Mennecy Metal Fest 2024

Le Mennecy Metal fest, c’est ce festival municipal soutenu par la Région Ile de France qu’on affectionne beaucoup. Les 6, 7 et 8 septembre dernier, 32 groupes de metal (français et internationaux) se sont produits dans un cadre ultra privilégié (petite jauge) au parc de Villeroy à Mennecy (91).

Parmi ces groupes on citera les grosses têtes d’affiches comme les finlandais de Korpiklaani et de Lordi, les allemands de Eisbrecher, les italiens de Eldritch et les Suédois Dark Funeral… mais aussi les essonniens de Rise Of The Northstar, Opium du peuple et Les Tambours du Bronx. Et pour le reste, des groupes de metal français venus des quatre coins de l’hexagone pour les petites pépites sonores et visuelles à découvrir et faire partager ! 


Sommaire

MMF – Vendredi 6 : Red Gordon / eOn / Les Tambours du Bronx

MMF – Samedi 7 : Fatima / Tanork / Daturha / Gravekvlt / Locomuerte / Arcania

MMF – Dimanche 8 : Old Silence / Deficiency / Rise of the Northstar

Conférence de presse


Mennecy Metal Fest, Vendredi 6 septembre

Red Gordon 18:20

Red Gordon Mennecy Metal Fest 2024

Sur la Menn’stage, Red Gordon entre en scène après les prestations de Witchorious et Sanctuary ce vendredi 6 septembre au Mennecy Metal Fest. Le groupe, originaire de Clermont-Ferrand, démarre fort, avec une énergie remarquable. Le public, déjà bien présent pour cette première journée de festival, commence à se laisser porter par l’ambiance.

Une complicité se dégage rapidement entre la guitariste et le batteur. Leur jeu de regards et d’échanges rythmiques attire l’attention, comme s’ils communiquaient au-delà de la musique. La basse se fait aussi remarquer, apportant une profondeur solide et bien travaillée à l’ensemble. En tous les cas, qui m’interpelle. Quant au batteur, il est concentré, appliqué, derrière ses fûts, tapant avec une précision chirurgicale.

Le chanteur, lui, fascine immédiatement ! Derrière un masque moitié humain moitié épouvantail noir et blanc, ses yeux hallucinés fixent la foule. Il tente de chauffer le public, mais l’ambiance est encore timide. Après tout, ce n’est que le premier jour du festival. Pour autant, sa présence sur scène est indéniablement charismatique. Il se contorsionne, passe d’une voix claire à des screams viscéraux, emportant petit à petit les metalleux dans son univers.

« I Need a Deep Breath » introduit par le chanteur pour rappeler la sortie de leur clip en avril dernier, démarre sur un riff lourd et accrocheur. Le rythme provoque un secouage de nuques et les cheveux les plus longs s’en donnent à cœur joie. On sent l’intensité monter d’un cran et même si le pit reste encore réservé, l’énergie est bel et bien là.

Après le concert, j’ai eu l’occasion de discuter avec le chanteur. Il m’a confié que le masque qu’il porte est inspiré de Jack Skellington et qu’il est en cohérence avec l’esthétique de leur album. La touche de blanc sur le masque, selon lui, symbolise la colère et la haine qu’il exprime sur scène. En enfilant ce costume, il se métamorphose, adoptant une sorte de double de lui-même, plus expressif, plus intense, un personnage qui lui permet de s’éloigner du quotidien. Jack est un incubateur, une métaphore puissante.

Red Gordon sera en concert : le 17 octobre à Clermont-Ferrand, le 2 nov à Roanne et le 23 novembre Lyon au fameux Rock n Eat ! Allez-y on veut bien vos impressions !

Setlist : 
Intro 404.exe
Useless
Scream motherfucker
Inner repeat
Inside of me
Deep breath
One more light
Quizzical mind
Hell
Like a virus

Photos : Nicolas Chaigneau – eMaginarock (instagram)

eOn Eye Stage 19:00

eOn Element of Noise Mennecy Metal Fest MMF 2024

eOn (Element of Noise) prend d’assaut la Eye Stage. Et malgré la petite taille de la scène, le groupe ne tient pas en place ! Les cinq membres — deux guitaristes, un bassiste, un chanteur et un batteur qu’on ne présente plus — sont originaires de Toulon et déclenchent un joyeux bordel dans le pit. Dès les premières notes, le public est saisi par leur énergie brute. Le chanteur, particulièrement remuant, court d’un bout à l’autre de la scène invite au headbangage frénétique.

