6, 7 et 8 juillet 2007 – Solidays

Trois jours de festival avec comme maîtres mots ‘solidaire’ et ‘festif’, ainsi qu’une affiche alléchante, cela valait bien qu’on s’y mette à quatre pour vous ramener le maximum d’infos et de photos sur ces trois journées passées sur hippodrome de Longchamps. A découvrir ici…

Vendredi 6 juillet 2007

En ce début d’été pluvieux, la météo avait pourtant décidé d’épargner la paille qui protégeait le sol de l’hippodrome de Longchamp pour cette édition 2007 des Solidays. A l’ouverture des portes en milieu d’après-midi, l’atmosphère est plutôt étudiante et l’attente désagréablement prolongée par l’utilisation outrancière des scanners. Peu importe, je suis enfin dans l’enceinte du festival, avec un petit regard d’envie sur le tableau coloré que forme l’assemblage des tentes pour un camping déjà bien rempli (ah si j’étais jeune …).

La foule quant à elle est encore parsemée pour le set des Fatals Picards qui sont seuls à assurer l’ouverture du festival sur la scène  » Paris « , la plus importante des quatre. Nous squattons dans l’herbe, il fait beau et sur notre gauche, les premiers sauteurs à l’élastique se lancent dans le vide du haut des grues. Le groupe nous met de bonne humeur avec ses habits de scène improbables, ses délires à la sauce punk festif, ses piques sur Goldman, Noah, ou le communisme, nous demande si on est contre la guerre, les enfants battus (etc…), jouent la carte du second degré pêchu, et tout cela est plutôt bien parti. Non vraiment, ces gars là auraient mérité un meilleur accueil à l’Eurovision, et on ne leur en veut pas : s’ils ont sans doute été incompris là bas, ils auront conquis tout le monde ici !

Pour la suite, au vu de leur dernière presta à TARARATA, j’avais très envie de rester un long moment devant No One Is Innocent. Mais le live en plein air n’est pas à la hauteur, et les commentaires agacés de mes amis sur les formations dites engagées couplés à l’envie de plusieurs de découvrir les Sunshine Underground sur la scène  » Phenix  » à l’autre bout de l’Hippodrome me laissent à peine deux morceaux. Je ne suis pas mécontente d’ailleurs, de m’être laissée entraînée. Car le groupe est une bonne surprise, s’amuse sur scène et donne envie de danser.

Dix-huit heures trente et nous faisons la route dans l’autre sens pour retrouver  » Paris  » et les très médiatiques Editors.  » Tu vas voir, me dit-on, le leader avec ses attitudes est un sujet de photo idéal  » ! Et c’est vrai qu’il y a de quoi se régaler, à presque en oublier ce pourquoi on est ici, c’est à dire la musique. Il faut dire que je ne fais pas partie de ceux qui ont éprouvé ces derniers mois un engouement sans faille pour ce nième groupe britannique qui n’apporte pas grand chose au schmilblick même si la voix de Tom Smith m’impressionne plutôt agréablement. Retour sur la scène  » Phenix  » pour Eiffel que j’aime vraiment. Le son est trop fort et les protections auditives ne sont pas superflues mais je suis prête à leur pardonner. Les morceaux du nouvel album Tandoori (excellent) se mêlent à d’autres titres plus anciens dont  » Tu vois loin  » que je chantonne encore en écrivant. Ne pas se fier aux apparences, Romain Humeau n’est pas aussi  » brut de décoffrage  » qu’il en a l’air et ses compositions ont une finesse et une intelligence qui surpasse de très loin celles tant d’autres groupes qui font le buzz pour des raisons qui me restent incompréhensibles. Eiffel c’est du vrai (très) bon rock français. Qu’on se le dise.

Mlle K

Il est vingt-heures trente à présent et la sortie des bureaux a généré une deuxième heure de pointe à l’entrée du festival. C’est aussi le premier dilemme véritable de la journée : Kaiser Chiefs ou Mademoiselle K. Mademoiselle K ou Kaisers Chiefs … Ah tant pis, j’ai trop envie de voir enfin celle «  qu’ on invite pas  » ! Et très vite je sais que je n’en aurais aucun regret tant ce concert là fait partie de mon top du jour. Tout y est ! La musique, l’énergie, la communication entre les membres du groupe, le jeu de scène, les paroles, les attitudes, le charisme, enfin tout ! L’être et le paraître. Yeah ! Je suis ravie et déjà épuisée.

