Le Festi’Val de Marne est l’occasion pour tout un département de faire la fête pendant 15 jours, au son des différents concerts qui nous sont proposés pour cette 21ème édition. Le tout se déroule dans des chapiteaux dressés pour l’occasion à Choisy le Roi, ainsi que dans différentes salles et théâtres municipaux répartis dans tout le 94.
Samedi 6 octobre – Imbert Imbert et Arno à Maisons Alfort
Un concert ‘à la maison’ pour cette soirée d’ouverture du Festi’Val de Marne, car HexaLive est basée à Maisons Alfort, et c’est dans cette même ville que l’on va assister au concert d’Imbert Imbert et d’Arno. Le choix a d’ailleurs été cornélien pour cette soirée, car le festival proposait en même temps Imbert Imbert, Jacques Higelin, Grand Corps Malade, Mr Roux, la Crevette D’acier… Un vrai crève coeur !
En entrant dans le théatre, et après les consignes reçues, on comprend vite qu’il sera difficile de ramener des photos dignes de ce nom, car on ne peut les prendre que depuis la console au milieu du public. On fait avec, et on assiste quand même avec entrain à l’arrivée d’Imbert Imbert sur scène, toujours fidèlement accompagné de Mme Imbert Imbert (dit aussi affectueusement la Grosse) : j’ai nommé sa contrebasse.
Après un premier morceau joué dès l’arrivée, il nous propose de nous faire partager une histoire de fesses. L’ambiance est donc joyeuse, fait d’attrait de l’autre, de nouveauté, d’une histoire qui débute. Etant en première partie, et n’ayant que peu de temps, il ne peut nous présenter l’histoire complète du spectacle, qui est aussi l’histoire d’une vie, et nous passons directement aux choses sérieuses. L’ambiance change alors du tout au tout. C’est la partie ‘noire’ du spectacle, et ce morceau nous déroule la vie d’une personne, avec tous les défauts et individualismes liés à la nature humaine, qui nous ramène au stade d’oviné.
On suit ensuite en trois actes la désillusion sentimentale. Le premier s’ouvre sur le début de roulis de la relation et donne lieu à quelques crises de déprime au bar. Mais ces signes d’échec peuvent vite être mis de côté par une nouvelle tournée et le refus de cette réalité. Au deuxième, la découverte de l’infidélité fait tomber cette façade et provoque une crise de destruction chez l’être jusqu’alors aimé. La colère laisse ensuite place à la résignation et le devoir d’oublier tous les beaux projets pensés et rêvés qui ne sont plus.
Mais ce qui ne tue pas rend plus fort, et nous revenons sur une note plus gaie, car dixit l’interessé ‘il ne faut pas en faire un flan’. Il nous révèle alors l’histoire de ces chaussures, qui n’offensent pas la Terre, ce qui introduit d’ailleurs en beauté le morceau suivant où le public est invité à participer par des claquements de doigts.
C’est déjà le moment de laisser la scène libre, on part sur un dernier morceau plus personnel, où Imbert Imbert met en opposition la noirceur du monde avec la joie qu’il a de jouer sur sa contrebasse et de retrouver le public. Nous l’avions apprécié lors de son passage au festival Indétendances, mais là on a vraiment adoré, sans doute le côté intimiste du théâtre qui se prête beaucoup plus à l’ambiance de ses chansons qu’une scène en plein air.
Après le changement de plateau, les musiciens entrent en scène, rapidement suivi par Arno qui empoigne avec vigueur son micro pour les trois premiers morceaux qui s’enchainent rapidement. Il commence alors à jouer un peu avec le public, en remerciant chaleureusement tout le monde d’avoir payé sa place avant d’annoncer une reprise pour le morceau suivant, mais où ils ont ‘changé tout le bazar‘.
Au fur et à mesure que le concert avance, Arno devient de plus en plus gouailleur, passant d’un morceau dédié à sa voisine (qui joue du piano en aveugle comme Beethoven à cause de ses seins tellement gros qu’ils lui masquent le clavier) à un morceau dédié à Johnny (qu’il nous remercie d’avoir fait revenir en France, histoire de pas le récupérer en Belgique). Au passage sont écornés également Mireille Mathieu et notre nouveau Napoléon.
Bref, nous avons vraiment une alternance de morceaux bien rythmés (j’en veux pour preuve les nombreuses têtes qui se balançaient d’avant en arrière dans le public) ponctués d’interludes humoristiques. Les balades trouvent également leur place dans le show, à l’image du morceau ‘les yeux de ma mère’, le final faisant quant à lui appel à un vieux classique, ‘Les filles du bord de mer‘.
Même si certaines de ses paroles proclament ‘scuse me, I’m not good company‘, on a pourtant passé un excellent moment auprès de cet artiste qui fait maintenant office de référence dans son style.
Arnaud Guignant
Samedi 13 octobre – Journée Musiques Indépendantes
Une certaine idée de la scène indé pour une programmation qui ratisse assez large. A l’image des groupes qui s’y sont produits, on va rentrer dans le vif du sujet !
LuTTès est le premier groupe à passer. Et faire l’ouverture, ce n’est jamais facile, en festival, ça doit être encore plus vrai. Foule clairsemée sous le chapiteau, le quatuor se met pourtant rapidement en selle. Ils livrent un rock plutôt classique, en français dans le texte. Texte jonglant entre politique et amourettes. Les premiers sautillements se font sentir : LuTTès vient d’incorporer une parenthèse teintée de ska dans un de leur morceau, s’en suivront quelques solos d’inspiration seventies, avec un peu de shred. Au final, le son reste classique, propre, peut-être un peu trop.
En attendant le prochain groupe annoncé, on flâne sur le site. Comme il n’y a pas de hasard, à deux pas du chapiteau, la radio Néo organise des débats sur le thème des artistes indépendants et des media qui tentent de l’être. C’est décidé : pendant les pauses, on ira écouter ce qui se dit. Y’a pas d’heure pour la culture.
Natty Bass prend la relève. Si leur premier morceau n’est pas sans rappeler quelque peu le Peuple de l’Herbe à l’oreille du néophyte, il se démarquent -largement- au fur et à mesure de leur prestation. Sur le papier, c’est un groupe de ‘Breakbeat aux sonorités Jungle’, sur scène, ce sont deux gars assez barrés. Un préposé au bidouillage informatique et un batteur. Et quel batteur … Un malade, un fou. En voilà un qui a du carburer au calcium à mort quand il était jeune ! Il semble infatigable, il ponctue l’électro de son comparse avec efficacité et ça se sent. Le gazon commence à trembler. Le public est de plus en plus réceptif. Première cuite constatée. Ils sont en forme, les bougres.
Et encore un petit tour du côté de chez Néo, pour attendre l’arrivée de Justin(e), un groupe de Nantes qui se dit ‘relativement punk’. Le groupe a sa base de fans, ça arbore des t-shirts à leur effigie et ça s’excite pas mal. La presta ? En dehors du son bien clean -merci les ingés !-, leur son reprend quelques codes punk (riffs, brièveté des morceaux …) avec une petite réactualisation. C’est encore en français dans le texte et l’entre-deux pogos, ce sont bien évidemment des vannes plus ou moins engagées. S’il n’y a rien de spécialement innovant dans leur musique, ils ont quand même achevé de réveiller un public de plus en plus survolté grâce à une presta sans temps mort. Et ouais, c’est fini la sieste.
