Lofofora

3ème concours organisé par HexaLive permettant de rencontrer et d’interviewer un groupe, il s’agit cette fois de Lofofora. Nous avions rendez vous avec eux ce mercredi 7 novembre dans un studio de répet pour les interviewer et assister à la répétition qui a suivi (voir le compte rendu de la répétition ici). L’occasion de leur poser, avec Nico l’internaute gagnant, les questions que vous nous avez envoyé.

HL (question de Vincent et Cédric) : Votre nouvel album  » Mémoire de singes  » est sorti il y a peu, comment appréhendiez son accueil par le public ?

Reuno : Quand on compose, on ne fait pas un morceau en se disant qu’il faut qu’il soit comme ci ou comme ça pour que ça plaise, on a avant tout envie de se faire plaisir. Mais des fois il y a un plan qui sort et on se dit que quand ça sera au point et que ça tournera, ils vont bien réagir. Et une fois dans la boîte, on est assez impatients de voir la tête qu’ils vont faire quand on va le jouer en live.

HL (question de Romain) : Comment s’est passé la collaboration avec King Ju de Stupeflip ?

Reuno : On a eu envie de faire appel à lui pour la pochette comme Phil (ndlr : bassiste du groupe) avait pas envie de s’y coller cette fois. Il est venu nous voir au local et à partir de là c’est parti en couilles (rires)
Phil : Il est revenu six mois après avec une grande feuille et tous les éléments scotchés dessus en nous disant  » je suis sûr que ça va pas vous plaire, j’ai fait ça trop vite « . Il nous pose le truc, prêt à tout déchirer et on lui a fait  » bouge plus, touche plus à rien (rires) tu poses un truc là, un peu de gris ici et c’est tout « 
Reuno : Et on est bien contents du résultat. Faut dire il y a eu un vrai travail ensemble, il est venu plusieurs fois au local, on lui a envoyé les morceaux à peine maquettés, je lui ai envoyé les textes, et on a énormément de références communes.

HL (question de Nico) : Bien qu’il n’ait jamais été question chez Lofo de s’afficher dans un parti politique clairement défini, les textes ont toujours été très engagés… Les autres membres participent-ils aussi à l’écriture ? Tout le monde est-il toujours d’accord avec ce qui est dit ou cela amène-t-il aussi des débats entre vous ?

Phil : On n’appartient à aucun parti politique, si ce n’est qu’on est des gens de gauche, et on a tous notre façon de voir les choses. Il y a effectivement des débats mais on se met pas des pains sur la gueule
Reuno : On est moins cons que les socialos quand même (rires). On peut avoir des avis différents, qui entraînent des longs débats houleux mais au bout du compte on arrive à bosser ensemble. En ce qui concerne l’écriture, c’est plutôt moi qui écrit. Et bizarrement, peut être parce que j’ai pris confiance au fil des années et c’est aussi depuis que Pierre et Daniel sont dans le groupe, j’ai moins de mal à montrer les textes.

HL (question de Nico) : et il y a des modifs dans les textes qui arrivent au fur et à mesure par les uns et les autres ?

Pierre : Ouais, les carottes sont cuites (rires)
Reuno : C’est vrai qu’il y avait cette phrase dans l’album, qui a complètement disparu parce que je me suis fait chambrer. C’est vrai que c’était ridicule la façon dont elle tombait. Ils hésitent pas à me chambrer, et il y a déjà des mots culte dans le nouvel album. Souvent on est à table et ils font (en imitant la voix de Reuno sur ce passage)  » un p’tit bout de fromage  » comme dans le morceau Nobody’s Perfect.
Après je sais que dans mes phrases les plus radicales, à la fois Phil kiffe ça parce que c’est un punk dans l’âme, à la fois le côté responsable de sa personnalité pourrait me pousser à la modération. Par contre t’as Daniel qui me regarde avec un petit sourire genre  » ouuaiis « .

HL (question de Nath et Nico) : Derrière les textes engagés, est-ce que vous menez des actions concrètes, et quels sont vos projets personnels ?

Reuno : On n’est pas engagés chacun dans des mouvements particuliers, on essaie de tendre la main au travers de Lofo à des assos, notamment pour qu’ils tiennent des tables de presse chez nous. Sinon dans notre vie de tous les jours, on recycle notre verre, notre papier, ce genre de choses. On n’a pas forcément envie de s’identifier à un parti ou à un mouvement, mais plutôt se dire qu’en fait, faire de la politique c’est avant tout la manière dont tu vis avec les autres. Après, on a tous des envies particulières, c’est un peu le temps qui nous fait défaut. Je dis ça, ça fait un peu le mec qui se fait mousser, mais j’exclue pas à la fin de la tournée de partir en Afrique donner un coup de main. Je sais que ce sont des coups d’épée dans l’eau, et c’est peut être aussi se donner bonne conscience que d’aller faire un truc comme ça, mais je me dis il vaut mieux faire les choses que rester sur son cul à pleurnicher comme ça m’arrive un peu trop souvent concernant le problème africain.

HL (question de Cédric) : Avez-vous un rituel avant de monter sur scène ?

Reuno : On se prend les mains, on a les pieds qui se touchent et soit on se dit des grosses conneries, soit on prend une grosse respiration ensemble comme ça

HL (question de Nico) : Il y a toujours du stress avant un concert ?