L’ambiance monte rapidement lorsque le groupe annonce son intention de faire davantage bouger le pit : « Vous allez vous mettre un tout petit peu sur la gueule, sous la protection des licornes magiques qui sont là ! On est sauvés ! » Point d’hallucination collective. Des licornes sont bien présentes ce soir mais il s’agit de festivaliers (ou de bénévoles) déguisés qui délirent dans le pit. Sur scène, leur son abrasif et dense sonne véritablement métallique au sens organique du terme. Chaque riff, chaque coup de batterie est du piment à l’état pur.

La batterie est incisive et particulièrement puissante, mais quand on sait qui est derrière les futs, cela n’étonne personne. Le metal de eOn est un son qui donne du grain à moudre aux amateurs de metal exigeant et stimulant. Pas de mélodies simplistes ici, mais une intensité brute qui gratifie les amateurs de metal pointu. On n’est pas dans le mainstream : eOn propose du « high quality », un son à la fois complexe et dévastateur, qui ravit autant les yeux que les oreilles avec leur énergie scénique sans relâche.

Les riffs tissent une tension progressive, amenant à des pics de jouissance sonore, tandis que la voix du chanteur explose dans une hargne continue. Une hargne déchaînée parfois mise en relief par les autres musiciens en chœur sur un refrain. Un moment particulièrement marquant arrive lorsqu’ils lancent « Welcome to the Pyramid«  , un morceau qui déclenche un nouveau level de frénésie dans le pit.

Le chanteur, Flo, interagit avec humour avec le public, s’étonnant de voir la pelouse encore si verte : « Labourer le gazon trop propre ! » Il lance ensuite un défi : « Essayez de retenir un seul mot de notre seule chanson en français. » Et effectivement, le mot « psychiatrique » perce à travers les hurlements, laissant le public un peu interrogatif mais ravi !

Musicalement, eOn navigue entre le thrash, le hardcore et le death, mélangeant ces influences avec une maitrise impeccable. Les riffs sont lourds et solides, le groove du chanteur est puissant et la batterie enveloppe l’ensemble avec une rigueur sans faille. C’est carré, percutant, et ça décrasse les oreilles de façon efficace.

Un moment inoubliable : le guitariste termine un riff énorme en jouant sa guitare dans le dos, à la manière d’un Zakk Wylde, mais dans un style qui reste propre à eOn. Flo, le chanteur, prend ensuite un moment pour mentionner leur prochain album : « On ne sait pas quand il sortira, mais il va sortir ! » . De quoi faire sourire dans le public.

Le groupe marquera d’une certaine façon le festival avec le premier circle pit du week-end suivi d’un WOD (Wall of Death) pour clore le show en beauté. L’énergie débordante des cinq musiciens est communicative on voit qu’ils s’amusent autant que le public sinon plus. Ils sont heureux d’être là, et cela se sent à chaque instant.

Pour moi, eOn est clairement le coup de cœur de la journée. Leur musique, combinée à leur énergie scénique et leur interaction avec le public, a offert un moment de pur bonheur metal. Leur t-shirt au merch a fini de m’achever ! Le graphisme est dingue et en plus , il est recto/verso ! Bref, si vous ne connaissiez pas eOn, c’est le moment de rattraper cette erreur! D’ailleurs ils joueront au Cirque Électrique le 15 novembre prochain !

Setlist :
Heads On pikes
Hokuto no ken
Come down
Welcome to the pyramid
Highlanders
Kalash (en français parait-il ) 
Bullshit everywhere
Legacy of shame

Photos : Nicolas Chaigneau – eMaginarock (instagram)

Les Tambours du Bronx 21h35

Les Tambours du Bronx Men,necy Metal Fest MMF 2024

Les Tambours du Bronx s’apprêtent à déchainer les enfers . Dès le début de l’installation, on sent l’attente monter avec comme de l’électricité dans l’air. La scène est littéralement envahie de tonneaux métalliques (j’en compte onze).
L’éclairage, les jeux de lumière, et les samples montent en puissance, créant une tension palpable avant l’explosion, la déflagration. Et soudain, le hurlement de Reuno fend l’air : « Menneeecyyyyy !! », déclenchant une tempête de percussions instantanée. C’est partie pour le dawa, le bordel, le Bronx !

