« Il en est que le noir effraie, il en est à qui il donne le frisson, et d’autres qui pour rien au monde ne se corrompent à baisser les yeux » (Réaliste). Des termes qui illustrent bien l’état d’esprit de nos cinq Toulousains qui, en prélude à un album futur on le souhaite, reviennent nous présenter un nouveau 4 titres, Nous faire taire.
La pochette donne le ton : une photo tirée des manifs de Mai 68, dénonçant les violences policières, une photo qui pourrait être d’actualité, reflet d’une société que dénonce le groupe.
Quand je serai évoque le personnage que fut Diego Maradona, non pas le footballeur, mais le représentant des opprimés. Des mots forts qui marquent l’engouement qu’il a pu solliciter : » je suis pas un politique, je suis LA politique, …je suis l’espoir de ceux qui n’ont rien « . Nous faire taire dénonce la difficulté d’exister des petites salles indépendantes, des artistes autoproduits…en fait, tous ceux qui tentent de faire passer leurs messages et sont censurés par les médias… : » Aujourd’hui pour exister, il fait être télévisé, mais la télévision n’aime pas les chansons « . Dur constat que le discours officiel se garde bien de dévoiler.
Mais les artistes ne baissent pas les bras, et c’est ça l’essentiel, et comme ils le disent : » Ils veulent nous faire taire, et ça c’est rassurant « . La France n’aime pas les défaites évoque le sort des rapatriés d’Algérie, » étrangers dans leur pays « , qui ont eu à souffrir de l’incompréhension et du mépris » Les Pieds Noirs, tous des feignants » des Métropolitains.
Des extraits de témoignages s’insèrent dans le morceau, accentués par des samples, et la rage des instruments se décuple pour mieux appuyer la révolte face à cette bêtise humaine. Enfin, Réaliste, morceau déjà présent sur le 4 titres précédent du même nom, avec, agréable surprise, Clément Birat des Beautés vulgaires venu prêter sa voix le temps d’un morceau.
Nous faire taire, un 4 titres qui souligne l’évolution musicale du groupe, les instrumentations sont bien en place, les mélodies s’enrichissent de nouveaux sons, avec l’ajout du piano par exemple, ou les samples d’Inertie. La voix s’étoffe, semble plus à l’aise.
Nous faire taire, reflet de l’engagement sans faille de ces 5 musiciens : Sandra Da Silva, Sylvain Arbault, Damien Baudry, Nassim Djaouti et Nicolas Lafforgue. Bruit qui Court, un groupe de talent, et ce n’est pas qu’une rumeur !
Sandrine Palinckx