Je suis avec les Rochelais de Walnut Grove DC. Qui aimerait me présenter le groupe et m’expliquer son nom ?
Thibaud : Nous sommes quatre : Sylvain chant/guitare, Akouel guitare/chœurs, Franck batterie et moi-même basse et chœurs. Avec Sylvain, nous sommes là depuis le début et nous avons quinze ans d’existence.
Avant Franck, nous avions un autre batteur avec qui nous avions monté le groupe. Il mesure 1m88, bourrin (ce qu’on aimait bien d’ailleurs), et à ce moment là il débutait la batterie. Et comme il faisait beaucoup de copeaux de bois en tapant sur le cerclage de sa caisse claire, nous avons fini par le surnommer Charles Ingalls (ndlr : comme le personnage de la série télévisée « La Petite Maison dans la Prairie »).
Et on s’est dit, pourquoi ne pas appeler le groupe Walnut Grove, que nous avons personnalisé en y rajoutant « DC ».
Il faisait beaucoup de copeaux de bois
Je vois que vous avez sorti deux /trois albums…
Sylvain : Oui, le troisième album est sorti officiellement le 8 février. Il a tout d’abord été mis en suspens, covid oblige. Il a été enregistré chez Peter Deimel au Black Box Studio, près d’Angers (les Thugs, Lofofora, the Kills…) il y a un an et demi environ.
Et le 8 février, on a fait une release party à la SMAC* La Sirène à La Rochelle, en première partie de Mass Hysteria.
En parcourant votre page Facebook, j’ai vu des photos de concerts avec de grosses audiences. Et je vous rencontre ici, à la Brasserie de la Halle, qui est certes un bel endroit mais où la foule sera moins nombreuse. Je me demandais, à ce jour, quel a été votre plus gros concert ?
Thibaud : On a joué au « cornerfest » du Hellfest en 2014, sous un gros chapiteau devant 1500 personnes. Puis on a fait de belles dates avec Lofo, Mass, puis des smac. On a aussi tourné avec le groupe de stoner de Reuno (lofofora) Mudweiser. A cette occasion, nous avions fait plusieurs dates pour la sortie en 2018 du second album.
Et puis on aime aussi jouer dans ce genre d’endroits. De bars concerts où on peut se retrouver à 40/50 personnes, des fois moins. Encore que ce lieu ici à Montauban est assez grand. Mais des fois, on se retrouve à jouer dans des lieux encore plus petit, où nous avons une proximité, un échange avec le public qui est assez unique et assez fort. Et où l’on passe des soirées incroyables.
Il y a trois jours, nous avons joué à La Sirène devant 1300 personnes. Et le surlendemain, nous étions à Anglet devant 30 mecs, avec des gars qui étaient à fond, nous encourageant… Et pour nous c’est autant d’émotions de jouer dans des bars comme ça où il y a un échange incroyable, que de faire des grosses scènes.

Si vous deviez définir votre musique, quel serait votre style musical ?
Thibaud : Humm, « nineties », entre le grunge, le hardcore et le métal. On a aussi des touches des années 70, rock « seventies » tel que Led Zep, Pink Floyd (pour Franck), Motörhead…
Akouel : On est souvent estampillé « stoner » parce que nous avons une fibre « stoner », mais il n’y a pas que ça. Pour l’histoire, je suis arrivé il y a un an et demi. J’ai remplacé l’autre guitariste (Fab, qui est resté 9 piges et a enregistré tous les albums), et moi je viens plus du métal, hardcore, noise (on se retrouve sur le coté noise). Walnut Grove DC n’est pas métal en soit, mais cela mélange beaucoup de choses.
On fait souvent référence à Motörhead
Sylvain : On fait souvent référence à Motörhead sur quelques morceaux, vu que j’ai une voix «cassée» , rauque. Nous avons une base commune de goûts musicaux, nous mélangeons le tout, mais nous avons une ligne rouge : il faut que cela garde l’esprit Walnut et le son Walnut. On ne cherche pas à correspondre à quelque chose en particulier.