La batterie, surélevée au fond, donne le signal des hostilités. Ses coups résonnent comme des coups de tonnerre suivis par la vague de rythmes des tambours. Ça emporte immédiatement tout le monde. Impossible de ne pas se laisser happer par cette pulsation primitive. Les percus résonnent dans chaque atomes, réveillant quelque chose de profondément tribal et viscéral chez nous, comme si l’on touchait à l’ADN même de l’animal sapiens. C’est à la fois brut et magnifiquement puissant.

Ajouté à cela, le spectacle de ses musiciens déchainés, dont les frappes sont d’une puissance inouïe ! Ce ne sont pas des baguettes avec lesquelles ils tapent, ils cognent, ils fracassent mais des « bûches » comme dirait un ami. D’ailleurs, elles se fendent et se cassent au fur et à mesure, vite remplacées. Avec parfois un peu de sang dessus comme j’avais pu le voir à l’Alhambra sur Paris il y a quelques temps déjà. 

Ajouté à tout cela, le fait que Reuno viennent chanter sur quelques titres et on touche au bonheur ultime (pour moi !). Sa présence magnétise l’ensemble, poussant l’intensité encore plus loin. Et comme si tout cela ne suffisait pas,il y a ce medley special Sepultura constitué de Refuse/Resiste, Bloody Roots et Territory. C’est un moment de pure jouissance pour les fans de métal.

Stephane Buriez n’est pas en reste et prend le relais de Reuno. Dans le pit, c’est plus que déchaîné. Ça pogote et ça slame allègrement. L’énergie est palpable, une véritable communion entre le groupe et le public. Les corps s’entrechoquent joyeusement, tandis que les tambours continuent de vibrer dans chaque os, chaque muscle.

Les Tambours du Bronx, c’est bien plus qu’un simple concert. C’est une expérience sensorielle totale, où chaque frappe résonne à l’unisson avec l’énergie brute des percussionnistes. Pour moi, ce moment restera gravé comme un des sommets de cette soirée, une déferlante à la fois musicale et physique.

Photos : Deuskin Photography – eMaginarock (instagram)


Mennecy Metal Fest, Samedi 7 septembre

Fatima , Eye Stage , Concert pour la presse 11h00 + concert 20h35

Fatima Mennecy Metal Fest MMF 2024

Les premières gouttes de pluie tombent au rythme des premières notes de Fatima ce matin, créant une ambiance presque mystique. Le public de la presse dont je fais partie, armé de ponchos, se positionne sur la barrière. Les autres se réfugient sous les arbres un peu plus loin, prêts à se laisser envoûter par le stoner doom psyché si caractéristique du groupe. Les trois musiciens prennent position et nous invitent à nous rapprocher, tout en s’accordant à l’averse qui semble accompagner leur musique.

Le chanteur, Antoine, a changé physiquement depuis que je l’ai vu ici même en 2022. À l’époque, il avait encore quelque chose d’adolescent, avec ses cheveux longs derrière lesquels il se cachait un peu. Aujourd’hui, c’est une toute autre présence qu’il dégage. Fatima a gagné en maturité, eux qu’on a pu voir au Grand Paris Sludge l’an dernier, et qui joueront bientôt à Petit Bain.

Si vous fermez les yeux un instant vous pourrez presque croire entendre un chanteur venu d’un autre temps… Un chanteur ressuscité. Un chanteur avec un carré blond, un pull troué et des Converse usées. Et oui, la voix d’Antoine évoque indéniablement celle de Kurt Cobain avec son timbre écorché, à la fois brut et émouvant. Elle plonge le public dans des résonances grunge surprenantes.

Les accords oscillent entre émotions hypnotiques et transe, créant un spleen palpable, renforcé par la pluie persistante qui s’abat sur le festival. Chaque note semble s’accorder à la météo, mêlant mélancolie et beauté. Même si la lumière matinale est un peu fade, elle participe à cette atmosphère troublante. J’attends tout de même avec impatience la prestation du soir à 20h30 pour voir comment cette musique évolue dans une ambiance plus propice.

Et le soir venu, le batteur semble plus effréné, emportant avec lui le reste du groupe dans une spirale plus intense. Ses coups résonnent avec une force viscérale, frappant droit dans nos tripes de spectateurs. La nuit révèle toute la profondeur captivante du doom de Fatima, enveloppant le public dans une ambiance plus délicatement psyché et envoutante.

Les remerciements du groupe, empreints d’une douce réserve et d’une pudeur délicate, récoltent des applaudissements chaleureux et mérités. Fatima confirme bien qu’ils sont un groupe à suivre, capable de créer des moments de pure intensité, aussi bien sous la pluie matinale que dans l’obscurité nocturne.

