22 novembre 2007 – Christophe Willem au Bataclan

Même si vous n’avez pas la télévision, vous avez forcément entendu ce nom : Christophe Willem, affectueusement surnommée «  la tortue  » pour son improbable façon de se tenir, la tête enfoncée dans les épaules, le dos tordu, prêt à se rouler en boule.

Perché sur ce grand corps maigre, une tête de  » nerd  » de high school américaine, des cheveux incoiffables (lui-même le dit), des lunettes, et on s’arrêtera là car vous l’aurez compris : Christophe Willem n’est pas de ceux (et on en connaît !) qui se demanderont toute leur vie si on les aime pour leur voix ou pour leur physique.

L’artiste est d’ailleurs adepte de l’autodérision. Non content d’avoir fait de son surnom l’un des titres de son album, il débarque sur scène sur l’air de Superman, après avoir permis à un talentueux Fabien Cahen de défendre sa musique auprès d’un public manifestement plus habitué au petit écran qu’aux salles de concert.

Dès le premier titre, le Bataclan, qui pourtant a conservé ses sièges en orchestre (quelle erreur), se transforme en un joyeux dance-floor. Le ton est donné, avec une ambiance bon enfant (on ne pogote pas, tout de même) et festive à laquelle la plus grande partie du public participe avec un plaisir non dissimulé, dansant et chantant en cœur dès que l’occasion se présente. On peut ne pas adorer la direction artistique qu’a choisi d’emprunter le gagnant de la Nouvelle Star 2006, entre Zazie et Michael Jackson, tandis que d’autres le rêverait dans un registre plus acoustique. Mais il semble impossible de ne pas reconnaître ce qui crève les yeux et les oreilles : ce type est né pour faire de la scène. Non content d’avoir une voix fantastique, ce gars-là sait aussi danser (fantastiquement), et (surtout, aurait-on envie de dire) communiquer, au point que l’on se demande parfois si on n’est pas entrain d’assister à un one man show plutôt qu’à un concert.:  » Mince, on va y retourner, dit-il – au bout d’un long monologue au cours duquel il s’emploie à nous convaincre que s’il est euphorique, il ne faut pas croire pour autant qu’il a bu -, sinon vous direz que j’ai parlé plus que je n’ai chanté !!! « .

Sans doute est-il, en effet, décomplexé par rapport à un premier show (la veille, car Christophe Willem avait pris possession du lieu pour quatre soirées consécutives) où s’étaient pressé la foule parisienne de la presse et des people. Toujours est-il qu’il se livre à un véritable festival. On retiendra (en vrac), un dialogue surréaliste avec une ancienne copine de Lycée («  Vanessa ? Nannnnnnn !!! Mais qu’est-ce que tu deviens ?! « ), une descente en fosse pour aller embrasser la doyenne de la salle, une charmante dame de quatre-vingt-six ans, des allusions comiques à son forum, un fou rire qui l’oblige à remettre à plus tard son morceau triste piano-voix solo, une énorme pub pour Skye (bassiste sur sa tournée, si si !) qu’il accompagnera avec sa choriste pour son très beau titre ‘Aimer tant’, et beaucoup de tendresse et de reconnaissance pour ceux qui l’ont soutenu et suivi depuis les débuts (mention spéciale pour Elizabeth la femme-enseigne-lumineuse et  » Fanfan « , trait d’union entre lui et son public, qu’il fera monter sur scène malgré ses protestations).

On pourra regretter, peut-être, un titre capable de susciter ce genre émotion, mais ce serait être difficile que de ne pas avouer avoir passé une magnifique soirée, qu’on n’aura honnêtement pas vu passer. Christophe Willem, pour son talent, sa générosité, et son exceptionnelle prestation scénique est de la race ceux que l’on voudrait revoir plusieurs fois sur scène : car ils font tout oublier.

Si seulement tous ceux qui se croient laids pouvaient être aussi beaux …

Isatagada

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