No Terror in the Bang, l’interview

Vous êtes un groupe de metal prog rouennais assez récent mais quelle est votre histoire à tous les 6 ? Comment est né No Terror In The Bang ? Comment vous êtes-vous rencontrés ?

Alexis : En 2019 j’ai eu envie de reformer un groupe de metal. Et j’ai rencontré Sofia dans le conservatoire de musique où je donne des cours de Musiques actuelles, elle venait se former. Son énergie et des goûts en commun sur les musiques sombres et extrêmes m’ont convaincu de lui proposer de monter un projet. Puis le groupe s’est complété avec des musiciens de notre entourage. Rouen est une ville très riche en talents.

J’ai été biberonné aux classiques des années 80 et 90, dont des groupes que je renie un peu aujourd’hui

No Terror in the Bang, les inspirations

Quelles sont vos principales sources d’inspirations musicales ? J’imagine que la référence à Jinjer doit revenir souvent avec la voix claire et growlée de Sofia et le côté prog… J’ai cru comprendre que Pain Of Salvation et Devin Townsend étaient des groupes qui comptaient pour vous. Alors quels groupes sont à retenir pour NTITB ? 

Sofia : Haha, je suis effectivement une fan inconditionnelle de Jinjer. Tatiana est vraiment inspirante. Il y a aussi Spiritbox qui me parle beaucoup. Le duo russe IC3PEAK avec leur univers witchy ultra glacial, ou encore dans la vague du néo métal le groupe Deftones.

Alexis : C’est Sofia qui m’a fait découvrir Jinjer en effet en 2019, et j’ai été surpris par leur tentative d’inventer un nouveau langage, surtout dans la rythmique. Ces musiciens sont virtuoses de leur instrument et proposent une manière de composer des riffs très particulière. Pour moi le point fort de ce groupe c’est le basse-batterie. Ils sont très inventifs et hyper solides.
Mais ce n’est pas ce qui m’a nourri, c’est une question de génération. J’ai été biberonné aux classiques des années 80 et 90, dont des groupes que je renie un peu aujourd’hui. Mais certains classiques restent pour la vie comme “Sex and religion” de Steve Vaï, “Ocean Machine” de Devin Townsend, les Faith no More, Skunk Anansie
Je suis un grand admirateur de Radiohead également, de Type O negative. Mais j’aime aussi beaucoup la musique classique comme Stravinsky, Mahler, ou la musique de film comme le travail de Nick Cave et Waren Ellis, ou Atticus Ross et Trent Reznor

No Terror in the Bang
No Terror in the Bang – Photo : Aurélien Cardot

Le nom de votre groupe viendrait d’une référence hitchcockienne (« There is no terror in the bang, only in the anticipation of it ») qui rappelle l’adage “le calme avant la tempête” et qui souligne très bien vos constructions crescendo, ces tensions entretenues savamment dans vos titres. Le cinéma a-t-il une place particulière dans vos vies comme dans votre musique ?

Alexis : Clairement. Aujourd’hui je regarde plus de séries qui surpassent les films car elles permettent d’approfondir la psychologie des personnages…Pour l’anecdote, j’ai vu pour la première fois Scarface récemment, qui m’a paru assez pauvre en terme de scénario et assez superficiel, en comparaison de séries comme Breaking Bad ou The Gentlemen

Certains films ont cependant un pouvoir dont Vincent Cassel a parlé lors d’une interview : c’est le don de fédérer un enchantement, une image marquante, une sorte de mélanges de souvenirs mystiques, grâce à la puissance de certaines scènes, du visage et du charisme de certains personnages, d’une mise en scène marquante. Le cinéma peut imprimer au fer rouge.
Cela a été mon cas avez beaucoup de films comme Dracula (Coppola) qui me hante toujours, Eternal Sunshine of the spotless mind (Gondry)…

