Watcha

18h, après avoir assisté aux balances durant une vingtaine de minutes, on retrouve Butcho et Fred dans leur loge. Arrivera ensuite Benja, Manu, et Jey. On a ramené la bouteille pour fêter ça… ce qui pourra nous faire remarquer le sérieux général « nous ne buvons pas avant de monter sur scène ».. Mais après avoir tout juste insisté les verres se tendent.

HexaLive : Comment s’est déroulé l’enregistrement du dernier album Falling By The Way Side?

Fred (guitare) : On sortait d’une aventure avec un album (Phénix) très différent de ce qu’on faisait d’habitude, très critiqué certes. La fan base dites métal a vachement moins adhéré sur cet album. C’était une expérience de major complètement différente du label indé que l’on a repris maintenant, c’était une plus grosse structure qui nécessitait beaucoup plus de choix artistiques, non le genre « tu sors ton disque et on verra après ce que ça donne ». Ça nous correspondait pas forcément. On a donc quitté le major, puis on s’est retrouvés en local de répète à faire ce qu’on avait envie de faire, en anglais en plus. Avec une spontanéité qu’on avait pas eu depuis un moment dans la phase de compo, ça s’est fait en à peine 6 mois.

HL : Et pourquoi avoir attendu 2 ans?

Fred :  C’est pas qu’on s’est dit « tient on fera ça dans 2 ou 3 ans ». On a pas attendu de se dire : tiens on va faire un disque métal. Il y a des fois t’as envie de faire des chansons,  métal, tech.. Etc. C’est sorti comme c’est venu, ça n’a pas été mûrement calculé en amont.

HL : Après le départ de Keuj (batterie) et Pendule (basse)… les nouveaux membres ont-ils participé à l’enregistrement?

Manu (guitare) : Surtout Benja qui a participé.
Fred : Pour ce qui est de la basse c’était Loïc qui finalement a pas décidé de ne pas continuer, pour laisser place à Jey sur le live.

HL : Vous composez avant ou après avoir pris connaissance des textes de Butcho?

Bob (chant)  : La musique d’abord. Il y a ensuite une ligne de chant en anglais au début sans vraiment de textes spécifiques et à partir de la musique je m’inspire pour écrire des textes. C’est la musique qui est le vecteur de l’écriture.

HL : Même pour Sam?

Bob : Même pour Sam.
Fred : Sam on sait en répète quand ça va être Sam.

HL : Entre deux créations d’album vous faites quoi?

Fred :  Y en a qui travaillent, d’autres sont assez sportifs.
Manu : Certains ont des projets musicaux parallèles (Benja joue dans Bul), on fait de la musique pour nous aussi, des trucs qui sortiront peut être jamais. On s’amuse, on sort, moi personnellement je suis un gros fêtard. On voyage quand on peut..

HL : Justement vous avez fait quelques concerts à l’étranger?

Bob : Ba pas énormément mais on en à fait quelques-uns.
Manu : Réunion, Québec, Espagne, Madagascar, République Thèque, Hollande.

HL : Et ça a bien marché?

En Hollande on a fait un concert à Amsterdam, ouais ça a bien marché.
Fred :  A nôtre grand regret ça a bien marché parce que c’est difficile pour nous d’aller jouer à l’étranger. Car le réseau métal français est pas très ouvert sur l’étranger, quand les gens découvrent que tu es français ils sont plus qu’étonnés. Alors en plus nous on fait un métal qui est un peu hybride, difficilement cernable alors que le métal extrême s’exporte plus facilement.

HL : Justement avec cet album vous espérez vous exporter?

Fred : Pour l’instant on aimerait. Il faut d’abord installer le disque ici et ensuite essayer de trouver les deals ailleurs. Après grâce au net, on s’aperçoit que les gens connaissent les paroles en phonétique.

HL : Justement vous avez décidé de mettre l’album en intégralité sur myspace une semaine avant sa sortie. Pourquoi?

