Moonreich – Dimanche 20 août 2023 – Motocultor
Interview avec Weddir, guitare – chant – Composition. Avant leur concert sur la Supositor Stage du Motocultor.
Arthur/ Weddir, comment vas-tu ?
Je vais très bien ! Merci ! Tout fraîchement débarqué sur le site du Motocultor. Il y a une heure ! Je n’ai encore rien vu du nouveau site, j’ai hâte de découvrir. Je n’ai pas mis les pieds ici depuis 7 ans ! J’ai deux-trois interviews à faire, on se prépare pour le concert et ensuite j’aurais le temps de “festoyer” !
Quelle a été ta réaction quand tu as su que Moonreich remplaçait le groupe de Black metal ukrainien 1914 sur la Supositor Stage du Motocultor cette année ? (bloqués en Ukraine par les autorités ukrainiennes, même problème qu’au Hellfest où ils étaient aussi attendus…)
Ben, c’est malheureux pour eux vu les circonstances, c’est sûr. De notre côté, c’est toujours un plaisir de se produire dans ce genre de festival. Surtout quand on vient de sortir un album depuis 2,3 mois. Toujours un plaisir de jouer les nouveaux morceaux, voir un peu de monde. Pour nous on ne pouvait pas ne pas saisir l’opportunité ! On est très contents d’être là et on a hâte d’en profiter.
Vous avez été élu album du mois par Rock Hard Magazine
C’est toujours sympa, franchement. C’est peut-être un peu cliché mais on fait ça pour se faire plaisir. Après, si ça plait, c’est du bonus. Et que ça plaise à des gens qui ont de l’expérience et l’habitude d’entendre plein d’albums, c’est quand même sympa. On ne court pas après, mais on prend !
Question peut-être posée mille fois, mais d’où vient le nom du groupe : Moonreich, quelle signification ?
Je ne sais même pas s’il y en a une, en vrai ! Le groupe a 15 ans, j’avais 16 ans à l’époque. Franchement, je ne sais pas ! Cela sonnait bien, je ne me suis pas pris la tête. Chacun y trouve la signification qu’il veut. C’est comme tous nos textes : ce n’est jamais explicite. J’aime bien faire des textes libres, un peu vaporeux volontairement, pour que les gens puissent se faire leur interprétation et leurs petites histoires, avec leur propre vision. Je ne suis pas fan de musique engagée, c’est vrai. Je ne me vois pas faire ce genre de trucs, que ce soit politiquement ou un concept bien précis façon “story telling”. Ce n’est pas mon truc. Je préfère quelque chose où chacun fait son scénario et s’approprie l’ambiance, les morceaux, les textes. Et le nom du groupe, ben, c’est pareil ! Et puis bon, à 16 ans tu fais du black metal, t’achètes ta première guitare, t’es bien content ! C’est tout ! J’ai déjà songé à changer de nom mais au final, je me suis dit : “est ce que ce ne serait pas cracher sur ce que t’as fait depuis 15 ans “ ? Autant garder ça comme ça. Donc pas de signification particulière.
Les paroles sont en anglais, c’est plus facile pour toi ? Tu étais bon au lycée en anglais ?
Non je n’étais pas bon en anglais ! Pour moi, chanter en français c’est super dur dans le rock et le metal… Sans vouloir froisser personne, cela peut vite être kitch si tu ne le fais pas bien. Il y a des groupes extraordinaires qui le font super bien. Je pense à Celeste. Avec ce groupe, tu te plonges dans l’ambiance, tu écoutes un l’album, tu lis le texte en même temps, et c’est plus noir que n’importe quel groupe de Black Metal ! C’est incroyable ! C’est Orakle qui faisait ça super bien, aussi. Tu as plein d’exemples comme ça, mais globalement j’avais peur de ne pas avoir une assez bonne plume pour que ça ne soit pas ridicule.
En anglais, c’est plus facile. C’est le langage du Rock‘n Roll à la base. Et puis, je le sentais plus comme ça. Peut-être qu’un jour, si je me sens d’écrire, de me pencher dessus, de faire un truc un peu plus chiadé, alors je ferai un truc en français. J’y pensais, en plus, récemment ! Je ne me l’interdis pas. Mais c’est compliqué. Il y en a peu qui l’ont fait. Gros bravo à ceux qui y arrivent, ce n’est pas donné à tout le monde d’avoir une bonne plume en français.
Que veux-tu transmettre avec tes paroles ?
C’est plus des émotions, des sensations que des messages précis que je veux transmettre. Sinon ça m’ennuierait, je pense. J’écoute beaucoup d’artistes qui laissent place à l’interprétation de l’auditeur. J’aime bien ne pas avoir un truc défini, explicite. J’aime bien laisser à l’imagination de chacun. Après, tu as des gens qui s’en tapent : ils écoutent de la musique et ne s’intéressent pas du tout au texte. Ça me va aussi ! Chacun consomme le truc comme il veut ! Pas de problème ! C’est de l’émotion plus que du message que je transmets.