Pierre : Du stress, de l’envie, de l’adrénaline
Reuno : C’est plus ça, on n’est pas trop trac. Il y a personne chez nous qui vomit avant de monter sur scène ou ce genre de choses car ça arrive à pleins de gens, j’ai été étonné. On sent que Daniel a un petit peu plus le trac que les autres, mais il le gère super bien.

HL (question de Cédric et Julien) : Et la set-list des concerts, comment elle se prépare ?

Reuno : C’est comme les conversations politiques (rires). On n’est pas toujours d’accord, mais on arrive toujours à s’entendre. C’est vrai que ce sont des plombes de discussion, et quand on sort un nouveau disque, on a envie d’orienter la set-list autour car c’est ce que tu viens de faire et tu veux le montrer à tout le monde.

HL (question de Jérémy) : 18 ans d’existence pour Lofofora sachant que Sarkozy veut 42 ans de cotisation logiquement il reste donc 24 ans de vie à Lofofora non ?

Reuno : Tu sais, Lofo c’est devenu un boulot un peu par accident. Je pense que le seul qui s’est dit  » quand je serai grand je veux être musicien  » c’est Pierre.

HL (question de Nico) : Vous aviez des plans de prévus avant la musique ?

Reuno : Je faisais de la radio, j’ai gagné comme ça ma vie de 18 à 27 ans et les quatre premières années de Lofo je faisais les deux en même temps.
Phil : De mon côté j’ai travaillé pendant quelques années, mais ça m’a vraiment dégoûté du monde du travail et de la vie en société au sein d’une entreprise. Quant à Daniel, il était dans la fonction publique
Daniel : j’ai toujours travaillé pour pouvoir faire de la musique et me payer le matos. Les dernières années c’était à l’hôpital, et c’était très enrichissant. Je suis pas aussi dégoûté du monde du travail que peut l’être Phil…
Reuno : …quand je disais que ça nous est arrivé par accident, faut pas croire non plus qu’on était avec un boulot et qu’à un moment on s’est dit je gagne assez de thunes avec Lofo je peux arrêter. On s’est quand même mis dans une situation de danger, notamment Phil et moi au début. Phil avait d’ailleurs une bonne situation qui se présentait à lui…
Phil : …je travaillais à la télé, et j’avais le choix entre un bon truc dans la télé et la musique. En plus, quand j’ai arrêté ma femme est tombée enceinte, on n’avait pas encore de disque. On a mangé les pissenlits par la racine, mais c’est bon, c’est nourrissant (rires)
Reuno : donc on pense pas à Lofo en terme de cotisation sociale (rires)

HL (question de Valentin et Cédric) : Pourquoi avoir fait le choix de trois dates de concerts sur Paris, plutôt qu’une seule dans un salle de taille plus importante ?

Pierre : Pour le côté proche
Reuno : Oui, pour le côté chaud d’une petite salle où quand ça part en couilles, t’as pas le choix t’es obligé de gigoter. Et pour changer des dernières fois. C’est également un vieux rêve, car j’avais adoré quand la Mano Négra avait fait un Pigalle Tour avec 5 dates, rien que sur Pigalle.

HL (question de Cédric et Vincent) : Dans la scène rock française actuelle, quels groupes appréciez vous ?

Pierre : On a vu un groupe qui s’appelle Noïd la semaine dernière qui est vraiment bien.
Reuno : Il y a un petit groupe de jeunes qui s’appelle Trakira avec qui on a joué la semaine dernière, et on a halluciné, surtout sur le batteur. Ils ont une patate, on leur a dit vous avez encore du travail, on va pas vous cirer les pompes, mais il y a du potentiel. Je suis assez fan de Illegal Process de Montpellier qui envoie du punk rock bien vénère, y’a aussi les nanas de Sheeduz qui répètent à côté à qui on souhaite plein de bonnes choses. Et sinon y’a les groupes avec qui on aime faire des dates car on se retrouve ensemble comme Tagada Jones, les Burning, les Parabellum, Uncommonmenfrommars, Sleepers… Avec eux on a l’impression de faire partie de la même famille.

HL (question de Nico) : Si on virait tous les cons au pouvoir et que le monde devenait meilleur (utopie), de votre point de vue serait-ce la fin de Lofo ? S’il n’y avait plus lieu de se révolter, aurais-tu encore l’envie d’écrire ?

Phil : Oui sûrement, et ça influerait sur notre état d’esprit, on ferait peut être de la musique classique
Reuno : Malheureusement, c’est quand même quand il y a des pouvoirs forts qu’il y a de l’art fort. Par exemple l’œuvre la plus marquante de Picasso ça reste Guernica, au moment de l’esclavagisme, on a vu apparaître le blues. Certaines fois, c’est après une dictature qu’émergent des courants, comme la fin du franquisme a entraîné la movida. Tu as aussi Ministry, qui a peut être fait le tour de la question avec quinze albums, mais Jourgensen arrête en disant que George Bush ne sera bientôt plus président et que c’est sa meilleure source d’inspiration.

HL (question de Nico) : Dernière question bonus, un peu déconne, à force de boire du cul, est-ce que vous avez pas peur de chanter de la merde ?

Reuno : C’est marrant on me l’a déjà posé celle là ! Faut que je retrouve la réponse (rires)…. (fermement) Non ! (rires)

Interview réalisée par Nico, JokerColor et Arnaud Guignant.
Crédit photo : Jokercolor

Voir le compte rendu du concert de Lofofora au Nouveau Casino

Merci à Lofofora, à At(h)ome et à tous les participants du jeu-concours

4 commentaires sur « Lofofora »

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