Franck : On recherche le gras, la lourdeur, un accordage des guitares très très bas, on va chercher de l’assise et du poids.
Thibaud : de la puissance, de l’énergie, ça c’est peut être le coté punk/rock. Et puis effectivement une musique assez lourde dans le coté mid-tempo, on des morceaux un plus speed comme « Bullet Time »
En résumé on pourrait dire « punk’n’roll » , expression que j’ai piqué à deux groupes locaux ..
Collégiale : Il y a de ça, moi j’appelle ça du rock un peu épais…Ça colle pas mal !
Sylvain : Cet été on va faire un festival, le « 666 ». Il y aura Fu-Manchu, ce sont des darons et mine de rien il y a des trucs sur lesquels nous sommes raccord. Des trucs un peu « old school », et comme disait Thibaud, on a notre coté vieux cons avec les vieux riffs, simples et efficaces. Et justement toute la difficulté réside là : c’est de faire un truc qui paraît simple, mais qui ne l’est pas forcement. Et on travaille plus sur la dynamique et l’énergie.
Sans fausse humilité, je pense que nous sommes un bon groupe de scène (ndlr : je confirme) parce qu’on dégage ce truc là.
Il y a des gens qui ne sont pas forcement fan de ce qu on fait, et qui nous disent « putain sur scène c’est cool votre truc » . Et c’est vrai qu’on se focalise sur ce coté énergique, c’est vraiment notre leitmotiv.
Akouel : Et le groove aussi beaucoup ! En répet, la tonalité et le tempo sont vraiment importants, car quand tu es en « midtempo » il ne faut pas aller trop vite, cavaler, mais avoir le bon son, juste..
Thibaud : Aller chercher l’énergie des gens qui nous écoutent, pour essayer de s’en nourrir, pour pouvoir en renvoyer encore et encore ! Être dans cette boucle d’énergie qui se diffuse : plus on en reçoit, plus on en redonne. Plus on mouille la chemise et on sort nos tripes et mieux on se sent.
On bosse vraiment à l’ancienne
Comment se passent les compos : qui compose , quelles sont les sources d’inspiration ?
Sylvain : Je compose de A à Z les textes. Et avec Thibaud c’est entre lui et moi la plupart du temps pour la musique. Parfois j’écris les textes en avance et j’adapte pour que cela colle avec la musique.
Je tire mon inspiration de la vie : les addictions, le décès d’un proche, les enfants … Des choses plus ou moins personnelles.
C’est vraiment un travail de groupe, dans la mesure où tout le monde apporte sa petite pierre à l’édifice. Thibaud amène souvent des gros riffs, il a beau être bassiste, il est quand même bon mine de rien (rires) ! Non, on travaille de manière homogène, on bosse vraiment à l’ancienne. Il y a pleins de morceaux qui sont partis de riffs en répets, où Thibaud dit : « tiens, j ai bossé ça, qu’est-ce que t’en penses ? » . On a une méthode de travaille vraiment commune.
Thibaud : Sylvain au début avec l’ancien guitariste, ça a donné l’impulsion au groupe. Après, le premier album on l’a fait tous ensemble, on a tous amené des riffs. Rarement les morceaux ont été amené finis par l’un ou l’autre d’entre nous.
Akouel : Le dernier album a été enregistré avant mon arrivée, donc on n’a pas encore commencé tous les quatre. C’est un exercice nouveau, et cela me fout un peu les jetons.
Thibaud : On a commencé des débuts de petits trucs, mais on va s’y remettre là !
Notre musique repose sur ça : un tempo à 146 et pas à 148
Akouel : On a commencé effectivement, mais j’essaye de me prendre la tète entre guillemets pour tenter de me rapprocher du style Walnut. J’écoute du black, du death, du hardcore… Je suis vraiment très très varié (ndlr : les trois autres le chambrent gentiment). Il me faut quand même rester dans « le cahier des charges ».
