Aout 2023. Le festival Transe Atlantique en est à sa deuxième édition, et a pour but de faire perdurer les liens indéfectibles entre la Charente Maritime et le Québec. Un peu d’histoire.
La raison de cette union ? Brouage, petit village à quelques kilomètres de La Rochelle, est aussi le lieu de naissance présumé de Samuel de Champlain, le fondateur de la ville de Québec en 1608. Sans compter qu’un siècle et demi plus tard, le 10 mars 1780, un corps expéditionnaire français, dont Gilbert du Motier, Marquis de La Fayette, embarquait à bord de « L’Hermione » depuis Rochefort vers Yorktown, pour venir en aide aux insurgés américains commandés par George Washington, dans ce qui a été le théâtre de la déroute anglaise en 1781. Autant dire que les liens de la région avec l’Amérique du Nord dans sa globalité sont très forts. Il n’en fallait pas plus pour que Transe Atlantique voit le jour, et présente depuis l’année dernière des artistes Québecois et Français.
Sommaire
Jour 1 : Marie Gold / Pi Ja Ma / Marie-Flore / Zed Yun Pavarotti
Jour 2 : Melissa Laveaux / Lulu Van Trapp / Mademoiselle K / Macadam Crocodile
Jour 3 : Ussar / Diane Tell
Transe Atlantique jour 1 – 25 août 2027
Marie Gold
Pour la première journée de l’édition 2023 c’est une affiche très électro pop et rap qui est présentée. Pour ouvrir le bal la Québécoise Marie Gold. Cette dernière bouscule les codes et les habitudes de ce style musical pour nous livrer un rap riche et dynamique, même si le public n’est pas encore très nombreux devant la scène.
Son parcours atypique la pousse à sortir « Baveuse City », un album concept mélangeant l’absurde, l’engagé mais aussi le ludisme et une certaine sensibilité. Elle nous propose plusieurs extraits de cet opus, accompagnée par ses deux acolytes. La rappeuse, et par ailleurs ingénieure en physique, dévoile un univers immersif sur un découpage de prods aux lourds accents Québécois. Elle tourne beaucoup de ce côté ci de l’Atlantique, vous devriez pouvoir croiser sa route.
Pi Ja Ma
PI JA MA est le deuxième artiste a se produire sur la scène de l’Espace Saint Louis. Qui est PI JA MA ? Vous souvenez vous de Pauline de Tarragon ? Découverte par le grand public en 2014 dans la Nouvelle Star, Pauline s’est muée en Pi Ja Ma pour porter une musique qui lui ressemble, à la fois légère et profonde. Elle sort son deuxième album, « Seule sous ma frange » en 2022 et depuis le défend sur scène. Elle y chante en anglais et français, sur des mélodies tantôt dansantes, mais parfois aussi mélancoliques. Sa pop trouve parfois des accents électro et disco, nous ramenant vers des périodes plus anciennes de l’histoire de la musique.
Épaulée sur scène comme en studio par son fidèle producteur et co-compositeur Axel Concato, et ce depuis son EP Radio Girl, l’entente artistique entre ces deux-là donne à la musique de PI JA MA une allure de légèreté sans prétention, tout en ayant des arrangements pointilleux idéaux pour accompagner la voix cristalline de Pauline. La complicité du binôme se ressent clairement en live, et le public ne s’y trompe pas.
Marie-Flore
Marie-Flore s’empare de la scène quelques minutes plus tard. Prénommée Marie-Flore en référence à une chanson de Joan Baez, la jeune Française est élevée par un papa passionné d’écriture et par une maman qui se passionne pour le chant, et plus particulièrement au sein d’une chorale. Très tôt, Marie-Flore entre au Conservatoire. Elle s’initie alors au violon. Recalée quelques années plus tard elle décide de reprendre ses études sans pour autant oublier la musique et s’empare d’une guitare puis s’initie au piano pour écrire ses premières chansons.
Depuis elle a sorti 4 albums, et le succès frappe à sa porte avec « je sais pas si ça va » sorti en 2022. Depuis elle arpente les routes… Dès les premières notes le public la rejoint en s’approchant des barrières, et chantonne avec elle, conquis d’avance. C’était sans compter avec quelques mots mordants et drôles entre les morceaux, et le, public est vite dans sa poche (Que sa belle tunique blanche n’a pas) ! Elle nous embarque dans son univers mélancolique mais néanmoins joyeux et rempli d’espoir. Ses histoires et ses peines de cœur sont poétiquement contées. Son set est également composé de titres plus pop et enjoués, permettant de danser.
