Avec sa pochette aux teintes vieux rose, son corbeau posé sur des fleurs, on a d’emblée un avant-goût de l’écoute à venir. Flowers & Feathers laisse entrevoir du beau et du ténébreux, du léger et du lourd…
Serait-ce une promesse sincère ?
La première minute d’écoute laisse entendre un riff bien saturé et lourd. Pas de doute, c’est bien de métal dont il s’agit. Arrive ensuite une jolie envolée de batterie, aussi épaisse que la guitare, avec pourtant une rupture de rythme intéressante. La voix claire de JC nous parvient, agréable, avec un timbre très beau. Puis c’est la surprise, déroutante : des notes d’harmonica puissantes nous saisissent.
Et à partir de là, commence le voyage vers des contrées lointaines en des temps reculés. Vers le Sud des Etats-Unis, peut-être pendant l’esclavage ou très certainement au moment de la naissance du Blues.
Ce premier morceau donne un aperçu sur le reste de l’album : le vent qui se lève va tout emporter. “The coming wind”, son titre, est un morceau délicat et puissant qui ébranle l’auditeur. Un aperçu qui se termine sur ces notes western à la Sergio Leone. Le décor est planté.
Le 2e titre, enchaîne avec l’harmonica directement pour mieux bercer nos oreilles et surtout pour mieux les envoyer s’écraser contre un mur grâce à une batterie et des riffs surpuissants ; “Flowers & feathers” donne son titre à l’album et maintenant on comprend l’idée : la douceur est un leurre, les plumes et les fleurs recouvrent la noirceur cachée. Continuons le voyage.
Après les surprises instrumentales c’est la voix de JC qui se métamorphose en un scream redoutablement efficace et bien énervé.
Tout l’album possède ce savant mélange d’alternance “plume légère” contre “enclume bien lourde”.
Tout cela agencé d’une manière cohérente.
Grâce au chant clair (très belle performance vocale sur le titre mélancolique par excellence : Blue Time) alterné avec un chant screamé hyper maîtrisé.
Grâce aux cassures de rythmes sublimes (comme dans 225), ainsi qu’à l’usage d’instrument originaux comme le lapsteel (Six pointed star) ou l’harmonica face à une batterie enragée, des riffs puissants saturés et une ligne de basse bien lourde qui cimente l’ensemble.
Six pointed star représente le titre avec le plus de pesanteur (non sans rappeler du Pantera d’ailleurs) avec son rythme lent qui s’enfonce lourdement dépassant la gravité. C’est puissant, c’est bon : on adore !
Le titre le plus énervé est “Aeon Crest” qui force votre tête à headbanger sans que vous la contrôliez !
Quelques éclaircies apparaissent dans ce morceau au niveau du rythme, toujours pour mieux s’enfoncer dans les marécages boueux du bayou. À noter un sacré solo de guitare de Alexandre Bourret (nouveau line up depuis 2017) qu’on savoure avec délectation. Avant que la lourdeur ne reprenne pour notre plus grand plaisir.
Judicieusement placée entre 2 morceaux bien énervés (à savoir Aeon Crest et Forget I’m alone), la chanson “Alien Language” est un Ovni musical absolument déroutant. Comme son titre l’indique…
L’instrument utilisé est le hang drum qui ressemble d’ailleurs à une soucoupe volante. Un son étonnant, très métallique et clair pour une chanson belle et envoûtante.
“Black gold” donne dans la quête de l’or sale au fond des mines. Le titre démarre sur du banjo enjoué façon folk américain pour mieux s’engloutir dans les profondeurs de la terre à la recherche du minerai précieux et maléfique. La basse de Sébastien particulièrement prégnante participe à s’enfoncer toujours plus loin dans les boyaux de la terre.
Enfin, Auburn clos ce voyage en douceur et en acoustique tel un coucher de soleil sur les plaines d’Alabama qu’on admirait dans ces derniers instants de luminosité crépusculaires.
Après ce voyage interdimensionnel avec l’écoute de FLOWERS & FEATHERS, on retiendra d’abord la magnifique voix éraillée de JC et sa technique voix claire/voix screamée énervée (On retrouve ce scream performant dans le groupe Nervd dont il est aussi le frontman).
On retiendra ensuite les instruments presque insolites pour mieux faire voyager l’auditeur : banjo, lapsteel, harmonica, guitare acoustique évidemment, l’improbable hang drum qui nous fait converser avec les extraterrestres et même de l’orgue (Auburn).
Enfin et surtout l’alternance de plumes et de d’enclumes pour ce groupe metalcore qui prend ses inspirations dans le bon vieux blues usa (racine du métal ne l’oublions pas), qui lui rend hommage et qui le transforme aussi. Le tout arrangé avec cohérence tout comme l’alternance ballades et chansons énervées.
Rien n’est linéaire mais tout fait sens.
La promesse a été tenue.
Maïa
Groupe : Red Mourning
Album : Flowers & feathers (2022)
Line up :
Sébastien Meyzie – basse, chant
Aurélien Renoncourt – batterie, guitare, chant
J.C. Hoogendoorn – chant, harmonica
Alexandre Bourret – guitare, lapsteel, chant (depuis 2017)
Retrouvez le clip du titre éponyme :