Makoto San au festival Les Suds à Arles

Voir Makoto San sur scène est une expérience démoniaque. Voir Makoto San sur scène juste après Jeff Mills, dans le théâtre antique d’Arles, est une expérience démoniaque qui aurait intégré une note de divin.
Le décor de pierre antique et de ciel tirant vers la nuit – éternité et fugacité – laisse le spectateur dans la contemplation, tandis que de petits humains installent machines, bambous et lampions sur la scène. La couleur chaude des instruments et le noir des machines sont déjà une promesse des contrastes et rencontres à venir.

Makoto San au festival les Suds à Arles

Les humains qui prennent la scène ensuite semblent d’abord être des aliens, des mixtures d’insectes et de guerriers japonais, des clones masqués, étranges apiculteurs ou escrimeurs.
Puis, en les observant, on commence à noter les différences : de costumes (blancs avec des touches de noir), ressemblants mais différents, de masques (blancs ou noirs avec des ronds centraux plus ou moins larges), de couvre-chefs (bonnet, casque, capuche).
Ils investissent l’espace, qui sur des machines, qui tapant sur une percu ou l’autre avec des baguettes. Le public étonné s’habitue à cette distribution des espaces et des instruments, mais au milieu du morceau, une fois, deux fois, les personnages, dont on commence à ressentir les présences particulières, changent d’instrument, nous font découvrir un nouvel espace, un nouveau son par un autre instrument.

Makoto San au festival les Suds à Arles

Chaque morceau nous emmène visiter une partie de l’instrumentarium, le son qui en sort, les gestes qui le font résonner, par une scénographie millimétrée. Petit à petit, on pense se réveiller de la fascination exercée par ce bain sonore et visuel, et au moment où le show monte en puissance, l’énergie fabuleuse des tableaux symétriques et guerriers, et des déplacements de chaque personnage dans son rôle, crée un vertige et une dissociation dans le public qui entre en transe. De partout se lèvent les premiers touchés par le phénomène, diablotins dansant de tous leurs membres avec acharnement, bientôt rejoints par une deuxième puis une troisième vague.
La musique continue d’évoluer, accompagnée par des lumières vives, un tambour horizontal qui s’illumine soudain, la transe atteint les musiciens qui bondissent à leur tour. La scène et l’amphithéâtre pulsent à l’unisson, une onde de chaleur vibrante monte au cœur des Suds, on espère que ça ne s’arrêtera jamais.

Amélie RobertPhotos : Richard Gouard (instagram)

Toutes les infos sur le Festival Les Suds à Arles
Retrouvez Makoto San sur YouTube et instagram

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *