6 novembre 2008 – A Guy In Light + Gush + Fancy @ l’Alhambra

Triple affiche à l’Alhambra en ce premier jeudi de novembre. A Guy In Light ouvre la soirée en solo. Chevalier blanc, sa tenue – dans laquelle n’importe quel autre se trouverait ridicule – le rend digne de Casablanca, signe de classe absolue s’il en est. En quatre titres entre pop et soul, une voix qui rappelle les plus belles voix noires américaines et un jeu de pédales d’effet à donner le tournis, A Guy In Light parvient à se mettre dans la poche un public qui, pourtant, n’est pas venu pour lui.

Plus encore que de présence, c’est de charisme qu’il faut parler ici, pour un artiste tout simplement excellent, notamment sur  » life  » ( » comme j’allais faire la première partie de Fancy, je me suis qu’il fallait que je chante un slow « ), dont l’interprétation est particulièrement prenante.

Gush prend la suite, pour une salle qui tout à coup se remplit de parisiens-bobo-rockeurs d’âge identique à l’uniforme … uniforme ! Le quatuor, curieux mélange entre MGMT (pour le look de folkeux branchouilles), les Pow Wos (pour les acapella, car les quatre ont une vraie voix) et les Beatles (coupe de cheveux version 2008), laisse essentiellement percer son originalité à travers la personnalité du batteur. Mais celle-ci semble retenue et finalement gâchée au milieu d’une formation bien trop  » pro  » et sans âme. Malgré les critiques relativement unanimes quant à leurs prestations live et à leur musique en général, un irrésistible ennui s’empare de moi. Las, il parait qu’on est Stones ou Beatles…

Personne, en revanche ne pourrait accuser les Fancy d’être consensuels ou de suivre la mode. Hyper lookés, prétentieux, mégalo. Oui. Et de façon jouissive en plus. Musicalement incorrects, outrageusement généreux, glam-rock jusqu’au bout des chaussures dorées du leader, de l’ambiguïté sexuelle du/de la guitariste, du look de jeune premier du bassiste, ou encore du lancé de baguette du batteur, Fancy ne doit pas être loin du meilleur groupe de scène français du moment. Peu curieux, le public de Gush a disparu, pour laisser la place à l’improbable ensemble qui constitue celui de Fancy. Il y a là des cadres en costard cravate, des papys rockeurs, des punkettes, des jeunes femmes au look sage et d’autres spectateurs d’âges et de styles tellement différents que leur seul point commun doit bien être le sourire heureux qui mange leur visage. Car Jessie-king-of-the-worlds  » fait le show « , grandiose, à la fois drôle et infiniment sérieux : attention, second voire troisième degré en vue.
Le chanteur est inénarrable, avec sa coupe afro, son pantalon moulant noir et or, son perfecto, ses rayban miroir, son collier de chien, et surtout son incroyable voix de diva. Physique, inépuisable, il passe de l’extrémité de la scène à l’autre pour serrer une main, s’appuyer sur une épaule, s’approcher à dix centimètre d’un visage. Il monte sur la grosse caisse (depuis laquelle il ébauche un strip tease), saute en flirtant avec le grand écart facial, mime un défilé militaire…
Un véritable festival dont Freddy Mercury lui-même n’aurait pas rougi, mais aussi une occasion de présenter un certain nombre de nouveaux titres. Ces derniers, peut être moins propices à toute cette débauche scénique, gagnent en efficacité. Au final, un concert aussi enthousiasmant que prometteur pour la suite … avec peut être, enfin, une chance pour Fancy de squatter les radios comme il le mériterait ! On en redemande.

Isatagada

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