Photos : Deuskin Photography – eMaginarock (instagram)

Tanork, Menn’Stage 14h15

Tanork Mennecy Metal Fest MMF 2024

J’avais déjà entendu la voix du chanteur pendant les balances au petit matin. J’avais été saisie par la rondeur et la profondeur de son growl. Mais c’est en les découvrant sur scène quelques heures plus tard que j’ai réalisé que ce growl impressionnant provenait d’un tout jeune homme.

Tanork, c’est un trio de très jeunes musiciens, dont la moyenne d’âge pourrait en surprendre plus d’un. Le batteur, ultra efficace, a seulement 17 ans, tandis que le bassiste et le guitariste, fondateurs du groupe, n’en ont que 18. Le vieil adage disant que « la valeur n’attend pas le nombre des années » prend ici tout son sens, tant la prestation de ce groupe est techniquement irréprochable.

Pas de clichés bretons, pas de biniou ou de bigouden à l’horizon. Tanork balaie d’un revers de main les stéréotypes folkloriques pour offrir un death metal redoutable… en breton ! Une originalité qui ne passe pas inaperçue et qui, au contraire, apporte une touche unique à leur set. Techniquement, tout semble maîtrisé : le batteur frappe avec une précision implacable, le bassiste fait littéralement vibrer sa basse, et le guitariste, joue avec une dextérité qu’on pourrait attribuer à 20 ans de pratique.

Tanork c’est :  Melaine Gautier :  basse et backing vocal / Eflam Castrec : guitare et au chant et Morgann : batterie

Setlist :
Frog’s
Ar Bed
En Hanced
DIskar
Enbourion 
Ankou
Kerfank 
Destined
Sepultura 

Photos : Deuskin Photography – eMaginarock (instagram)

Daturha, Eye Stage, 15h00

Daturha Mennecy Metal Fest MMF 2024

C’est sous un ciel encore chargé de pluie que Daturha monte sur la Eye Stage. Leurs kakemonos à l’artwork stylé sur fond blanc tranchent avec l’obscurité ambiante, comme pour contrebalancer le ciel grisâtre qui menace toujours. Peut-être est-ce leur façon d’apporter un peu de chaleur à cette après-midi pluvieuse à Mennecy.

Le bassiste attire immédiatement l’attention avec sa basse à 5 cordes et son t-shirt du groupe Houle, affichant fièrement les couleurs du black metal marin. La voix du chanteur, quant à elle, est particulièrement impressionnante : il alterne avec aisance entre un growl bien gras et une voix claire. Le switch est net et efficace, ajoutant une dimension supplémentaire à leur performance.

À la batterie, on découvre que le musicien du jour est un remplaçant. Son jeu capte l’attention dès les premiers morceaux et maintient une énergie implacable tout au long du set. Il me laisse une forte impression et plusieurs jours après également.

Le moment fort du concert vient avec l’apparition de guests sur scène, notamment Raf de Dropdead Chaos, qui ne manque pas de galvaniser la foule en lançant : « Faites du bruit pour Daturha, ils sont en train de tout casser !« . L’ambiance monte encore d’un cran avec cette intervention et le pit commence à s’agiter, le public répond présent à l’appel du groupe.

Daturha, avec leur style visuel soigné et leur énergie débordante, ont su captiver le public malgré les conditions météo pas vraiment super. Ils ont offert un moment de pur metal et donné une belle énergie le tout mâtiné d’une sacrée technique notamment vocale.

Photos : Deuskin Photography – eMaginarock (instagram)

Gravekvlt, Eye Stage, 16h50

Gravekvlt Mennecy Metal FEst 2024 MMF

Les musiciens de GraveKvlt sur scène c’est sans doute LE concert à découvrir du jour. Je me suis laissée happer par leur voyage dans le temps, au point qu’aucune photo ni vidéo n’a été prise ! Mon téléphone est resté, inexplicablement, au fond de ma poche. Ce n’est qu’après coup que je réalise à quel point ce set était captivant !

Leur look tout droit sorti des années 80, quelque part entre Stranger Things et une vibe old school, participe à cette plongée totale. Les musiciens arborent des débardeurs amples et colorés, qui tranchent avec l’habituel univers sombre du metal. Leurs baskets montantes, leurs lunettes de soleil vintage aviateur (malgré la pluie ), leurs coupes de cheveux rétros et leur moustache, contribuent à nous plonger dans une esthétique résolument rétro. Et même sur scène, les détails continuent de nous surprendre : leurs guitares sont reliées par des câbles torsadés façon téléphone des années 60. Ce souci du détail est fascinant.