Je suis toujours à la recherche d’une narration et pas d’un money maker

La musique n’est pas étrangère à ce côté pénétrant et indélébile de certains films. Prenez par exemple Le Grand bleu (Besson) ou Il était une fois dans l’ouest, ces films sont intrinsèquement représentés par leurs B.O qui deviennent littéralement le film, elles le digèrent.
Certains personnages, même anciens étaient tellement forts au cinéma qu’ils s’élèvent au rang de mythe. Prenez Michel Simon dans La Chienne ou dans Boudu, il est d’une modernité incroyable. Car il incarne, il vit la méchanceté. L’intemporalité d’une œuvre réside donc dans sa sincérité, qu’elle soit graphique, littéraire, musicale ou cinématographique. Et c’est ce qui m’attire au plus haut point dans l’art que je rencontre. Cela reste mon plus grand rêve : créer une œuvre qui soit narrative, comme le cinéma, musicale, perturbante, dérangeante, intrigante…
C’est vrai que j’ai du mal à créer des morceaux couplet-refrain, je suis toujours à la recherche d’une narration, et pas d’un money maker.

Je suis touchée de la manière dont nous y avons été décrits

Les Triomphes du Metal Français

Vous avez été nommés 3 fois aux Triomphes du metal (catégories Voix, meilleur clip) et vous êtes vainqueurs de la catégorie Psycho ! Tout d’abord, bravo c’est amplement mérité (et j’aurais souhaité encore plus de triomphes), pouvez-vous nous raconter cette expérience et vos impressions ?

Sofia : Un grand bravo à Arthur, l’émission est vraiment super ! J’y ai découvert un tas de groupes français émergents. C’est une belle initiative qui a pour but de fédérer et mettre en lumière les talents qui se trouvent en France. Je suis touchée de la manière dont nous y avons été décrits, c’est très valorisant. Cela ne peut que nous encourager pour la suite !  

Alexis : Tout d’abord, le travail fourni par cette association, représentée par Arthur Alternatif est hyper intéressant et comble un vide, car le metal est sous représenté dans les médias généralistes. Cela restera probablement le cas dans le futur, donc les initiatives créées de l’intérieur par les forces vives de notre niche permettront de faire avancer les choses et à faire connaître des groupes moins exposés.
En tout cas c’est un travail imposant qui a vraiment fière allure, légitimé par le fait que le Jury a un barème de notations objectives. J’invite tout fan de metal à regarder et découvrir l’émission.

Dans la catégorie Psycho, vous étiez en concurrence avec Vertex et Sat One (ndlr : que vous pouvez retrouver en chronique et photos au Klub sur HexaLive), est-ce des groupes que vous connaissez déjà ? Que pensez-vous de leur vibes ?

Alexis : Vertex sont très impressionnants dans leur style, très extrême, très fourni, entre Meshuggah, Fear Factory, ou Dilliger Escape Plan
Ils dépassent largement le cadre de la France, et jouent à un niveau international sans problème. Si ils arrivent à restituer cela sur scène, alors ils vont forcément se faire un nom à l’international.

La tension monte crescendo à l’image jusqu’au point culminant

Votre clip (assez époustouflant) a retenu l’attention dans la catégorie Meilleur Clip aux côtés de Revnoir et Landmvrks. D’où vient le concept du clip ? Et comment s’est passé le tournage ?

Sofia : Je suis vraiment fière de notre clip et d’avoir pu à nouveau travailler avec Arthur et Maxence de Les Maan. Le clip est sous forme de triptyque. Le début en forêt est inspiré du conte du Petit Chaperon Rouge. Une atmosphère oppressante y règne tout du long de sorte à ce que l’on comprenne qu’il y a un prédateur sous entendu à ma poursuite, la chanson Monster faisant elle-même référence à une agression. La tension monte crescendo à l’image jusqu’au point culminant, tout comme dans la musique.