Et encore une fois, on va voir du côté des débats de Néo. Si ça continue, on va s’y sentir comme chez mamie et on va mettre les pieds sur la table, ça sent la faute de bienséance ! Le climax de l’après-midi, on le doit à la Scana del Domingo. Oui, le ‘Festif de Merde‘ (sic), ça existe même dans le neuf-trois. Section cuivre opérationnelle, basse au taquet, batterie sans fioritures, ça sent le truc lourd, le truc qui va faire trembler la tente. Et c’est ce qui est arrivé. Indéniablement, le groupe qui a le plus foutu le feu. Les textes sont corrosifs, parfois absurdes, plus généralement … drôles. Ouais, ça ménage pas l’audience, autant dans les vannes que dans l’enchaînement des sons. Il fallait partir sur un gros coup d’éclat, et l’absence de rappel (le timing, sûrement) ainsi que la causticité (hého, c’est pas parce qu’on reviewe une zique festive qu’on peut pas employer des mots de plus de trois syllables !) feront leur petit effet kiss cool : un tomber de rideau entre acclamations et huées. On ne s’attendait pas à moins ! Amalgame de ska, de solos presque heavy (décidément, c’est à la mode), de mandoline méditerranéenne, de country façon Wyoming profond … Autant dire que le temps, tu ne le vois pas passer.
Et pourtant c’est déjà au tour des Guns of Brixton. Un peu cliché, le nom, nan ? ça sent le punk british à plein nez. BIP ! Mauvaise réponse ! On vire complètement de bord, il fallait trouver dub rock de Caen. Un concept. Des gars complètement dans leur bulle. Sur scène, ça sent l’expérimental, ça joue avec les dissonances, c’est spécial, c’est même spatial. Le groupe mise sur une ambiance générale. Elle est sombre. Les sons vont de pair avec les lumières, et qu’est ce que c’est bien foutu. Des lampes de bureau géantes sur scène, qui illustrent sobrement les variations, les atmosphères. Y’a pas à dire, ça réveille la fibre Ikéa qu’il y a en certains de nous. Si le chapiteau s’est un peu vidé depuis le groupe précédent, il reste pourtant un vivier de curieux qui prennent le parti de jouer le jeu. Et ça en valait la peine car le set de Guns of Brixton était certainement le plus étonnant, ou comment finir un après-midi résolument festif sur une note apocalyptique, sûrement, et pourtant clairement sobre et assez authentique. Et pour les plus braves, il est déjà l’heure d’enchaîner avec Eths sous le grand chapiteau …
Nikolina
Dimanche 14 octobre – Cht’i Teuf
Ce dimanche à Choisy, c’était la cht’i teuf ! Au programme : Loïc Lantoine, M.A.P et Marcel et son orchestre. Autant dire que l’on n’a pas été étonné devoir des bus immatriculés ’62’ aux abords des chapiteaux.
Malheureusement, le show de Loïc Lantoine est déjà commencé depuis un petit moment quand on arrive sur le site, nos derniers pas étant rythmés par sa voix rauque qui nous parvient de la grande scène. L’atmosphère est tout de suite saisissante, car par la gestuelle, l’instrumentation et le chant, il arrive à distiller des émotions très fortes. On aime ou on n’aime pas, mais en tout cas on ne peut être indifférent.
Aujourd’hui, tout va se dérouler dans le grand chapiteau. Il faut donc changer de plateau pour préparer l’arrivée de M.A.P. L’avantage pour les roadies est qu’il y a assez peu à installer, à savoir un stand pour le DJ du groupe, qui accueille les platines et une mini batterie, et c’est tout, le reste étant des instruments légers. Pas non plus de décor gigantesque, tout va se passer avec deux micros, un accordéon, un violon et les platines. Le show est maintenant bien rodé après la longue tournée qui s’achèvera chez eux à la fin du mois. Comme à leur habitude, Dias et Hk commencent au beau milieu du public, et installent le concert par un petit texte de présentation mis au goût du jour en fonction de l’actualité politique (ici une petite allusion aux tests ADN). Leurs différents titres s’enchainent alors, avec toujours le côté dansant et le côté militant. C’est toujours très efficace, et comme à chaque fois tout le public suit. A noter une petite apparition de Loïc Lantoine sur un titre. Le concert se termine rituellement par ‘balle populaire‘ et le traditionnel saut de fin de spectacle.
