Vernissage exposition « Diabolus in Musica » à la Philarmonie de Paris le 4 avril 2024

Metal, Diabolus in musica.
La Philharmonie de Paris propose toujours une programmation éclectique. De la musique ancienne à la musique contemporaine, en passant par le jazz et autres musiques du monde, tout est sujet à découvertes.

Les expositions temporaires explorent un musicien (Beethoven, Bowie, etc.). Ou bien un univers (comédies musicales, Charlie Chaplin, Basquiat. Ou encore d’un genre. Après le Reggae, le hip-hop, l’électro, etc. cette année, c’est place au Metal. Il était temps !

Sous la direction de Corentin Charbonnier et Milan Garcin, l’institution fait entrer les décibels les plus saturés et puissants que l’établissement ait connus ! Avec le Warm Up du Hellfest (Rise Of The Northstar / Benighted / ten56) et le concert de Behemoth (+ Regarde les hommes tomber), il va y avoir du lourd prochainement dans le bâtiment de Jean Nouvel.

Vernissage Diabolus in Musica

Le vernissage du 4 avril a été marqué par deux concerts captivants : Limbes et Verset Zéro.

Qui dit vernissage, dit buffet. Au menu, l’iconique Jack Daniel Ⓡ (boisson fétiche de Lemmy et Slash entre autres), softs, eaux aromatisées, boissons énergisantes (sponsor de la soirée). Et pour éponger cela il y avait des chips et cacahuètes et autres petits rouleaux salés. Comme en festival, le stand chalet en bois pour fournir la bière n’est pas très loin. La IPA de Gallia coulait presque à flot ce soir-là.

Introduction in Metallum

En préambule, avant même d’entrer dans la salle d’exposition, une vidéo projetée depuis la Mainstage du Hellfest plonge les visiteurs dans l’ambiance. Une immersion au pays des gens vêtues de noir et faisant le signe des cornes avec leurs mains.
En parlant de cornes, pourquoi associer le diable au metal ? Parce que ce genre musical inclut le fameux triton ou la quarte augmentée en musique, qui fut banni par l’Église au Moyen Âge en raison de sa dissonance. D’où le terme en musique de “Diabolus In Musica« . (qui est donc le nom de l’exposition en plus d’un album de Slayer).

Les racines metalliques

L’exposition débute par une exploration de l’histoire et des origines du metal. Des objets cultes, tels que la guitare « Monkey » Gibson SG de Tony Iommi de Black Sabbath datant de 1964, sont mis en valeur pour évoquer la genèse : Black Sabbath, Deep Purple et Led Zeppelin. Cette juxtaposition avec une sculpture de Rodin invite les visiteurs à découvrir le lien entre l’œuvre et Black Sabbath.

Arts metalliques (inspiration, influences)

Une part importante de l’exposition explore le lien entre l’héritage de l’art classique et religieux (à voir la partie retables et tableaux VS pochettes d’albums) et les influences de la littérature fantastique, fantasy et de SF. Une œuvre qui illustre cela est la sculpture contemporaine « Knocking on Heaven’s Door » de Wim Delvoye. A la fois impressionnante et pleine d’humour. On retrouve également l’Alien emblématique de Hans Ruedi Giger, célèbre pour son travail sur le film « Alien« .( Pour preuve, on retrouve une réplique au Black Dog 😉! ).

Raretés cultes et metalliques

Parmi les pièces rares exposées, on trouve la guillotine utilisée par Alice Cooper et un hommage touchant à Lemmy Kilmister. Mettant en valeur sa basse emblématique accompagnée d’une bouteille de Jack Daniel’s (à chercher dans le vitrail).

Un autre élément marquant est la présence de la basse de Robert Trujillo, bassiste de Metallica. Celle-ci est customisée par sa femme, Chloé Trujillo (nldr : vous pouvez trouver la chronique de son concert avec BVLD of EYES deux jours plus tard dans nos pages, et son interview réalisée à cette occasion également). Plasticienne dont l’univers artistique inspiré de la santa muerte mexicaine représente un exemple remarquable entre art visuel et musique.