Alexis : nous avons tourné dans plusieurs lieux. Une forêt de pins, en hiver ; une usine désaffectée où l’on a créé un bassin artificiel pour une scène de danse danse en trio, et une ancienne cidrerie réaménagée, qui donne un côté mystique. Et enfin, une piscine intérieure pour les scènes de noyade. Le clip a été éprouvant car nous l’avons tourné en hiver, dans une eau à 5 degrés… C’est le genre d’expérience cathartique que Sofia gardera tatouée, mais cette fois, dans ses tripes.

No Terror in the Bang, chant et musique

La voix de Sofia est incroyable et bluffante, c’est elle qui a retenue mon attention en premier lieu ainsi que la construction dramatique des titres. Elle a plusieurs modulations, beaucoup de nuances : quel est le parcours musical de Sofia ? (conservatoire ? chant lyrique ? Autodidacte ?)

Sofia : Je chante depuis que je suis toute petite. J’ai commencé à prendre des cours de chant à l’âge de 13 ans et ai entamé une formation professionnelle en Conservatoire à mes 19 ans dans le domaine des musiques actuelles. J’ai aussi reçu une formation jazz et lyrique par la suite. Pour ce qui est du chant saturé, c’est en autodidacte ! 

Nous ne sommes pas à proprement parler un groupe progressif au sens traditionnel

Les moments “calmes” s’alternent à la puissance dans votre musique qui emporte totalement l’auditeur et lui raconte plein d’histoires émotionnellement fortes (c’est mon ressenti), mais quels sont plus précisément les thèmes explorés dans les albums de No Terror in the Bang (Eclosion et Heal) ?

Sofia : Pour ce qui est d’Eclosion, le thème principal se tisse autour d’une introspection où l’on passe de l’innocence à l’âge adulte. D’un univers onirique à un autre beaucoup plus sombre. Une sorte de prise de conscience ou plutôt de crise existentielle. Pour Heal, on retrouve tout au long de l’album la notion de combat. Le combat contre la vie, la mort, ses propres démons, des agresseurs extérieurs mais surtout de la manière dont on triomphe de tous ces combats. Pas sans mal, mais c’est ce qui nous rend plus forts.

Alexis : Oui la dualité entre passages metal et passages “cinéma” sont notre marque de fabrique, et cela nous distingue vraiment des autres groupes qui sont à volume 11 non stop. Nous ne sommes pas à proprement parler un groupe progressif au sens traditionnel, mais plutôt un groupe qui varie les formes et les intensités de façon progressive et surprenante, dans un but narratif. 

Les textes

Vos textes sont en anglais, est-ce que des textes en français sont envisageables dans un futur album ou pas du tout ?

Alexis : C’est un sujet passionnant et assez subtil en réalité. Tout d’abord se pose la question de l’héritage laissé par toute la scène metal historique. Le rock et le metal sont venus de la culture anglo-saxonne. La scène française est née par imitation. Le chant français en metal n’est pas ce que je préfère, surtout quand il y a du débit rythmique ou une approche très mélodique, cela donne un côté variété qui me gêne.

Sofia : Ce n’est actuellement pas prévu au programme !

Concerts et conclusion

Vous êtes programmés dans des festivals cet été (Kreiz y Fest et Kave Fest), quelles autres actualités prochainement ? Avec les Triomphes du Metal y a -t-il de nouvelles opportunités, ou c’est encore trop tôt pour le dire ?

Alexis : nous avons certaines propositions en cours, mais effectivement, ce sera annoncé un peu plus tard. Nous restons ouverts aux propositions bien évidemment.

[bonus] Nous avons une tradition chez HexaLive : quel groupe ou artiste de la scène metal française vous nous conseilleriez d’interviewer et quelle question aimeriez-vous lui poser ? 

Alexis : et bien justement Vertex par exemple, j’aimerais en savoir un peu plus sur leur batteur, comment a-t-il appris à jouer, quel est son parcours, où en est-il dans sa carrière ? 

Merci beaucoup pour votre participation ! A bientôt en salle ou en fest ! (je compte aller au Kave Fest)

Interview réalisée par Maïa 

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