L’actualité de Silmarils (leur grand et solide retour avec l’album Apocalypto le 27 septembre 2024) est une belle opportunité pour un revival : l’album solo de David Salsedo (SALSEDO – Wine and Pasta) sorti en 2008. A cette occasion, nous offrons la chronique ainsi que l’interview ! Redécouvrir cet album « anti-folk » nous occupera agréablement en attendant, par exemple, le 14 mars prochain (2025 si tu suis), date à laquelle Silmarils enflammera la scène de l’Elysée-Montmartre selon la formule consacrée !
Retour en 2008 : à cette époque, aucun réseau social. Et non. La presse papier tenait le haut du pavé (Rock Sound, Rock & Folk, Rolling Stone, etc.) et, au quotidien, tels des maquisards, des webzines animés par des tarés aussi passionnés que bénévoles, déjà à l’époque, s’acharnaient à faire résonnance pour les artistes d’une part et avaient le saint rôle tacite, déjà à l’époque (bis), de dénicheurs de nouveaux talents d’autres part. HexaLive en faisait partie ! Déjà, à l’époque (ter).
Tu sais quoi ? A cette époque, on renvoyait tout le monde consulter les pages des artistes sur MySpace ! Oui, à cette époque, on était sur MySpace ou on n’existait pas. Simple, basique.
Cette chronique, back in the days, je l’ai réalisée pour feu le webzine Discordance.
C’était donc début 2008. C’était il y a 17 ans. C’était hier.
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Salsedo, avec son premier album solo intitulé Wine & Pasta, se présente là où on ne l’attendait vraiment pas. Effet de surprise réussi ?
Salsedo, David de son prénom, 35 ans, presque 20 ans passés dans le « rock vénère » avec Silmarils (et oui, déjà !), producteur marchant aux coups de coeur (Superbus, Minimum Serious, entre autres) revient sur le devant de la scène, seul cette fois (mais très bien entouré), en rendant hommage, en bon schyzophrène mélomane qu’il est, à ses autres amours musicaux, à savoir la pop indé des 60’s / 70’s.
L’album s’intitule Wine & Pasta pour rendre hommage à ses origines siciliennes et pour souligner le fait que cette galette sonore propose à boire et à manger (elle était facile mais j’ai craqué : je l’ai faite). Mettant de côté les décibels énervés de Silmarils, Salsedo laisse libre court à ses influences Vintage (Beatles, Byrds, Beck, Eels, The Decemberist, Of Montreal…) mais en français dans le texte. Hasardeux ? On pourrait l’envisager. Mais c’est au final une vraie réussite ! Salsedo signe pas moins de 10 titres tels des petits bijoux de compositions aussi dépouillés que typés. La simplicité racée n’est jamais facile. On le sait. C’est pourtant bien le cas pour David qui aura commencé à composer cet album un an plus tôt, dans sa chambre, avec sa seule guitare acoustique, sans penser une seconde qu’il finirait par signer avec Columbia, poussé par son entourage artistique qui a vite compris que les premiers titres posés étaient nés sous une belle étoile.
12 titres offerts avec sincérité et humilité mais 10 titres particulièrement soignés dans le jeu, l’arrangement et la production avec la collaboration de Mario Caldato (producteur légendaire de Beastie Boys, Beck, Dandy Warhols, Jack Johnson…), Justin Meldal-Johnsen à la basse, Matt Mahaffey à la batterie, Bucky Baxter (steel guitariste de Dylan depuis 20 ans) et, last but not least, loin de là, Jimi, le compagnon de la première heure (Silmarils) qui, là, démontre pleinement son énorme talent en signant des guitares 70’s de toute beauté.
Les afficionados de Silmarils comprendront vite que Wine & Pasta est dans la ligne directe de Vegas 76 (2000), cet album qui sera globalement resté incompris par la plupart des fans de l’époque.
Au résultat, cet album est un tel petit chef-d’oeuvre que le buzz est déjà bien présent alors l’album ne sort que le 28 mars prochain : Jérôme Soligny signe la bio, le clip de « Yeah Yeah » (réal. Dimitri Coste) est très remarqué sur Youtube (d’ailleurs, connaissez-vous déjà le fingerskateboarding ?) et le titre « Mon Amour » fait un carton sur les ondes FM.
Je joue franc-jeu : c’est une chronique dithyrambique. J’en ai « plein la bouche » et j’en suis conscient. Une chose est sûre : je ne vais pas me lasser de cet album de si tôt. En résumé, ont de fortes chances d’aimer cette oeuvre : les amateurs de pop indé des 70’s qui ne font pas de blocage sur le chant en français, les fans de Silmarils qui ont aimé, envers et contre tous, l’album Vegas 76 ainsi que celles et ceux qui savent se laisser toucher par des chansons simples aux textes faussement naïfs dans lesquels on finit toujours par sentir une part intime du compositeur, part touchante car pouvant souvent être liée à l’une de nos propres histoires.
J’insiste sur un point : j’évoque des chansons simples qui font mouche mais il ne faut absolument pas oublier que c’est aussi en partie dû à la musique qui est vraiment bonne : bonne parce que jouée par des beaux talents et bonne parce qu’étant un vrai revival réussi d’une certaine époque (e-bow, wah wah, talk box, steel gtr, etc.). Point d’orgue à mes yeux (vous me suivez toujours là ?) : le final de « Que moi » où Jimi nous fait vivre un truc du genre : Jeff Beck qui rend hommage à Brian Setzer sur un enchaînement d’accords façon Dire Straits.
Voilà de quoi finir sur une nouvelle crise de name dropping. Cette chronique en fût finalement truffée mais à juste titre, non ?
Stedim (instagram)