

HL : Vous avez commencé à faire de la scène quand ?

Julien : Avec le premier groupe, on a commencé en 2000, et avec Clint, notre première scène, c’était à la Clé en 2004. Depuis, on tourne, on écume les salles dans le coin. On a eu la chance de partir en Belgique, faire une semaine de rencontres et d’échanges puis un concert. On est aussi partis à New York en février pour faire quatre concerts, c’était assez génial, et depuis on a fait quelques dates et on continue (1).

HL : A la découverte de la province, donc ?

Julien : On va partout où on veut de nous !

HL : C’est pas trop compliqué de trouver des salles ?

Julien : C’est compliqué oui, parce qu’on n’est pas supra connus … On sera connus quand on sera connus !
Bassem : C’est beau !

HL : Vous vous organisez avec des groupes ? Vous vous passez le mot ? Je vois qu’il y a Smach ce soir, avec qui vous avez déjà joué …

Julien : On a aussi fait deux dates avec les Fucking Neighbours. Les groupes sur Paris commencent un peu à se regrouper pour essayer de monter des plateaux. Tout le monde est content, on ramène du public, on joue, c’est l’essentiel.

HL : Vous vous faites des contacts, en somme.

Julien : Exactement. MySpace (2) nous aide pas mal à rencontrer des groupes motivés pour organiser des plans.

HL : Ca marche bien ? Vous arrivez à créer une sorte de buzz, à avoir des retours des gens qui vous écoutent ?

Bassem : Pas mal, avec le recul. On voit que tous les ans ça progresse. On commence surtout pas mal à jouer avec les mêmes groupes, essayer de rassembler des connexions, tomber sur des groupes avec lesquels on peut être potes. On a besoin d’être plusieurs, pour faire des trucs vraiment efficaces et faire parler de nous par le bouche-à-oreille.
Julien : On essaye d’avoir un public en commun. Des gens qui en parlent à d’autres gens, qui en parlent à d’autres gens … Jusqu’à ce que ça arrive aux bonnes oreilles ! (Rires)
Bassem : C’est vrai qu’il y a de plus en plus de retours depuis qu’on a sorti le dernier maxi. Y’a plus de gens qu’on ne connaissait pas du tout, qui viennent nous voir sur notre MySpace, qui gardent plus ou moins contact avec nous après. On rassemble plus de gens qu’avant en tout cas.

HL : Vous vous faites des contacts à l’étranger, par Internet ?

Felix : On essaye de cibler pas mal les Anglais. Ca marche raisonnablement. C’est exactement comme avec les groupes français. Les gens sont très ouverts à l’étranger.
Julien : C’est-à-dire qu’avec les groupes anglais, on a pu assez rapidement monter un plan à Londres.

HL : Là-bas aussi, ça fourmille.

Felix : Y’a un paquet de groupes hallucinants qui cherchent, comme nous en France.
Bassem : Et l’avantage, c’est qu’ils peuvent venir en France après, profiter des contacts, l’un chez l’autre. Vu notre musique, nos influences et le fait que l’on chante en anglais, c’est une musique qui pourrait être populaire dans les pays anglo-saxons. Ca passe pas à la radio en France …
Julien : On est un peu trop vieux ! (Rires)

HL : Vous avez sortis des maxis ?

Bassem : On a fait trois maxis en tout. Le premier était plutôt officiel, on avait fait un pressage, on avait sorti le CD, on le vendait. Le dernier sert plus à démarcher les labels.

HL : Donc, vous n’êtes pas signés pour le moment ?

Bassem : Non, pas de signature, mais on cherche activement !

HL : Vous avez de la concurrence : vous jouez en même temps que Sonic Youth ce soir !

Edward : Et Queens Of The Stone Age aussi !
Julien : C’est dur pour eux, mais ils s’en remettront !
Felix : Ils nous ont souhaité bonne chance.
Edward : Ils étaient désolés qu’on ne puisse pas venir au Furia.

HL : Vous avez déjà fait des festivals ?

Julien : En Belgique, dans une ville proche de Maastricht.
Felix : Y’avait des groupes belges assez connus, dont un qui faisait la première partie européenne de Tv On The Radio, un peu rock bizarre, c’était vachement sympa.

HL : Y’a des festivals mythiques que vous aimeriez faire, en France ou à l’étranger ?

