Interview Alister

Bonjour Christophe, aka Alister !

Merci beaucoup pour cette interview. HexaLive a connu une première période d’activité entre 2006 et 2009. Nous étions donc en plein dans la période « Aucun mal ne vous sera fait« . Nous avons relancé la machine en 2023. L’occasion de faire le point sur ton parcours avant et depuis. Car il serait très réducteur de s’arrêter à « Qu’est-ce qu’on va faire de toi » .


Revenons déjà sur la période pré-musicale. Tu as été auteur pour des séries comme « Un gars, une fille », « La minute blonde », « Le vrai journal »… Quel(s) souvenir(s) gardes-tu de cette époque et de cette expérience ?

Une grande agitation et une grande liberté. Je n’ai absolument aucun regret de cette période, évidemment parce que les choses ont notoirement changé depuis. Mais aussi parce que j’ai fini sur « La Minute Blonde » (juste avant de signer chez Barclay) qui me tient toujours énormément à cœur. Dommage que cela soit désormais invisible. En fait, j’ai arrêté de faire des sketchs quand ma vie est devenue un sketch.

Avant de sortir ton premier album « Aucun mal ne vous sera fait », tu as composé pour Adrienne Pauly. Est-ce que c’est cette expérience qui t’a donné envie de composer pour toi, ou tu avais déjà cette idée en tête avant ?

J’avais commencé pour moi en fait mais ça n’intéressait pas les labels. Adrienne était beaucoup plus motivée que moi, adorait faire de la scène, relançait les gens etc… Toute l’agitation qu’il y a eu sur elle au moment de « J’veux un mec », que j’ai co-écrit, est retombée sur moi de façon assez positive. J’avais un paquet de chansons en réserve à l’époque, j’avais refait de la scène en tant que pianiste avec Adrienne, j’étais à nouveau chaud. Tout s’est parfaitement enchainé.

Avec le recul, est-ce que tu as une préférence entre composer pour toi ou pour les autres ?

Pour moi, de très loin. Écrire pour les autres aujourd’hui entend chercher le plus grand dénominateur commun, chercher la masse ce qui ne m’intéresse pas… des masses, voire l’inverse…

Ton premier album a cartonné, notamment le single « Qu’est-ce qu’on va faire de toi ». Est-ce que tu t’attendais à cela ? Et comment on gère une exposition assez soudaine comme cela ?

Je pensais que ça serait salué sans doute, mais pas uniquement par « Qu’est ce qu’on va faire de toi ? » qui est rapidement devenu un tube. Mais qui cachait, comme souvent, l’album derrière et dans lequel y’avait pas vraiment de QQVFDT #2… Le public était parfois très très très adolescent(e) et devait subir des chansons terrifiantes comme « Désordre » ou « Hier Soir » avant que je ne chante le tube à la fin de mes concerts. C’était spécial.

Je vois que tu partages beaucoup de choses sur les réseaux des années 60 à 80 (notamment des publicités d’époque, mais aussi des coupures de presse). C’est en cohérence avec la revue Schnock que tu as monté avec Laurence Rémila qui parle également des années 60-70. Qu’est-ce qui t’attire ou te fascine particulièrement dans ces époques ?

Bien sûr. J’ai toujours eu un côté collectionneur, complétiste quasi diogénique. J’ai monté la revue « Schnock » pour m’occuper quand mon deuxième album a été retardé par Barclay en 2010. Pour tuer le temps en quelque sorte et parler d’artistes français que j’aimais. Devenir moi-même chanteur français m’a fait aimer toute cette variété. Croiser Lavilliers ou Bashung dans les couloirs de Barclay m’a fait aussi prendre conscience d’une certaine filiation. Un truc s’est déclenché.

Je vois que l’idée fait des émules semble-t-il, même si la finalité n’est pas la même. Antoine de Caunes vient de lancer un magazine « Vieux ». Qu’est-ce que ça t’inspire ? A quand une collaboration « Vieux » – « Schnock » ?

Oula la collaboration en France on sait comment ça finit. Que le meilleur gagne.

alister schnock  magazine

Tu aimes beaucoup les mots, est-ce que tu pourrais nous partager quelques mots peu usités que tu aimes particulièrement ?

J’aime beaucoup « euphémisme ». Quand je dis que quelque chose est « quelconque » c’est vraiment que c’est « nul à chier ». « Aberrant » aussi. Je trouve que beaucoup de choses sont « aberrantes » aujourd’hui. « Outrecuidance ».

