Ancien membre de Teacup Monster, le multi-instrumentiste Tip Stevens se la joue solo depuis 2020 en publiant régulièrement des EP d’ambiances différentes mais toujours qualitatifs. Lors d’un récent passage à la Rock School Barbey de Bordeaux, le chroniqueur Diego OnTheRocks et le photographe Laurent Robert ont rencontré l’artiste qui a publié « Bengal » l’an passé.
Diego : Pourquoi ce nom américanisé Tip Stevens ?
Tip Stevens : Tip est un surnom qui me suit depuis le collège car j’étais de petite taille. Les choses se sont arrangées depuis cette période ! Mon vrai prénom est Antoine, mais chantant en Anglais je souhaitais un surnom pour ce projet. J’ai conservé le surnom de mon enfance. Concernant « Stevens », même mes amis les plus proches ne savent pas pourquoi je l’ai choisi. Je ne t’en dirai donc pas plus…
Diego : Conservons le mystère même si j’avais envisagé un éventuel clin d’œil au guitariste de Bruce Springsteen ! Dans tes publications, tu préfères utiliser le format EP au format album ?
Tip Stevens : Pour l’instant oui. J’ai passé ma vie à jouer dans des groupes et ayant beaucoup d’influences musicales différentes, l’avantage de l’EP est la diversification des ambiances. Ce format est parfait comme celui des singles que je partage moins. Mes EP ont des couleurs plutôt homogènes mais l’avenir risque de surprendre l’auditeur !
Diego : Sur « Bengal » tu restes dans l’esprit de ton groupe Teacup Monster !
Tip Stevens : Sur les deux derniers EP ! « Kaioty » et « Bengal » ressemblent à Teacup Monster, un côté rock Anglais. A ce jour, je ne sais pas encore si le groupe reprendra du service après 2 EP et un album mais nous nous sommes quittés en très bons termes.
Diego : Préfères-tu la musique synthétique de « Condor » ou le rock de « Bengal » ?
Tip Stevens : Les deux ! Franchement, quelle que soit la musique, elle contient une touche rock. J’adore l’électro mais j’aime quand la musique tape et est hargneuse.
Diego : Et le label Floral Records te laisse carte blanche pour tes productions ?
Tip Stevens : C’était le deal. Ils ont confiance et mon projet inclut la polyvalence. Quelque part on se met une balle dans le pied car il y a beaucoup plus de subventions lorsque tu publies un album qu’un EP… malgré tout, ils me suivent dans ma démarche.
Diego : Pas trop déroutant pour ton public ?
Tip Stevens : Dans les prochaines sorties, certains vont être déroutés mais ce n’est pas grave. Au départ, on fait de la musique pour nous ! Ensuite on la partage. Mon projet, qu’il fonctionne ou non, restera « mon projet » que je mène à ma guise. D’ailleurs, parfois on apprécie un disque avec le recul du temps, quelques années plus tard. C’est la magie de la création.
Diego : Chanter en anglais est une obligation ?
Tip Stevens : Ma culture est anglo-saxonne même si je suis français. J’ai habité un an à Montréal et j’ai tenté de chanter en français, sans trouver que le résultat était convaincant. Ça ne fonctionne pas et ne me ressemble pas ! De plus, j’ai l’amour de la langue anglaise.
Diego : Outre tes productions passées, avec quels artistes aimerais-tu collaborer ?
Tip Stevens : Franchement, je n’ai pas le temps de bosser avec d’autres artistes. Je compose en permanence et ai 5 EP d’avance ! Ce format permet de publier plus régulièrement des chansons.
Diego : Tu es très regardant sur l’avis du public et tu aimes partager tes travaux sur Twitch ?
Tip Stevens : Oui, je connais ce procédé depuis longtemps car je suis un gamer. Je passe ma vie derrière mon PC et Twitch permet de streamer avec interactivité. En fait, je compose en compagnie des gens afin de donner une base à certains de mes titres. C’est collaboratif, et j’ai l’habitude de faire ça une fois par semaine. Le plus bluffant est lorsque certains titres n’ont jamais été publiés, ont été visionnés sur Twitch et sont connus du public qui vient me voir en concert ! C’est de la vraie composition en live.