On aura déjà noté dans le public des apparitions de spectateurs très colorés, voire travestis : pas de doute, les Marcel ne sont pas loin et ils sont attendus. Sur scène, c’est déjà un lapin batteur (concurrent sérieux pour une marque de pile que je ne citerai pas) qui entre, rapidement suivi de toute la troupe bigarrée (rien à voir avec Jean Marie). C’est entraînant, c’est bon enfant, les textes sont toujours drolatiques mais souvent engagés sous ce vernis décalé. Bref, on passe un bon moment, une ambiance festive s’installe très rapidement, et le public joue le jeu. On assiste d’ailleurs à une chenille géante sous le chapiteau, où à l’invite de Mouloud tout le public quitte le devant de scène pour faire le tour complet de la salle. Ce qui donne droit pendant quelques secondes à une vision assez singulière des Marcel jouant devant une fosse totalement vide. En fin de spectacle, on aura droit à un long medley, reprenant de nombreux standards. Lorsque l’on se dirige ensuite vers la sortie du site, on est presque étonnés de voir à nouveau le logo du Val de Marne, tant nous avons été portés tout au long de l’après midi par l’ambiance nordiste.
Arnaud Guignant
Vendredi 19 octobre – I love UFO, Syd Matters, Nouvelle Vague, Stuck In The Sound et Hushpiuppies
Arrivée à 19h après pas mal d’embouteillages … Les I LOVE UFO, déjà vus à Rock en Seine, venaient de démarrer leur set dans une ambiance de fin du monde. On n’y voyait rien, je n’avais jamais vu une salle de concert plongée dans le noir à ce point. Pourtant les lumières étaient sublimes. J’en avais rarement vu d’aussi belles. L’atmosphère, en tout cas, semblait leur correspondre. Je les avais vus ‘à fond’ en plein jour à Rock en Seine, que dire de leur presta dans la nuit et des lumières dignes du plus grand film fantastique ? Du rock dur, des riffs de guitares qui n’en finissaient pas, des mecs énervés complètement barrés dans leur trip, franchement impressionnants. J’ai entendu leur musique sur album, et pas vraiment adhéré. Mais sur scène… Sur Scène. Waouhhhh. Même si, je l’avoue je ne comprends pas tout 😉 A vrai dire, ceux là portent bien leur nom… On a un peu l’impression d’avoir fait une ‘rencontre du troisième type’ en effet …
Syd Matters ensuite, et un tout autre monde. Planant. Avec une flûte traversière et un groupe de multi-instrumentistes amoureux de belle musique. Un peu hors du temps. Un peu magique. Comme de voir ces cinq là chanter tous ensemble (micro ou pas) ou s’échanger leurs instruments. Comme de sentir vaguement qu’il y a dans toute leur aventure plus encore que de la musique …
Nouvelle Vague et leurs reprises originales leur succède sous le grand chapiteau. Je m’ennuie, n’accroche pas vraiment … Moment de flottement dont nous profitons pour aller nous ravitailler …
Les Stuck In The Sound prennent possession du petit chapiteau. Leur rock est dansant, joyeux, plein d’humour et d’énergie. Vraiment sympa. Devant, ça s’amuse et ça pogotte beaucoup. Les premiers titres surtout font naître des sourires sur tous les visages, témoignage du plaisir d’être là. Excellente découverte.