C’est l’heure du ravito. La bière alcoolisée ne se vend pas ici sans quelque chose à manger. On distribue aussi les Alcootests à la sortie. Ce serait bête tout de même de faire de la prévention et de l’information sur le sida et de laisser les gens s’encastrer dans un arbre à la sortie du festival. Je vis la fin du festival en touriste, pas emballée par un Paolo Nutini dont la soupe pour midinettes me laisse plus que froide, ni par un Joey Starr que je trouve franchement malsain jusque dans sa musique dont l’agressivité même me met affreusement mal à l’aise. Ms. Lauryn Hill, malgré la meilleure volonté du monde et une débauche de moyens (qui fait flop de mon point de vue), ne me séduira pas davantage.

Dommage de terminer sur ces notes là, mais je repars en chantant Cocorico : entre les Fatals Picards, Eiffel et Mademoiselle K, le rock français a de beaux jours devant lui !

Isatagada

Samedi 7 juillet 2007

Deuxième jour sur l’hippodrome, et on commence notre journée sous chapiteau avec le jazz manouche de Samarabalouf. Les morceaux instrumentaux s’enchaînent, c’est rythmé, c’est dansant et on aura même droit à un petit moment culturel au moment de l’explication du nom de groupe. Ces amienois ont grandi les pieds dans la Somme, dont le nom antique est Samara, et au rythme des bals de fous. Un peu de verlan là dedans et le tour est joué.

Après quelques tours du site, nous prenons la direction de la scène domino où d’ici une vingtaine de minutes interviendra Renan Luce. Le buzz autour de lui est de plus en plus important, et cela se voit au regard du nombre de personnes qui ont déjà réservé leurs places devant la scène. Le set commence et le public répond présent tout de suite, accompagnant beaucoup de morceaux de la voix. Sur scène, c’est bien rodé, avec peut être encore un léger manque de naturel dans les phrases entre les chansons. Le set se clotûre par La lettre, et le peu de place restant dans les environs proche de la scène est vite comblé par tous les spectacteurs arrivant des quatre coins de l’hippodrome en courant.

On retrouve ensuite M.A.P à Bagatelle. C’est la troisième fois que je les vois sur scène, et le mélange rap-violon-accordéon fonctionne toujours très bien. Ils sont doués pour se mettre tout le monde dans la poche, même les personnes n’appréciant pas le rap en règle générale. On aura même droit à l’apparition de Mouss & Hakim sur deux morceaux, un de Zebda et un de M.A.P. Fidèles à leurs habitudes, on les verra de temps à autre fendre la foule, ou slammer tout en continuant à chanter et jouer de l’accordéon (et slammer avec un accordéon, belle perf !).

Un peu plus tard, et toujours à Bagatelle, on sent une certaine fébrilité et une certaine curiosité. C’est bientôt l’heure d’un des évènements du festival : le concert unique de FFF, reformé pour Solidays. Marco Prince l’annonce d’ailleurs d’emblée ‘ca fait un bail !‘, mais ‘l’occasion était trop belle’. On sent d’ailleurs le groupe content d’être sur scène, surtout Marco qui prend souvent la parole. En tout cas, une confirmation : le groupe n’a pas perdu en énergie, même si je n’accroche pas sur tous les morceaux. Question que tout le monde se pose bien sur à la sortie : et maintenant ? Concert vraiment unique ou pas ?

Mais peu de temps nous est laissé pour tergiverser car sur la grande scène ce sont les Motivés qui font leur apparition avec la tombée de la nuit. Au programme, des reprises de toutes les époques et tous les horizons, mais avec le point commun d’être toutes des chansons festives de lutte.

Pour terminer la journée, nous passons voir Sinclair sur le chemin du retour. En live, c’est beaucoup plus énergique et entraînant que les morceaux que je connaissais de lui, et j’avoue avoir été agréablement surpris y allant au départ avec plutôt un a-priori négatif.

Dimanche 8 juillet 2007

Troisième journée qui débute par un des ptits plaisirs du festival. Pas forcément facile pour un groupe de commencer une journée, il est encore tôt, tout le monde n’est pas encore sur site, mais les Blérots de R.A.V.E.L l’ont fait avec brio, et ce fut un grand succès populaire. Ils savent y faire entre une musique entraînante, et leurs scènettes théâtrales. Point d’orgue, les morceaux joués au beau milieu du public de la scène Phénix.

J’attends ensuite avec impatience le début de la prestation d’Adrienne Pauly, et en laissant traîner l’oreille autour de la scène, je ne suis pas le seul. J’en ai entendu beaucoup de bien, c’est le moment de faire mon opinion là dessus. Et force est de constater que les bons échos étaient fondés. Sur scène elle dégage quelque chose, une rock’n’roll attitude, peut être son passé de comédienne y est-il pour quelque chose.