Diego : Qui est Gaëlle Mazallon ?
Tip Stevens : C’est une dessinatrice baptisée Kme que j’ai rencontré sur Twitch. Elle a fait tous mes visuels et même si je l’oriente sur mes choix, elle reste directrice artistique et me propose ses idées. Elle a fait le graphisme du jeu Dofus chez Ankama Games originaire de Roubaix. Avec son planning de dingue, je l’ai rencontrée au bon moment, elle aime mon projet et notre collaboration est sympathique.
Diego : Concernant les clips, tu n’aimes pas déléguer !
Tip Stevens : Je les réalise avec le fidèle Yohan Molles. Nous avons appris la vidéo ensemble sans prendre de cours mais effectivement je n’aime pas déléguer. Comme pour mixer les pistes d’une chanson. Concernant les vidéos, nous faisons l’étalonnage tous les deux mais je m’occupe toujours du montage et j’ai beaucoup de temps entre deux concerts sur la route. Le montage doit être dynamique et les meilleurs monteurs sont musiciens, il faut garder le rythme. Je kiffe le « DIY ». Néanmoins, une fois mon projet abouti à l’issue de mes 10 EP en cours de réalisation ou finis, je n’exclue pas de déléguer !
Diego : Tu pourrais retravailler sur des bandes originales comme en 2018 avec « Trois » ?
Tip Stevens : J’avais oublié ! C’était un projet de 48 heures de Yohan et j’ai fait un truc à l’arrache. J’aimerais un projet plus abouti mais je ne pourrais pas faire que ça. N’ayant pas de formation musicale, je joue à l’oreille et risque d’être trop lent. Pour « Trois » il s’agissait d’un court métrage et je suis surpris que ce soit référencé sur IMDb et que nos noms soient mentionnés !
Diego : Dans le titre « Once Again » extrait de ton dernier EP, n’y a t’il pas un petit côté Muse ?
Tip Stevens : C’est marrant mais j’entends plutôt l’influence Muse sur d’autres titres ! Je suis fan des premiers disques dont « Origin Of Symmetry » sorti en 2001. Peut-être le côté chant lyrique qu’on retrouve également dans Radiohead et Nothing But Thieves. Après, dès que tu mélanges le rock et le lyrique, Muse semble être la référence ultime. Je compose l’instrumental d’abord et le texte autour. J’aime le style anglais où la voix est un instrument parmi les autres contrairement aux mixages français qui mettent inévitablement la voix en avant.
Diego : Tes EP portent le nom d’un animal totem. Lequel est ton préféré ?
Tip Stevens : Niveau style de musique il m’est impossible de faire des choix, par contre pour le totem c’est « Condor« . Tout comme mon premier projet solo qui aura une suite prochainement baptisée « Condor chapitre 2« . J’avais même dessiné un vaisseau spatial en 3D en forme de condor… l’influence des « Mystérieuses cités d’or » est probante. J’ai toujours adoré ce dessin animé grâce à mon grand frère.
Diego : As-tu un rituel avant de monter sur scène ?
Tip Stevens : Ne pas trop manger, passer du temps avec les copains, se chauffer la voix. Ce que j’aime particulièrement c’est entrer dans la salle durant la première partie pour prendre la température. Tu entends la scène, tu vois si les gens sont motivés et cela permet de se mettre en phase avec le concert à venir.
Diego : Pour finir, quels sont tes plus beaux concerts vécus en tant que spectateur ?
Tip Stevens : Les Écossais de Biffy Clyro en première partie de Queens Of The Stone Age au Zénith de Paris en 2008. Même si le concert du groupe de Josh Homme était génial, je n’ai pas compris la première partie ! Un truc de malade… Je garde également un super souvenir d’Archive à Paris. Je conseille à tout le monde d’écouter la chanson « Living Is a Problem Because Everything Dies » de Biffy Clyro. Énorme !
Diego : Merci Antoine, pleins de bonnes choses pour 2024 !
Tip Stevens : Merci à vous deux !
Texte / Interview : Diego OnTheRocks (instagram) / Laurent Robert (Instagram)
Photos : Laurent Robert (Instagram)
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