Angie, manageuse et attachée de presse

Après deux interviews sur les métiers autour du son, avec Nick tech son live et Niko « HK » producteur, ingé son et mix, on poursuit la découverte des métiers de la musique.

Aujourd’hui, nous échangeons avec Angie, manageuse et attachée de presse avec sa structure NRV Promotion.


Bonjour, est-ce que tu peux te présenter, et nous dire quel est ton métier ?

Hello ! Moi c’est Angie, je suis attachée de presse et manageuse indépendante avec ma structure NRV Promotion. 
J’accompagne des groupes de rock / metal dans leur développement. En tant qu’attachée de presse, je fais la promotion des nouvelles sorties des groupes auprès des médias. Et, en tant que manageuse, mon rôle est multiple et « couteau-suisse ». L’objectif étant d’aider le groupe à aller le plus loin possible. Dans la suite de cette interview, je vais plutôt parler de mon travail d’attachée de presse qui représente 80% de mon activité !

Quel parcours ou cursus as-tu suivi pour arriver là ? Est-ce que d’ailleurs c’était ton souhait depuis toujours de faire ce métier, ou c’est ton parcours qui t’a amené là ?

Je suis musicienne depuis que j’ai 11 ans mais je ne voulais pas en faire mon métier. Après le bac, j’ai fait fausse route en allant en école de commerce pour faire de la finance… Et j’ai vite compris que ce n’était pas pour moi ! Alors je me suis renseignée sur les métiers qui existaient dans le secteur de la musique, et me suis ré-orientée en communication. J’ai d’abord fait un BTS, avec un premier stage en tant qu’assistante attachée de presse dès la première année. Puis continué en FAC pour faire d’autres stages (notamment chez TADAM records puis PIAS, toujours en com / RP).
En parallèle, j’avais déjà lancé NRV à la fin de mon BTS, après avoir passé un an à accompagner des groupes bénévolement dans leur communication et une asso de production de concerts. Aujourd’hui ça fait 6 ans que NRV existe et 2 ans que je suis à plein temps !

NRV Promotion

C’est un métier de contact et de réseau j’imagine. Comment au départ on constitue justement ce réseau ? Est-ce que tu as démarré de zéro, ou tu avais déjà des contacts avant de te lancer ? Et comment tu constitue et enrichis ce réseau ?

Au départ, je pars avec mon réseau existant. C’est-à-dire des musiciens que j’ai connus au lycée, ou lors de mes études sup’, qui me demandent de les aider dans leur projet. Ensuite, dans le réseau vraiment professionnel (médias, tourneurs etc), je suis partie de 0. En faisant des stages, en créant un Excel qui répertoriait tout ce que je trouvais dans l’Officiel de la musique à l’époque, et via les réseaux sociaux.
Et puis après, c’est un travail de long terme qui s’est fait sur plusieurs années. Je dirais que pendant plus d’un an, j’ai envoyé des mails dans le vent, personne ne me répondait … J’apprenais aussi mon métier donc les process. Ce qui est à faire et à éviter, comment aborder les gens …

Et puis, petit à petit, on a commencé à me répondre et des liens se sont créés. Avec certains médias / tourneurs / distributeurs ou autres, cela fait quelques années maintenant que l’on travaille ensemble. Il faut aussi aller à la rencontre de ces personnes via des événements pros par exemple (le MaMA, la Jimi…). Aujourd’hui, le choix des artistes est aussi important dans l’objectif de fidéliser mon réseau de médias. La « marque » NRV est pour certains devenue un gage de qualité si je puis dire.
Au fil des années, je me rapproche aussi des autres attachés de presse indépendants. Et on s’entraide pas mal, en apprenant de l’expérience de chacun ou en se refilant des plans. Pour ce qui est des groupes avec qui bosser, c’est beaucoup de bouche à oreille, de recommandations, ou de la visibilité que j’ai acquis dans la scène (via aussi une bonne communication). 

Quels conseils pourrais-tu donner à quelqu’un qui souhaiterait se lancer dans cette activité ? Est-ce qu’il y a des choses à faire et d’autres à éviter ?

Je tiens à préciser que je parle du point de vue attachée de presse indépendante (donc auto-entrepreneuse), ça peut être très différent en label. 
Il faut être déterminé et ne pas se laisser démotiver par les premiers obstacles et le temps que ça peut prendre à développer. On peut le faire sans formation en communication. Mais il faut une connaissance de l’industrie musicale, de ses acteurs et de la scène dans laquelle on veut évoluer. Ensuite, ce sont plutôt des traits de caractères qui peuvent aider. Être débrouillarde, aimer le contact humain, bien s’exprimer et connaître son sujet. Le reste suivra avec du travail je pense.
Le mieux est de commencer par faire des stages, ou assister des attachés de presse installés pour apprendre d’eux et bien comprendre notre métier. À éviter je dirais : au début le piège c’est de bosser gratuitement ou au rabais pour se faire la main, on peut vite se faire avoir ou exploiter car on ne se sent pas légitime en commençant son activité. Mais c’est important de partir sur de bonnes bases, d’acter les choses par écrit (devis, contrat etc…). 

