Tomasz était un des secrets les mieux gardés des caves parisiennes (près de 500 concerts depuis 2001). Il se révèle enfin à un plus large public grâce à un album sublime et très attendu. » Novambre » est bien nommé. Ce premier opus porte dans son titre la mélancolie de l’automne et la beauté d’une pierre précieuse, déclinées en 10 joyaux.
Tomasz c’est avant tout une énergie et une émotion puissantes. L’associer à ses références serait réducteur tant sa musique se nourrit d’influences venues de tout bord. Il y a de l’ambient rock là-dedans (Radiohead ou Sigur Rós), de la chanson à textes très ciselés, une voix sensuelle et écorchée qui n’est pas sans rappeler celles de Bertrand Cantat ou Mano Solo.
Généralement seul sur scène avec sa guitare électro-acoustique et son harmonica, Tomasz s’est entouré ici de musiciens talentueux. Le travail sur les arrangements est important : de l’accordéon (fabuleux), du violoncelle et de la contrebasse, quelques percussions sobres et essentielles (djembé, cajón).
Il en sort un album homogène et poétique, rock, folk, aux accents slaves récurrents, hérités des origines polonaises de l’artiste. A travers des textes très personnels, Tomasz coud finement au cœur des sentiments et des errances humaines (Elles, Ethanol), il s’arrête sur les travers d’une société virtualisée ou bureaucratique (Valse moderne, la Vocation ou encore Un jour parmi tant d’autres qui évoque les affres de la naturalisation) ou, mélancolique, se perd dans des lieux qu’il dépeint avec une sensualité chavirante (La Veille, Novambre).
Coup de cœur particulier pour la troisième plage de l’album , » Valse moderne « . Exemple parfait d’un texte fort et bien écrit dont la dimension est décuplée par une valse envoûtante. Marie Janin, artiste plasticienne, apporte l’ornementation finale à cet album, en proposant dix beaux tableaux (peintures et collages) pour l’illustration du livret.
Bref, jusque dans le moindre détail, l’album de Tomasz est un bijou. A découvrir absolument.
Christine Agostini