Prenez un membre d’un des groupes de rap les plus inventifs de la fin des années 90 (en l’occurrence Djamal du groupe kabal), l’ex-guitariste de lofofora, ajoutez y un joueur de sitar (densio), à quoi vous attendez-vous ? à un rap métal violent comme l’a été le maxi single réalisé par kabal et lofofora ?
Détrompez vous, ce premier opus d’in vivo est bien loin de tout ceci… mais bien difficile de classer ce cd dans une catégorie… un melting pot d’idées, de couleurs, un voyage aux antipodes du rap classique : le flow de djamal est extrêmement variable, lent et flirtant avec le slam sur des morceaux comme ‘khol’, ‘Moi, émois’, ou encore ‘les singes’, beaucoup plus rapide sur ‘kidiz’ ou sur le refrain de ‘yéti’.
Les textes sont tous excellents, mais ceci n’est pas une surprise pour ceux connaissant kabal. D’ailleurs un petit clin d’œil à kacrew est fait sur le début de ‘yéti’, reprenant les premières phrases du morceau ‘le futur meurt en silence’. Les sujets abordés sont extrêmement vastes, d’une description de la terre et de l’humanité allant du de l’attirante vision macroscopique à la déception à l’échelle microscopique, à une vision originale et perspicace des banlieues (‘que’ est ce que tu me racontes tu te prends pour E.T ! tu crois qu’en France y’a qu’une Téci ? oh rude boy you know faut pas se prendre pour un yéti, tu vois bonhomme d’où tu viens j’en viens aussi, pour les cités j’ai roulé ma bosse merci, j’te l’accorde le 9-3 c’est pas Tahiti, mais viens on leur dit qu’on n’est pas E.T ! pour les rêveurs eh ne restez pas ici, t’sais y’a d’la vie, plus que ce qu’on dit !!!’) en passant par les deux morceaux se répondant ‘moi, émoi’ et ‘toi, et toi’ ces sujets très vastes ont tout de même une constante, ils abordent l’esprit humain, ses abus, ses errances, ses certitudes, …
La musique n’est pas en reste, vaquant entre des sons orientaux, par la présence de la sitar, notamment sur les deux morceaux superbes que sont ‘ashram’ et ‘on raconte’, à des sons plus rock, sur ‘tribus’. Pour les apports extérieurs, on notera la reprise de J. Brel sur ‘les singes’, et deux featurings, l’un avec (excusez du peu !!) Saul Williams sur ‘c’est écrit’, et l’autre avec Asia d’otopsyah sur ‘danser les baleines’.
En conclusion ce melting pot forme un tout extrêmement cohérent et je ne peux que vous conseiller de vous plonger dans ce premier album. Il ne me reste plus qu’à attendre fébrilement son petit frère ‘deuze’, prévu pour cette fin d’année….
Seb