Fred :  Aujourd’hui, la musique que tu fais est en quelque sorte vitrine de ton groupe, et myspace sert d’appui à la promotion. Et puis une fois le disque sorti les gens décident de la graver ou de l’acheter. En faisant ça on vise le fan base, c’est une sorte de cadeau.
Benja (batterie) : Des groupes comme Nine Inch Nails ont mis aussi leur album entièrement, beaucoup de groupes font ça, on a plus envie d’aller sur myspace plutôt que sur un site internet.
Manu :  Ça fait connaître mais pas forcément vendre.
Fred : On pense pas non plus vendre que grâce à myspace entièrement, il faut espérer que le circuit normal marche encore ce qui est quand même compliqué. Nous on est dans un style de gens très jeunes, qui n’achètent pas les disques, qui les gravent, ce que je comprends parce que c’est cher.

HL : Sinon vous comptez sortir un DVD?

Fred : Écoute c’est une histoire de moyens. (rires)
Benja :  Ouais on aimerait bien.
Fred :  Pour l’instant, on rentre des budgets qui servent juste à faire vivre le groupe.

(Benja revient sur la question de la mise en ligne des morceaux sur myspace.)

Benja : Pour myspace l’intérêt d’avoir un album qui était entièrement en écoute, c’était de voir qu’il était homogène. Parce que dans l’album Phénix, il y avait plusieurs styles, c’était assez riche.

HL : D’ailleurs les réactions des fans vous ont touchées?

Benja : Ouais c’était un petit peu exagéré.
Fred : Au début ça te touche forcément. Et puis en prenant du recul finalement il faut jamais renier ce que tu as fait. Moi perso je ne le renierai jamais, si un jour on a envie de sortir une guitare sèche pour faire une pop song par exemple bha on le fera. Après ce qu’on a compris avec Phénix c’est que la fan base à laquelle on s’adressait ne comprend pas ça. C’est très français. La diversité est très dure dans ce milieu là.

HL : Comment s’est passé la rencontre pour la tournée Coriace avec Eths entre autres ?

Fred : J’avais mixé leur premier album (Somâ). On s’est mis en relation avec Coriace via Tripod qui faisait partie du collectif et avec qui on a pas mal joué. Il n’y a pas 200 asso de groupes en France; au nord: il y a des groupes comme nous, Enhancer, Pleymo.. toute cette clique. Et puis au sud: Tripod, Eths; Babylon Pression, Fisher..maintenant Headcharger, et au final tout le monde joue ensemble. Voilà hein! (rires).

HL : Quels jeunes groupes vous aimeriez encourager, pensez-vous qu’ils ont de l’avenir?

Fred : Aucun! (rires). Non si, il y en a qui émergent.
Benja : Il y a Bul!
Fred : Je trouve que la scène d’où l’on vient, c’est-à-dire le dit néo-métal aujourd’hui qui est à prendre entre guillemets avec des pincettes parce que c’est assez péjoratif comme style de musique, ça a été réellement le dernier mouvement conséquent. Tous les groupes tel Watcha, Pleymo, Enhancer, Mass Hysteria, une autre partie avec Lofofora, mais c’est encore autre chose; ont créé un vague pendant presque 10 ans. A mon sens ça a été une des dernières qui a été assez grosse. Il n’y a pas vraiment un nouveau style de rock, bon il y a du death etc.. mais ça fait longtemps que ça existe. Mais il n’y a toujours pas 2, 3 groupes fédérateurs d’un nouveau style qui mettent la claque à tout le monde et remplissent des salles.

HL : Où est le meilleur accueil du public?

Fred : Bein attend à Nantes! (rires)
Benja : Plus on remonte dans le nord et plus les gens sont chauds en général.
Fred : Honnêtement il y a pas de situations géographiques. C’est un faux mythe.

HL : Il y a des sujets sur lesquels tu n’écriras jamais Bob?