Est-ce qu’il existe une journée type dans ton travail, ou pas du tout ? Et si oui, quelle est-elle ?

Je travaille globalement de chez moi. C’est beaucoup de mails (dans un premier temps y répondre puis en envoyer pour relancer les médias ou envoyer des communiqués), de la relation client avec les artistes, récupérer les retombées médias, des coups de fils ou réunions en visio, un peu de com’ sur les réseaux sociaux (y compris la création de visuels) ou encore l’envoi de CDs … Un peu de compta aussi.
Et la partie la plus cool de mon travail c’est le terrain. Concerts / festivals, journées promos, événements pros … Au contact des artistes et des médias.

Qu’est-ce que tu utilises comme outils au quotidien pour ton métier ? Mail, téléphone j’imagine bien. Il y a d’autres choses ?

Mail, Google drive, téléphone, whatsapp, photoshop, réseaux sociaux, un outil de newsletter…

Tu travailles avec tous types de presse ?

Je m’occupe principalement de groupes de rock / metal donc surtout la presse spécialisée.
Mais dans le cadre du Motocultor, ou d’un contexte / sujet particulier, il peut m’arriver de travailler avec des médias plus généralistes ou locaux !

Maintenant, plus besoin forcément d’envoyer des CD pour faire découvrir un groupe avec le streaming. Mais il y a également beaucoup d’offre. Est-ce que tu penses que c’est plus ou moins dur qu’avant d’être découvert, d’intéresser la presse ?

Alors si, on a quand même besoin de CDs promo. Beaucoup de journalistes ou animateurs radios l’exigent encore ! 
Et oui c’est de plus en plus dur. Il y a de plus en plus de groupes émergents, des centaines voire milliers rien qu’en France. Et pas beaucoup de place pour eux dans les médias, même spécialisés. Des médias qui sont aussi de moins en moins…
Donc on va vraiment chercher chaque retombée avec les dents contrairement à un groupe international établi. On doit relancer de nombreuses fois les médias, qui ne vont en parler qu’en cas de coup cœur la plupart du temps car manque de temps (beaucoup sont bénévoles d’ailleurs dans les médias spécialisés, il faut le rappeler).
Je recommande la vidéo de DOOM DAD qui aborde notamment ce sujet :

Est-ce que d’ailleurs dans ton métier tu as un rôle de conseils auprès des groupes ? Sur l’image, leur stratégie, sur telle ou telle chose qui pourrait leur permettre de sortir du lot ?

Oui bien sûr. Pour ceux que je n’accompagne pas en management, et qui en ont besoin, je propose des séances de conseil sur leur stratégie ou communication. En tant qu’attachée de presse, on peut aussi aider les groupes dans la manière dont ils s’expriment. Notamment au cours des interviews, ce qui contribue à se créer aussi une image.

Au niveau des groupes dont tu t’occupes des relations presse, comment se passe la prise de contact ? Ce sont les groupes qui viennent te voir, ou il t’arrive d’aller voir un groupe qui t’a tapé dans l’œil ou l’oreille pour proposer tes services ? 

Généralement oui, ce sont les groupes qui me contactent. C’est rare mais ça m’est déjà arrivé de le faire moi-même en cas de coup de cœur oui !

Et est-ce qu’il t’est déjà arrivé de refuser des groupes ? 

Oui, au vu du nombre de demande qu’on reçoit malheureusement il est impossible de prendre tout le monde. Par ailleurs, l’intérêt d’exercer en auto-entreprenariat c’est que je suis seule décisionnaire des projets sur lesquels je vais travailler. Et, faire la promo de groupes qui nous tiennent à cœur, c’est quand même vachement mieux (et plus efficace) que de travailler sur des artistes qui ne nous parlent pas ! Encore une fois, il y aussi cette volonté de proposer un roster de qualité et une « patte artistique » aux médias que je démarche.
Parfois, ça ne se fait tout simplement pas pour des raisons de budget, de planning …

C’est un travail de contact, ou maintenant beaucoup de choses se font à distance ? Est-ce que tu te rends souvent aux concerts des artistes que tu suis ?

Beaucoup de choses se font à distance depuis le covid. Mais oui, le contact et la rencontre avec les artistes est importante. Voir le groupe en live peut aussi nous motiver encore plus, nous aider à mieux parler du projet … On y voit aussi parfois le fruit de notre travail quand il s’agit de release party ou grosses dates importantes sur lesquelles on a travaillé. Quand on bosse la majeure partie du temps derrière un ordi, c’est hyper important de ne pas perdre le lien avec le live.

En plus des relations presse, tu fais aussi du management de groupes. Il y a un groupe que tu manages depuis longtemps et qui a un parcours intéressant, ce sont les Grandma’s Ashes. Peux tu nous raconter ton parcours avec ce groupe ? Et les prochaines étapes à venir avec elles ?