Nous sommes restés pour les Hushpuppies, dernier groupe programmé ce soir là, probablement le plus connu. Encore une fois je me demande si c’est moi qui ai un problème ou bien si c’est le milieu musical qui a perdu la boule. Les Hushpuppies sont tout ce que je n’aime pas : une musique insipide, des looks hyper étudiés, un leader insupportable … On ne voit que du pognon, du marketing pour ado et plus rien d’artistique … Manque total d’authenticité et réaction de rejet épidermique de ma part. Bah, on ne peut pas plaire à tout le monde …
Chouette programmation dans l’ensemble néanmoins. Avec un constat qui s’impose : avancée inexorable de la langue de Shakespeare chez les français …
Isatagada
Samedi 20 octobre – Soirée Reggae
A l’affiche samedi 20 octobre, du Festi’Val de Marne à Choisy le Roi, dans la Plaine Sud du Parc interdépartemental des sports, une scène reggae roots ragga afro exceptionnelle. De 16h30 à minuit, se sont enchaînés les sets les plus envoûtant de légendes de la musique, rejoints par une jeune génération d’artistes en devenir. Un plaisir incroyable pointait son nez, avec le soleil, en cette campagne de l’agglomération parisienne, sous deux chapiteaux forts à propos, pour recevoir un public de tous âges, très reggae style, majoritairement jeune cela dit.Le cirque musical gagna les têtes et les esprits, de ces milliers de spectateurs amoureux d’ambiances tantôt peace and love, tantôt survoltées. De quoi mettre le faya dans tous les coeurs. Toujours l’allégresse et la joie de partager un moment inoubliable. Ceci en présence de diverses associations de prévention routière, pour ‘ramener son voisin’, marchands de fruits, et contraception…
A nouveau un événement sur invitation de Hexalive, pendant que Raf est à Rio, de quoi faire oublier les précédents concerts offerts. Comme Zetlab et Fat Kid Wednesdays au Zèbre de Belleville, via Asperanto, mercredi 17 octobre. Ceci en compagnie d’Agnès, actrice à ses heures, épatée par l’excellence et la maîtrise jazzy des talentueux musiciens très imprégnés, en toute décontraction pourtant.
Cette fois, l’intention était davantage festive, et pour le moins, tout aussi impressionante. A commencer par Broussaï, la relève ska dub nu roots, un look jeune et sympa, deux chanteurs bien ensembles, en toute ‘vagabondance’, pour découvrir d’autres horizons, à la recherche de liberté. Des rythmes entraînant qui redonnent tout de suite la pêche. Et des textes à la Kerouac, dans leur dernier album ‘Avec des mots‘, un bon moyen de fuire le train train métro boulot dodo. Une invitation au voyage, ‘peu importe sur qui on va tomber, de façon à ne plus vivre sur des illusions conditionnées‘. Aller voir ailleurs, de villes en villes, le coeur ouvert de rencontres, juste un sac sur le dos.
Puis ce fut au tour de Winston Mc Anuff, au combien célèbre, de libérer les énergies, dans la liesse populaire. Un reggae à papa bien joyeux, accompagné magnifiquement par le Homegrown band aux trompettes et autres instru’ à vent. Veste royale et dreadlocks virvoltant, une voix à transpercer les songes les plus profonds. Poings levés, jumps à se casser le dos dans le public, tout le monde bien en sueur déjà. Les pètes qui tournent un peu partout, avec des membres du Alfred Band, et la joie de l’ivresse, pour se libérer des tracas de la semaine. Une enfilade de tubes, rappelant parfois les airs de Jah Shaka. Là-bas au loin la Jamaïque, en toile de fond qui monte crescendo. Un trip d’enfer, transe parfaite pour les amoureux. Serrage de mains avec l’avant-scène, des étoiles dans les yeux.
Nucleus roots ensuite, en survêt’, à la cool. 92.9 FM visible et merchandising habituel. Des sonorités bien lourdes qui tapent sur un ragga très planant. De quoi partir en freestyle, mouvements de hanches, éliminer sandwichs et verres de vin… Distractions diverses, Lil, Audrey, Leonore, Anne, Agnès et Raf’ au téléphone pendant ce temps.
La suite se passe sous l’autre chapiteau, avec l’arrivée de Alton Ellis et Aspo. Bonne humeur et sourires, un reggae à la sauce ‘yeye yo wo ouh wo ouh…’ très gentillet. Tenue assez classe & r’n’b : pantalon blanc en toile, blouson en cuir et colan rouge en bandana. Au milieu du public, le regard complice de Mushapata, un prophète révolté souvent croisé en plein prêches alcoolisés, sur la ligne 4 du métro parisien. Tous les yeux se dirigent alors vers Christopher Ellis intronisé par son père sur scène, pour un duo familial intergénérationnel tendrement jouissif. Une dégaine de rappeur espiègle, la voix un peu soul, il chauffe la salle à merveille.
