Ondine

Nouvelle vague !
Elle a été bercée par Nirvana et Sépultura (Si, c’est possible !). Pourtant, quand elle prend sa guitare, on croirait entendre une nouvelle Joni Mitchell… Alors on cherche une explication rationnelle : son parcours musical a-t-il commencé dans un grand taxi jaune ? « Non, mais dans un car scolaire ! » répond l’intéressée…


HL – Donc, c’est dans un bus que tu as trouvé ta voix, et ta voie ?

Ondine – Oui, j’étais encore au lycée. Dans le car scolaire qui me ramenait chez moi, je riais beaucoup, comme j’en ai l’habitude. Ce jour-là, il y avait un garçon assis devant moi, qui devait avoir deux ou trois ans de plus. En m’entendant rire, il se retourna et me dit  » Tu sais, tu devrais peut-être essayer de chanter ! » Il se trouve que le garçon en question avait un groupe et j’ai donc commencé à chanter avec eux, des reprises pop et quelques chansons qu’ils avaient écrites eux-mêmes.

HL – Puis tu t’es mise à écrire tes propres compos…

O – Ca a été un peu le fruit du hasard, en fait… Je suis partie en Suède pour mes études, plutôt en mode « light », sans trop de bagages. Sur place, j’ai rencontré un gars qui avait une tête à avoir une guitare (rires) et je lui ai demandé s’il en aurait une à me prêter. Bien entendu, il en avait une ! Du coup je me suis mise à gratouiller dans ma chambre, puis à composer une mélodie, que j’aimais bien…

HL – Tu savais déjà jouer de la guitare ?

O – J’avais pris deux ans de cours au lycée, mais de guitare électrique, parce que j’étais un peu grunge à l’époque (rires). J’écoutais les Guns, Megadeth, Helloween !

HL – Rien qui te prédisposait vraiment à la pop, reconnaissons-le…

O – Non, c’est clair ! Mais après mes années lycée, je me suis ouverte à d’autres courants musicaux comme le Trip Hop et le Reggae, qui ont apporté un peu de douceur à la base primaire.

HL – Ce qui explique davantage l’ambiance de ton premier titre…

O – Oui. J’étais en Suède, avec cette mélodie qui me plaisait bien, et dans un état d’esprit particulier – sans doute commun à pas mal de gens à cette période de la vie – à savoir le sentiment d’être face à plein de chemins possibles, à plein de choix que je devrais faire tout au long de ma vie. Et c’était à la fois très excitant et assez angoissant… tout ça a donné ma première compo, « Until the night coming ».

HL – Tu composes principalement en anglais ?

O – Oui, c’est une langue dans laquelle je me sens plus à l’aise pour écrire. Les textes sonnent mieux, je trouve. Et puis j’ai toujours beaucoup entendu chanter en anglais, j’ai de la famille américaine avec laquelle j’ai passé du temps, notamment au moment de l’adolescence. Du coup je me sens en confiance dans cette langue. Aujourd’hui, j’essaye aussi d’écrire en français, mais c’est moins évident, il faut le reconnaître…

HL – Ce qui est évident, en revanche, c’est que tu es dans ton élément sur scène !

O – Oui, j’adore ça ! Pourtant je crois que je peux compter sur les doigts d’une seule main le nombre de fois où j’y suis montée… Mais je n’ai pas spécialement le trac, c’est un endroit où je me sens bien. Un de mes premiers souvenirs, c’était dans un bar à Philadelphie. Il y avait un groupe qui jouait sur scène et je n’avais qu’une seule envie c’était de les rejoindre. Finalement j’y suis allée au culot et je leur ai demandé s’ils connaissaient des morceaux de Tracy Chapman, que j’écoute depuis le lycée. Ils ont dit oui, j’ai chanté avec eux et j’ai adoré ! Il se passe vraiment quelque chose quand tu es sur scène, un échange avec le public, une énergie qui t’es renvoyée…

HL – Tu avais déjà pris des cours de chant à l’époque ?

O – En fait je n’en ai jamais vraiment pris. J’ai essayé une fois avec une prof particulière, mais c’était un peu trop « usine » pour moi. Les élèves défilaient, c’était 20 minutes et un chèque par personne… ça ne m’avait pas vraiment enthousiasmée. En revanche, je viens d’une famille où l’on chante beaucoup, spontanément. J’ai aussi fait un peu de gospel, ce qui m’a apporté une certaine technique et le goût de chanter en groupe. Il y a une véritable alchimie qui se crée quand on joue à plusieurs… ce n’est pas juste un, plus un, plus un… c’est une véritable multiplication du plaisir !

HL – Tu viens d’une famille d’artistes et tu as aussi dans l’idée de collaborer avec eux…

O – J’ai une cousine qui fait de la photographie et un autre cousin, aux Etats-Unis, qui est peintre et va dessiner mon logo. J’ai envie de les inclure dans mon projet. D’abord parce que j’aime bien l’idée de travailler « en famille » et aussi parce que je trouve intéressant de mélanger les formes d’expression artistiques.

HL – Ton prochain objectif, c’est de monter un groupe ?

O – Oui, je suis en pleine recherche de musiciens. J’ai déjà trouvé un bassiste et un batteur, et j’aimerais bien ajouter un clavier. J’ai envie de profiter au maximum de toutes les occasions de jouer qu’on trouve à Paris. Je veux faire plein de petits concerts, aller à la rencontre du public. Pour l’instant j’ai surtout joué toute seule, en folk-acoustique, mais avec un groupe, ça devrait sonner très différemment, plus pêchu. C’est ma priorité pour l’instant : trouver cette énergie de groupe et jouer ! J’aimerais aussi faire un album, un jour, mais il faut que je compose encore un peu pour ça… et puis je me fais assez peu d’illusions sur l’industrie de la musique…

HL – Dans quel sens ?

O – Il y a un tel matraquage médiatique sur un tout petit nombre d’artistes sélectionnés par les maisons de disques qu’il reste très peu de place pour les autres. Il y a plein de musiciens super talentueux qui passent totalement inaperçus de nos jours parce que les radios et les télés assènent les mêmes titres en boucle à longueur de journée. Et le pire, c’est qu’à force d’entendre ces trucs, tu finis par les avoir dans la tête même si tu ne les aimais pas à l’origine. Pour trouver sa place la-dedans il faut vraiment un gros coup de chance, je pense. Je sais aussi que c’est un milieu où il est assez facile de se faire rouler, même quand on croit signer un contrat en bonne et due forme… Bref je ne suis pas vraiment dans l’optique de démarcher les maisons de disques avec ma maquette sous le bras. En revanche, si à l’occasion d’un concert un gros producteur jette son dévolu sur moi, on pourra toujours discuter…

Propos recueillis par Sarah

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