Zed Yun Pavarotti
Dernier artiste de la soirée, le rappeur Zed Yun Pavarotti. De la musique classique au rap, en passant par le rock et la pop sixties, Zed Yun Pavarotti s’est construit un lourd bagage de références et d’inspirations musicales dès son adolescence. Son univers urbain, sombre et mélancolique le pousse vers le rap et se développe en 2020 avec la sortie de son premier album, « Beauseigne ». Aujourd’hui, il ouvre une nouvelle page de sa carrière avec son nouvel album (porté par le single « House »), et un virage affirmé à la pop et la puissance des riffs de guitares. Charismatique et désinvolte, il puise son énergie dans le parcours sans concession de groupes comme Oasis. Ce qui se retrouve tout de suite sur scène dans sa façon de se poster devant le micro, très « Liam Gallagher ».
Cigarette à la main, arrogant, provocant et désinvolte, Zed peut énerver. Mais sa voix ne peux que convaincre l’auditoire. Que ce soit sur les morceaux rap ou sur ceux plus rock, il est impossible de ne pas constater les qualités vocales du musicien. Accompagné par un band en formule très rock (Basse batterie guitare claviers) ça joue sévère derrière lui. Et Zed navigue entre tous les styles musicaux, ne voulant pas se laisser enfermer dans un milieu précis. Beaucoup de qualités mais, attention de ne pas se laisser enfermer dans le plagiat de certains ainés dont il s’inspire..
Jour 2 – 26 août 2023
Melissa Laveaux
Pour ouvrir cette soirée c’est la Franco Canadienne Mélissa Laveaux, originaire de Montréal mais habitant Paris depuis 13 ans qui officie. J’ai hâte de la découvrir en live car je suis absolument fan de son grain de voix unique. 30mn de retard plus tard, elle prend possession de la scène pour une petite heure, et la température monte.
Prise par le temps, elle qui adore raconter les histoires de ses chansons, de ses combats, avant de les interpréter, décide de juste donner les mots clés de ses textes…. Ce qui bien souvent est assez cocasse. On passe de Hitler à trahison, de naissance à holocauste en fonction des chansons.. Le tout amené avec beaucoup de dérision et d’humour.
Vous l’aurez compris, Mélissa Laveaux porte ses combats dans ses paroles. Elle y mêle « ses » langues : français, anglais et créole, bien sur. Lorsque Melissa chante, joue, de ses phrases et de ses notes surgissent ses désirs cachés, ses silences mis en mots mais aussi en musiques. Mélissa Laveaux n’abandonne jamais les luttes, celles de ses héroïnes oubliées, mais également les siennes, parfois très personnelles. Son combat se traduit en musique mais aussi en poésie, la poésie de ses paroles. L’humour fait tout passer, et pourtant l’émotion est bien là. Palpable.
Lulu Van Trapp
Lourd challenge à relever que de prendre la suite pour les Parisiens de Lulu Van Trapp. C’est une découverte pour moi, j’avais déjà entendu parler du groupe mais n’avais jamais prêté une oreille attentive. Quelle erreur ! Après avoir écouté quelques morceaux sur Youtube, je suis sous le charme. La voix de Rebecca est sublime, les mélodies enivrantes et très heteroclites. Hâte de les voir !
Un set rempli de groove pop-rock, un set débridé et décomplexé, et cela me fait replonger directement dans l’ambiance des morceaux des Rita Mitsouko dans les années 80. Rebecca et Max, le duo fondateur du projet, et leurs deux complices, Manu à la basse et Nico à la batterie, sont effectivement du genre à tout donner en live et ce dès les premiers morceaux. Ce soir ils vont rester relativement sages comparativement à certaines vidéos que j’ai pu voir, car toutes les générations sont représentées dans le public, il ne faudrait pas choquer… les petits et les plus âgés. Rebecca, la volcanique frontwoman dégage une sensualité qui nous irradie les mirettes, et une voix qui nous transcende. Les frissons ne sont pas loin. Une invitation à la bacchanale musicale à elle toute seule. Jetez une oreille au titre « Valley of Love », vous m’en direz des nouvelles…. Le bonheur absolu ! Et je ne vous parle pas de « Song for L » (Bon, je m’appelle Laurent avec un L majuscule…), morceau où Rebecca change d’octave avec une facilité déconcertante…
Des love songs ennivrantes et des brûlots aussi dansants que percutants, c’est tout l’univers de Lulu van Trapp. Je vais peut être me lâcher mais je crois que les Lulu Van Trapp sont ce qu’il est arrivé de mieux à la scène pop-rock tricolore depuis… Depuis bien longtemps. Ils ont tout pour réussir, ne les ratez pas !!! Deuxième album à venir au printemps.
