L’Aller, c’est toujours un tas de questions. Et des Questions j’en ai plein à poser ! Le Prohom, « nouvelle formule », son nouvel album sorti le 26 mars dernier, ses concerts, son avis sur l’univers musical actuel…Heureusement le trajet jusqu’au Warm Audio, studio de répétition aux abords de Lyon, n’est pas très long, car la liste de questions s’allonge, l’interview finirait par devenir une biographie !
Mia K : Philippe, on a du te poser mille fois la question, mais ce nouvel album, Allers/Retours, semble marquer par une évolution, tu peux nous expliquer ce qui t’as fait évoluer, et en quoi ?
PP : Au départ, c’est le désir de retrouver une composition plus libre. Même si j’ai toujours écrit et composé seul, au sein du groupe, je commençais à m’enfermer dans un style, une part de moi ne pouvait s’exprimer. Les autres sont restés des amis, et je ne m’étais pas trompé, ils ne se sentent pas vraiment en phase avec ce nouvel album. Cet album est sans doute plus proche du Prohom de 97/98, mais avec des influences plus variées, ce qui en fait un album plus riche , tout en restant simple et accessible. On peut l’écouter sur 45min, et profiter pleinement du travail sonore, des bruitages, mais chaque titre s’écoute aussi seul.
MK : Parler de concept sur un album, donne un ton plus compliqué, non ?
PP : Allers/Retours est un album simple et accessible, j’insiste. Qu’il possède un concept sur 45 min ne modifie pas cela.
MK : Dans quelle catégorie tu classerais ton Album ?
PP : Variété. En fait je voudrais qu’on invente une nouvelle catégorie : Variété contemporaine
Je crois que Prohom, c’est exactement ça, de la variété contemporaine !
MK : Dis moi Philippe, dans un Aller/retour, on revient au point de départ, mais peut être en rapportant quelque chose ? Tu es parti en quête, dans cet Album ?
PP : Pas vraiment en quête, en fait, ce sont des Allers/Retours, qui à chaque fois te font avancer. Dans l’album, chaque titre, est soit le reflet d’une introspection comme Un Inconnu, ou soit l’expression d’un désir d’ouverture.
MK : Ces Allers/Retours étaient aussi physiques ?
PP : Oui, que ce soit pour les tournées, avec près de 100 000Km en camion, ou pour ma vie personnelle, avec de multiples trajets en train. Du coup, pendant ces temps de transport, tu as le temps de digérer des émotions…
MK :Pour cet Album, tu n’es plus chez Polydor, l’autoproduction choisie ou subie ?
PP : Choisie !! J’ai rompu en très bon terme avec Polydor. Pour Allers/Retours j’ai écrit/composé et produit, il n’y a que le mixage, que j’ai partagé avec J.Lahana. Avec Myriam Kanou, nous avons aussi crée pour l’album, une société de production (97records), et notre maison de siques est At(h)ome. C’est donc d’autres expériences, très intéressantes.
MK : Tu as déjà fait une quinzaine de dates sur 2007, et d’ici la fin de l’année encore bien d’autres sont prévues. Tu en attends une plus particulièrement ?
PP : Oui, La Cigale à Paris. En plus d’être en tête d’affiche, nous produisons ce concert, du coup c’est très palpitant. Produire, c’est prendre des risques, et quand il s’agit de son propre concert, s’ajoute la liberté artistique. J’en profite pour lancer un avis aux groupes sur myspace, qui me demande de les choisir en première partie : Je n’ai pas ce pouvoir de décision, sauf sur mes productions..
MK : L’univers musical change, un avis sur Internet ?
PP : Le téléchargement illégal, c’est ILLEGAL, c’est du Vol, un point c’est tout. La génération des moins de 25 ans ne se rend pas compte que la musique, représente une part de l’artiste, des heures de travail, des investissements. Que télécharger illégalement, c’est au final appauvrir la création musical, car même si les Majors souffrent, elles ont les reins plus solides que les Labels indépendants, Combien de ces labels ont disparus ? Des dizaines. Faut pas se plaindre après du manque de diversité !
MK : Les majors justement ?
PP : Et bien, je crois qu’il faut rétablir un peu de vérité sur les majors. Le public et beaucoup d’artistes tendent à croire que ces grosses multinationales ne prennent aucun risque, qu’elles ne fournissent que du « formaté ». Oui et Non. Lorsque j’étais chez Polydor, je peux te dire qu’ils signaient énormément des groupes méconnus. Le problème je crois ce sont les médias et le public…
MK : Ah oui, tu peux développer ?
PP : Les médias ont le pouvoir de diffusion. Sortir un album, et n’avoir aucun titre en radio, c’est très fâcheux, les médias peuvent te mener à la banqueroute.
Mais le public est aussi fautif, car jamais le choix n’a été aussi large, et l’accès aux artistes facile. Certaines radios ont essayé de diffuser des groupes moins connus, plus originaux, mais le public ne suit pas, et préfère largement écouter Raphaël ou autres, complètement aseptisés.
MK : Un Public, consommateur plus qu’amateur ?
PP : Certainement. Les gens ne s’extasient plus devant une Hi-Fi, il écoute de la musique en mono sur leur téléphone ! Tout change, se restructure. Le single est Roi.
MK : Dernier CD acheté ?
PP : Nadj et je ne le regrette vraiment pas, je conseille même !
MK :Des Collaborations en cours, ou à venir :
PP : Rien de prévu pour l’instant, pour moi c’est avant tout une histoire de rencontre et de Feeling, tu vois avec Olivia (Ruiz) quand on voit ça sur le papier, ça ne parait pas gagné, et pourtant, si ! C’est une super copine.
MK : Pour finir, quelle question rêverais-tu qu’on te pose, et qu’on ne te pose jamais?
PP : Euh…ben là tout de suite je n’sais pas…non non, je cherche…
MK : Une conclusion alors ?
PP : La question que je rêverais qu’on me pose…elle va m’empêcher de dormir ta question (rires), j’aurais la réponse dans la nuit, ça se passe toujours comme ça (rires)
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Merci Philippe pour ton accueil.
Le retour, c’est aussi des réponses, qui suscitent d’autres questions.
Au plaisir donc, de te voir sur scène.
(date de concert et info sur www.prohom.com)
Mia K.