Bob : Tout ce qui est politique. On n’est pas un groupe engagé, on n’est pas payés pour faire de la politique. Pour moi la musique est un échappatoire pour passer des bons moments, oublier tous les problèmes.
Fred :  J’ai rien contre les groupes militants à partir du moment où en dehors de leur groupe ils agissent sur des causes, par exemple Rage Against The Machine. Maintenant si on nous demande de jouer contre le FN je pense qu’on ira. Quoi que.. (rires)

HL : Justement vous avez fait un texte plutôt engagé écolo avec Planète…

Bob : C’est juste un regard sur ce qui se passe.
Fred : De toute façon écolo c’est pas tellement le terme.. c’est normal de trier les déchets, etc..
Manu : C’est pas un gros effort à faire mais déjà les gens ont du mal à le faire.
Fred : Mais c’est tellement infime par rapport à ce qu’il faudrait faire.. Il faudrait totalement changer de mode de vie
Bob :  Comme je le dit dans la chanson, on voit à court terme, tout ce qui nous intéresse c’est nôtre intérêt. On en a rien foutre de comment sera la planète dans 50 ans, les gens sont comme ça.
Manu : C’est une forme d’autocritique, faudrait renoncer à nôtre mode de vie..
Bob : C’est pour ça on est pas là pour faire la morale mais des constats.

(S’en suit un débat entre Bob et Fred…)

HL : Album écouté en ce moment ?

Bob : Biffy Clyro, le dernier album (approbation de tout le monde).
Fred : Bon Jovi (rires).
Benja : Oceansize.
Fred : J’écoute Fayst, rien à voir.

HL : Bob on t’a aperçu au Hellfest, qu’as-tu pensé du festival?

Bob : Une bonne programmation, plus ouverte que j’aurais pu penser, mais une organisation pas terrible…

(La loge, petite, commence à s’enfumer, la taille étant due à un choix personnel du groupe, pour plus de cohésion, une osmose qui ne demande qu’à être parfaite afin de contenir la meilleur des substances qu’ils délivreront par la suite à leur public. S’en suit un usage recherché de mots doux, dont on taira les termes.., répondant aux plaintes de Bob.)

HL : Un truc que vous n’aimez pas du tout?

Bob : La fumée de cigarette! (rires). Je déteste les fumeurs, je les enmerde!

HL : Musicalement plutôt..

Benja : Mika
Tous : On n’aime pas la nouvelle scène française. On est assez axés sur la musique anglophone .
Bob : Moi je trouve excellent Orange Blossom.

HL : Une collaboration avec un groupe?

Bob :  J’ai fait pas mal de featurings; The Nuances, Noswad, My Pollux, etc..

HL : Et sinon il y avait une collaboration avec un rappeur sur Phénix…

Manu :  C’était juste un pote rappeur qui est venu poser.
Benja : Ouai bah ouai… rhumuhm..

HL : Parce qu’il avait pas l’air hyper motivé le type…

(rires général)
Benja : Wesh! C’était un wesh lui.
Manu : C’était un copain de Pendule alors voilà.
Fred : C’est un peu le principe même du rap : le mec passe et pose un texte en 10 minutes et il enregistre. Ça c’est un peu passé comme ça, après ça a pas tellement d’aboutissement réel dans la chanson. On s’est dit que c’était cool mais après il y a pleins de gens qu’ont pas captés ça.

HL : Contrairement à Phénix qui comportait beaucoup d’arrangements studio, le dernier album à un son plus brut. Cela afin d’avoir un son live plus proche de celui de l’album?

Benja : Ouai l’intérêt de cet album c’est qu’il y a un côté très live dans l’enregistrement, comme un peu Veliki Circus (sorti en 2000!).
Fred :  C’est vrai que t’as raison, il y a des titres qui vont mieux fonctionner en live que d’autres, Phénix c’était plus compliqué à faire sonner en live parce que il y avait plusieurs arrangements sur l’album qui sont pas forcément refaisables en live.
Benja : Alors que là pour cet album on a gardé un côté brut d’enregistrement qui ressort en live à peu près pareil.

HL : Vous l’avez fait volontairement?

Benja : Ouais c’est volontaire.
Manu : Si, c’est un peu fait exprès quand même.
Fred :  Ouais un peu des deux.
Benja : C’est volontaire dans le sens où les morceaux on les a fait naturellement.


Interview réalisée par Julie et Lucie

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