Pendant ce temps, Alton le papa occupe la scène en chef d’orchestre expérimenté, met en valeur les instru’ et dirige la cadence. Se succèdent les chansons dégoulinantes d’amour et de paix, comme le standard ‘I’m still in love for you girl’, ou bien l’intro’ ‘Cry not for me…‘. Adorables moments cela dit. Réminiscence factice néanmoins des années 60 à Londres, où l’inspiration trouvait les mots justes, pour des balades plus douces que celles du dancehall actuel, à la Sean Paul, légèrement chambré en cette occasion. Suivent des morceaux dédicacés. Un esprit très cool, à la ‘na na na na na, i love you...’. Les influences jazzy sont perceptibles. La session se termine en kermesse. Un danseur de tecktonik très joueur est même égaré là.
Ensuite, c’est au tour de Manjul et Takana Zion d’enflammer le festival. Un mix d’enfer avec les airs mandingues d’Afrique, à base de balafon. L’occasion de toutes les rencontres dans le public, notamment avec Beaba du Peril Noir, un groupe mythique d’Aulnay. Plusieurs fois, il s’est écrié ‘Kamalemba !‘, encourageant ses ami(e)s sur scène. De belles surprises notamment, comme l’apparition de Assétou Kanouté. Elle a joué au Burkina juste avant. C’est une chance de l’avoir parmi nous. A la voix exceptionnelle, très claire, telle une pierre précieuse, elle bénéficie d’un coffre surpuissant. Tout aussi select, le chanteur Adama Yalomba interprète quelques morceaux d’une saveur lointaine. Entre musique spirituelle et esprit international, Olivier le sage leader du groupe offre donc l’éclectisme et la profondeur à son assistance. Sa maîtrise à la basse est également un ravissement.
Dr Alimantado vient clôturer cette journée de fête, avec un peu de retard. Il débarque de chez le docteur. Un carton plein peu avant son arrivée, pour ses choeurs féminins aux couleurs de la Jamaïque. Enfin, il est au micro, sa première scène en France ! Long speech avec ses fiches, une petite dédicace à Janet Jackson en passant. Et il entonne finalement quelques refrains venus des 60’s, la voix cassée, mais accompagné de main de maître par Mr Music Man et une pléthore de musiciens. Onze à jouer sous son contrôle, en vieux briscard du reggae, sous influence gospel. Lunettes d’intello’, chemise verte pistache, pantalon blanc select, coiffé de noir, un pin’s au coin du chapeau recouvrant ses dreads. Un style et une apparence décontractée face à des centaines de têtes d’abeilles. Puis un prêche pour nous convaincre d’aller à l’Eglise, ‘not a dancehall‘. Une blague à faire pleurer Jean Roucas : ‘je suis venu en France dès 1977, avant que beaucoup d’entre vous ne soyez nés. Et pourtant vous êtes français, et pas moi. Ahah !‘. Au fond derrière, une représentation de Hailé Sélassié trône en étendard. A nouveau un sermon, cette fois contre l’alcool et les drogues, un danger pour la jeunesse. Quelques mots pacifistes sur la guerre entre Israël et la Palestine : ‘Stop the war. We must do something...’ accompagnés d’une chanson mielleuse en ce domaine engagé.
Quelques mouvements de bras vers les loges pendant dix minutes, pour faire revenir Winston Mc Anuff, visiblement déjà parti. Une interprétation de différents titres de l’album ‘House of singles‘, avant de le voir réapparaître, comme par surprise. Sourires, accolades entre les deux légendes, amusés et fiers l’un de l’autre. Du marketing habile pour acheter le CD du Dr Tado : ‘on peut entendre ma voix de petit garçon dessus’. Mais déjà la fatigue sous le chapiteau, tous cassés par les bédos, et la succession de commentaires lourdingues de l’artiste. Comme ce dernier nous indiquant de lui transmettre de l’argent pour les pauvres ! Pour finir, des paroles de Jimmy London, ‘Don’t let me down…’, un solo à la basse, un autre de Jerry Lion à la guitare, avec les dents. Des applaudissements pour les percu’… Une sorte de mini concert en somme, avant de filer dormir.
Matt de mySpace
Crédit photo : Marilou, Leila H, Arnaud Guignant