Felix : Tous, tous, tous ! Au Sziget, Rock en Seine, les Eurockéennes, la Route du Rock, Paléo … Les festivals en Suisse sont bien, puis en Angleterre aussi, évidemment.
David : Benicassim !
Edward : Tous les festivals sont bons à prendre !
Felix : En même temps, pour jouer dans ces festivals, il faut soit faire partie de la scène locale en gagnant des tremplins comme ce qui se fait pour Rock en Seine à Paris, soit gagner des concours comme celui des Inrocks pour arriver à rentrer là-dedans. Ou alors il faut être signé, avoir un groupe qui a quand même des retombées médiatiques, et dans ces cas-là, on peut y jouer.

HL : En ce qui concerne votre public, vous avez remarqué une constante ou un profil type ?

Edward : Pas tellement, on va essentiellement toucher les gens qui sont fans de rock progressif et alternatif, vues nos influences, At The Drive-in, Sonic Youth … toutes ces choses-là. Y’a des gens qui arrivent à reconnaître ces influences, après, on peut toucher un autre public parce que notre musique reste abordable. On essaye de ne pas partir dans des trucs trop alambiqués.

HL : Pas un trip post néo expérimental, quoi.

Julien : Il faut que ça reste accessible.

HL : Alors comme ça, on passe à la radio en Angleterre ?

Bassem : Oui, on a eu des passages radio pour Underground. On avait des contacts par Internet, y’a eu aussi une radio au Québec qui nous a contactés …
Julien : Et y’a eu Radio Néo en France (3).

HL : Qu’est ce que vous pensez des choix de diffusion des grands media français ?

Edward : Je pense qu’il y a des choses qui restent défendables. Il y a quand même une scène underground qui essaye de persister. Y’a un certain regain du mouvement « rock’n’roll », avec tous ces jeunes groupes qui s’habillent comme les Kinks … Mais ça, ce sont des choses qui me dépassent complètement !
Bassem : Le rock est devenu hyper à la mode, très bobo, les media sont obligés de passer des gens qui font comme les groupes des années soixante ou soixante-dix pour toucher un très large public. Qu’ils chantent en français, ou pas, le problème c’est que ces groupes-là se ressemblent tous.

HL : C’est devenu un genre de variété.

Bassem : Ouais, un peu de variet’ rock. Je pense que d’ici un an ou deux, ça sera terminé, ça sera autre chose, et pour l’instant, c’est aussi ça le gros problème : c’est que les gens ne veulent que ce genre de choses.
Julien : Ces gros media ne se font plus chier, en fait : ils prennent ce qui marche sur le moment, du coup, ils amplifient le phénomène et les autres musiques sont encore plus mises à l’écart. Le jour où Philippe Manœuvre arrêtera d’écouter ces groupes-là …

HL : Il fallait que ce nom sorte inévitablement !

Felix : Aujourd’hui, ça va très mal pour les grosses firmes musicales –EMI, Universal, Sony BMG et compagnie- donc ils veulent gagner beaucoup de fric assez rapidement. Alors, ils surfent sur la moindre vague qui commence à décoller, en signant quatre ou cinq groupes de chacune de ces vagues. Ca a été les Baby Rockers dernièrement, je sais pas ce que ça va donner pour eux –moi je leur souhaite beaucoup de bien- mais personnellement je suis assez sceptique sur le futur de ces groupes-là. Ces firmes disent faire dans l’indépendant en signant ces groupes, mais les gens qui se bougent, qui sont là depuis des années, qui font de la bonne musique, ils ne rentrent pas vraiment dans les cases très formatées.
Bassem : Ce qui est dommage, c’est qu’il y aurait de la place pour passer les deux à la radio, et pas dix fois la même chose. Y’a surtout des groupes qui se cassent la tête pour apporter leur grain de sel dans la musique et pas seulement reprendre des choses ou faire du business. Des groupes qui ont cette volonté d’amener quelque chose de nouveau.
Felix : La différence dans des pays comme les USA ou l’Angleterre, par exemple, c’est qu’il y a des labels indépendants qui sont très structurés, qui ont vraiment un poids important dans la musique. En France, ce ne sont pratiquement que les majors qui contrôlent le circuit musical. Donc la scène indépendante souffre un peu de ça par rapport à nos camarades anglo-saxons qui peuvent se faire signer sur de petits labels.
Julien : C’est normal, quand les directeurs artistiques ne sont plus des passionnés mais des mecs qui ont fait des écoles de commerce.