Mademoiselle K
Changement de plateau pour accueillir Mademoiselle K. Bientôt 20 ans que Katerine arpente les scènes. 7 albums plus tard, le titre « Ça Me vexe » fait toujours son effet. C’est toujours un bonheur de la croiser sur scène, avec cette fougue jamais démentie. Encore en vacances il y a deux jours, c’est en pleine forme qu’elle arrive en Charente Maritime.
Même si le discours s’est assagi, même si des pointes électro sont venues contredire les riffs de guitare sur ses enregistrements, je ne me fait aucun souci, sur scène. A l’instar de Izia, mademoiselle K donne toujours tout et ses prestations sont toujours à la hauteur. Le public s’est rapproché de la scène, timides qu’ils étaient pendant Lulu Van Trapp. On y croise madame et sa fille, De jeunes parents et leurs encore plus jeunes enfants qui s’éclatent sur les jeux en bois grandeur nature mis en place sur le site, des trentenaires curieux, des quinquas avertis « moi je connais déjà », et une bonne poignée de jeunes à peine sortis de l’adolescence. Preuve que Mademoiselle K est restée dans les mémoires et sait encore séduire une nouvelle génération car même si les fans de la première heure sont au premier rang, les plus jeunes ne restent pas pour autant au fond du site par simple curiosité.
Si son dernier opus s’annonce beaucoup plus pop que d’habitude, la chanteuse guitariste a, bien sur, su mettre du rock dans cette nouvelle direction. Un concert qui ne peut que conquérir le public en le faisant tour à tour danser sur les morceaux plus calmes, pogoter peut être pas mais bien bouger et chanter sur les tubes qui ont ponctués ses premiers pas en 2006.
« Ça me vexe » bien sûr, en fin de set, moment fort du concert. Le côté sauvage de ses débuts est bien encore là. Cela fait 17 ans que ce titre est interprété et rien que de voir les sourires sur le visage de Katerine, on sait qu’elle ne le joue pas par obligation. Le groupe reprend aussi « Jalouse », titre plus calme où la demoiselle donne de l’espace à ses trois musiciens pour s’exprimer.
Ce soir, Mademoiselle K et son band ont mis l’ambiance, avec un plaisir manifeste et surtout sans en rajouter des tonnes, avec une vraie sincérité.
Macadam Crocodile
Le dernier concert de cette soirée s’annonce beaucoup plus électro, avec Macadam Crocodile. Xavier Polycarpe (Gush) et Vincent Brulin (IZIA, Alain Chamfort) ont longtemps écumé les scènes nationales et internationales, et leur réunion, après des années à accumuler de l’expérience, sonne comme le besoin de faire danser sans stratégie, de jouer, tout simplement, d’apporter cette folie du live qui les caractérise désormais. Leur musique, c’est une jam new-disco bourrée de synthés, de batteries afro-funk, faite de délires pop.
Le groupe est né il y a trois ans dans un studio à Montreuil. En se basant sur de vieux samples, les deux musiciens se sont rapidement constitué un répertoire d’impros délirantes, sauvages, qui leur permettaient de jouer parfois pendant plusieurs heures dans des clubs. Bon, ce soir leur set ne devra durer que une petite heure, festival et heure tardive faisant office de loi.
Xavier est au chant-clavier et Vincent à la batterie-pad. Exit les guitares et les basses. On sent tout de suite, dès le début du set, que les artistes vibrent au son de leurs musique. Un style électro funk tinté parfois d’airs légèrement plus orientaux. Ils ont su enflammer la scène avec leur énergie communicatrice. Leurs sourires complices. Un coté seventies dans leur allure, malgré le fait que leur musique soit moderne, et on a vite été projetés dans un autre temps, quelques générations plus tôt. Le temps venant à sa gâter, la fatigue s’étant accumulée et désirant dormir quand même quelques heures avant de repartir pour la troisième journée, je décide de quitter les lieux avant la fin du set….
Mais quelle belle journée ! Quelle belle programmation !
Jour 3 – 27 août 2023
Dernier jour de cette deuxième édition du festival Transe Atlantique à Saintes. Ce soir trois artistes à l’affiche, dont la marraine de cette année, Diane Tell.
