Palmarosa Jour 1
Une programmation à 90 % française et pas un mot de français (snif), en chanson en tous cas, car même les Suédois de The Hives ont fait l’effort de s’adresser à la foule avec des « merci on est contents d’être là » avec un petit accent assez craquant.
Palmarosa 3ème édition, ce sont des améliorations, des espaces bien pensés, cosy, adaptés et une programmation ambitieuse qui a sûrement donné beaucoup de stress aux organisateurs jusqu’à la dernière minute. Rappelons que le festival, début août, a cassé les prix en divisant presque le prix des entrées par deux, avec une journée de festival vendue 39 euros ! Il était dingue de s’en priver. C’est ainsi qu’hier on a vu le domaine Grammont de Montpellier, investi par une foule compacte, souriante et énergique pour accueillir non seulement les finalistes du tremplin mais des groupes emblématiques comme The Hives ou Phoenix.
Silly Boy Blue
Silly Boy Blue ouvre la scène Palma, avec un sourire accueillant et un regard pétillant. Elle est ravie d’être là, et elle avoue être venue aussi pour voir Phoenix comme beaucoup ! Elle ouvre le bal à 17 heures sous un petit 35 degrés à l’ombre, et ce n’est pas la surchauffe du matériel qui l’empêchera de boucler son show (ou son « chaud »).
A l’aise sur scène comme à la maison, en attendant que tout refroidisse, elle nous propose un solo piano / voix… et la machine redémarre. Intrigante artiste, qui n’a peur de rien… Même un chien (qui semble-t-il avait une accréditation ?) monte les marches depuis le pit photo pour voir ça de ses yeux. Silly Boy Blue est sous le charme de l’animal, elle en perd le fil et cherche le moyen de l’adopter… légalement nous dit-elle ! Sous le charme nous le sommes aussi de cette artiste, à la fraîcheur toute bienvenue à cette heure-là !
The Inspector Cluzo
C’est ensuite au tour des fermiers gascons légendaires d’investir la scène en toute simplicité, mais avec un discours toujours autant engagé ! The Inspector Cluzo est là, leur confit d’oie attend les spectateurs au stand de merch. Leur agriculture est bio, leur message est plus corsé. Ils revendiquent leur indépendance haut et fort. « Il faut des chapelles à coté des cathédrales et pas que des put*$ % de cathédrales ». Le message est passé, le rock se fait entendre, les cymbales s’en souviennent, le public adhère et pogote (sans doute pour éliminer avant de se ruer sur les dernières conserves encore disponibles !).
Phoenix
Afin c’est Phoenix, le groupe olympique, qui clôturera cette fois la soirée Palmarosa et non les JO Paris 2024, mais c’est tout comme. L’ambiance est là, il est déjà 23h mais le public a encore envie de danser et de s’ambiancer… tant pis si ça bouchonne à la sortie, tout le monde restera jusqu’à la fin, des fois qu’une surprise ait lieu… comme le retour de la folie The Hives sur scène, caché sous une cape… la lumière s’éteint avant de se rallumer sur un chanteur fou qui agite la tête coupée de Phoenix. Une chance qu’il puisse renaître de ses cendres et terminer le concert avec panache !
A demain pour un nouveau débrief.
Palmarosa Jour 2
Une programmation qui fait toujours la part belle aux groupes français, voire même sudistes cette fois. Peut-être même un peu chauvine cette programmation, avec 2 groupes sur 6 qui sont montpelliérains. Montpellier nouveau berceau de la scène émergente française ? Chiche. Un argument de plus pour consolider ce jeune et ambitieux festival !
Ce sont pourtant bien deux groupes internationaux qui boucleront la soirée. La chanteuse charismatique du groupe Gossip (d’ailleurs est-ce toujours un « groupe » ?… fin du commérage) qui a tenté de faire chanter le public… bon tout Montpellier ne percera pas dans la musique, et enfin The Vaccines, qui ont défié les gouttes (rafraîchissantes par ce temps lourd) ramenées probablement dans leurs valises londoniennes.
Calypso Valois
Mais pour débuter la soirée, c’est Calypso Valois qui s’est appropriée la scène Rosa, faisant oublier son arbre généalogique, et en proposant son propre style. Elle présente un répertoire (enfin !) français avec l’ambition de faire danser son public, pourtant sur des sonorités très mélancoliques, voire un peu tragiques, mais, elle nous le dit « une seule chanson triste ».
Kazy Lambist
C’est ensuite le Montpelliérain, Kazy Lambist, qui s’empare timidement de la scène Palma, avec un son électropop, plutôt « chill » qui embarque progressivement le public. C’est doux, les corps se balancent, mais c’est à ce moment précis que l’on a envie de se ruer vers les hamacs que le fest’ met à disposition un peu partout…
Bandit Bandit
Il fallait bien ça pour détendre les muscles avant que Bandit Bandit électrise le public. Véritable pyromanes ils mettent le feu à Palmarosa en quelques minutes. Quand la jeune, sublime et (semble-t-il) douce Maëva Nicolas s’empare du micro, c’est une véritable transformation qui a lieu sous les yeux d’un public médusé mais conquis. Elle est habitée, possédée même. Le corps chamallow, les yeux révulsés, elle a raison : elle « transpire plus que [nous] », elle saute, elle se contorsionne, elle vit sa musique. Mais surtout Bandit Bandit nous prouve qu’il est possible de faire rocker la langue française. Montpellier est fier d’avoir permis la rencontre de ces deux-là (Maëva Nicolas / Hugo Herleman à la guitare).
