Vendredi 29 juin
Premier jour du Furia Sound Festival. Nous arrivons sur place un peu plus tard que ce que nous avions escompté, la fluidité déjà légendaire de l’A86 ayant été mise à mal par quelques accrochages (les connaisseurs apprécieront).
A peine la portière ouverte, nous entendons une voix caractéristique : le set de Joey Starr commence. Passés la prise du pass et la fouille d’usage, nous arrivons devant la scène principale. Je ne savais pas trop ce que faisait Joey Starr en solo, je m’attendais à quelque chose d’un peu plus calme que NTM, et bien pas du tout ! Le phrasé et la rage sont toujours là, il y a même sur beaucoup de titres la présence d’une basse et d’une guitare saturée qui donnent à l’ensemble une pêche et un mordant incontestable. On notera également une spéciale dédicace de Joey à Doc Gyneco.
Après un détour par la scène 2 pour voir les canadiens de Billy Talent, et une petite visite du site, nous arrivons pour le set de Renaud. Au programme, des grands classiques, et des morceaux plus récents. Axelle Red n’étant pas là, le public est invité à participer au duo sur » Manhattan Kaboul « . Tous les âges sont représentés, de jeunes enfants sont mêmes présents dans les premiers rangs, et Renaud invite les agents de sécurité à les faire passer de l’autre côté de la barrière pour éviter qu’ils ne soient trop bousculés.
Nous terminons cette première journée par Franck Black, puis par le set d’Archive, commencé un peu plus tard que prévu. Les impressions de ce vendredi sont très bonnes, nous n’avons qu’une hâte, celle de revenir demain. D’autant que le site du Furia, que je ne connaissais pas avant aujourd’hui, est idéal. Les scènes sont grandes, l’affiche est prestigieuse, mais malgré tout l’ensemble reste à taille humaine. Pas besoin de rester la journée entière devant la grande scène pour espérer entrapercevoir les têtes d’affiche.
Samedi 30 juin
La journée promet d’être longue et riche. Dès notre arrivée, nous traversons le site pour nous rendre scène 2. Sur scène, Ours (facile, c’est marqué sur son t-shirt avec du scotch bleu, et en gros dixit l’artiste pour que les spectateurs du fond puissent lire). L’artiste commence seul avec sa guitare acoustique, mais est vite rejoint par toute sa troupe de musiciens.
Petit crochet ensuite hors scène française, avec le heavy-punk du groupe japonais Guitar Wolf, et le mélange entre hip hop et musique traditionnelle somalienne de K’Naan.
Ce voyage musical nous entraîne jusqu’au set de Oxmo Puccino. L’ambiance est très jazzy, autant dans les costumes que dans la musique, et l’on se croit plongé dans les années 30. Le phrasé quant à lui est rappé et les mots sont travaillés. Ce mélange des genres fonctionne : il parvient en très peu de temps à installer un décor et une ambiance particulière.
Le phénomène des baby-rockers est représenté par le groupe Naast. Il y a du monde sur la pelouse, mais on voit vite que le public est scindé en deux parties distinctes. Ceux qui aiment, et ceux qui n’aiment pas. Ces derniers se manifestent bruyamment, on voit même régulièrement des projectiles fuser vers la scène. La sécurité du festival est aux aguets, et quelques snipers se font sermonner. Au final, la prestation du groupe sera relativement courte.
Les rappeurs de TTC ont en revanche joué un peu les prolongations devant le succès rencontré. Teki Latex (qui sort aussi en ce moment un album solo) et ses compères ont livré une belle prestation, et ont en plus eu un geste sympa envers les bénévoles du festival.
Un petit mot également, même si c’est hors de la cible d’HexaLive, sur Shy Child. Ils ont mis la pelouse de la scène 3 en transe, avec simplement un keytar et une batterie.
Petit détour par le service presse, où nous croisons Tryo en interview radio et télé, avant de les retrouver sur scène pour clôturer cette deuxième journée. Très attendu par un public déchaîné, le groupe a été à la hauteur de cette attente, aidés par une section cuivre et un duo violon-contrebasse. Au passage, nous avons eu droit à quelques uns de leurs nouveaux morceaux.
Dimanche 1er juillet
Nous entrons en juillet sur le calendrier, mais ce n’est pas l’impression que nous avons ce week end, même si ce dimanche est un peu plus chaud que les autres jours. En revanche, il est à noter que la pluie n’a que peu perturbé le festival, avec quelques gouttes simplement vendredi, et guère plus en cette dernière journée.
On commence déjà comme vendredi par un petit bouchon sur la route du festival. Nous arrivons malgré tout pile à l’heure pour le début des festivités, car l’affiche d’aujourd’hui est pour le moins alléchante. On se dépêche pour une interview de Superbus qui ne sera finalement pas honorée, mais nous avons bien fait d’arriver tôt pour entrer dans l’univers de Jamait. Cet enfant de Dijon nous parle de la vie, de l’amour qui s’en va. Ca sent le bistrot, l’ambiance zinc est installée avec la vieille lampe et le roadies passant entre les musiciens avec son plateau à la manière d’un serveur.
Changement d’univers avec No One is Innocent. Le guitariste s’amuse pendant les balances, faisant patienter le public qui lui offre une petite ovation et c’est parti. Ca bouge sur scène et sur la pelouse, les titres s’enchaînent et le public reprend en cœur les paroles des titres phares. Déjà avant le concert, on entendait ça et là des « si la peur fait bouger, elle fait rar’ment avancer « .
Passage par la grande scène pour la pop-rock de Superbus. On avait déjà eu pendant ces quelques jours des lancers de paille de fosse, et des images de spectateurs avec du foin dans les cheveux, mais là ça vole réellement de partout, jusque sur la scène. Cela illustre parfaitement sans trop le vouloir le single actuel du groupe » butterfly « .
Quant à nous, le vent nous porte jusqu’à la scène 2 pour y retrouver Loïc Lantoine. Au passage, on aperçoit Reuno de Lofofora dans le public. Comme disait Sandrine dans sa chronique de l’album » tout est calme » que vous pouvez lire dans nos pages, » poésie chantée ? chanson parlée ? on aime…on aime pas…on est interpellés en tout cas » et je crois que c’est le meilleur résumé que l’on puisse faire. La mise en scène est sobre, mais on ne peut être indifférents à la prestation et à la voix si particulière de l’artiste.
Le reste de l’affiche est international. Il y avait bien sur les concerts très attendus de Sonic Youth et des Queens of the Stone Age. Coincé entre les deux, l’ancien guitariste d’AS Dragon Peter Von Poelh a réussi le challenge de faire se déplacer beaucoup de monde jusqu’à la scène 3. A noter enfin l’excellente prestation d’Asian Dub Fundation, toujours très efficace.
Finalement, on en aurait bien repris un quatrième jour de ce festival, placé en plus sous le signe de la convivialité avec le débarquement de la mode des « free hugs « . Il y avait même des » tiger free hugs » de la part d’un costumé en Tony le tigre, qui a connu son moment de gloire quand il a été invité à monter sur scène par le chanteur des Queens of the Stone Age.
Alors je résume : une affiche alléchante, un site à taille humaine, une météo finalement plutôt clémente et des calins gratuits. Je crois bien qu’on en sera l’an prochain !
Arnaud Guignant
Crédit Photo : Marilou