Arrive en revanche pendant son show ce que tout le monde redoutait, à savoir la pluie, qui n’a pas fait semblant d’ailleurs. Les turfistes auraient parlé d’un terrain gras. Du coup, les deux scènes couvertes ont été prises d’assaut. Ce qui n’a pas du déplaire à Kaolin, qui évolue justement sous la chapiteau Phenix. Personnellement, je n’ai pas accroché plus que cela, mais au vue des conditions ce n’était pas facile.

Pendant ce temps, Karpatt joue sur la scène Bagatelle, et c’est le moment de retouver Matt ci-dessous pour la suite et fin du festival.

Arnaud Guignant

Très tôt, les gros nuages ne nous ont pas épargnés. Karpatt a joué devant un public en k-way et capuches. Après quelques joyeux mouvements de foule et slams, notamment de Fred Rollat le chanteur, époustouflant de réalisme, il était très difficile de rester au sec. J’ai donc pris l’eau, tout en appréciant la bonne humeur du public et des musiciens. Bizarrement, j’avais l’impression d’avoir déjà croisé Hervé Jegousso, le contrebassiste. Avec Gaétan Lerat le guitariste, ils forment un trio jazz manouche très attachant. Je vous les conseille vivement.

Ensuite, c’était au tour d’Ayo sur la grande scène ‘Paris’ d’envoûter tout le monde. Même les pieds trempés et boueux, ce fut une joie de se planter devant la scène pourtant pleine de flaques. J’étais venu pour elle, un vrai coup de cœur depuis des mois. Après avoir raté ses concerts sur Paris, Solidays devenait un rendez-vous indispensable pour la voir. Et je n’ai pas été déçu. Elle est trop mimi. J’suis tombé amoureux au bout de deux titres. Quel bonheur ! 🙂 D’autant qu’elle nous a ramené le soleil a la fin de son dernier morceau, dansant et souriant de plus belle.

Puis Mass Hysteria a pris la scène ‘Bagatelle’, du gros son toujours appréciable, fusion rock-electro puissante. Certes parfois naïf dans les prises de parole. Au final, j’ai beaucoup apprécié ce moment. Yannick Noah a suivi dans la foulée, à quelques mètres, et était très attendu. Plutôt nunuche au début, on se laisse vite prendre par l’ambiance bon enfant. Il a de la répartie et le plaisir de communiquer avec les milliers de fans. Se sont enchaînés les derniers tubes bien connus de son répertoire : Destination ailleurs, Aux armes citoyens, Donne moi une vie…

En début de soirée, ce fut au tour de Trust, avec Bernie Bonvoisin son chanteur au combien charismatique. Cependant, il fut bien en dessous de Mouss, son acolyte de Mass Hysteria. Du rock de papi assez sobre. Globalement, je préfère les musiques festives et explosives, à moins d’être très persuasif dans les mélodies, ou d’apporter quelque chose de nouveau… Ils auraient gagné à passer plus tôt. Donc plutôt déçu par leur prestation. Je ne suis pas resté. D’autant que leur fameux refrain ‘antisocial’ tardait à venir. Snif !

Enfin, Diam’s qui terminait là sa tournée, limite en tête d’affiche. Spectacle parfaitement rodé, avec fight marrant entre Marc le pianiste et Dj Dime, toujours inspiré. Notre rappeuse nationale a revisité quelques standards, de NTM à IAM, en passant par Daft Punk et Bob Sinclar… comme à son habitude. Ses potes du Jamel Comedy Show avaient fait le déplacement. L’occasion d’offrir quelques chichis sur l’herbe, repoussés cela dit. Diam’s a rallumé mes jambes et mes yeux. Vraiment très chouette performance, même si trop populaire à mon goût. J’suis plus dans l’esprit de La Rumeur pour les idées. Niveau son, il y a toujours mieux et plus profond, comme avec The Roots par exemple, vus à Furia récemment. C’est une autre dimension. Au rayon des principaux concerts auxquels je n’ai pu assister : j’ai juste entraperçu Grand corps malade en train de saluer son assistance sous le chapiteau ‘Phenix’. Beaucoup de monde sur scène visiblement. Et j’ai choisi de faire l’impasse sur Abd Al Malik, déjà entendu à La Flèche d’Or cette année. Priorité aux nouvelles expériences…

En toile de fond, l’association Solidarité Sida avec tous ses bénévoles, très heureux de monter sur scène après Diam’s et d’entonner ‘I’ll survive’, ou bien le rituel chant de colo’ ‘ce n’est qu’un au revoir…’ devant les grilles à la sortie.

Matt de mySpace
Crédit photo : Marilou et Isatagada

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