Expo immersive

L’expo se poursuit sur une chapelle explorant les différents sous-genres du metal. C’est ici que l’immersion sonore est à son apogée ! Les oreilles sont sollicités de toutes parts. À cet endroit précis, il est très difficile de résister à l’envie de secouer la tête. Les différents styles sont diffusés forts et sans concession. Des objets emblématiques comme le chopper de Nikki Sixx de Mötley Crüe ou la Gibson de Slash attirent les yeux des visiteurs pendant ce temps. Il y a également des setlists manuscrites, des feuilles griffonnées par des musiciens mythiques, la fameuse hache/basse de Gene Simmons, etc. Bref, les passionnés ressortent des étoiles dans les yeux. Difficile de tout voir, peut-être qu’une deuxième visite sera nécessaire !

Parmi les autres étapes de l’expo, le metal dans son contexte temporel avec ses engagements politiques et contestataires. La légende disait jadis que le metal était un genre underground, anti système. Libre à chacun d’en juger aujourd’hui…

Metal français…

La partie consacrée au metal français tente de manière non exhaustive de dresser un panorama des groupes émergents et ceux implantés de longue date. Un mur de photos affiche des groupes français, accompagné d’un dispositif interactif. Ce dernier combine un projecteur et un ‘jukebox‘ tactile constitué de billets de concerts.

En appuyant sur un des billets, les visiteurs peuvent non seulement écouter un extrait sonore de leur groupe préféré, mais aussi repérer la photo sur le mur grâce au projecteur. Certains musiciens seront là, émus et/ou amusés de voir leurs noms inscrits sur ce wall of fame.

…et d’ailleurs

Dans la salle suivante, l’exposition explore le metal mondial. Mettant en lumière les mêmes habitudes vestimentaires propulsées à travers le globe, ainsi que les groupes venus des antipodes. Comme les Néo-Zélandais d’Alien Weaponry.

Anthropologie metallique

Dans l’espace qui suit, on découvre l’aspect anthropologique des passionné.e.s de metal. Fétichisme et collectionnite aiguë feraient partie de leurs habitudes. Pour preuve : le mur de T-shirt noirs, la veste à patches, les vinyls dans les étagères de l’appartement témoin du geek metalleux mâle. [aspect anthropologique validé ici].

On n’oubliera pas le système ingénieux qui permet aux non-initiés de vivre la sensation du « wall of death » sur la Mainstage du Hellfest. Ou encore celle du « circle pit » dans le mosh (le tout avec moins de sueur, d’odeurs et de bière renversée).

L’appel du merch

En sortant de l’expo, l’envie nous prend d’acheter du merch… euh des souvenirs à la boutique ! Le vinyl en édition limitée, le livre de l’exposition à la première de couverture metallique édité chez Gründ, le tote bag et surtout le t-shirt noir qui va bien, nous font de l’œil et nous implorent d’un manière démoniaque de faire chauffer la carte bleue…
Le metalleux est faible.

Exploration metallique

Il s’agit d’une exposition sur le metal riche et dense (comptez 1h30 minimum et l’envie d’y retourner persiste).
Bien sûr, elle n’est pas exhaustive car il faudrait une deuxième salle rien que pour explorer les sous-genres musicaux (une tentative de cartographie de la galaxie metal clôture l’exposition et est aussi présente dans le livre). La partie histoire, inspirations et anthropologique est remarquable. Les pépites sont nombreuses et plairont au personne suivant leurs affinités.

Diabolus in Musica, place au son !

Les vernissages permettent des choses toujours un peu surprenantes. Pour Basquiat, un DJ refaisait vivre l’ambiance New-Yorkaise des années 80. Ici, quoi de mieux qu’un concert de post black metal dans le hall d’entrée ?
Précautionneux, les serveurs et autres barmans portent des bouchons d’oreilles.
Le vernissage est donc l’occasion de découvrir deux One Man Band.