Je connais Eva (bassiste / chanteuse) depuis plus de 10 ans. On s’est rencontrées dans notre réseau de zikos de l’époque. On a gardé contact, elle m’a aussi tatouée bref … Quelques années plus tard, je n’avais pas commencé NRV depuis longtemps, c’est Myriam (guitariste) qui m’a contacté pour faire un premier rdv. J’ai eu le coup de cœur sur leur musique et le courant est tout de suite passé entre nous.
Je les accompagne depuis maintenant bientôt 5 ans et on a beaucoup évoluée ensemble ! Ça me fait super plaisir de voir le projet grandir, grâce à nos efforts communs, leur travail acharné et aussi la confiance qu’elles m’ont accordé depuis le début. J’ai aussi beaucoup appris à leurs côtés. Aujourd’hui on est toute une équipe à bosser avec le groupe. Donc c’est un ensemble qui permet tout ça (notamment le travail de Jimmy chez 3C tour qui déchire sur le live).
On aura bientôt des nouvelles à annoncer; le groupe travaille sur la suite !

Et tu peux nous expliquer ce que tu fais en plus pour les artistes que tu manages, la différence entre ton métier de RP et celui de manageuse ?

L’objectif est plus global, je les accompagne vraiment dans tous les aspects de leur carrière. Je démarche d’autres partenaires (labels, tourneurs, éditeurs, distributeurs etc), des prestataires si besoin (réalisateurs de clips, photographes, ingé son, studio …). On met en place une stratégie, un planning, des deadlines afin de se fixer des objectifs. On travaille aussi sur leur communication, créer des visuels promo, leur image. Ou encore la négociation de contrats ou de partenariats …
Je peux aider aussi à organiser une release party, remplir des dossiers de candidature à des programmes d’accompagnement, les suivre en tournée pour faire le merch ou l’intermédiaire avec les personnes sur place. C’est vraiment un boulot couteau suisse !

Tu t’occupes aussi des relations presse du Motocultor. Comment s’est passé ton début de collaboration avec le festival ?
J’imagine que cela change pas mal la façon de travailler par rapport à un groupe ?

On m’a contacté pour me proposer la mission et me demander un devis. Après des discussions on s’est mis d’accord en mars 2023 pour entamer une première collaboration.
Effectivement, rien à voir avec la promo d’un album ! Il s’agit de faire la promo du festival en amont auprès des médias avec des communiqués sur la prog’ tout au long de l’année. Mais pas que : gérer les demandes d’accréditations, organiser des interviews avec la direction, mettre en place les partenariats publicitaires, organiser les interviews de tous les groupes du festival avec les médias en amont et sur place, organiser des conférences de presse …
C’est beaucoup de boulot mais je suis très fière de faire partie de l’équipe !

Comment gères tu ton temps entre tes différentes activités, notamment à l’approche du Motocultor où tu ne dois pas chômer ?

Je suis à temps plein toute l’année. Avant j’avais la période d’été sans sorties mais maintenant avec le Motocultor c’est devenu une grosse période de travail. L’avantage c’est que j’adore mon métier donc c’est fatiguant mais c’est gérable 🙂
Et j’essaie de m’imposer un minimum de vacances et de temps off – vie privée le weekend et le soir après 19h. 

Parfois la frontière est fine entre le pro et le perso comme par exemple avec les artistes que j’accompagne en management qui sont aussi devenus des amis au bout de plusieurs années à bosser ensemble et partir en tournée … Mais eux-mêmes ont compris comment je fonctionnais, quelles sont mes limites donc ça se passe très bien.

Quels sont tes goûts musicaux ? C’est en adéquation avec les artistes que tu suis, ou tu peux très bien t’occuper d’artistes dont le style n’est pas dans tes styles de prédilection ?

J’écoute beaucoup de choses. Mais principalement le rock / metal oui, avec une appétence particulière pour tout ce qui est stoner / psych / grunge et rock alternatif.
Donc c’est en adéquation oui ! (après je suis aussi fan de choses totalement différentes comme Post Malone ou Britney Spears….)

Est-ce que tu as des pépites découvertes récemment (dont tu t’occupes ou pas) que tu pourrais nous partager ? Et est-ce qu’il y a quelques artistes dont tu t’occupes que tu souhaiterais mettre en avant ?

En ce moment j’écoute beaucoup l’album de SEX SHOP MUSHROOMS (jeune groupe de grunge dont je m’occupe) qui va sortir début octobre ou encore celui de TWO TRAINS LEFT.
Mais bon, que des pépites dans le roster donc je vous conseille d’aller écouter la playlist NRV Promotion : 
https://open.spotify.com/playlist/62b1ow9oyCPoHQBCGQeAV5?si=478e8236fce94e22

Sinon, je sur-kiffe l’album UNISSON de BRUTUS que j’écoute en boucle depuis un an !  
Aussi l’album STILL NERVOUS de Bad Nerves et le dernier de ZED YUN PAVAROTTI.
J’ai aussi entendu un extrait de LINKIN PARK avec le nouveau line-up, il faut que j’aille écouter ça de plus près car je pense que je vais adorer …

Merci pour cette interview !

Merci à toi !!

Interview réalisée par Arnaud Guignant

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