HL : L’avenir d’un groupe comme le vôtre passe donc par la scène …

Felix : Et un petit coup de chance en France, et par un démarchage conséquent à l’étranger, si on veut en vivre.

HL : Vous vous êtes jetés à fond dans le groupe ou vous avez encore un job à côté ?

Felix : On a tous des jobs à côté, plus ou moins sérieux, la musique reste vraiment notre priorité.
Julien : On veut pas avoir de regrets. Pas arriver à quarante ans et se dire « On avait un groupe, on aurait pu en faire quelque chose », on veut se dire qu’on aura tout essayé, qu’on se sera donné les moyens d’y aller à fond.
Bassem : Ce qui nous conviendrait, ce ne serait pas non plus de passer dix fois par jour à la radio et de d’être produits par des majors, parce que forcément, on tomberait dans le mainstream, mais d’être signés sur un label indépendant qui pourrait nous faire tourner à fond, éviter de tomber dans ce système-là. Mais je pense qu’avec la musique qu’on fait, ça ne risque pas d’arriver.
Felix : Un peu comme ce qui s’est fait en France avec Stuck In The Sound, les Hushpuppies, Nelson, tous ces groupes-là qui ont signé sur des labels indépendants, et quand on va voir sur leur MySpace, on se rend compte qu’ils tournent énormément, en France et à l’étranger. C’est ce qu’on vise : pouvoir en vivre, tourner un maximun et faire plaisir.

HL : Vous avez toujours eu ces influences-là, ou vous avez eu par le passé des goûts plus honteux ?

Felix : Comme « On a été des Baby Rockers » (Rires)
Julien : A notre époque, c’était le grunge : Nirvana, Pearl Jam, Sonic Youth, tous ces groupes-là qui nous ont un peu donné le goût de la musique, avec trois accords pourris, un groupe, on tape, on s’éclate, c’est l’essentiel.
Felix : On est tous passés par la vague Rage Against The Machine, Red Hot Chili Peppers, toute la fusion. Et puis avec le revival rock, depuis quelques années, on a pu découvrir des groupes super intéressants qui font vraiment de la bonne musique. Je pense à Tv On The Radio, les Strokes …
Julien :  Quand on regarde les influences de ces mecs-là, on trouve d’autres groupes qui avaient d’autres influences et on peut remonter loin, comme ça, dans l’histoire du rock. C’est ça qui est intéressant.
Félix : Quand on prend un jeune, aujourd’hui, qui écoute un groupe comme les Raptures, s’il va creuser un peu plus loin, il va se rendre compte que les Raptures ont été influencés par des groupes comme Television, ça permet de découvrir d’autres groupes. Nous par exemple, on est tous fans de Mars Volta ou At The Drive-In, en écoutant ces groupes-là puis en lisant ce qu’ils racontent dans la presse, ça permet de remonter à des groupes comme Pink Floyd, Yes, King Crimson …

HL : Vous pensez qu’il y a un processus qui doit toujours nous faire remonter aux sources ?

Felix : Pas forcément pour s’influencer, mais pour se faire plaisir oui.
Bassem : C’est surtout que tu te rends compte que tous les groupes qui ont marqué l’histoire du rock ont puisé dans pas mal d’influences mais ne se contentaient pas de les recracher, ils se sont creusé la tête puis ont trouvé leur style à eux. Nous, on se casse la tête pour savoir où on part et jusqu’où on peut aller.

HL : Vous espérez toucher les gens qui sont fans de quelle musique ?

Julien : Un peu de tout, je pense. Des gens qui aiment des styles de rock différents, qui se retrouvent là et disent « j’aime pas tout, mais il y a des choses qui me touchent ». Notre but, c’est que nos sensibilités les touchent, peu importe le style de rock qu’ils aiment. Qu’ils retrouvent chez nous quelque chose qu’ils aiment et qui les fassent apprécier le groupe.
Bassem : Surtout si t’aimes la musique, ça peut te parler. On s’adresse aux gens qui aiment la musique.

HL : On vous entend parler des Floyd, de Sonic Youth … Pensez-vous que le public français n’est pas assez habitué à ces influences ?

Julien : C’est l’avantage qu’on nos collègues anglo-saxons : ils ont l’héritage rock, leurs parents écoutaient ça. Nos parents écoutaient le yéyé et Johnny. La France est un pays de chanson, c’est assez logique. On a plus de boulot que les autres. On a du aller nous-mêmes dans les magasins, lire des magazines … Personne ne nous a dit quoi écouter, alors qu’aux USA ou en Angleterre, les gens doivent avoir un père, un grand père ou un cousin qui était fan de ces musiques-là depuis longtemps. T’es bercé par le rock dès l’âge depuis toujours, à quatorze, quinze, vingt ans, t’as forcément envie d’en faire … Mais t’as une autre culture : la chanson française.