LIMBES

Limbes, orchestré par Guillaume Galaud, offre une plongée profonde dans un univers philosophique et psychologique. Les thèmes de la peur, de la finitude et de l’angoisse de disparition résonnent au cœur de sa musique. Un metal atmosphérique, sombre, âpre et torturé. Produit par les Acteurs de l’Ombre, Limbes explore les méandres de l’âme humaine. Avec des nuances mystiques presque religieuses qui s’alignent parfaitement avec le thème de l’exposition Diabolus In Musica.
Les spectateurs se sont rassemblés près de la petite scène sobrement installée dans l’espace hall. Guillaume Galaud, guitare en main, vêtu d’un simple t-shirt noir, lance un scream rauque et tonitruant sous le totem de projecteurs, à plus d’un mètre du micro. Son impressionnante présence scénique emplit l’espace. Le style musical rappelle Amenra par sa puissance écorchée, même si Guillaume n’est pas dos au public. Les têtes de l’audience se secouent en rythme, emportées par cette expérience.

VERSET ZÉRO

Le décor se métamorphose sur scène : un autel orné de chasubles, de calices et de chandeliers illuminés, avec des fleurs disposées symétriquement de chaque côté. De grands kakemono arborant des croix templières annoncent que la messe sera dite en… metal !

L’artiste apparaît sur scène, le visage dissimulé derrière un voile noir opaque, offrant un indus extreme doom écorché. Rappelant, dans une certaine mesure, Perturbator. L’atmosphère sombre et angoissante de cette liturgie sonore est ponctuée de growls graves et intenses qui résonnent à travers le hall. Entre les morceaux, il boit dans le calice devant lui pour humidifier sa gorge.
Plus tard dans le spectacle, Verset Zéro retire son voile, dévoilant une tête entièrement peinte en noir. Tenant un Livre, il entame une prédication hurlée, les bras en croix levés vers le plafond de la Philharmonie.
Après ces lectures quasi-évangéliques, il prend sa basse électrique et nous emporte dans un doom profond et envoûtant, une expérience à savourer les yeux fermés, en recueillement. Suite à des psaumes growlés avec ferveur, il replace son voile pour communier avec le public, descendant de la scène pour être parmi nous dans un final eucharistique.

Missarum est dictum in metallum (la messe est dite en metal)

La messe de Verset Zéro, tout comme le concert de Limbes, résonne parfaitement avec l’imagerie explorée dans l’exposition Diabolus In Musica. L’exposition cherche à mettre en lumière le lien quasi religieux entre les fans de metal et leurs idoles, parfois vénérées de manière fanatique à travers leurs collections et leurs rituels. Les mythes, les pèlerinages (comme au Hellfest) et les traditions font partie intégrante de la culture metal.

La ferveur ressentie dans le mosh pit, les pogos évoquant des états de transe, reflètent bien la profondeur de cette musique qui s’approprie et défie les codes religieux. C’est ce sentiment partagé qui unit les fans à travers le monde et crée une connivence particulière, une sorte de fiction collective avec ses propres règles. Le metal offre ainsi une expérience cathartique indéniable, permettant à chacun de s’immerger pleinement dans cette communion musicale. \m/

Maïa (instagram) – Photos : Anne

« Diabolus in Musica », exposition du 5 avril 2024 au 29 septembre 2024, toutes les informations sur le site officiel.
Retrouvez LIMBES sur instagram.
Retrouvez VERSET ZERO sur instagram.

6 commentaires sur « Vernissage exposition « Diabolus in Musica » à la Philarmonie de Paris le 4 avril 2024 »

  1. Un superbe résumé d’une superbe exposition 😁
    Merci de nous permettre de voyager et de retourner voir, grâce à la lecture de cet article, cette exposition aussi complète qu’agréable !

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