Ussar
La soirée étant beaucoup moins rock que la précédente, les transats sont de mise devant la scène. On s’assoit, on se restaure, on discute… Pour ouvrir la série de concerts, Ussar prend place sur la scène. La plupart des gens présents étant là pour Diane Tell, l’ambiance reste feutrée pour le moment…
Auteur-compositeur-interprète, Ussar s’est fait connaitre grâce à son premier EP sorti en 2020. Son style se nourrit multitudes d’influences diverses et variées : rap, rock des années 1970, le tout agrémenté de solos de piano à la Keith Jarrett ou encore l’approche mathématique de l’instrument de Yaron Herman, la sensibilité en plus (surtout en live). Il nous emporte dansune musique hybride, entre pop, jazz, electro et chanson. Ce soir il vient nous présenter son dernier album, sorti en Mai dernier, le bien Nommé « Étendard ».
Après deux titres, Ussar essaye de faire réagir le public, ce qui n’est pas forcément gagné d’avance. Les gens sont certes attentifs, profitent des douces mélopées de l’artiste et de sa voix grave, envoutante. Mais mon Dieu que tout cela a du mal à décoller. Pourtant dès l’ouverture du concert, on se laisse doucement sombrer dans cet univers qui oscille constamment entre deux pôles, la modernité du phrasé de Ussar et des sons avec, parfois, des samples doucement amenés, mais également le côté vintage du piano et la voix chaleureuse de l’artiste. C’est cette polarité qui caractérise le mieux la musique et les sets d’Ussar, tout le monde peut y trouver son compte. Un voyage au pays de la mélancolie qui, au final, nous ramène un grand sourire. Car oui, au final, le public, attrapé au vol, s’est rapproché de la scène…
Diane Tell
Changement de plateau avec la venue sur scène de la Québécoise de la soirée, à savoir Diane Tell. Marraine de cette édition, et présente sur le site depuis la veille de l’ouverture du festival, c’est à dire jeudi, elle n’hésite pas une seconde à se mélanger au public, trinquer, parler… échanger avec les gens qui le désirent, toujours disponible. Abordable comme jamais, elle accorde des interviews avec grand plaisir, souriante, et avec un plaisir non feint. Mais c’est à son tour de monter sur la scène, en formule trio acoustique, accompagnée de deux musiciens, guitariste et contrebassiste.
Après 8 années d’absence discographique, son dernier album en date, « Haïku », est sorti en 2019, comprenant douze titres. Avec ses guitares, son talent de conteuse et son sourire qui ne la quitte jamais, elle présente à son public les morceaux de ce dernier album fortement teinté blues, mais également, bien sur, ses anciens titres que le public aime tant, et qu’elle partage avec toujours autant de plaisir. Qui n’a pas déjà fredonné « Si j’étais un homme » ou « La légende de Jimmy »…
Après 80 minutes, Diane quitte la scène, toujours aussi souriante affable et agréable avec son public qui s’était enfin approché en nombre de la scène. Au final je n’attendais rien de ce concert, mais quand on écoute Diane dans cette formule acoustique, juste accompagnée d’une contrebasse et d’une simple guitare, sa voix prends les devants et est vraiment attachante, avec ce ton cristallin que nous connaissons et qui vous saisit. Diane vit son art avec passion, certes, mais aussi avec une grande sincérité. Un exemple à suivre…. Vraiment (voir ci dessous).
Il y avait un troisième artiste à l’affiche de cette soirée, le bien nommé « Voyou ». Qui devrait d’ailleurs suivre les exemples de ses ainés présents quelques minutes plus tôt sur scène. J’explique ? J’explique. Sachez monsieur (sans majuscule, merci) que une carrière est faite de droits, certes, et de devoirs. C’est votre métier, hein. Ça commence par respecter autrui. Sachez également que lorsqu’un journaliste vous demande une interview en passant par les canaux autorisés, il prépare ses questions, se plonge dans votre bio, en gros il bosse son sujet. Donc lorsque la dite interview est repoussée de trois heures parce que vous désirez faire autre chose, puis, après trois heures d’attente de la part du dit journaliste, de nouveau repoussée une heure plus tard… On a juste envie de vous dire bien des choses. Nous ne méritons pas vos mots ? Vous ne méritez pas nos questions ni nos photos. A bientôt. Ou pas. Surtout « Ou pas ».
Quel joli festival que ce « Transe Atlantique ». Trois jours de plaisir sur le site Saint Louis, très agréable, dominant la vieille ville de Saintes. J’y reviendrai avec grand plaisir l’année prochaine… N’hésitez pas à vous tenir informé des prochains artistes programmés. Sachez que la troisième édition sera également fin aout 2024, et que les artistes Québécois sont déjà signés. (Non je n’ai pas de noms à donner car je ne sais absolument rien).
Texte et photos : Laurent Robert (Instagram)
Tres bel article dommage pour voyou , mais bien d’accord avec le surtout ou pas
À l’année prochaine