-djinn, groupe Parisien, autoproduit son premier opus, « Third Eye E.P« , six titres en anglais, après trois ans de maturation et plusieurs remaniements d’effectifs. Composé de Marine, Jem, Charles, Melissa et François, -djinn a su développer un son a la fois folk, pop, rock mais pas uniquement. Difficile de le catégoriser tant leur univers créatif est riche et graphique.
Chants lancinants, hargneux, gores, mettant en scène, entre autres, extra-terrestres et décapitations. Marine, la Grande Prêtresse, est la signature vocale du groupe et auteur des textes. Son sens de la narration innée crée un suspens inimitable. Tension exacerbée par la partition instrumentale.
La complementa-rivalité du duo de guitaristes, Jem et Charles, tisse une trame rythmique et mélodique, émaillée des perles funk de la jeune bassiste, Melissa, qui intègre avec subtilité la touche jazz de François à la batterie. Ils prennent le contrepied de la résurgence du rock » sixties » que l’on constate actuellement chez les jeunes groupes et ne cèdent pas au diktat de la chanson d’amour.
Aucune affirmation politique, rien qui pourrait empêcher l’auditeur d’embarquer sur un road trip particulièrement tripant (The Northern Way), ni de succomber aux charmes d’une créature a pois lors d’une rencontre du troisième type (eSTRANGEd ). The Key et I’d Try I’d Try sont de parfaites illustrations de crescendo dramatique trouvant à la fois un écho et une rupture dans des plages acoustiques alors que That Thing Under the Bed met en évidence une autre facette de -djinn en penchant davantage vers un garage-rock grunge.
Peut-être parce que la thématique commune des chansons s’y prête, une magie s’opère : un clavier fantôme s’immisce dans certaines compositions, un groupe de gitans démoniaque s’empare de quelques mesures tandis qu’un ogre rugit au loin…il suffit de fermer les yeux …En attendant de parcourir les six titres de vos oreilles affûtées, vaudra peut-être mieux ouvrir l’œil et le bon et, pour les Franciliens, guetter leurs dates de concert.
Soraya Nigita