Le son de GraveKvlt est difficile à décrire tant il est original. À la croisée des chemins entre le metal et un heavy metal old school, ils y ajoutent un growl caverneux et rageur qui lorgne vers Lemmy K. Ils bousculent les codes, avec une énergie brute et une audace qui ne peut laisser indifférent.

Un des moments marquants : entre deux riffs, le chanteur-guitariste attrape une baguette de batterie et frappe trois coups secs sur les cymbales du batteur, ajoutant encore à cette impression de chaos organisé et parfaitement maîtrisé.

Même s’ils communiquent peu avec le public (un style, une attitude), dans la foule, le public s’approprie le tempo ; les têtes se balancent à l’unisson avec les musiciens. Le groove est palpable, et malgré la pluie, personne ne semble prêt à s’arrêter. GraveKvlt a réussi à nous embarquer dans un autre univers, où la nostalgie des années 80 se marie à une puissance metal parfaitement exécutée. C’est un bon coup de cœur pour ma part !

Photos : Nicolas Chaigneau – eMaginarock (instagram)

LocoMuerte MennStage 17h35

Locomuerte Mennecy Metal Fest MMF 2024

17h50, on sent que quelque chose d’énorme se prépare. La foule se densifie à vue d’œil près de la Menn’Stage. Il semblerait que tout le monde veuille voir les Mexicanos du 91 jouer à la maison, dans leur Barrio Nuevo Uno. C’est un show spéciale, car les Loco profitent de l’occasion pour dévoiler quelques titres de leur dernier album, Parano Booster, sorti le 27 septembre.

Déjà plus tôt dans l’après-midi, on les voyait bouillonants, nos tipos. Depuis leur loge, on pouvait les apercevoir, hilares, en train de déconner à travers la fenêtre ouverte. Quand les quatre musiciens montent enfin sur scène, la foule est déjà emportée, prête à exploser à tout moment. Et dès les premiers accords : ben ça part en vrille ! Les locos sont réputés pour leur mosh déjanté et avec la Brigada présente en force dans le public (beaucoup de t-shirts LocoMuerte), c’est clair que la pelouse ne va pas faire long feu.

Nico, le bassiste prend régulièrement la parole pour provoquer les fans : « J’espère que vous avez vos meilleures chaussures de golf pour déchirer la pelouse ! » Et lorsqu’il ordonne un circle pit à démolir le gazon, on comprend vite qu’après le show, il n’en restera plus rien de cette fameuse pelouse menneçoise. Évidemment, pas besoin d’insister longtemps, le pit devient un bon boxon (comment dit-on boxon en espagnol ?) !

Il commence à pleuvoir des slameurs et Nico initie un wall of death « jusqu’à… là-bas ! » . En effet, c’est sans doute le plus gros du week-end. En récompense de cette furie collective, nous avons des titres de Parano Booster comme Demonios, Pura Violencia (parfait pour « déglinguer la sécu » nous dit Nico). Les anciens titres s’imbriquent parfaitement, comme Sangre por Sangre. Sur ce dernier, Nico rappelle : « On n’est pas à un concert de metalcore, ici. Nous, on veut du muy brutaaaal ! » . Dont acte !

Sur scène, El Termito est totalement endiablé. Il saute partout, court d’un bout à l’autre de la scène, se jette au sol, fait des grand-écarts spectaculaires. Il ne s’arrête jamais et quand il prend la parole, c’est dans un espagnol survolté pour encourager la foule à faire encore plus de bruit. Avec ses tresses longues et ses lentilles blanche et bleues, il a soigné son look jusqu’au moindre détail… endiablé on vous dit !

Le moment le plus marquant ? Lorsque la Familia monte sur scène ! Plusieurs membres de la Brigada sont invité.e.s à rejoindre le groupe, comme lors des concerts de Suicidal Tendencies au Hellfest. L’ambiance atteint un niveau encore supérieur et c’est le sommet d’une communion totale entre le groupe et le public.

Un autre moment inattendu : des crocodiles vert fluo gonflables surgissent dans la foule, permettant aux slameurs de surfer façon Crocodile Dundee au milieu du chaos. Et bien sûr, impossible de ne pas mentionner leur hymne à la seule drogue qui compte pour eux : la musique ! La pure, la vraie, celle qui rend tout le monde complètement fou. CQFD cet après-midi au Mennecy Metal Fest !