Après, c’est le truc le plus cool à faire quand tu es dans un groupe : la phase de composition. Ça et les concerts ! (ndlr : quelqu’un lui crie : tu es viré ! Ce à quoi il me confie: « je suis viré du groupe une à deux fois par jour, mais je reviens toujours »)
Sylvain : Fab (ndlr : le premier guitariste) a dû arrêter pour des raisons familiales, et c’est vrai qu’on a été un peu emmerdé parce qu’il y avait une osmose entre nous. Et qu’au fil du temps, des tournées, tu finis par devenir potes, il y a un coté famille. On est des crétins (ndlr : d’où l’utilisation de ce mot très souvent dans mon report), et c’était ça qu’il était important de recréer. Et Akouel il s’est trouvé être le client idéal (ndlr : ils se connaissent depuis longtemps) pour pouvoir remplacer Fab. Il en a bien chié à récupérer et bosser les solos de Fab. Et donc pour tout ceci, on s’est dit que c’était le copain idéal pour faire le remplacement (ndlr : bonne nouvelle Akouel, t’es gardé !).
Thibaud : Quand tu as un élément dans un groupe qui s’en va, cela créé un déséquilibre, comme si tu enlevais une roue sur une bagnole ou un château de cartes. Quand tout est emboîté, si tu enlèves une pièce, cela fout le bordel. Quand tu rajoutes une nouvelle pièce, il y a comme un rodage à faire. Ce n’est pas simplement apprendre les morceaux, c ‘est aussi apprendre à les jouer ensemble.
Akouel parlait de groove et de tempo tout à l’heure, et nous sommes très à cheval et pointilleux la dessus, parce que notre musique repose sur ça : un tempo à 146 et pas à 148. Parce que cela va changer le morceau, le groove… Et cette espèce de «magie» , de fonctionnement s’opère une fois que tout le monde est bien rodé et bien ensemble dans la machine Walnut.
C’est assez gratifiant et grisant à la fois
C’est votre première fois dans le sud ouest, ou vous êtes déjà venu avant ?
Thibaud : On est déjà venu à Toulouse il y a longtemps. Pour Montauban c’est la première fois, et pour Toulouse et Bordeaux, ce n’est pas si évident que ça de trouver des dates. Et pourtant il y a des lieux…
Sylvain : On a eu la chance de jouer en Belgique. Et c’est vrai que cela donne des envies d’aller voir ailleurs. Parce qu’on s’est aperçu qu’à l ‘étranger, le stoner marche beaucoup mieux qu’ici. Les gens kiffent, il y a une scène, un public, une réactivité… Il y a vraiment une émulsion autour de ce style, c’est hallucinant !
On joue régulièrement en Bretagne, tu y vois des mecs qui sont prêt à faire trente bornes pour venir voir le groupe dans le troquet d’à coté. C’est assez gratifiant et grisant à la fois parce que tu te dis que ce que tu fais, cela donne du bonheur aux gens.
On a tourné avec Mudweiser, on a fait de bonnes salles comme le Gibus par exemple. C’est un autre exercice de passer de 1500 à 50 personnes, mais quelque part, cette énergie-là, elle est quasiment mieux. Quand tu es sur une grande scène, tu ne vois pas les gens. Faut lutter pour pouvoir les faire adhérer parce qu’ils ne viennent pas forcement pour toi, mais pour la tête d’affiche. C’est bien parce qu’ils te découvrent et ça donne une visibilité, mais ce n’est pas forcement un exercice simple.
Et c’est aussi pour cela que nous, des lieux comme celui-ci où on va jouer ce soir, on kiffe ! Et si on peut faire plaisir au patron qui aime bien ce qu’on fait, et bien on mangera bien (rires) !
C’est ainsi que se termine cette interview. Ces quatre là sont supers, abordables, se chambrent beaucoup (je n’ai pas tout mis dans l’interview) et sont très sympas. J’espère avoir la chance de les revoir sur une grosse scène.
*smac =scène de musiques actuelles
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Interview réalisée par JC Rouere (instagram)