La pochette d’Amer, le nouvel album est très différente, plus claire que les autres albums, est-ce une volonté particulière ?
On a bossé avec Cäme Roy de Rat, un artiste nantais assez incroyable. Je lui ai donné des directives. Je bosse comme ça avec un artiste : je n’aime pas le brider, lui dire “tu fais ça comme ça”. Si je bosse avec quelqu’un, c’est pour qu’il apporte sa touche, qu’il ait sa vision du truc par rapport à des mots clés que je lui donne. Qu’il fasse comme il le sent. Comme un tatoueur. Je ne vois pas l’intérêt de faire appel à un artiste si c’est pour l’obliger à faire des choses qu’il n’aurait pas faites de lui-même. Ce n’est pas juste un exécutant. C’est quelqu’un qui a des idées, avec son histoire personnelle. Je lui ai donc donné des mots clés, les tons (je ne voulais pas un truc noir). Je lui ai dit “ne pense pas black metal quand tu fais notre artwork”. Comme avec notre ingénieur du son, d’ailleurs ! Je lui ai dit : “écoute le truc, lis les textes, approprie-toi l’ambiance avec les mots clés que j’ai donné et vis ta vie !”. Et franchement, ben, à chaque fois, dès le premier jet, c’est super !
Quels sont ces mots clés ?
C’est secret ! joker ! [rires]. C’est globalement les grands concepts de l’album : la dualité, les émotions… Ce n’est pas de grands concepts, cela a déjà été fait plein de fois. Ce sont ces idées-là que Cäme Roy de Rat a repris à sa sauce. Avec des éléments visuels. Je savais que je voulais de la gravure et quelque chose qui s’éloigne des carcans du Black Metal. Donc entre ces éléments, les tons et les termes que j’ai donnés… franchement quand j’ai reçu les premiers jets c’était incroyable ! c’était exactement ça ! C’était super dès le début. Il n’y a pas eu de retouches. C’est bien de faire confiance aux artistes !
L’album amorce quelque chose de différent
J’écoute vraiment plein de choses : du classique, du rap, du rock ! Je n’ai pas de limite.
Est-ce que Moonreich peut sortir du Black Metal un jour ? Il y a déjà eu la reprise de Depeche Mode !
Je ne sais pas ! Si j’en ai envie, oui ! Je ne sais même pas si aujourd’hui on peut dire que Moonreich, c’est du black. Les purs blackeux vont te dire que ce n’est pas du Black. Les gens qui écoutent Epica et Halestorm te diront que c’est du Black. On s’en fout en vrai, c’est pas important. Mon but a toujours été de faire de la musique qui me parle et qui me plaît. Après les gens posent l’étiquette qu’ils veulent, ce n’est pas grave : ça leur appartient.
Vous allez jouer au Mennecy Metal Fest (91) en septembre et au Rise and Fall Fest (85/79) en octobre-novembre : la tournée s’engage bien, y a-t -il d’autres projets ?
On est sur 2-3 trucs, on est en train de changer de tourneur. On attend de voir ce qui se précise. Il y a des trucs qui vont se décanter et il y aura des annonces pour 2024.
Pour le Mennecy Metal Fest, je suis à 15-20 min du festival ! C’est un match à domicile. C’est un petit festival qui a de belles affiches c’est plutôt bien. Paradoxalement, en IDF il n’y a pas de festival. Il y a eu le “Download” pour les trucs plus mainstream mais depuis plus rien. C’est bien que le Mennecy Metal Fest existe ! Hâte de voir aussi de l’autre côté de la barrière. Je pense que ça va être très bien.
Comment est accueilli le nouvel album Amer depuis sa sortie en mai ?
Les retours sont bons, de ce que je vois, de ce que le label nous envoie. On n’a pas eu de retour négatif. C’est même plutôt très bon. Comme je disais tout à l’heure, on ne court pas après, mais c’est toujours appréciable de voir que l’album parle à la presse spécialisée. On prend ! C’est cool !
On peut dire que tout se déroule bien et tu es satisfait jusqu’à présent ?
Paradoxalement, cet album s’est fait plus dans le rush que celui d’avant. J’ai eu moins le temps de bosser et j’ai pris moins de temps aussi mais je suis 100% satisfait de ce qui en est sorti ! Le son, la prog, les morceaux… Franchement, je suis très content de l’avoir fait. Il me plaît comme ça !
Bon, c’est tout récent aussi. Si ça se trouve, tu m’en parles dans 6 mois et je ne pourrais plus le blairer !
Parfois, j’écoute des vieux albums qu’on a fait et je me dis “c’est inécoutable !” [rires]
Merci beaucoup Arthur pour le temps accordé !
Merci à vous !
Interview réalisée par Maïa
Photo : Punky Photographe (Instagram)
Voir le report complet du Motocultor sur HexaLive
Merci à Maxime pour l’organisation de cette interview
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