Dans un geste aussi fou que le reste du concert, El Mitcho se lance dans le pit, perché sur les épaules d’un roadie, guitare à la main, tandis qu’El Termito se jette carrément dans la foule avec son micro, continuant à chanter pendant qu’il est porté par la marée humaine. C’est complètement démentiel ! A en croire les retours que j’ai pu avoir (en plus de mon expérience) leur show fut le meilleur show du week-end.

La file d’attente au stand de merch’ à la fin du concert et longtemps après, confirme que Locomuerte a marqué les esprits. Leur énergie incroyable sur scène, combinée à l’excitation du public, a fait de ce set un véritable moment de folie. La pelouse ? Elle ne s’en remettra probablement jamais…

Photos : Deuskin Photography – eMaginarock (instagram)

Arcania Eye Stage 18h40 

Arcania Mennecy Metal Fest 2024 MMF

Le quatuor angevin nous propose un thrash metal premium quality comme on adore (ok, comme j’adore mais je suis loin d’être la seule ce jour-là). Dès les premières notes, on sent que quelque chose va se produire. Les intros, particulièrement soignées, posent immédiatement l’ambiance. La batterie fracasse tout sur son passage. Les riffs, eux, sont d’une efficacité redoutable, montant en puissance et entraînant tout sur leur chemin.

C’est carré, propre et surtout, beau. Les changements de rythme sont percutants, surprenants même, et maintiennent le public en haleine. Ce groupe aspire l’attention et ne la relâche jamais. C’est en tous les cas, ce qu’il s’est passé pour moi. Les solos de guitare, quant à eux, sont absolument sublimes. Envoûtants et en relief, ils apportent une véritable respiration au milieu de la tempête sonore, transportant l’auditeur/trice dans un autre espace-temps.

En tant que fan de thrash et de death, je dois avouer que ce set était un pur régal. Arcania a définitivement marqué ce samedi avec une performance époustouflante. Et si l’on ajoute la claque Avulsed plus tard dans la soirée, c’est clair que ce fut une journée mémorable, une succession de moments puissants à savourer encore et encore (les achats au merch le permettent..).

Les quatre musiciens prennent du temps après le concert pour échanger et discuter. Cela va durer longtemps dans la soirée !

Setlist :
Lost generation
Face in the mirror
Rise and never fall
What will remain
A scar in our mind
A matter of time
Sweet anger dust 
No end 
Now the sun won’t shine 

Photos : Deuskin Photography – eMaginarock (instagram)


Mennecy Metal Fest, Dimanche 8 septembre

Old silence, Menn’Stage, 13h30

Old Silence Mennecy Metal Fest 2024 MMF

Old Silence, c’est le groupe qui met bien le dimanche matin avec une énergie acidulée et contagieuse. Parfait pour démarrer avec de bonnes vibes ! Dès que le quatuor monte sur scène, le ton est donné : le chanteur arbore une chemise hyper colorée sur son t-shirt « Old Silence » et des chaussures flashy. Visuellement, ça met du peps, tout comme leur musique, qui balance un groove irrésistible.

La basse est omniprésente, portée par des lignes groovy qui viennent structurer chaque morceau. Un délice pour ma part et je suis ravie d’être à la crash barrière pour en profiter. Le chanteur, avec sa voix claire et charismatique, fait forte impression dès les premières notes. Sa maîtrise vocale captive le public, qui se laisse emporter à déhancher. Et le salut des metalleux \m/ se répand parmi le public. À un moment, il demande au public de frapper dans ses mains pour rythmer une chanson à venir et tout le monde s’y prête avec enthousiasme. Puis, soudain, ça part en groove et tout monte d’un cran, plus énergique, plus entrainant !

Musicalement, Old Silence se pose comme la dose de rock groovy et bluesy qui fait mouche. Leurs morceaux sont vibrants et le public, en phase avec leur énergie, adhère sans hésiter. Il faut dire que ce « néo-grunge », comme ils se définissent eux-mêmes, a de quoi séduire avec des influences variées qui s’entremêlent parfaitement. Gwen, que certains auront reconnu comme étant également membre de Dagara, troque ici la guitare pour la batterie avec tout autant d’aisance.

Old Silence a donc offert un début de journée qui met la banane à tout le monde. Leur set stylé, acidulé et terriblement efficace a su capturer les festivaliers et donner le ton pour la suite du dimanche. Mission réussie !

