Depuis désormais 3 ans, Meaux honore les artistes féminines en leur consacrant un festival. Sur 3 jours, les concerts s’enchaînent, les répertoires également. Car si le festival a bien un sexe, il n’a pas de frontières musicales. L’éclectisme prime dans ce jeune festival où Hexalive s’est invité le temps d’une soirée.
Les habitués des festivals connaissent bien les sièges improvisés sur la pelouse et la boue. Au festival des Muzik’elles, attention, la fosse a droit à son revêtement en caoutchouc et des gradins pour entourer la scène ! Ici, pas d’ambiance Woodstock, mais plutôt théâtre. En étudiant la foule, on se rend vite compte que le public est plutôt âgé et originaire de Meaux en majeure partie. Au programme le premier soir : Jeanne Cherhal et Linda Lemay, deux artistes qui, si elles pratiquent toutes deux » l’humour musical « , n’ont pas tout à fait le même public.
En guise de mise en bouche, deux jeunes artistes, Stéfi Celma et T-Ka. La première ne me convainc que très moyennement voire pas du tout. Une voix et une guitare, pour un registre assez mièvre et des thèmes banals. Pas facile de passer en première partie d’une artiste comme Jeanne Cherhal. En revanche T-Ka, lauréate des tremplins réussit à me séduire. Je l’avais vu à Solidays mais n’avais pas forcément été emballée, alors que j’avoue avoir été agréablement surprise aux Muzik’elles. T-Ka, c’est une chanteuse/claviériste à la voix et au registre jazzy, accompagnée par une basse et une batterie. Durant 4 chansons, le combo nous emporte dans un petit univers sombre mi-soul mi-jazz sur les rythmes de chansons comme Terror ou Midnight City.
Puis le temps est venu de laisser la scène à ce qui est pour moi l’artiste de la soirée : Jeanne Cherhal. Si j’aimais son répertoire, je n’en aurais pas été jusqu’à la voir en concert, pourtant, Jeanne Cherhal sur scène, c’est à voir ! Pleine d’humour, d’énergie, la chanteuse prouve sur scène qu’elle est une artiste complète, passant de son piano à sa guitare électrique, reprenant Bachelorette de Björk (que je pensais impossible à reprendre) en guise d’ouverture, enchaînant les duos improbables, d’abord avec Sylvie Brunet, une chanteuse d’opéra, puis Arthur H, qui se sentait un peu seul dans un festival féminin, et enfin Emmanuelle Béart, qui ne semblait pas à l’aise du tout mais qui chantait juste.
Jeanne court, saute, crie, fait rire le public à la moindre occasion, mais surtout chante, et avec tellement de talent qu’on finit par en oublier l’affreux décor de manches de guitares en carton qui attend la quelque peu mégalo Linda Lemay. Dans tous les cas, moi, je n’attendrai pas. Enrhumée, je préfère rester sur le souvenir de Jeanne Cherhal que sur celui de Linda Lemay.
Au final, même si les Muzik’elles de Meaux continuent de verser dans le festival régional, la programmation est plutôt séduisante et le moins que l’on puisse dire c’est qu’il y en a pour tous les goûts, entre Maurane, Zazie, Melissa Mars ou Olivia Ruiz, on a bien compris que le féminin était à l’honneur, mais la diversité musicale également et ça, c’est plutôt une bonne surprise.
Melissa