HL : La solution : un featuring avec Chimène Badi ?

Julien : Exactement. (Rires)
Felix : …ou pas !

HL : Personne  ne vous a aiguillés dans vos influences ?

Felix : Mon père était chanteur dans un groupe, puis il a complètement laissé tomber la musique. Mes parents ne sont pas forcément fans de musique. Musicalement,  je me suis construit tout seul, j’suis allé pêcher à droite, à gauche, avec les potes qui me disaient « écoute ça, c’est vachement bien. ».
Julien : Y’a pas de grand frère qui est venu mettre un disque sur la table et me dire « écoute ça, c’est de la balle, et puis si t’aimes, t’aimera ça, et puis ça après t’y vas par toi-même ». C’est un processus qui n’est pas évident, finalement, quand on voit que tout le monde écoute un certain style. C’est pas évident de se dire « et si j’allais voir ailleurs ? », parce que la radio n’en parle jamais, les magazines en parlent très peu, ou alors il faut vraiment lire la presse spécialisée. Maintenant, avec Internet, on a la chance de pouvoir découvrir quasiment ce qu’on veut. On a cette chance et au contraire, on entend toujours les mêmes choses passer à la radio. Mais maintenant, il y a pas mal de webzines et de petites radios sur Internet, MySpace … On peut écouter n’importe quel groupe facilement, mais il faut prendre le temps d’aller le chercher.
Bassem : C’est vrai qu’il faut avoir la démarche. On n’apprend pas aux gens à l’avoir, c’est une question d’habitude, puis tu te rends compte que tu découvres des trucs géniaux, pas connus, en dehors de ce qui passe à la radio et dans les grands media.
Julien : Tu vois, la mort des petits disquaires, par exemple. Tu pouvais parler avec ces gens, ils te disaient ce qu’ils écoutaient et connaissaient. Maintenant, tu vas à la FNAC, le vendeur t’envoie chier, ou alors il n’y en a même pas, il y a les têtes de gondoles qui te disent quoi acheter et au rayon imports, y’a trois fois rien …
Felix : La démarche de recherche a un peu été détruite avec cette facilité –qui nous apporte beaucoup- mais qui a cassé quelque chose. Quand j’étais jeune, y’avait des vieux pirates, des vieilles cassettes enregistrées aux puces par exemple, les gens allaient fouiller là-dedans.

HL : Ca date !

Felix : C’était il y a seulement dix ans. Quand les gens voulaient écouter quelque chose, il fallait vraiment qu’ils fassent l’effort de chercher, poser des questions. Aujourd’hui, avec Internet, c’est tellement facile qu’il n’y a plus d’effort à faire, il suffit de cliquer, et les gens –et je m’inclus dedans- ont le flemme de chercher au final. Je ne suis pas un grand « découvreur de talents » mais c’est vrai qu’il y avait ce côté « collection » …
Bassem : Et puis l’album, tu l’écoutes différemment, quand tu te saignes, que t’as pas de thunes, tu vas acheter celui que tu voulais vraiment, tu t’imprègnes vraiment de l’ambiance. Maintenant, j’ai des potes qui se ramènent avec leur disque dur sur lesquels y’a cent cinquante groupes, trois mois après, je ne les ai même pas écoutés, ou alors d’une oreille. J’aime écouter le même album pendant un mois, connaître par cœur les chansons. C’est un peu frustrant d’avoir tout à portée de main, on ne sait plus trop que choisir, mais –bien sûr- c’est aussi une offre incroyable.
Felix : Tout va tellement vite. Quand un groupe sort, il est rapidement élevé au rang de dieu de la musique, puis deux mois tard, on n’en entend même plus parler et un autre groupe prend sa place. Ca fait cinq, six ans que c’est comme ça. Avant, la durée de vie d’un album était de minimum un an.

HL : D’où l’impasse sur la qualité, puisqu’on est obligés de se renouveler très vite.