Photos : Deuskin Photography – eMaginarock (instagram)

Deficiency

Deficiency Mennecy Metal Fest MMF 2024

L’avantage du MMF, c’est de pouvoir voir les groupes qu’on a raté au Hellfest et dans de meilleures conditions (moins de foule, moins d’attente et de fatigue…). Mais avec un brin de pluie en plus. C’est justement sous une averse légère que ce groupe de thrash metal mélodique, venu de l’Est, a réchauffé l’ambiance.

J’avais hâte de les voir et, en découvrant le t-shirt Gorod du lead guitariste, j’ai su instantanément que je ne serais pas déçue ! En effet, sur scène, les quatre musiciens dégagent une belle complicité et leur puissance sonore prend littéralement aux tripes. Dès les premières notes, l’atmosphère devient électrique : circle pits spontanés et même un wall of death qui, bien que modeste (Eye Stage oblige), allait jusqu’à la régie.

Le guitariste lead, particulièrement technique, nous a gratifiés de solos d’une qualité digne de Mathieu Pascal. Chaque envolée de guitare était saluée par des applaudissements admiratifs, un vrai dialogue entre le groupe et le public. Ils ont joué leur tout nouveau titre, « The Nest« , fraîchement sorti.

Malgré la pluie, l’ambiance était remarquable. Leur musique a emporté l’adhésion du public et après le concert, une foule enthousiaste s’était agglutinée à leur stand de merch, preuve de l’effet qu’ils avaient laissé.

Photos : Deuskin Photography – eMaginarock (instagram)

Rise of the North Star, Menn’Stage, 21h50

On ne va pas se mentir, Rise c’est LE groupe le plus attendu de cette dernière journée à Mennecy (voire du week-end ?). L’excitation est palpable lorsque le nouveau plateau de la Menn’Stage se dévoile pendant que Deathless Legacy et son metal spectacle termine son show sur l’autre scène.

Sur la Menn’Stage, on aperçoit des cerisiers en fleurs, des lanternes en papier ornées de kanji noirs et rouges. Une déco kawaii est donc apparue, contrastant parfaitement avec le métal énergique de ROTN. Phantom 2, le batteur, peaufine les derniers réglages vers 21h00, tandis que la foule se densifie . Les plus dévoués se sont collés à la crash-barrière depuis un moment déjà et ce malgré la pluie qui se déverse de plus en plus.

Comme une foule bien compacte s’est formée près de la scène, il se dégage une bonne chaleur qui permet de se réchauffer en attendant le début du show. Je me suis donc rapprochée au maximum. Mais aux première notes de Showdown, l’ambiance est devenue tellement électrique, tellement euphorique, tellement frénétique que j’ai préféré rester près du pit survolté. Le groupe a enchaîné avec Third Strike dans leurs fameuses tenues bouffantes, cette fois entièrement blanches. Le jeu de lumière rose ajoute une touche japonaise printanière à cette soirée pourtant bien automnale ! Mais la pluie n’a dérangé personne, ni sur scène ni dans le public. Au contraire, elle a donné une dimension encore plus mémorable au concert, participant à créer une sorte d’énergie collective.

En effet, l’enthousiasme n’a jamais faibli et ce jusqu’au toutes dernières notes. Le pit, bien que boueux, trempé et glissant est resté animé par une bonne humeur contagieuse tout le long. Et puis, question pratique aussi : les cheveux mouillés, c’est bien mieux pour headbanger en mode hélicoptère !

Rise of the Northstar a livré un set explosif et cette ambiance, entre pluie battante et metal japonisant. Un des moments forts du festival. Trop contents de jouer « à la maison » dans un festival qu’ils connaissent bien, les plus japonais des metalleux franciliens ont réchauffé l’atmosphère d’un joli rayon « sakura ». Et c’était parfait pour clore cette édition anniversaire.