J’ai eu la curiosité d’écouter l’album studio, et je suis plutôt surprise de ne pas reconnaître les influences métal du groupe, inévitables sur scène, pour ne garder que les tonalités mélodiques de la voix… comme quoi même en musique tous les sens sont importants pour apprécier toute l’envergure d’un son. Je vous conseille donc de commencer par un live (et ils seront à la rentrée à Nîmes – Paloma le 10 octobre), avant de devenir addict (je vous aurai prévenu !).
Kid Francescoli
C’est finalement Kid Francescoli qui va ramener du calme avec des sons électro(répétitifs) et The Voice de la séduisante Andréa Durand. Chemise à fleurs et sourire aux lèvres, Mathieu Hocine ne peut pas renier ses origines marseillaises, même si aujourd’hui le soleil est seulement sur les visages d’un public réjoui.
Encore une belle journée Palmarosienne donc, qui a largement relevé les challenges fixés par un public exigeant (il le faut parfois) les deux premières années. Il semble que le ciel s’éclaircisse, l’orage attendra que le public ait quitté l’espace Grammont pour illuminer le ciel montpelliérain, si ça c’est pas un signe ?!
Palmarosa Jour 3
3 jours… c’était la très ambitieuse nouveauté de ce jeune festival. Pour sa 3ème édition, Palmarosa a triplé sa durée, en adaptant les horaires pour éviter la canicule qui avait un peu gâché la fête en 2023. Les concerts qui démarraient à 11h sur les précédentes éditions démarraient cette fois entre 16 et 17h, mais le festival s’est étalé sur 3 journées.
Le site a doublé sa superficie d’accueil, a revu les points d’eau, la restauration, les bars et aussi la programmation en s’offrant « des noms ». Ce soir, ce sera Tom Odell qui aura fait déplacer (notamment) les dames, The Kills a ramené la génération 90’s, quant à Soulwax ils ont littéralement réuni plusieurs générations avec un final très technique et une scénographie époustouflante à 3 batteries… De quoi définitivement (on le souhaite) s’inscrire parmi les plus grands festivals (avec au final une programmation qui reprenait une partie de celle de Rock en Seine au même moment !).
Mais peut-être que le festival a payé les erreurs des deux premières années ou la concurrence du Mamastock Festival gratuit et voisin ! Avec une jauge estimée en 8 000 entrées, en 2022 c’était près de 10 000 spectateurs, 8 000 en 2023, devenus 5 600 au plus fort de 2024 et près de 3 500 ce dernier jour. Devra-t-on s’attendre en 2025 à de nouveaux ajustements ?
Deux groupes français (parisiens cette fois) pour cette dernière soirée (Crystal Murray ayant annulé son passage le jour même pour des problématiques de transport – remplacée au pied levé par un set des Mixeuses solidaires).
Howlin Jaws
Ce sera donc le groupe montant Howlin Jaws qui ouvrira le festival sur la mainstage. Le trio, au look très 70’s et aux accents british, délivre un rock sonnant trébuchant. On ne saurait que trop remercier comme il se doit le garagiste compatissant, qui a ouvert son garage un dimanche, pour leur changer une roue en urgence le matin même… Le guitariste porte le tee-shirt publicitaire du généreux garagiste, « beau gosse » avoue-t-il, et affiche fièrement son 06… (si celui-ci nous lit, on aimerait vraiment savoir s’il a reçu dimanche soir des appels ?).
Les 3 amis d’enfance sont finalement bien présents sur scène et l’anecdote ayant détendu définitivement l’atmosphère, ils se permettent une petite vanne à l’attention des privilégiés du coin VIP, « alors pas trop chaud sous vos costards au VIP ? ». C’est vrai qu’il faisait chaud ce dimanche !
Please
C’est ensuite au groupe Please, de prendre la relève, face au soleil sur la scène Rosa. Ce petit bain de vitamine D n’était pas pour déplaire au trio parisien, qui a vu le soleil descendre sous leurs yeux au fur et à mesure que l’ambiance montait dans le public. Cette jeune formation aux 4800 followers Instagram a enchainé Rock en Seine et Palmarosa en moins de 72 heures, ce qui promet sûrement un avenir prometteur à surveiller.
Aurevoir et merci Palmarosa, pour ces découvertes et ces redécouvertes musicales. On se donne RDV en 2025, parce que 3 ans c’est exactement ce qu’il faut pour ajuster les réglages d’un bon festival et ce n’est évidemment pas le moment de se décourager quoiqu’en disent les médisants.
Et retrouvez l’interview de Bloody Jenny à l’occasion du Palmarosa sur HexaLive