Felix : Exactement, c’est même pas que le groupe est moins bon, c’est juste qu’aujourd’hui, il y a toute la pression marketing qui pèse sur un groupe. Il sort, fait la couv’ « c’est le groupe de l’année, depuis le temps qu’on attendait ça ! » …
Bassem : … Et on trouve des génies du rock toutes les semaines…
Felix : Qui se retrouvent vite dans les bacs de revente à 4,90€ (Rires). Avec les majors et la presse, c’est devenu donnant-donnant. Avant, on n’hésitait pas à dire qu’un album était pourri, maintenant on dit « pas aussi bon que ce à quoi on s’attendait, mais ça groove quand même » ! Et tu tournes la pages, et tu vois leur pub … C’est une pratique un peu bâtarde.

HL : Ce problème, comment va-t-il évoluer, d’après vous ?

Felix : Je pense personnellement que ça va casser. Les majors ont une durée de vie d’encore une dizaine d’années à tout casser. Après, ce sont les sociétés d’Internet comme Google qui prendront le relais. Ce seront-elles, les majors de demain. Le disque est amené à devenir comme le vinyle aujourd’hui : un truc de collectionneur, de passionné. On est à un tournant du marché du disque, je suis incapable de dire ce qu’il va se passer.
Julien : Je suis allé à un concert la semaine dernière : ils fouillaient tous les sacs pour trouver les appareils photos. Ils ne peuvent pas empêcher ça, y’a forcément un mec qui va filmer et mettre ça sur Internet. Où est le problème ?! Ca fait de la pub au groupe. J’ai envie de dire à tout le monde « Allez-y, venez filmer ! ».
Bassem : C’est une grosse période de transition, on avait le CD pendant des années, on ne peut pas non plus abandonner ça du jour au lendemain. La chute de la vente des CD, pourquoi on en fait tout un plat : parce que ce sont les majors qui y perdent. L’artiste ne gagne pas grand-chose sur la vente des CD, au final, tout se passe à côté pour lui.
Julien : Les majors essayent de réparer un barrage avec des rustines. C’est un fait : il y a des gens aujourd’hui qui n’ont jamais acheté et n’achèteront jamais d’album. Pourquoi le payer 22€ à la FNAC alors que tu peux l’avoir gratuitement en un clic, chez toi ? Après, moi j’aime avoir le support CD, parce qu’un album, c’est plus que des chansons, c’est un concept, une pochette … Si on n’a pas ça, on rate quelque chose, on rate l’album el qu’il est et pas en tant que fichier numérique. L’album, c’est aussi un concept visuel.
Bassem : C’est vrai que quand t’écoutes des chansons, tu regardes le livret en même temps, tu te plonges dans l’ambiance, tu comprends beaucoup mieux ce qui se passe dans les chansons parce que tu te mets les images en tête, les couleurs, les photos …

HL : Vous l’imaginez comment votre visuel ?

Bassem : Eh bien on cherche des gens ! On a pas mal d’idées, mais l’idéal serait d’avoir un photographe, un artiste qui lui-même apporterait son propre univers visuel, et qui nous correspondrait. Je pense qu’il faut une personnalité créatrice en plus alors « recherche graphiste visuel pouvant aider Clint » !
Edward : On n’a pas encore trouvé quelqu’un qui nous ait plu à tous les cinq.
Felix : Est-ce que c’est possible ?!
Julien : Ce serait le sixième membre du groupe. Nous cinq réunis, un, plus un, plus un … ça fait plus que cinq, ça fait Clint, maintenant, c’est le « plus un » qui nous intéresse.

HL : Vous avez un staff qui vous épaule ?

Julien : Ca vient au fur et à mesure. Pour l’instant, ce sont des potes qui nous aident à démarcher, on fait tout nous même, c’est artisanal, on fera une petit PME plus tard ! Tus les groupes ont commencé comme ça, avec une bande de copains qui les ont aidés à monter le truc et j’espère que ces gens-là ont gardé leurs potes et leur esprit d’origine, parce que c’est aussi comme ça qu’on dure.

HL : Alors vous vous installez pour durer …

Bassem : Il faut avoir confiance en la musique qu’on produit pour continuer à jouer. On sait qu’on fait de la bonne musique, il nous manque juste encore le coup de chance ou un gros buzz.
Julien : Le projet, c’est de continuer à faire de la musique le plus longtemps possible, dans les meilleures conditions possibles, tout simplement.


Interview réalisée par Nikolina


(1) Pour les dates, consulter leur site pour plus de renseignements
(2) Leur MySpace : http://www.myspace.com/clintclassinternational
(3) Radio Neo 95.2 FM sur Paris et l’IDF

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