Conférence de presse Mennecy Metal Fest 2024

Jean-Philippe Dugoin-Clément, maire de Mennecy dans l’Essonne, a tenu sa deuxième conférence de presse en compagnie de deux représentants du conseil municipal et du directeur des affaires culturelles de la ville. L’occasion d’évoquer cette 10e édition du Mennecy Metal Fest, événement important pour le métal francilien.
Créé en 2013 (avec une pré-édition en 2012), ce festival n’a connu qu’une seule interruption, celle imposée par le Covid en 2020. Pour cette année, la programmation promet d’attirer un public varié, avec des groupes internationaux comme Korpiklaani, Eisbrecher, Lordi en tête d’affiche, mais aussi des plus petits groupes locaux émergents

Bilan de la première soirée

Le vendredi 6 septembre a marqué le coup d’envoi du festival et, d’après le maire, tout s’est déroulé sans aucun problème. La fréquentation a été « très intéressante », selon ses termes et les performances scéniques comme la diversité des groupes sont bien au rendez-vous de cette édition. Seule ombre au tableau quasi idyllique, la météo qui s’annonce pluvieuse pour le reste du week-end. Variable sur laquelle les organisateurs n’ont, bien sûr, aucune prise…

Un festival éclectique

Le maire a insisté sur l’importance pour Mennecy de proposer un festival véritablement éclectique, avec une programmation couvrant différents styles de metal et permettant à la fois à des groupes internationaux notables comme à des talents locaux de se produire dans les mêmes conditions.
Pour lui, l’ouverture à toutes les formes de cultures est primordiale sur la ville. En effet, le Mennecy Metal Fest s’inscrit dans une politique plus large qui inclut également des événements variés comme des concerts de l’Orchestre national ou des représentations rap, du théâtre classique, au vaudeville. Cependant, le maire ne cache pas que le festival peut susciter des réactions négatives (plaintes pour le bruit, notamment), mais il considère cela comme des « râleries prévisibles » plutôt que comme un obstacle majeur.

L’organisation

Mennecy est une ville de 16 000 habitants. Pour le festival, la municipalité mobilise une partie de ses services municipaux. Thomas, directeur des Affaires culturelles, supervise l’événement tout au long de l’année avec l’appui de nombreux bénévoles (pour les loges, la billetterie, la buvette) et partenaires, parmi lesquels Musik o Eye, France Metal, Loud TV, etc..
En amont, l’équipe garde une oreille attentive sur les groupes émergents potentiellement programmables et gère les demandes. Pendant le festival, environ six régisseurs, trois agent.e.s et une quarantaine de bénévoles participent à sa logistique. Avec également des partenaires privés pour le catering, la sécurité ou les techniciens. La question des buvettes a également été abordée, le maire soulignant la bonne fréquentation, mesurable au nombre de fûts vidés ! Cette année, une plateforme PMR a été rajoutée.

Le budget

Le budget total consacré aux artistes s’élève à environ 150 000 euros, avec des cachets variant de 0 à 25 000 euros par groupe. Le maire a mentionné la volonté de l’organisation de maintenir un prix d’entrée accessible (30 euros par jour).
Dugoin-Clément a, par exemple, évoqué le cas de Kreator, dont le tarif a doublé depuis leur venue en 2013, atteignant aujourd’hui des montants jugés « déraisonnables ». Il a également souligné que la pérennité du festival dépend en partie des subventions (région, département, partenaires privés) et des recettes générées par la billetterie et la buvette. Malheureusement, comme pour l’ensemble des collectivités territoriales (villes, communautés d’agglomérations), les subventions publiques sont en baisse, l’Etat se désengageant sur beaucoup d’actions culturelles.

L’avenir

Une question a été soulevée concernant l’avenir du festival en cas de non-réélection du maire. Celui-ci a tenu à rassurer le public en affirmant que le Mennecy Metal Fest devrait perdurer, même si la politique culturelle locale évolue.
En réponse à une interrogation sur l’annonce tardive de la programmation cette année, Dugoin-Clément a expliqué que certains groupes n’ont été confirmés qu’à la dernière minute, rendant impossible une annonce plus tôt.
Quant aux suggestions d’améliorations : comme la mise en place de navettes ou la création d’un véritable camping, le maire a reconnu ne pas avoir de demande concernant des navettes depuis la gare RER. La création d’un camping impliquerait le respect de normes contraignantes qui impacterait fortement le budget global (éclairage, sanitaires, surveillance et sécurité, etc.). L’organisation d’un tel festival est liée à la part de déficit acceptable pour tous les partenaires.
Concernant la Cashless avec des jetons qu’on échange à l’entrée du festival, le maire précise que le changement ou amélioration sont en réflexion mais que ce système fonctionnait plutôt bien.


Avec environ 5000 entrées attendues sur l’ensemble du week-end, le Mennecy Metal Fest continue de se développer, malgré les défis financiers et logistiques. Le maire a conclu sur une note plus personnelle, même s’il n’interfère jamais dans la programmation, à savoir son rêve de voir Helloween figurer un jour à l’affiche du festival !

Maïa (instagram)

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