Tu n’as plus fait d’album depuis 2016. Est-ce que c’est une page définitivement tournée ? Ou tu gardes quand même ça dans un coin de la tête, et tu ne t’interdis pas de donner une suite à « Mouvement Perpétuel » ? Ou alors de composer pour d’autres ?

Il ne faut jamais dire jamais. J’ai une bonne cinquantaine de chansons en réserve. Mais l’industrie est devenue tellement glauque, ça donne pas envie.

Tu suis toujours ce qu’il se passe en musique ? Est-ce qu’il y a des groupes en ce moment qui te touchent ou t’inspirent ? Notamment en scène française, cela nous donnera des idées d’artistes à couvrir 🙂

Cass McCombs, Kelley Stolz je les suis sur chaque album. En français, j’aime bien Tentative et leur « Rodeo Girl ».

On pensait publier l’interview avant fin août-début juillet, qu’est-ce que tu en penses ?

Y’a pas grand-monde à cette époque. C’est peut-être une fausse bonne idée.

Cela me fait bien sûr une transition toute trouvée pour parler de ton livre « Anthologie des bourdes et autres curiosités de la chanson française » que je conseille vivement. A la lecture, on se rend compte que certaines chansons qu’on connaît depuis toujours recèlent de grossières erreurs qu’on n’avait jamais noté. Comment tu as procédé pour dénicher toutes ces pépites. Car certaines sont évidentes, d’autres beaucoup moins ?

C’est un sport personnel que je pratique depuis longtemps. Je pense que ça remonte à « Place des grands hommes » de Patrick Bruel dont le texte me questionnait quand j’étais ado avec beaucoup d’aberrations justement. Je prenais des notes à chaque fois que j’en entendais une. Un jour j’ai eu assez pour faire un article dans « Schnock » et cet article a tellement marché que là que j’ai reçu beaucoup de courriers ou de messages qui m’en soufflait d’autres et j’ai vraiment dû bosser et chercher par moi-même.

La presse, l’édition, la musique, le cinéma, la télé, tu touches à beaucoup de sujets. Est-ce que c’est de la curiosité, est-ce que tu as peur de t’ennuyer ou de te retrouver à l’étroit sur un seul domaine ?

J’aime la dynamique et la liberté. Le milieu de l’édition, via « Schnock » et mes autres bouquins, me permet d’enchainer des projets qui me tiennent à cœur assez rapidement tout en gagnant ma vie. Ce que n’a plus la musique par exemple.

Est-ce que tu as déjà en tête des futurs projets ? Est-ce qu’il y en a un particulièrement que tu aimerais concrétiser, si bien sûr tu peux en parler ?

Bientôt un roman en janvier 2025. J’ai fait un recueil de nouvelles mais écrire un roman c’est autre chose. On verra comment cette histoire tourne mais a priori ça me semble une nouvelle piste d’étude. Piste qui me permettrait d’épuiser mon imagination, ce que la presse ne me permet pas vraiment. Créer une revue d’Histoire contemporaine aussi.

On aime bien faire cela sur quelques interviews. Est-ce qu’il y a une personne liée à la musique (et en scène française pour rester dans notre périmètre éditorial) que tu nous conseillerais d’interviewer ? Et si oui, quelle(s) question(s) aimerais-tu lui poser ?

Fred Pallem.
Demandez-lui quel est le pire morceau de Vladimir Cosma.

Merci pour cette interview !

Interview réalisée par Arnaud Guignant

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2 commentaires sur « Interview Alister »

    1. Merci pour le commentaire.
      C’est possible, quand je prépare une interview, je lis beaucoup de choses sur l’artiste (et en l’occurence pour Alister de l’artiste aussi), mais assez peu les interviews pour ne pas être « influencé ».
      Après, il faut voir aussi l’objectif de l’interview. Elle s’adresse plutôt à ceux qui ne connaîtraient Alister que par son premier album et qui voudrait en savoir plus sur son parcours avant et après.
      Pour ceux qui le connaissent beaucoup mieux, comme vous de ce que je comprends, c’est sans doute moins intéressant.
      Nous accueillons volontiers chez HexaLive tous les talents, n’hésitez pas à nous faire signe si vous voulez réaliser une interview à l’occasion 🙂

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